Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Emile Zola

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Max
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptyMar 10 Juin 2014 - 1:15

colimasson a écrit:
Nana aurait pu être plus court

En effet, il est trop long d'un bon tiers. On s'ennuie souvent (sans qu'il y ait pour autant de temps morts, bizarre).
Je le trouve quand même un peu surestimé... (j'ai le droit ?).
Par contre je me souviens du dernier chapitre comme hier (et pas que de la dernière scène). La scène d'ouverture aussi est grandiose.

A part ça, dans mes souvenirs, j'ai l'impression que Zola se veut plus "mature" dans ce tome, il y a toujours comme tu le dis profusion de mots, mais en même temps il y a un côté sec, plus incisivement grinçant, je ne sais pas, plus "parisien". Je n'ai pas trop accroché. L'ardeur de la vengeance de Nana ne m'a perso pas contaminé. Il me tardait surtout que quelqu'un l'assomme.

C'est dommage que je garde pas un super souvenir de ce personnage, parce que dans L'Assommoir, Nana m'a fait vraiment vibrer (très grand souvenir). Je préfère sans hésiter une seconde Nana dans L'Assommoir que dans Nana...
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptyMar 10 Juin 2014 - 8:25

Tiens Nana est moins assomante dans l'assomoir? Bien envie de les lire. Je n'ai lu de Zola que Germinal et j'avais beaucoup aimé.
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Max
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptyMar 10 Juin 2014 - 11:50

pia a écrit:
Tiens Nana est moins assomante dans l'assomoir?

Oh ouip. Il te faut le lire absolument... Mais ça n'a rien à voir hein. Et puis dans L'Assommoir c'est une enfant. On la suit petite fille jusqu'à l'adolescence.

Il y a notamment un chapitre irrésistible où on la voit grandir en direct, devenir femme. Il s'ouvre ainsi :  

Citation :
Nana grandissait, devenait garce. A quinze ans, elle avait poussé comme un veau, très blanche de chair, très grasse, si dodue qu'on aurait dit une pelote. Une vraie frimousse de margot, trempée dans du lait, une peau veloutée de pêche, un nez drôle, un bec rose, des quinquets luisants auxquels les hommes avaient envie d'allumer leur pipe.

Et Coupeau qui lui dit : "Cache donc ta viande, que je mange mon pain !"  content
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colimasson
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptyMer 11 Juin 2014 - 9:44

Max a écrit:

A part ça, dans mes souvenirs, j'ai l'impression que Zola se veut plus "mature" dans ce tome, il y a toujours comme tu le dis profusion de mots, mais en même temps il y a un côté sec, plus incisivement grinçant, je ne sais pas, plus "parisien".

Oui, je crois que je suis d'accord avec toi. Il y a un côté mondain qui sent trop la frime et l’esbroufe.

Max a écrit:

Il y a notamment un chapitre irrésistible où on la voit grandir en direct, devenir femme. Il s'ouvre ainsi :  

Citation :
Nana grandissait, devenait garce. A quinze ans, elle avait poussé comme un veau, très blanche de chair, très grasse, si dodue qu'on aurait dit une pelote. Une vraie frimousse de margot, trempée dans du lait, une peau veloutée de pêche, un nez drôle, un bec rose, des quinquets luisants auxquels les hommes avaient envie d'allumer leur pipe.

Et Coupeau qui lui dit : "Cache donc ta viande, que je mange mon pain !"  content

Je me souviens, excellent Very Happy
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptyMer 11 Juin 2014 - 18:21

Max a écrit:


Citation :
Nana grandissait, devenait garce. A quinze ans, elle avait poussé comme un veau, très blanche de chair, très grasse, si dodue qu'on aurait dit une pelote. Une vraie frimousse de margot, trempée dans du lait, une peau veloutée de pêche, un nez drôle, un bec rose, des quinquets luisants auxquels les hommes avaient envie d'allumer leur pipe.

Et Coupeau qui lui dit : "Cache donc ta viande, que je mange mon pain !"  content

ça se passe de commentaire! Génial!
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptyMar 8 Juil 2014 - 14:39

Pot-Bouille (1882)


Emile Zola - Page 19 Zola-e10

Dans la Conquête de Plassans, en 1874, Emile Zola écrivait : « La vie entière, c'est fait pour pleurer et pour se mettre en colère ».
Dans Pot-Bouille, huit ans plus tard, Emile Zola avance à nouveau : « On en a pour la vie à pleurer comme des veaux ».


Plèbe ou bourgeoisie, les misères sont de même nature : seul leur degré d’importance varie, occasionnant des répercussions politiques et sociales d’autant plus accrues qu’elles mettent en jeu des personnes de pouvoir. Emile Zola raconte les petites orgies quotidiennes que s’amuse à organiser la classe bourgeoise pour combler le désœuvrement. La chair est triste et la morale est forte. L’adultère est vécu dans la culpabilité et le péché, réduite à être la source de tous les maux de l’humanité. De là, à lire les cris de terreur d’un Emile Zola qui chercherait lui-même à esquiver la tentation, on aurait vite fait de classer Pot-Bouille dans les œuvres-confesses d’un écrivain pécheur sinon par acte, au moins dans la virtualité.


Agaçant comme les protestations d’une vierge effarouchée, hypocrite et sans surprise, Pot-Bouille déshonore les précédents volumes de la série des Rougon-Macquart. A condition d’avoir lu les précédents actes d’Emile Zola, on comprendra que ce Pot-Bouille n’est pas aussi radical qu’il voudrait bien nous le faire croire. Après lecture, on croirait presque que la faute la plus condamnable n’est pas le libertinage mais le désœuvrement d’un lectorat condamné à lire les tristes et ennuyeux adultères des autres.


Emile Zola - Page 19 Lada_f10

Citation :
« - Un sous-chef de bureau, continuait la mère ; pas trente ans, un avenir superbe. Tous les mois, ça vous apporte son argent ; c’est solide, il n’y a que ça… Tu as encore fait quelque bêtise, comme avec les autres ?
- Je t’assure que non, maman… Il se sera renseigné, il aura su que je n’avais pas le sou.
Mais madame Josserand se récriait.
- Et la dot que ton oncle doit te donner ! Tout le monde la connaît, cette dot… Non, il y a autre chose, il a rompu trop brusquement… En dansant, vous avez passé dans le petit salon.
Berthe se troubla.
- Oui, maman… Et même, comme nous étions seuls, il a voulu de vilaines choses, il m’a embrassée, en m’empoignant comme ça. Alors, j’ai eu peur, je l’ai poussé contre un meuble…
Sa mère l’interrompit, reprise de fureur.
- Poussé contre un meuble, ah ! la malheureuse, poussé contre un meuble !
- Mais, maman, il me tenait…
- Après ?… Il vous tenait, la belle affaire ! Mettez-donc ces cruches-là en pension ! Qu’est-ce qu’on vous apprend, dites !
Un flot de sang avait envahi les épaules et les joues de la jeune fille. Des larmes lui montaient aux yeux, dans une confusion de vierge violentée.
- Ce n’est pas ma faute, il avait l’air si méchant… Moi, j’ignore ce qu’il faut faire.
- Ce qu’il faut faire ! elle demande ce qu’il faut faire !… Eh ! ne vous ai-je pas dit cent fois le ridicule de vos effarouchements. Vous êtes appelée à vivre dans le monde. Quand un homme est brutal, c’est qu’il vous aime, et il y a toujours moyen de le remettre à sa place d’une façon gentille… Pour un baiser, derrière une porte ! en vérité, est-ce que vous devriez nous parler de ça, à nous, vos parents ? Et vous poussez les gens contre un meuble, et vous ratez des mariages !
Elle prit un air doctoral, elle continua :
- C’est fini, je désespère, vous êtes stupide, ma fille… Il faudrait tout vous seriner, et cela devient gênant. Puisque vous n’avez pas de fortune, comprenez donc que vous devez prendre les hommes par autre chose. On est aimable, on a des yeux tendres, on oublie sa main, on permet les enfantillages, sans en avoir l’air ; enfin, on pêche un mari… Si vous croyez que ça vous arrange les yeux, de pleurer comme une bête ! »


Citation :
"Si dans le peuple, le milieu et l’éducation jettent les filles à la prostitution, le milieu et l’éducation, dans la bourgeoisie, les jettent à l’adultère. »


« Montrer la bourgeoisie à nu, après avoir montré le peuple, et la montrer plus abominable, elle qui se dit l’ordre et l’honnêteté. »
Emile Zola



*peinture Léda de François Boucher
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptyMar 8 Juil 2014 - 17:10

Merci, colimasson, encore une oeuvre que je n'ai pas lue : on reconnaît Zola à des kilomètres !
Ah, cette capacité qu'il a de nous montrer le pouvoir par un trou de serrure...
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptySam 12 Juil 2014 - 17:01

Ouais, d'ailleurs ça commence à peser cette reconnaissance supra-spatiale... tiens, une avalanche descriptive ? le thème change parfois de volume en volume, mais le développement suit toujours le même cheminement comme si Zola suivait sans âme une technique qu'il croit de mieux en mieux rodée... je les zappe de plus en plus allègrement.
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptySam 12 Juil 2014 - 18:11

Hérétique !  rire 
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptySam 12 Juil 2014 - 18:53

colimasson a écrit:
Ouais, d'ailleurs ça commence à peser cette reconnaissance supra-spatiale... tiens, une avalanche descriptive ? le thème change parfois de volume en volume, mais le développement suit toujours le même cheminement comme si Zola suivait sans âme une technique qu'il croit de mieux en mieux rodée... je les zappe de plus en plus allègrement.
Et pourtant, çà et là, des instants de ravissement !
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptyMer 16 Juil 2014 - 8:46

Une ou deux pages de ravissement sur 500... je connais d'autres livres et d'autres auteurs qui m'en procurent davantage, moins la lassitude.
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptyLun 11 Aoû 2014 - 18:47

Au Bonheur des Dames (1883)

Emile Zola - Page 19 Bonheu10

Colossal et d’une ambition documentaire difficilement égalable, le Bonheur des Dames d’Emile Zola rivalise de mégalomanie avec les appétits de pouvoir d’Octave Mouret. Si personne ne peut égaler ce dernier dans son projet d’édification d’un temple commercial, aucun écrivain de son temps ne devait égaler Emile Zola dans sa volonté de saisir les rêves et les aspirations du peuple parisien de la fin du 19e siècle.


Emile Zola soupçonna la défaite d’un Octave Mouret mais la transposa au domaine affectif, se plaisant à imaginer l’imperfection constante de l’être humain qui ne peut trouver le succès dans tous les domaines en même temps. Mais il ne semble pas que Zola ait pu douter un instant de la faillite à long terme d’une entreprise de l’envergure du Bonheur des Dames.


« Je veux, dans Au Bonheur des dames, faire le poème de l’activité moderne. Donc, changement complet de philosophie : plus de pessimisme d’abord, ne pas conclure à la bêtise et à la mélancolie de la vie, conclure au contraire à son continuel labeur, à la puissance et à la gaieté de son enfantement. En un mot, aller avec le siècle qui est un siècle d’actions et de conquête, d’efforts dans tous les sens. »


Emile Zola ne semble même pas devoir réfréner le pessimisme : il est absent et semblerait peut-être inopportun à la vue de celui qui, de son vivant, ne connut que le succès grandissant du Bon Marché tenu par Aristide Boucicaut. Tout doit peut-être mourir pour permettre au Bonheur des dames de s’exalter –l’amour, la tradition, la famille et la morale- mais le Bonheur ne s’en amenuise pas pour autant.


Poussé à son tour à la mégalomanie, Emile Zola transpose sur le plan littéraire l’exaltation des entreprises gigantesques et cannibales. Du gros au grossier, il n’y a qu’un pas ; du magnifique au grotesque ; de l’éclat à la chute. Le processus se réalise dans le Bonheur des dames d’Emile Zola. Aveuglé par les ambitions qu’il poursuit, l’écrivain ne remarque pas qu’à trop vouloir rassasier ses lecteurs, il prend le risque de les écœurer.  


Emile Zola - Page 19 Lori_n10

Préface de Colette Becker a écrit:
C’est en 1852 qu’Aristide Boucicaut entra au Bon Marché comme associé de M. Videau. Sous son impulsion, l’ancienne boutique de mercerie qui employait, à l’angle de la rue de Sèvres et de la rue du Bac, une douzaine de commis, devint le premier des « grands magasins ». Son chiffre d’affaires monta de façon vertigineuse : de 450 000 francs en 1852, il atteignit 5 millions en 1860, sept en 1863, vingt et un en 1869, soixante-sept en 1877, plus de quatre-vingts en 1882 et cent vingt-trois en 1888, tandis que ses bâtiments dévoraient tout l’îlot de maisons délimité par les rues du Bac, de Sèvres, de Babylone et Velpeau.


Une analyse très visionnaire de la fausse libération féminine :

Citation :
Alors […] apparut l’exploitation de la femme. Tout y aboutissait, le capital sans cesse renouvelé, le système de l’entassement des marchandises, le bon marché qui attire, la marque en chiffres connus qui tranquillise. C’était la femme que les magasins se disputaient par la concurrence, la femme qu’ils prenaient au continuel piège de leurs occasions, après l’avoir étourdie devant leurs étalages. Ils avaient éveillé dans sa chair de nouveaux désirs, ils étaient une tentation immense, où elle succombait fatalement, cédant d’abord à des achats de bonne ménagère, puis gagnée par la coquetterie, puis dévorée. En décuplant la vente, en démocratisant le luxe, ils devenaient un terrible agent de dépense, ravageaient les ménages, travaillaient au coup de folie de la mode, toujours plus chère. Et si, chez eux, la femme était reine, adulée et flattée dans ses faiblesses, entourée de prévenances, elle y régnait en reine amoureuse, dont les sujets trafiquent, et qui paye d’une goutte de son sang chacun de ses caprices. Sous la grâce même de sa galanterie, Mouret laissait ainsi passer la brutalité d’un juif vendant de la femme à la livre : il lui élevait un temple, la faisait encenser par une légion de commis, créait le rite d’un culte nouveau ; il ne pensait qu’à elle, cherchait sans relâche à imaginer des séductions plus grandes ; et, derrière elle, quand il lui avait vidé la poche et détraqué les nerfs, il était plein du secret mépris de l’homme auquel une maîtresse vient de faire la bêtise de se donner.


Emile Zola démasque aussi l'envahissement progressif de l'enfant-roi dans la consommation :

Citation :
Son idée la plus profonde était, chez la femme sans coquetterie, de conquérir la mère par l’enfant ; il ne perdait aucune force, spéculait sur tous les sentiments, créait des rayons pour petits garçons et fillettes, arrêtait les mamans au passage, en offrant aux bébés des images et des ballons. Un trait de génie que cette prime des ballons, distribuée à chaque acheteuse, des ballons rouges, à la fine peau de caoutchouc, portant en grosses lettres le nom du magasin, et qui, tenus au bout d’un fil, voyageant en l’air, promenaient par les rues une réclame vivante !


Comme d'habitude chez Zola, on retrouve la tentation de la simplicité et du bonheur primitif :

Citation :
Comme elle le répétait souvent, pourquoi donc tout ça ? ne serait-ce pas plus gentil de vivre tranquille, au fond d’un petit logement, où l’on ne mangerait que du pain ?


*photo de Lori Nix
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptyLun 11 Aoû 2014 - 19:33

Tu lis beaucoup de Zola mais tu n'as pas l'air de l'apprécier, je me trompe ?
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptyMer 13 Aoû 2014 - 14:12

Il y a quelques romans lumineux ! Je viens de terminer La joie de vivre et, au même titre que La curée ou La faute de l'abbé Mouret, il m'a tenu en haleine et je l'ai beaucoup apprécié. J'en parlerai plus tard Very Happy
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MessageSujet: Re: Emile Zola   Emile Zola - Page 19 EmptySam 6 Sep 2014 - 14:20

La joie de vivre (1884)


Emile Zola - Page 19 10414210

Œuvre de moindre importance dans la série des Rougon-Macquart, La Joie de vivre qui fait l’objet de ce roman constitue également le contrepoint discret mais puissant adressé à la théorie schopenhauerienne. Celle-ci est représentée par Lazare, jeune homme de son époque influencé par le pessimisme jusque dans la faillite de ses rêves de grandeur : la musique, puis la médecine, puis les sciences techniques subissent un lent désenchantement à mesure que la foi inconsciente de Lazare pour le pessimisme augmente. La théorie est-elle si puissante qu’elle parvient à enrôler un jeune homme intelligent et ambitieux dans la tentation du dégoût ? Pas à une contradiction près, Lazare se range aux côtés de Schopenhauer pour dénigrer le sentiment amoureux jusqu’à ce qu’il le connaisse lui-même jusqu’au déchaînement passionnel. Mais même de cela, Lazare finit par se lasser.


De son côté, Pauline semble complètement immunisée par le pessimisme. On ne peut pas croire que ce soit un quelconque manque d’érudition qui l’en préserve car elle se montre au contraire extrêmement cultivée, égale de Lazare dans la plupart de ses recherches scientifiques. La différence semble plutôt se distinguer dans des aptitudes à l’amour et au don de soi qui se situent sur des échelles de valeur opposées : alors que Lazare ne pense rien qu’à son bonheur, Pauline passe sa vie à se dévouer pour les autres.


Lazare et Pauline grandissent ensemble et bien qu’ils nourrissent des conceptions de la vie contradictoires, ils se complètent longtemps, s’éloignent parfois, et s’avouent finalement indispensables l’un à l’autre, après les longs détours de deux existences à moitié gâchées, à moitié achevées. Emile Zola propose discrètement sa propre interprétation du pessimisme et s’avance au-delà de la conclusion du Monde comme volonté… de Schopenhauer.


Comme dans La Curée ou La Faute de l’Abbé Mouret, lorsque Zola se détourne du parasitage mondain et des grands projets urbains et politiques, il éblouit par les habiletés de ses constructions biographiques et parvient à dessiner des identités ambivalentes qui traduisent une grande perspicacité psychologique. Emile Zola confirme avec ce roman qu’il excelle mieux dans les drames intimistes que dans les tragédies politiques.


Emile Zola - Page 19 Jarosl11

Une atmosphère qui semble avoir inspiré Huysmans...

Citation :
« Pauline obtint le grade de préparateur. Ce fut une rage pendant un mois, la chambre s’emplit rapidement de plantes sèches, de bocaux où nageaient des arborescences, d’instruments aux profils bizarres ; un microscope occupait un coin de la table, le piano disparaissait sous des chaudières et des cornues, l’armoire elle-même craquait d’ouvrages spéciaux, de collections sans cesse consultées. »


Quelle force opposer à Schopenhauer ? celle de la vie instinctive... un affrontement qui commence à apparaître comme constant dans la série des Rougon.

Citation :
« […] Elle refusait de s’avouer vaincue, elle envoyait carrément au diable son Schopenhauer, dont il avait voulu lui lire des passages : un homme qui écrivait un mal atroce des femmes ! elle l’aurait étranglé, s’il n’avait pas eu au moins le cœur d’aimer les bêtes. Bien portante, toujours droite dans le bonheur de l’habitude et dans l’espoir du lendemain, elle le réduisait à son tour au silence par l’éclat de son rire sonore, elle triomphait, de toute la poussée vigoureuse de sa puberté. »


Le pessimisme semble encore plus cruel à une époque qui flatte le matérialisme et dénigre le romantisme :

Citation :
«  Il avait l’ennui sceptique de toute sa génération, non plus cet ennui romantique des Werther et des René, pleurant le regret des anciennes croyances, mais l’ennui des nouveaux héros du doute, des jeunes chimistes qui se fâchent et déclarent le monde impossible, parce qu’ils n’ont pas d’un coup trouvé la vie au fond de leurs cornues. »

Une solution au pessimisme schopenhauerien ? (conclusion du roman):


*peinture de Jaroslav Panuška
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