[2011] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

animal a écrit:

j'aurai pu essayer... mais cgr, vf et à l'autre bout de la ville... dommage, j'ai de la curiosité pour un vrai film massivement réac actuel (avec Michael Caine en plus).

Et qui s'assume en tant que tel. V.O obligatoire, bien sûr. Peut-être bientôt au Studio ?

beeen c'est pas gagné je dirai. j'ai trois semaines de green hornet (que je n'ai pas envie de voir) et après je ne sais pas. et la description du film ajoute à mon doute. (j'ai souvent l'impression de cracher dans la soupe avec le Studio que je fréquente trop peu pour un mélange de manque d'habitude et d'envie, avec la programmation qui joue un peu sur ce point... arty étranger ou grosse... film... ce qui me sortirai de ma tanière à l'heure de la sieste peut se faire rare pendant de longs mois. et pourtant régulièrement je sais que j'adore ça le cinéma...).

eXPie a écrit:

Vu Arrietty, de Hiromasa Yonebayashi, sur un scénario de Miyazaki, d'après Mary Norton, bien sûr.Je reviens deux secondes sur ce long métrage un peu trop court.

Noté! J'ai bien envie d'aller y jeter un oeil.

Sinon j'ai vu en salle la bande annonce du dernier Jia Zhangke qui m'a fait forte impression. Il sort le 19 janvier.

Citation :

Construit autour de dix-huit témoignages, I Wish I Knew retrace l’histoire contemporaine de Shanghaï, des années 1930 à aujourd’hui, livrant quelques images des préparatifs de l’exposition universelle qui s’est ouverte il y a quelques semaines. Pas d’historiens, de sociologues ou de chiffres dans ces longs entretiens, mais des récits de vie, souvent très forts, qui transmettent une mémoire à hauteur d’homme et de femme, comme autant de traces laissées par la grande histoire sur les destins individuels.

Ponctué d’images qui dessinent un portrait pointilliste de la mégalopole, le film parcourt l’histoire de la ville qui se confond avec celle de la Chine, donnant notamment la parole aux enfants de ceux qui choisirent de se replier à Hong Kong ou Taïwan. Surtout, il nourrit sa réflexion d’extraits de films, anciens ou plus récents, interroge réalisateurs et comédiens. Oui, décidément, la salle obscure est un lieu de victoire sur l’oubli. La Chine rase ses quartiers traditionnels pour édifier son futur. Jia Zhang-ke rappelle, à sa manière, qu’on ne construit rien à partir du néant.

On reconnait au passage les cinéastes Hou Hsiao Hsien et Zang Yimou (entre autres). La photographie a l'air très belle. Et comme c'est aussi un des cinéastes les plus importants d'aujourd'hui... Vivement!

J'attends également beaucoup de I wish I knew...déjà parce que Shanghaï est (de loin, mais quand même) liée à mon histoire familiale récente.
Et puis Jia Zhang-Ke reste un de mes cinéastes contemporains favoris. Xiao Wu, artisan pickpocket fut un grand coup d'éclat pour un premier film, et par la suite il est parvenu à suivre une démarche formaliste sans jamais perdre de vue l'observation de cette Chine d'aujourd'hui, toujours en mouvement et pleine de contradictions. Peu de films sont parvenus, comme The World et Still life, à lier la mondialisation et l'intime avec autant de rigueur.

La Barra d'Oscar Ruiz Navia

Citation :

Daniel arrive à La Barra, village côtier isolé situé à l’ouest de la Colombie. Cerebro, chef de la communauté native afro-colombienne, y est en conflit avec un propriétaire blanc qui souhaite construire un centre touristique sur la plage.

La Barra (la traduction littérale du titre espagnol serait Le piège à crabes) est le premier film d'Oscar Ruiz Navia. Récompensé dans plusieurs festivals, dont Berlin et La Havane, il est le candidat présenté par la Colombie pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Tout l'intérêt de ce long-métrage contemplatif réside dans le hors champ, dans ce que l'on devine, ou croyons deviner. Quelques informations sont données avec parcimonie, ce village de La Barra, en bord de mer semble loin du monde, les images violentes de Bogota ou Cali ne sont qu'un fond sonore fourni par la télévision, et pourtant la tension est palpable. Il n'y a plus de poissons dans l'océan, les habitants de toujours, noirs, sont menacés par un entrepreneur blanc qui a l'intention de faire du lieu un site touristique. Et qui est donc cet étranger qui semble fuir son passé et devient témoin passif des événements du village ? Fidèle à son parti pris de ne rien expliquer, Ruiz Navia laisse le spectateur se faire son cinéma. Il préfère se concentrer sur son cadre et ses images, très léchées, sans excès d'esthétisme. Il en résulte une certaine poésie, un envoûtement progressif, pour peu qu'on se laisse aller sans chercher une raison à toute chose. L'aspect documentaire, avec une majorité de comédiens amateurs, renvoie au film mexicain Alamar, dans cette évocation d'un mode de vie et d'un univers menacés par la modernité. Et c'est fascinant, même si on ne possède pas toutes les clés pour décoder le propos du réalisateur.

traversay a écrit:

Et c'est fascinant, même si on ne possède pas toutes les clés pour décoder le propos du réalisateur.

Tu ne fais pas mes affaires! Déjà que j'ai au moins 5 films à aller voir... Je ne vais jamais y arriver! Et vendredi soir je vais enfin voir Les Mystères de Lisbonne 4h30 j'ai un peu peur mais on verra bien.

Sinon ils nous ont sucré Jia Zhangke à Lille, les affreux!

Moins de 20 salles pour Jia Zhang-Ke, en effet...en espérant pour toi que cela puisse tourner dans les prochaines semaines.

Pour Mystères de Lisbonne, la durée n'est pas vraiment un obstacle. Dans sa densité romanesque, le film dévoile des trames narratives multiples, mais qui restent relativement accessibles à suivre. On est vraiment emporté par un élan, révélant des destinées en miroir qui tissent une toile de plus en plus ample. En tout cas, ce fut pour moi un plaisir de tous les instants : Ruiz irrigue sa mise en scène par l'obsession du récit, moteur des actions de tous les personnages, à la fois source d'identité et pivot dramatique.

Avadoro a écrit:

En tout cas, ce fut pour moi un plaisir de tous les instants : Ruiz irrigue sa mise en scène par l'obsession du récit, moteur des actions de tous les personnages, à la fois source d'identité et pivot dramatique.

Alors voilà mes dernières réticences levées! C'est vrai que le Raoul Ruiz surréaliste avec ses décors figés façon musée Grévin me rebutait parfois (il a aussi fait des merveilles). Et sa tentative d'adaptation de Proust n'était pas très convaincante. Vivement!

Du surréalisme, on ne retrouve ici que des réminiscences, par la persistance du rêve, de l'imaginaire et des illusions. De ce point de vue, c'est vraiment un film très accessible dans son ampleur, et assez éloigné stylistiquement de ce qu'a pu proposer Ruiz par le passé malgré des thèmes communs.
A ce titre, je suis assez impatient de découvrir la version "feuilleton" (par épisodes) proposée prochainement sur Arte, tant le film se prête à cet univers. Même s'il sera difficile de conserver la même fascination.

Bon ben c'est loupé! La séance des Mystères de Lisbonne était complète Heureusement il y aura un rattrapage en Février au Mélies de Villeneuve d'Ascq... Du coup je suis allé voir le film de Sofia Coppola. Je me suis laissé porter par le film et j'ai bien aimé. Je vais aller voir son fil.

Un film complètement branque comme son héroïne (hallucinante Valérie Bonneton). Une esthétique de téléfilm des années 80 (on entend même Fade To Grey de Visage) qui m'a rappelé des histoires comme Le démon dans l'ile de Francis Leroi. C'est le genre de scénario à la limite du foutage de gueule mais que j'ai quand même envie de recommander tellement c'est un ovni.

A la mort de son frère Michel, Claire vient prendre possession de son imposante maison à moitié en ruine avec son mari Benoît (Charles Berling qui a l'air de réciter son texte comme souvent). Ils envisagent de la retaper pour la revendre. Michel vivait dans une crasse incroyable et on retrouve des traces de sang un peu partout en même temps qu'un mystérieux passage secret dans la cave...

Claire a d'entrée un comportement très étrange. Au mieux on dira qu'elle semble très névrosée, au pire qu'elle est totalement folle. Elle repère rapidement une présence dans la maison et semble incapable de se résigner à la mort de son frère. Je n'en dis pas plus pour ne pas déflorer un suspens plutôt ténu mais qui réserve malgré tout d'étranges moments très décalés.

Ce qui est frappant dans ce film c'est l'atmosphère immédiatement bizarre qui donne l'impression que tous les personnages sont à moitié fous en même temps que la maison semble maudite avec sa moquette géométrique, ses trous dans les plancher, et ses manifestations oniriques . Il y a un peu de Répulsion de Polanski et la résolution de l'histoire est surprenante.

On sort de là en se disant qu'on a vu un sacré nanar en même temps qu'un trip très singulier... J'aime bien finalement. A mettre dans la liste des maisons "habitées" du côté de la série B. A noter que c'est le premier film de la réalisatrice Hélène Angel qui a fait la FEMIS.

Puisque le film sort (enfin) mercredi, je remets ici le message posté sur le fil DVD.



Carte des sons de Tokyo d'Isabel Coixet

Citation :

Ryu est une fille solitaire dont l'air fragile contraste avec la double vie qu'elle mène: la nuit elle travaille dans la Halle à Marée de Tokyo et occasionnellement elle est recrutée comme tueuse à gages.

Carte des sons de Tokyo a été présenté en 2009 à Cannes. Pas de sortie en salles ni en DVD depuis lors. Le film était-il tellement mauvais ? Pas du tout, mais son potentiel commercial, sans doute, devait être jugé faible par les distributeurs. Ce qui est discutable.
C'est en amoureuse de Tokyo qu'Isabel Coixet filme la capitale japonaise, complètement "Lost in fascination". Il y a un côté touristique dans le film, du marché aux poissons aux Love Motels, la réalisatrice semble étonnée et subjuguée parce qu'elle voit. Le scénario est celui d'un film noir à l'ancienne avec voix off et tueur au sang froid (tueuse en l'occurrence, pour moderniser le cliché), qui va s'attendrir et mettre sa vie en péril en rencontrant l'amour (on ne rit pas). La mise en scène est d'une sophistication et d'un raffinement extrême, et il est inévitable de penser à Wong Kar-wai. Isabel Coixet est décidée à jouer avec les poncifs du film de genre, elle ne s'en tire pas si mal dans cette oeuvre ludique et romantique qui est certes un exercice de style, mais brillant et attachant, dans sa prévisibilité même. Au côté de Rinko Kikuchi, somptueuse, la présence de Sergi Garcia casse avec bonheur l'exotisme orientaliste dans lequel le film se complait. Comme un taureau dans un magasin de porcelaine.



Et l'affiche originale :

traversay a écrit:

Le film était-il tellement mauvais ? Pas du tout, mais son potentiel commercial, sans doute, devait être jugé faible par les distributeurs. Ce qui est discutable.

Je crois que les distributeurs aiment bien un film qui ne parle qu'une seule langue. Et là, il y en a plusieurs. A chaque fois, c'est pareil : il est impossible de sortir un VF, alors on ne sort pas du tout le film, ou alors dans une distribution tellement limitée que ça en est ridicule.
Le film n'est pas mauvais du tout, effectivement. Les plans sont extrêmement pensés, les images sont magnifiques, le son, les bruits de Tokyo... A la limite, ça m'aurait suffit, parce que l'histoire (qui a un petit côté Le dernier Tango à Paris) est un peu moyenne, ou plutôt artificielle, comme s'il fallait (et peut-être est-ce le cas) une petite histoire pour justifier un film.
Je posterai deux ou trois photos demain ou après-demain...

traversay a écrit:

Puisque le film sort (enfin) mercredi, je remets ici le message posté sur le fil DVD.



Carte des sons de Tokyo d'Isabel Coixet

Télérama dit que le film est un "thriller sentimental aussi crédible qu'un sushi au boeuf".
Déjà, je ne comprends pas pourquoi un sushi au boeuf de ne serait pas crédible, il y a bien le sashimi de cheval (mais peut-être que l'auteur de l'article ne le sait pas).
Plus loin, "cette carte de Tokyo est bien jolie à regarder mais n'indique pas grand chose".
Là, d'accord. C'est une balade à Tokyo "arty" (toujours selon Télérama).
L'histoire n'est qu'un prétexte.

Au début, ça commence mal, on tombe dans le cliché perversion bidon nippone.


Et que je te mange du sushi qui a tiédi sur le corps de charmantes jeunes femmes.
En fait, les Japonais trouvent ça nul, mais comme c'est ce qu'attendent les Occidentaux avec qui ils font du business...
Bref, ça critique les clichés occidentaux sur le Japon. Un peu facile me direz-vous... peut-être bien.
Mais les vues de Tokyo sont très belles.
Tokyo de jour (un peu), mais aussi et surtout de nuit (vues aériennes par hélicoptère), Tokyo vu de l'eau...


Et les trucs qui font que c'est marrant, le Japon, comme ce parapluie pour chien !

Sergi Lopez n'est pas super à l'aise, là il parle japonais, ça se voit à sa tête concentrée et un peu triste...


Un film que j'ai bien aimé pour ses images léchées, sa bande-son (bande-bruits de Tokyo, plutôt), et puis voilà. Il n'y a pas de message, ou de trucs profonds à y trouver.

Je suis un no man's land de Thierry Jousse

Citation :

En fait, tout a commencé après mon concert d’hier soir... je me retire dans ma loge, normal, pour me reposer... une ancienne connaissance me rejoint et m’invite à diner.... je me retrouve chez elle, mais en pleine campagne... du genre perdue au milieu de nulle part.... et là il y a un truc un peu spécial... je vous passe les détails... mais je suis obligé de m’enfuir... je crois que j’ai jamais autant couru que ce soir-là... Puis je tombe sur un cheval... dangereux... irascible... je marche pendant des heures dans la forêt, et tout à coup, je me retrouve là où j’habitais quand j’étais petit ! je vois deux vieux... en pyjama... mes parents... c’est trop, j’ai une sorte de syncope... Le lendemain, ma mère me réveille.... A ce moment, j’angoisse car je pense que je vais rater le car pour l’école... Bizarre, non ?"

Je suis un no man's land est un costume taillé sur mesure pour l'inénarrable Philippe Katerine. Inutile de préciser que ceux qui sont allergiques à l'univers (?) du loufoque chanteur peuvent passer leur chemin. Katerine acteur ne s'en tire pas mal, bien entouré par Julie Depardieu, Jackie Berroyer, Aurore Clément et Judith Chemla, époustouflante en groupie déchaînée. Le film est un Objet cinématographique non identifié dont l'atmosphère rurale et vintage se mélange à une ambiance fantastico-surréaliste des plus surannées. Le résultat est indescriptible, un Retour vers le futur déglingué et nonchalant, qui oscille entre le je m'en foutisme absolu et la comédie romantique grotesque. Il y a bien quelques éclairs d'humour lunaire dans ce méli-mélo foutraque, mais l'ensemble est vraiment trop paresseux et s'en remet la plupart du temps aux expressions ahuries sous valium de son personnage principal. Film culte et cuculte la praline en même temps, qui devrait faire rire les oiseaux, s'ils ont la chance de le voir. Tu l'as dit, bout filtre !