Annie Ernaux

Oui, au vu du résumé que tu as mis Coline mais je pensais plutôt, en parlant de sujet, à l'obsession, dans les deux livres, une femme ne pense plus qu'à l'homme dont elle est amoureuse (ou pas d'ailleurs). Ce qui ne me pose pas de problème en principe mais j'avais trouvé ce livre inintéressant, un peu cliché. excessif, je n'avais pas trouvé qu'elle avait décrit avec élégance cette obsession. Enfin bref, je n'avais pas aimé et en voyant le sujet de l'occupation, je me dis que ça doit être un peu dans le même style. Bon, si quelqu'un a lu les deux, peut-être pourra-t-il m'éclairer

Je suis en train de lire Se perdre. Ce n'est sans doute pas son meilleur roman, j'y reviendrai quand je l'aurai fini.
Mais, c'est incroyable comme les mots, les phrases et les émotions que véhicule cette auteure arrivent à me toucher. Quand elle se perd dans sa passion, à la recherche d'un homme qui l'aime, j'ai l'impression de me perdre avec elle.
C'est incroyable ! Et je crois qu'elle fait partie des auteurs dont j'aimerai embrasser toute l'oeuvre !

Steven a écrit:

Je suis en train de lire Se perdre. Quand elle se perd dans sa passion, à la recherche d'un homme qui l'aime, j'ai l'impression de me perdre avec elle.
C'est incroyable ! Et je crois qu'elle fait partie des auteurs dont j'aimerai embrasser toute l'oeuvre !

Bonne découverte de l'oeuvre complète Steven J'ai l'intention moi aussi de découvrir/lire toute son oeuvre.

J'aime bien ce qu'écrit cette auteur mais j'ai un problème avec elle : simplement, je n'arrive pas à différencier ses ouvrages les uns des autres. J'en ai lu plusieurs, je suis pourtant incapable de resituer exactement l'histoire avec le titre.
Cela ne me gêne pas pour autant...

Je l'ai rencontrée en novembre, j'ai assisté à l'une de ses conférences : c'était très intéressant.
Je rechercherai quelques photos à poster...

Se perdre

Citation :

20h30. Qu'est-ce qu'aimer un homme ? Qu'il soit là, et faire l'amour, rêver, et il revient, il fait l'amour. Tout n'est qu'attente.

Voilà, en quelques mots, le sujet de ce roman. Une année d'attente, tour à tour fébrile, heureuse, désespérée.... Mais de l'attente.
L'auteure (le livre est à la première personne du singulier) se perd dans sa relation avec S., diplomate rencontré en Russie qui vient travailler pendant un an à l'ambassade soviétique à Paris. Mais S. est marié.
Et S. est bien plus jeune qu'elle. La relation qui l'unit à Annie est fugitive, succession de moments volés à sa routine. Pour elle, ce n'est qu'attente, insuportable désir physique qui une fois assouvit réapparait aussi vite, dans l'angoisse du temps qui passe, du désintérêt, du vide.
Sous la forme d'un journal qui couvre l'année 1988 et le début de 1989, Annie Ernaux nous conte ses tourments, ses attentes donc. Elle le fait avec des mots simples, crus, mais elle arrive à faire passer l'intensité des moments vécus, que ce soient les moments de bonheur, ou ceux de désespoir où elle se retrouve seule, à attendre, rêver, broyer du noir...
Le monde extérieur est pratiquement totalement absent de ce roman, le monde se résumant à S., sa prochaine venue/absence, son comportement, l'amour physique, l'amour sentimental qu'il inspire...
Comme je l'ai dit plus haut, ce n'est sans doute pas le meilleur roman d'Annie Ernaux, mais c'est incroyable ce que cette auteure arrive à me toucher, à me faire partager son univers !
Et que reste-t-il après la lecture de ce roman ?

Des phrases fortes, véritables aphorismes et le sentiment diffus de se perdre avec l'auteure.

Citation :

Je ne suis même plus sûre que la liberté existe dans l'écriture, je me demande même si ce n'est pas le domaine de la pire aliénation, où le passé, les horreurs du vécu font retour. Mais en revanche le résultat, le livre, peut fonctionner comme moyen de liberté pour les autres.

Citation :

Je compte les jours, attachant un signe de plus en plus négatif à leur écoulement sans appell téléphonique. Mais il a, lui, sans doute, une autre notion du temps, qu'il ne calcule même pas. Cette absence de calcul a un sens cependant, le peu de nécessité que je dois avoir dans sa vie.

Il fait toujours ce soleil, ce ciel imperturbablement limpide, cet été précoce. Ce matin, j'avais envie de le voir d'une façon désespérée, comme C.G.en 58 : le voir, faire l'amour, même s'il se fout de moi, et tans pis pour après, pour la désillusion qui suit, le malheur.

Steven a écrit:

Se perdre

Citation :

20h30. Qu'est-ce qu'aimer un homme ? Qu'il soit là, et faire l'amour, rêver, et il revient, il fait l'amour. Tout n'est qu'attente.

Voilà, en quelques mots, le sujet de ce roman. Une année d'attente, tour à tour fébrile, heureuse, désespérée.... Mais de l'attente.
Annie Ernaux nous conte ses tourments, ses attentes donc. Elle le fait avec des mots simples, crus, mais elle arrive à faire passer l'intensité des moments vécus, que ce soient les moments de bonheur, ou ceux de désespoir où elle se retrouve seule, à attendre, rêver, broyer du noir...

Comme je l'ai dit plus haut, ce n'est sans doute pas le meilleur roman d'Annie Ernaux, mais c'est incroyable ce que cette auteure arrive à me toucher, à me faire partager son univers !
Et que reste-t-il après la lecture de ce roman ?
Des phrases fortes, véritables aphorismes et le sentiment diffus de se perdre avec l'auteure.

Citation :

Il fait toujours ce soleil, ce ciel imperturbablement limpide, cet été précoce. Ce matin, j'avais envie de le voir d'une façon désespérée, comme C.G.en 58 : le voir, faire l'amour, même s'il se fout de moi, et tans pis pour après, pour la désillusion qui suit, le malheur.

J'aime aussi de cette auteur, malgré seulement 2 livres lus.

Spoiler:

Passion simple

Après avoir lu se perdre, publié en 2001, journal intime dont à émergé Passion simple, je lis donc Passion simple, publié en 1991.
Un petit roman qui se lit vite et où l'auteure décrit sa passion pour un homme étranger et plus jeune elle (S., qui est devenu A. dans ce roman).
Si Se perdre est une chronique quotidienne du désespoir d'Aniie Ernaux qui se perd dans son histoire sans issue, Passion simple décrit simplement sa passion ressentit dans tout son corps. Mais cette passion n'est pas si simple. Le styke est toujours direct, mais véhicule toujours autant d'émotion. J'ai surtout ressenti un manque dans sa vie, manque qu'elle essaie de combler avec A., n'y arrivant pas bien sûr.
Elle effectue même un retour sur elle même, se rendant à l'adresse où, plus de vingt ans auparavant, elle avait avorté.

Citation :

simplement, je n'arrive pas à différencier ses ouvrages les uns des autres

Kashima a raison, les romans semblent se confondre les uns avec les autres, mais n'est-ce pas voulu tant vivre semble étroitement lié avec écrire pour Annie Ernaux ?

Citation :

Je voulais à toute force me rappeler son corps, des cheveux aux orteils. Je réussisais à voir, avec précision, ses yeux verts, le mouvement de sa mèche au-dessus du front, la courbe de ses épaules. Je sentais ses dents, l'intérieur de sa bouche, la forme de ses cuisses, le grain de sa peau. Je pensais qu'il y avait très peu entre cette reconstitution et une hallucination, entre la mémoire et la folie.

Epi a écrit:

j'avais trouvé ce livre inintéressant, un peu cliché. excessif, je n'avais pas trouvé qu'elle avait décrit avec élégance cette obsession. Enfin bref, je n'avais pas aimé et en voyant le sujet de l'occupation, je me dis que ça doit être un peu dans le même style. Bon, si quelqu'un a lu les deux, peut-être pourra-t-il m'éclairer

Ce message d'Epi date un peu mais bon.

Si tu n'as pas aimé "Passion simple", je ne pense pas que tu aimeras non plus "L'occupation" puisque c'est exactement ce que tu décris de "Passion simple", en apparence excessif, une obsession décrite avec une certaine "brutalité", la passion pour un homme d'un côté, la jalousie de l'autre, jusqu'à la folie.

Steven a écrit:

Elle effectue même un retour sur elle même, se rendant à l'adresse où, plus de vingt ans auparavant, elle avait avorté.

Elle le raconte plus précisément dans "L'évènement". Si tu ne l'as pas lu, tu devrais aimer vu ce que tu écris plus haut
C'est un des livres d'A. Ernaux que je préfère, sa lecture date un peu maintenant, mais j'ai toujours des souvenirs de ressenti, sur le sordide des lieux, les méthodes archaïques, la douleur interne, l'angoisse de l'avortement...
Ce livre fait un peu penser d'ailleurs au film à "4 mois, 3 semaines, 2 jours" de C. Mungiu, un film remarquable.

Li a écrit:

Epi a écrit:

j'avais trouvé ce livre inintéressant, un peu cliché. excessif, je n'avais pas trouvé qu'elle avait décrit avec élégance cette obsession. Enfin bref, je n'avais pas aimé et en voyant le sujet de l'occupation, je me dis que ça doit être un peu dans le même style. Bon, si quelqu'un a lu les deux, peut-être pourra-t-il m'éclairer

Ce message d'Epi date un peu mais bon.

Si tu n'as pas aimé "Passion simple", je ne pense pas que tu aimeras non plus "L'occupation" puisque c'est exactement ce que tu décris de "Passion simple", en apparence excessif, une obsession décrite avec une certaine "brutalité", la passion pour un homme d'un côté, la jalousie de l'autre, jusqu'à la folie.

Merci Li, c'est ce que je me disais, histoire différente mais même traitement, c'est donc bien que tu me le confirmes.
En fait, je crois que je ne vais pas m'aventurer plus loin et rester sur les excellentes impressions que m'a laissé son livre Les années que j'ai vraiment adoré et qui paraît bien différent de tous les autres.

Li a écrit:

Elle le raconte plus précisément dans "L'évènement". Si tu ne l'as pas lu, tu devrais aimer vu ce que tu écris plus haut
C'est un des livres d'A. Ernaux que je préfère, sa lecture date un peu maintenant, mais j'ai toujours des souvenirs de ressenti, sur le sordide des lieux, les méthodes archaïques, la douleur interne, l'angoisse de l'avortement...
Ce livre fait un peu penser d'ailleurs au film à "4 mois, 3 semaines, 2 jours" de C. Mungiu, un film remarquable.

Comme Epi j'ai beaucoup aimé Les années (au point de me le racheter après qu'on me l'ait prété) mais vu que je le sais très différent des autres, j'hésitais sur mon deuxième choix.
Je crois avoir trouvé grâce à toi Li, avec L'évènement.
( j'avais aussi beaucoup aimé le film de Mungiu. On en parle d'ailleurs ici)

Epi a écrit:

les excellentes impressions que m'a laissé son livre Les années que j'ai vraiment adoré .

J'ai pris aussi beaucoup de plaisir à le lire...
(Je me répète je crois...Il me semble que je l'ai déjà dit...Mais où?... )

coline a écrit:

J'ai pris aussi beaucoup de plaisir à le lire...
(Je me répète je crois...Il me semble que je l'ai déjà dit...Mais où?... )

Ah bon ?
Mais tu as raison Coline, c'est un livre à conseiller encore et encore. Les moins de 40 ans se sentiront peut-être moins concernés mais c'est tout de même une belle leçon d'histoire, très agréable à lire.

Epi a écrit:

Les moins de 40 ans se sentiront peut-être moins concernés mais c'est tout de même une belle leçon d'histoire, très agréable à lire.

Non non, ce n'est pas du tout un livre de génération (ni même de femmes d'ailleurs) ...Fantaisie Héroïque l'a beaucoup aimé, et j'ai un ami qui a trente ans et qui l'a adoré...

Epi a écrit:

Les moins de 40 ans se sentiront peut-être moins concernés.

Je l'ai offert à ma mère et à ma fille, après l'avoir lu bien sûr. A partir de 20 ans sans problème (vois le repas où ça papote ordi et anti-virus, même avec les jeunes adultes, on a les pieds dedans!). A partir de vingt ans et toute génération confondue