[2011] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

Bruegel, le moulin et la croix

Pour commencer, je tire mon chapeau au compère Traversay qui a réussi à parler du film. C'est une sorte de lecture du tableau qui se concrétise en promenade découverte spatiale et temporelle qui amène des éléments culturels et de créations. Pas frais j'avoue avoir eu du mal à suivre une grosse 1/2h du film. La forme est un peu déstabilisante (ou beaucoup) à cause des choix de narration qui n'en sont pas tout à fait et des choix esthétique qui mélangent une assez belle reconstitution (et une mise en contexte de l'esthétique, avec la rue et les intérieurs) et un côté Palettes, qui comme l'émission isole des éléments pour les mettre en évidence... et abuse plus que l'émission par contre d'effet numériques et de constructions de synthèse dont je ne peux imaginer qu'on peut s'en passer, surtout en z'yeuxtant une reproduction. Cette tour de roche en synthèse est moche. Le film garde aussi le foisonnement et les unités de couleurs qui animent le tableau, ça c'est très chouette. Accessoirement le film prend le temps de faire des essais de recherche de profondeur et de mystique, avec notamment l'intérieur de cette tour de roche qui est un moulin, mécanisme gigantesque et rustique particulièrement impressionnant qui donnent une échelle de grandeur conceptuelle (façon de le dire) à l'époque. De façon pas très explicite on arrive malgré tout à l'effet de lecture d'un tableau très riche qui essaye d'amener tout ce qui peut échapper à une vision trop brève et trop étroite, tant dans les détails que l'histoire multiple qui est représentée, que dans des clés qui manquent ou pourraient manquer à une lecture complète... ce qui est intéressant dans la démarche. C'est ce que j'ai aimé cet effort d'amener à la lecture d'un tableau, de lui laisser développer son propos et sa manière. Cependant c'est strange à voir et un peu bancal aussi... à vous de voir. J'aurai vraiment aimé être plus en forme pour voir ça "mieux".

Mission Impossible: Protocole Fantôme


Un film que je n'avais pas vraiment envie de voir mais que les critiques du Masque et la Plume avaient recommandé avec beaucoup de ferveur!

Il faut reconnaître que c'est formidablement efficace, sans temps mort, avec un humour second degré quasi constant, une pyrotechnie spectaculaire... Reste que ça n'est qu'un tour de manège dont j'ai presque déjà tout oublié. Un cinéma pop corn pour s'amuser et en prendre plein les yeux... Les amateurs de James Bond peuvent y trouver leur compte. C'est du même acabit. Tom Cruise est excellent.

traversay a écrit:

La délicatesse de David et Stéphane Foenkinos

Citation :

Nathalie a tout pour être heureuse. La mort accidentelle de son mari va couper son élan. Pendant des années, elle va s'investir dans son travail, se sentir en parenthèse de sa vie sensuelle. Mais subitement, sans qu'elle comprenne vraiment pourquoi, elle embrasse un de ses collègues. Markus. S'ensuit alors la valse sentimentale de ce couple hautement improbable qui va susciter interrogation et agressivité au sein de l'entreprise.

Qu'est-ce que la délicatesse ? Un mélange de tact, de sensibilité et de finesse ? Dans son roman éponyme, David Foenkinos y ajoutait une élégance mélancolique et un sens de la formule qui faisait mouche. Aux commandes de l'adaptation de son livre, avec son frère Stéphane, il ne parvient jamais, enfin presque jamais, à retrouver cet état de grâce. Après une première demi-heure calamiteuse, avec une Tautou tout en moues, l'affaire s'arrange quelque peu avec l'arrivée de François Damiens, improbable prince charmant. Il n'y a rien à reprocher aux deux acteurs si ce n'est qu'ils doivent se farcir des dialogues sans saveur et jouer des situations sans grande originalité. La délicatesse est une comédie romantique terne, seulement regardable pour ses deux acteurs principaux (les seconds rôles ne tiennent pas la route) et la B.O pétillante d'Emilie Simon, qui semble avoir mieux compris l'esprit du roman que son propre auteur. Un comble. Là où on attendait l'histoire d'une renaissance, les Foenkinos nous infligent un récit chewing-gum pour les yeux sans goût particulier. Le film aurait pu s'appeler La gentillesse, avec l'aspect gnangnan du terme inclus.

Ro, vous êtes d'infames cacoglottes Expie et toi (c'est du xyloglotte, vous en devinerez aisément le sens) je l'ai trouvé pas mal du tout ce petit film. Je n'ai pas lu le roman et ceci explique peut-être un peu cela, mais il m'est apparu frais et léger, plein de tendresse et de malice. François Damiens fait l'effet d'un ours de mongolie qui se serait égaré chez Ladurée et boirait le thé en levant le petit doigt. Ne serait-ce que pour lui, le film vaut la peine d'être vu et pour moi le duo fonctionne parfaitement.Tautou fait la moue mais pétille de mille feux et Damiens y est délicieusement tragi-comique (son air lorsqu'il revient pour le dossier 114 c'est quelque chose) Un couple improbable, "comme si le Liechtenstein se baladait avec les USA ", c'est un peu ça oui. Bref, je ne suis pas du tout d'accord avec Traversay, pour moi les dialogues sont alertes et les répliques font mouche. Un petit moment de plaisir qui ne fait pas de mal. Il m'a même donné envie de lire le bouquin, tiens!

Aeriale a écrit:

Il m'a même donné envie de lire le bouquin, tiens!

Qui est mieux que le film, tiens (Et Les souvenirs, c'est encore plus mieux, na !)

traversay a écrit:

Oh My God ! de Tanya Wexler

Citation :

Dans l’Angleterre Victorienne, Mortimer Granville, jeune et séduisant médecin entre au service du Dr. Dalrymple, spécialiste de l’hystérie féminine. Le traitement préconisé est simple mais d’une redoutable efficacité : donner du plaisir pour soulager les troubles ! Le docteur Mortimer y met toute sa ferveur mais bientôt une vilaine crampe à la main l’empêche de pratiquer… Avec la complicité de son meilleur ami, un passionné de nouvelles technologies, il met au point un objet révolutionnaire : le premier vibromasseur…

Le petit malin qui a traduit (?) Hysteria, titre original, par Oh My God !, a non seulement commis un jeu de mots (??) lamentable, mais il donne surtout à imaginer un film trivial, ce qu'il n'est pas, et dont le sujet serait l'invention du vibromasseur par le fringant Dr Granville, dans le Londres corseté de 1880. Certes oui, il s'agit bien de la toile de fond, mais l'intérêt est ailleurs, dans l'évocation de la condition des femmes à cette époque et dans le combat pour leur émancipation. Le thème est abordé à grands traits et ne fait pas réellement vibrer, il faut bien l'avouer, d'autant qu'il se noie, in fine, dans les conventions de la comédie romantique. Malgré tout, le film est plutôt amusant, agréable à regarder avec un côté ultra British, nonobstant la nationalité américaine de sa réalisatrice, Tanya Wexler, et le fait qu'il ait été tourné en grande partie au Luxembourg. Autre atout indéniable : la qualité de son interprétation avec des acteurs somme toute assez rares sur les écrans : Maggie Gyllenhaal, Hugh Dancy, Jonathan Pryce et, last but not least, le cauteleux Rupert Everett. Oh My God ! procure une jouissance modérée à laquelle il est fort décent de succomber dans des proportions raisonnables.

Je l'ai vu aujourd'hui, j'y allais sans grande conviction...Eh bien je trouve que ce film mérite notre attention... Il ne sera pas culte mais il est très réussi, tout en humour et finesse...
En plus, il n'est pas dénué d'un regard social.
Les acteurs principaux sont excellents.Maggie Gyllenhaal notamment

Jolie surprise!

(mais l'ex beau Ruppert Everett est méconnaissable!

Je note L' irlandais et My God, merci à vous!

traversay a écrit:

Aeriale a écrit:

Il m'a même donné envie de lire le bouquin, tiens!

Qui est mieux que le film, tiens (Et Les souvenirs, c'est encore plus mieux, na !)

J'aime bien l'humour et la fraîcheur de Foenkinos. Je le lirai c'est sûr...(je ne sais pas pourquoi je le classais parmi les auteurs un peu guimauve. Mais pas du tout!)

Bizarre je ne trouve plus les posts de Traversay et Avadoro sur "Une nuit". La fonction rechercher ne retrouve ni le titre ni le nom du réalisateur qui n'est pas non plus dans la liste des metteurs en scène... Volatilisés!

Parce que tu es sur le fil 2011 ?

C'est ici

traversay a écrit:

Parce que tu es sur le fil 2011 ?

C'est ici

Je ne voyais pas le fil 2012 dans "les derniers posts depuis ma dernière visite...". Mystère résolu

Bien de ton avis traversay

Et personne n'est allé voir Malveillance ?
C'est une histoire de ouf ça

Avadoro a écrit:

Tu seras mon fils de Gilles Legrand

Citation :

On ne choisit ni ses parents, ni ses enfants ! Paul de Marseul, propriétaire d’un prestigieux vignoble à Saint Emilion a un fils, Martin, qui travaille avec lui sur le domaine familial. Mais Paul, vigneron exigeant et passionné, ne supporte pas l’idée que son fils puisse un jour lui succéder. Il rêve d’un fils plus talentueux, plus charismatique… plus conforme à ses fantasmes de père ! L’arrivée de Philippe, le fils de son régisseur va bouleverser la vie de la propriété. Paul tombe en fascination devant ce fils idéal. Commence alors une partie d’échec qui se jouera à quatre : deux pères, deux fils, sous le regard impuissant des femmes qui les entourent. Et au moins l’un d’entre eux n’a plus rien à perdre …

Un drame familial viticole, qui tire profit de son cadre et de son paysage. En effet, la fascination d'un métier et d'une tradition sert de support à un récit bien rodé, porté par une interprétation efficace. Niels Arestrup et Lorànt Deutsch jouent avec conviction l'affrontement entre le père et le fils, tandis que Patrick Chesnais offrent une consistance et une lucidité à un second rôle condamné à s'effacer.
Cependant, on ne va pas au-delà...la faute à une mise en scène au mieux transparente, et à un scénario fragilisé par une surenchère jusqu'à un épilogue en forme d'aveu d'impuissance. Tu seras mon fils reste tout de même un téléfilm relativement agréable à suivre, à condition de ne pas trop en attendre.

Rattrapage DVD :

Saint-Emilion, c'est Dallas et son univers impitoyable. L'immense Niels Arestrup écrase de toute sa morgue le reste de la distribution dans ce drame vinicole. Un film charnu, dont le bouquet manque de subtilité, même si long en bouche. L'épilogue frôle le ridicule. Pas mal charpenté, mais trop riche en tanins.

traversay a écrit:

Avadoro a écrit:

Tu seras mon fils de Gilles Legrand

Citation :

On ne choisit ni ses parents, ni ses enfants ! Paul de Marseul, propriétaire d’un prestigieux vignoble à Saint Emilion a un fils, Martin, qui travaille avec lui sur le domaine familial. Mais Paul, vigneron exigeant et passionné, ne supporte pas l’idée que son fils puisse un jour lui succéder. Il rêve d’un fils plus talentueux, plus charismatique… plus conforme à ses fantasmes de père ! L’arrivée de Philippe, le fils de son régisseur va bouleverser la vie de la propriété. Paul tombe en fascination devant ce fils idéal. Commence alors une partie d’échec qui se jouera à quatre : deux pères, deux fils, sous le regard impuissant des femmes qui les entourent. Et au moins l’un d’entre eux n’a plus rien à perdre …

Un drame familial viticole, qui tire profit de son cadre et de son paysage. En effet, la fascination d'un métier et d'une tradition sert de support à un récit bien rodé, porté par une interprétation efficace. Niels Arestrup et Lorànt Deutsch jouent avec conviction l'affrontement entre le père et le fils, tandis que Patrick Chesnais offrent une consistance et une lucidité à un second rôle condamné à s'effacer.
Cependant, on ne va pas au-delà...la faute à une mise en scène au mieux transparente, et à un scénario fragilisé par une surenchère jusqu'à un épilogue en forme d'aveu d'impuissance. Tu seras mon fils reste tout de même un téléfilm relativement agréable à suivre, à condition de ne pas trop en attendre.

Rattrapage DVD :

Saint-Emilion, c'est Dallas et son univers impitoyable. L'immense Niels Arestrup écrase de toute sa morgue le reste de la distribution dans ce drame vinicole. Un film charnu, dont le bouquet manque de subtilité, même si long en bouche. L'épilogue frôle le ridicule. Pas mal charpenté, mais trop riche en tanins.

Vu en dvd récemment et j'ai beaucoup aimé....En plus, Saint-Emilion n'est aps loin d'ici et c'est un endroit magnifique!

Marko a écrit:

Skoonheid (Beauty)

Ce film a été présenté à Cannes et a obtenu la "queer palm" 2011.

Le Cap, Afrique du Sud, un afrikaner de la cinquantaine, vaguement raciste et homophobe (par convention sociale) et enfermé dans une vie de mensonge et de refoulement, marie sa fille. Il s'ennuie avec son épouse qui a un amant et lui-même s'échappe de temps en temps pour participer clandestinement à des partouzes un peu sinistres avec d'autres afrikaners, mariés pour la plupart qui n'acceptent ni métisses ni hommes efféminés. Il retrouve durant le mariage de sa fille le fils d'un ami qu'il n'a pas vu depuis 7 ans. Il est devenu un jeune étudiant en droit, très beau, et il se prend soudainement à espérer la part de bonheur qui lui a échappé... Forcément ça ne se passera pas aussi bien qu'il l'aurait souhaité et le film nous fait éprouver la descente aux enfers de cet homme mal dans sa peau qui recommence à s'alcooliser pour se désinhiber, de plus en plus seul, et qui va bien devoir à un moment ou un autre libérer ses frustrations.

C'est assez cafardeux, adoptant une certaine mollesse de rythme pour renforcer le poids qui pèse sur ses épaules. Chaque regard, chaque geste, chaque non-dit dégage un profond mal être. il y a une grande souffrance et une cruelle résignation à continuer à avancer malgré tout.

J'ai aimé certaines séquences comme celle qui ouvre le film avec ce long plan séquence qui capte les mouvements de la foule dans le mariage pour se recentrer insidieusement sur le jeune homme. Tout étant observé par celui qui le désire. Il passe d'ailleurs son temps à observer, relativement impuissant. Et quand il y parvient ça n'est pas forcément pour le meilleur. On est souvent dans l'attente de ce qui va se passer au plan suivant et le film se révèle parfois surprenant ou dérangeant (il est interdit aux moins de 16 ans). D'autres aspects sont plus conventionnels.

J'en sors partagé. Le portrait de cet homme est intéressant mais il y a quelque chose d'un peu artificiel dans cette noirceur absolue qui l'attend au bout du chemin (à l'image de cette descente finale trop signifiante dans les sous-sols d'un parking qui s'obscurcit peu à peu). Pas de rédemption pour le coup. C'est très désenchanté.

Le thème de Beauty n'a pas de frontières. Celui de l'emmurement d'un homme, piégé par les règles sociales et son incapacité psychologique à vivre autrement son homosexualité que de façon clandestine et honteuse. Le sujet est cependant extrêmement ancré dans le contexte de la société blanche sud-africaine, avec ses relents de racisme, l'apartheid est toujours dans les têtes, et sa virilité exacerbée. Olivier Hermanus montre des regards, fait entendre des silences, entretient le mystère de la douleur des âmes. Le film est froid, dénué d'empathie envers son personnage principal. Son impact est moins fort que ce qu'il aurait pu être, d'un pur point de vue émotionnel. Il en émane cependant une certaine puissance et un malaise considérable appuyés par l'interprétation remarquable de Deon Lotz.