Christophe Honoré

La bande annonce m'avait beaucoup fait hésiter, mais je suis finalement allé voir Les métamorphoses. Et (pour une fois ) je suis d'accord avec Marko. Certes artificiel, mais un artificiel assumé et maîtrisé. Ce sont des histoires de dieux, de nymphes, de souffrance, de mort, de violence, parfois d'amour aussi. Et dire, mettre des mots, doit aider à exorciser. Faire un album illustratif avec de belles images en tuniques grecques, n'aurait eu que peu d'intérêt. Christophe Honoré s'en empare et les raconte à sa façon, en leur donnant un nouvel souffle. Je trouve que c'est bien plus inquiétant ainsi (les Bacchantes) en tenues actuelles, dans un décor quotidien.

Je ne conseillerais ce film à personne, parce que si on n'entre pas dans le parti pris, cela doit être insupportable. Et d'ailleurs, j'ai trouvé la dernière partie, consacrée à Orphée un peu longue, même si la toute fin est belle. Marko l'a dit, une grand sensualité se dégage des images, mais en même temps l'effroi n'est jamais loin, les histoires d'amour finissent mal en général. Je ne sais pas si le film va réussir à transmettre la tradition aux jeunes générations, parce que déjà ces récits sont quand même elliptiques pour certains d'entre eux, et pour bien apprécier le film, il faut mieux déjà les connaître. Mais quand on les connaît c'est vrai qu'il y a un côté ludique, à voir les transformations des personnages mythologiques.

Arabella a écrit:

Et (pour une fois ) je suis d'accord avec Marko.

Mais ça nous arrive assez souvent quoi que tu en dises (de Bela Tarr à Hong Sang Soo ou pas mal d'autres...).

Tu vois, même quand je dis que je suis d'accord avec toi, tu trouves un point à discuter.

Christophe Honoré adapte la Comtesse de Ségur avec beaucoup de finesse, d'humour et de mélancolie. Un film pour les enfants autant que pour les parents qui se replongeront avec nostalgie dans cet univers qui arrive à parler du deuil et de la maltraitance avec délicatesse. Dommage que la musique d'Alex Beaupain soit aussi gnagnan (pas tout le temps heureusement). Les gamins sont épatants (même s'ils récitent un peu leur texte) et Muriel Robin parfaite!

Les Malheurs de Sophie

Je n'ai pas eu une impression si favorable, Marko (même s'il n'est pas évident de trouver de la distance par rapport à un texte auquel on est assez attaché). Christophe Honoré réussit à créer un univers séduisant, s'adapte au contexte d'un film d'époque mais l'ensemble manque vraiment pour moi de spontanéité et d'émotion. Le jeu des enfants est en effet très récité, voire rigide et je n'ai pas cru à leurs échanges et à l'évolution de leurs relations. Le scénario est aussi construit comme une suite de vignettes, et j'attendais davantage de souffle et d'enthousiasme.

L'apparition de Muriel Robin a renforcé une frustration tant j'ai vu l'actrice aux dépends de son personnage. Le film, à force d'être appliqué, m'a semblé désincarné et je n'ai pas non plus été convaincu par la musique d'Alex Beaupain.

J'étais dans un bon jour ! Et j'ai aimé la progression de la légèreté vers une certaine gravité. Un critique de Telerama disait que Sophie apparaissait comme un personnage d'autant plus troublant que rien ne parvenait à le sortir de sa folie douce (la douceur comme la cruauté ou le deuil). Presque un personnage borderline. La future Chiara Mastroianni de "Non ma fille tu n'iras pas danser" ?