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colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Séance rattrapage dvd 2011 Mar 2 Aoû 2011 - 21:47
traversay a écrit:
colimasson a écrit:
Où est-ce que tu as vu tous ces films Traversay ?
Noté deux titres moi aussi...
Spoiler:
J'ai un bon dealer. Qui s'approvisionne sur amazon.com et d'autres sites étrangers
Spoiler:
Ok... ça marche à la combine !
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Séance rattrapage dvd 2011 Mer 17 Aoû 2011 - 14:25
Pour quelques DVD de plus :
Kanenas (Personne) de Hristos Nikolaris, Grèce, 2010 Roméo et Juliette à Athènes. Au milieu d'une guerre des gangs : russes contre albanais. Le quota d'adrénaline est assuré par des poursuites automobiles en pleine ville (bof), à la vie, à la mort. Le metteur en scène a l'air de croire à son histoire cousue de fil blanc. Il est bien le seul. 4/10
A bela e o paparazzo (La belle et le paparazzo) d'Antonio-Pedro Vasconcelos, Portugal, 2010 Un démarquage sans grande originalité des comédies romantiques américaines. Soit la rencontre entre une icône télévisuelle et un traqueur de people. Coup de foudre, révélation, on se fait la gueule, réconciliation. Stéréotypé et prévisible, divertissant un dimanche de pluie quant on a vu tout Bergman (oups). 5,5/10
Saranghanda, saranghaji amanola (Que vienne la pluie, puis le soleil) de Lee Yoon-ki, Corée du Sud, 2011 Les dernières heures d'un couple avant la séparation. Dans leur appartement, avec la pluie qui cingle continuellement les vitres. Deux personnages isolés, avec un dialogue plat qui évite tout sujet intime. Une sous-dramatisation qui s'exprime par de longs silences, sans B.0. En gros, il ne se passe rien pendant 1 heure et 45 minutes. Etrangement, on ne s'ennuie pas. A l'affût d'un affrontement verbal où d'un événement quelconque. Mais, non, seule la brève visite de voisins à la recherche d'un chaton vient rompre ce huis-clos léthargique. 6/10
Ostavljeni (Les abandonnés) d'Adis Bakrac, Bosnie, 2010 Un orphelinat en Bosnie. Alen y grandit au milieu d'autres enfants et adolescents, sans parents identifiés ou abandonnés par leur mère. Film sur les enfants de femmes violées qui ont refait leur vie, en essayant de se reconstruire. Film sur la quête d'identité. Sujet délicat traité sans pathos, habilement construit entre le collectif (l'orphelinat) et l'individuel (la fugue d'Alen à la recherche de sa mère dont il a fantasmé l'image). Très beau, d'un humanisme serein et d'une dignité exemplaire. 7,5/10
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Séance rattrapage dvd 2011 Jeu 18 Aoû 2011 - 9:35
Pink Floyd, the Wall (1982) d’Alan Parker
Synopsis:
Après le décès de son père pendant la Seconde Guerre mondiale, Pink est élevé par une mère tyrannique. Devenu rock star, il mène une vie tourmentée et s'enferme sur lui-même dans sa chambre d'hôtel. Peu à peu, il sombre dans la drogue tandis que la folie commence à s'emparer de lui.
Mise en images de l’album concept The Wall de Pink Floyd, le film d’Alan Parker confère une autre dimension à l’histoire de Pink, musicien célèbre qui devient fou à cause de l’influence néfaste que les autres exercent sur lui.
Pink, personnage dans lequel Rogers Waters a investi une grande partie de son propre passé et de sa personnalité, a grandi en survivant à son père, mort au combat, à sa mère, castratrice et dévoreuse de joie, à ses instituteurs, époux brimés qui déversent leur frustration sur les enfants, et à sa femme, qui s’est détournée de lui pour un homme qui saurait lui consacrer du temps. Dans un besoin de reconnaissance, dans la volonté d’unir et d’être uni, il s’imagine sur scène (à moins que ce ne soit la réalité ?), devant un parterre d’admirateurs prêts à damner leur âme pour l’écouter. Mais dans sa folie noire, Pink s’imagine en dictateur, provocations nazies et marches militaires délivrées en même temps que sa propagande dépressive. Une vision bien glauque de la musique et du rapport des musiciens avec leurs auditeurs, que l’on retrouve d’ailleurs dans certains propos de Rogers Waters : « Peut-être que l'entraînement à voir les choses d'un point de vue architectural m'a aidé à visualiser mes sentiments d'aliénation par rapport au public rock. Ceci fut le point de départ pour The Wall. Le fait qu'il incarna par la suite un récit auto-biographique était d'un certain point de vue secondaire par rapport au gros de la chose qui fut un constat, très théâtral, disant : « Tout ça n'est pas merdique ? Je suis là sur scène pendant que vous êtes tous là en bas et c'est pas horrible ? Qu'est-ce qu'on est en train de foutre là ? » »
— Roger Waters, Wikipédia English, juin 1987.
Les dialogues incorporés au film sont rares. Alan Parker a fait relevé le défi i d’illustrer l’histoire de Pink en utilisant seulement les chansons de l’album The Wall. Le pari était risqué, mais le résultat est éblouissant. Les chansons, adaptées aux scènes tantôt lumineuses d’une enfance enjolivée, tantôt obscures d’un présent sans saveur, s’enrichissent d’une densité qui apportera encore davantage d’intérêt à l’album des Pink Floyd. D’autres scènes en dessin animé, réalisées par le caricaturiste Gerald Scarfe, brillent d’ingéniosité et, dans un style psychédélique parfaitement adapté aux Pink Floyd, rapportent les scènes fantasmées par un personnage qui s’enfonce de plus en plus dans la schizophrénie.
The trial par Gerald Scarfe
Si vous ne savez pas ce que veut désigner ce « mur » qui donne son nom à l’album le plus respecté des Pink Floyd, ce film vous l’apprendra et confèrera au groupe encore un peu plus de grandeur qu’il n’en avait déjà. Pink Floyd, the Wall réussit parfaitement à transmettre tout l’amour et le respect d’un homme (Alan Parker) pour les créations musicales d’un groupe, et plus encore, de celui qui en fut l’une des pièces motrices (Rogers Waters).
Un film qui se regarde dans son intégralité pour l’histoire, mais dont chacune des scènes peut être (re)visionnée indépendamment pour le plaisir.
rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
Sujet: Re: Séance rattrapage dvd 2011 Jeu 18 Aoû 2011 - 11:27
Je n'ai pas vu le film mais par contre le clip vidéo qui était tirée du film pour la chanson Another Brick In The Wall avait beaucoup impressionné le gamin que j'étais à l'époque
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Séance rattrapage dvd 2011 Jeu 18 Aoû 2011 - 21:55
Les autres scènes sauraient peut-être impressionner le grand adulte que tu es à présent ? A ta place, je n'en douterais pas !
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Séance rattrapage dvd 2011 Jeu 18 Aoû 2011 - 21:58
Colimasson : mes respects pour ce commentaire de The Wall, un film inoubliable (parce que douloureux, crispant, difficile mais sublime, déjanté, etc... etc...). Tes mots donnent envie d'y revenir...
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Séance rattrapage dvd 2011 Jeu 25 Aoû 2011 - 9:27
L’accordeur de tremblements de terre(2005) des Frères Quay
Synopsis :
Emporté par une passion dévorante mais non partagée, le Dr Emmanuel Droz, neurologue méphistophélique et inventeur ayant découvert le secret de la résurrection, veut s'unir à jamais à la femme qu'il aime, la belle cantatrice Malvina van Stille. Afin de réaliser son dessein il la tue, l'enlève, puis la maintient dans un état de mort apparente. Droz engage l'accordeur de pianos Felisberto pour réviser ses instruments, des automates actionnés par les marées qui gouvernent mystérieusement le rythme de la vie dans sa propriété isolée sur les bords de l'océan, la Villa Azucena. Felisberto découvre peu à peu l'intention du docteur : mettre en scène un "opéra diabolique" qui enchaînera la destinée de Malvina. Il se jure secrètement de la sauver, mais se trouve en fait lui-même pris au piège dans l'univers pervers de Droz.
L’accordeur de tremblements de terre regroupe a priori toutes les qualités pour plaire à un spectateur lassé des films hollywoodiens et désirant se payer une bonne tranche de spectacle marginal. Enfin, « spectacle », là encore, le terme est trop dégradant pour un film que les frères Quay veulent avant tout « artistique », « intellectuel », « surréaliste » et « abstrait ». Les références que le spectateur cultivé pourra déceler dans L’accordeur de tremblements de terre sont nombreuses (et flatteront certainement son bon goût) : on y trouve du Roi des roses, de La mort de Maria Malibran, des Chasses du Conte Zaroff, de L’île du Docteur Moreau, du Château des Carpates et du Locus Solus, rien que ça… Quant aux apports des frères Quay en question, ils résident surtout, soi-disant, dans le traitement visuel de l’intrigue ainsi que dans sa mise en scène.
En effet, le film est un chef d’œuvre de raffinement esthétique. L’atmosphère brumeuse s’accorde à merveille avec les voix chuchotées des acteurs, les passages animés s’incorporent subtilement à des scènes plus oniriques, et l’enchaînement des scènes se fait avec une douceur extrême, sauf lorsque les automates imposent leur rythme saccadé aux yeux du spectateur.
Mais la question que je me pose, à l’issue de la visualisation de ce film, est la suivante : pourquoi avoir essayé de mettre en place une intrigue dans ce film qui ne revendiquait ouvertement aucune autre ambition que celle de l’esthétisme ? J’ai cru devoir m’accrocher à une histoire qui, de toute évidence, ne menait nulle part, et devoir m’intéresser aux propos des personnages –propos creux voire carrément débiles, d’autant plus que les acteurs ne semblent jamais convaincus de ce qu’ils font. Et le film se referme après une heure et demie au cours de laquelle il ne semble s’être rien passé, sinon l’enchaînement de très beaux décors oniriques.
L’accordeur de tremblements de terre aurait mieux fait de rester un clip vidéo plutôt que de vouloir se donner les apparences d’un film. Et les critiques unanimement (ou presque) élogieuses de ce film « hors-norme » me feraient presque regretter les bons gros blockbusters américains.
J'en conviens, l'image est très belle. Mais dans un film, ça ne fait pas tout...
touti Main aguerrie
Messages : 589 Inscription le : 07/08/2011 Age : 51 Localisation : Nancy
Sujet: Re: Séance rattrapage dvd 2011 Sam 27 Aoû 2011 - 11:33
Marko a écrit:
Sortie aujourd'hui de Même la pluie qui vaut largement le rattrapage:
je viens de le voir, impression de malaise, fait réfléchir, notion d'importance des choses,
superbe film, merci Marko
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Séance rattrapage dvd 2011 Dim 28 Aoû 2011 - 22:19
Reykjavik-Rotterdam (Oskar Jonasson, 2008, Islande) Les islandais écrivent de bons thrillers. Ils savent en filmer aussi. Comme ce Reykjavik-Rotterdam, film basique, malin comme un singe, prenant du début à la fin. L'histoire ne vaut pas la peine d'être racontée : un trafic d'alcool entre les Pays-Bas et l'Islande. Non, ce qui compte, c'est l'ambiance, le rythme, l'humour noir. Oskar Jonasson, le metteur en scène, est un réalisateur de séries tv (sa première oeuvre cinématographique s'appellait Sodoma Reykjavik. Ce doit être curieux). Il a écrit le scénario avec un certain Arnaldur Indridason (hé, hé) et son acteur principal est Baltasar Kormakur. Lequel est non seulement bon acteur, mais aussi réalisateur. Notamment de City Jar, d'après le roman d'un certain, euh, Arnaldur Indridason. La boucle est bouclée. Ah oui, il parait que les américains vont s'attaquer à un remake. Quelle surprise !
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Séance rattrapage dvd 2011 Dim 28 Aoû 2011 - 22:28
traversay a écrit:
Sodoma Reykjavik. Ce doit être curieux
Hé hé ! Je suppose que Sodoma veut dire le port... les traducteurs sur internet ne donnent pas de réponse, mais comme le port, en estonien, ça se dit "Sadam", ça peut sembler pas totalement illogique.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Séance rattrapage dvd 2011 Dim 28 Aoû 2011 - 22:32
Ah, tu viens de briser un rêve, fantasme, une idée fausse, voulais-je dire.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
La fille d'un procureur contracte une maladie rare, la seule guérison possible étant une greffe de poumons. Le problème: l'enfant est loin d'être la première sur la liste d'attente des transplantations à venir. La solution se trouve peut-être au Mexique...
Je poursuis avec Kormakur. Metteur en scène, cette fois, dans un thriller américain 100% adrénaline. Pas sorti en salles, chez nous, direct en DVD (et diffusé sur Canal, aussi). Le sujet : le trafic d'organes. Le lieu : Ciudad Juarez, ville au plus haut taux de criminalité, au Mexique. 1H20 seulement, le film n'a pas le temps de tergiverser. Les péripéties sont peu crédibles, la situation, si. En gros, si un riche américain a besoin d'un donneur, il y a une solution à proximité, dans un pays à la mortalité galopante. Tout est un peu réducteur dans Etat de choc, le trait est grossi pour l'effet coup de poing. Et dans le genre, c'est salement efficace, faut avouer. Un rôle très physique pour Dermot Mulroney, très convaincant. Gros casting autour de lui : Diane Kruger, Vincent Perez, Rosanna Arquette, Sam Shepard. Qui n'ont pas vraiment le temps d'installer leur personnage. La fin fait penser à du Inarrritu, le choix cornélien d'un homme placé devant une alternative : la mort d'un enfant (le sien) ou la mort d'un autre enfant (pas le sien). Avant tout un film d'action, avec un côté moraliste. Je préfère le Kormakur islandais, quand même (The Sea). Le sujet mérite mieux qu'un traitement en mode thriller.
Les chats persans de B. Ghobadi, film iranien, sorti en 2009.
Deux jeunes iraniens passionés de musique sont invités à venir jouer en Europe. Ils n'ont pas de passeports, pas de visas, pas de groupe mais quelques connaissances et surtout de la volonté.
Tourné en 17 jours, sans aucune autorisation, le film se veut être la présentation de la musique underground de Téhéran et raconter l'histoire de ces deux jeunes. Une gageure bien difficile à remplir, on s'en doute. La caméra bouge dans tous les sens, on ne comprend pas toujours les motivations de certains actes, on découvre un monde musical d'une vigueur et d'une inventivité époustouflante et ce film, traversé par quelques moments de grâce (en particulier quand le réalisateur filme des sortes de clips sur les chansons) est essentiellement un témoignage sociologique et politique d'une grande vigueur. Témoignage d'une jeunesse baillonnée, la question essentielle du film est : partir ou rester ? abandonner ou résister ? s'épanouir ou végéter ? vivre ou survivre ? Poignant ! Et la fin sans concession laisse un goût très amer.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Séance rattrapage dvd 2011 Mar 13 Sep 2011 - 9:41
La domination masculine (2007) de Patrick Jean
« Depuis des milliers d'années où l'on s'intéresse aux arts ménagers, l'outil le plus parfait, le seul qui ravaude, qui lave, qui épluche les pommes de terres, qui soigne les enfants et qui sourit à son mari, c'est la femme.
Alors n'hésitez pas, achetez une femme ! Il existe plusieurs modèles que nous serons heureux de vous présenter sur les grands boulevards et les grandes avenues de Paris. »
La domination masculine ? Ou la soumission féminine ? A voir ce film, je me pose la question… Pourtant, Patric Jean, même s’il ne souhaite pas directement exprimer son point de vue dans ce documentaire (ce qu’il fait toutefois implicitement par le choix des séquences qu’il décide de montrer), semble pencher du côté des femmes. Quel dommage alors, et quelle incohérence, qu’il dénonce les situations d’injustice vécues par les femmes avec autant de condescendance et avec une sorte de paternalisme qui, une fois encore, renforce cette « domination masculine » qui donne son nom au documentaire. Mais peut-être s’agit-il d’une erreur de compréhension de ma part ? Peut-être Patric Jean ne souhaite-il rien dénoncer du tout, et peut-être souhaite-t-il tout simplement faire l’étalage de quelques preuves qu’il a réussi à accumuler sur le sujet ?
Il n’empêche, j’ai trouvé certaines scènes dans lesquelles Patric Jean essaie d’expliquer l’origine de cette « domination masculine » qu’il ressent dans notre société plutôt dérangeantes. Lorsqu’il se rend à un speed-dating et qu’il demande à deux ou trois femmes ce qu’elles attendent de leur conjoint et ce qu’elles pensent pouvoir leur apporter, il sélectionne les réponses des plus cruches comme représentatives de l’état d’esprit de la majorité des femmes (il me semble pourtant que les règles du jeu sont faussées dès le départ avec ce type d’entretien car il faut détenir une idée de l’amour particulière pour se rendre dans ce type de lieu de rencontre). Les femmes au foyer sont considérées comme des victimes, bonnes femmes décérébrées qui auraient reçu un lavage de cerveau dès leur plus jeune âge à force de lectures stéréotypées ou de jeux profondément sexués. Cette explication pourrait éventuellement être prise au sérieux si le cantonnement des genres à un certain type d’activité était un phénomène récent, mais au contraire, il tend de plus en plus à se réduire. D’ailleurs, plus loin, dans le film, Patric Jean évoque la tuerie de l’Ecole Polytechnique de Montréal en 1989, et en profite pour signaler la hausse croissante de l’intégration des femmes dans les milieux scientifiques, qui n’est pas pour plaire à tous les hommes. Alors, retour dans les ménages ou accès aux professions prestigieuses ? Malheureusement, Patric Jean oublie de parler de la répartition des tâches à la maison. Avoir un poste à haute responsabilité et devoir s’occuper de la popote, des gosses et du ménage une fois de retour chez soi, est-ce vraiment plus épanouissant que de travailler à mi-temps, dans l’exercice d’une profession moins valorisante, voire pas du tout ?
Les interviews d’épouses brimées par leur mari possèdent elles aussi un aspect dérangeant. Encore une fois, je ne conteste pas le contenu des propos de ces femmes, qui sont révoltants, mais la façon dont Patric Jean choisit de les mettre en scène. Longs plans sur des regards au bord des larmes, soupirs, nervosité…passent encore, mais était-il nécessaire de conclure ces entretiens par la succession d’images sanguinaires, où l’on voit ici une femme rendue inhumaine sous une couche de bandages, là un corps étalé au sol, recouvert de sang, et plus loin le cou d’une femme recousu avec du fil ?
Je trouve cela dommage que Patric Jean ait donné un ton aussi condescendant à son documentaire. Les femmes sont de pauvres petits êtres fragiles qui se battent pour obtenir sans cesse plus de droits, mais que peuvent-elles vraiment faire sous le joug de la domination masculine ? Tendres et sans défenses, mues uniquement par des sentiments de douceur et d’altruisme, Patric Jean les cantonne dans leur rôle de soumise éternelle.
Malgré ce message un peu contradictoire, la plupart des témoignages et des documents regroupés dans ce film sont intéressants et méritent d’être considérés pour leur valeur propre. Quant à savoir si ce film relance un quelconque débat, difficile de trancher… La domination masculine ne propose aucune conclusion pour mieux permettre à son spectateur de se faire sa propre opinion (toutefois fortement influencée), mais aussi, peut-être, parce qu’il a abordé le sujet d’une manière très superficielle…