Hong Sang-soo

Hill of freedom

ça commence assez mal avec la petite musique genre légère mais avec une pointe de mélancolie et l'image basique façon haute définition. Quand on comprend que le film sera sentimentalement sentimental on s'inquiète un peu plus. Et le film prend bien un air de sitcom existentielle.

Machine (je ne sais plus son nom) récupère les lettres de Mori qui débarque en Corée pour la retrouver. Au fil des lettres on suit donc Mori qui ne la retrouve pas mais dont la recherche cohabite avec sa logeuse et son neveu, et une fille qui tient un café (dont le nom est le titre du film). ça continue à faire sitcom sauf qu'il n'y a ni comique (appuyé du moins) ni drame. ce qui laisse de la place pour traîner les pieds, profiter de repas copieusement arrosés pour parler du temps ou des sentiments. et pour dormir. le "héros" (si on veut) à besoin de dormir pour combler le vide. On peut ajouter un affreux chien au tableau.

Sans être complètement ou intensément convaincu, le naturel résiduel m'a quand même rattrapé, pas que ces gens soient particulièrement attachants ou que leurs situations soient si normales (ou naturelles) mais ils ont une ressemblance avec la normalité.

Pourquoi pas ?

A priori, je vais le voir dans quelques jours. Il n'est vraiment pas long, à peine plus d'une heure.
Je viens de voir qu'il a obtenu quelques prix originaux : "Best Picture Not Released in 2014" (aux International Cinephile Society Awards 2015), et "Best Undistributed Film" (aux Indiewire Critics' Poll de 2014)

Je me disais bien que ce n'était pas un film de panda...La ressemblance avec la normalité, c'est du même ordre que chez Rohmer ou Eugène Green, un artifice, mais tout art est artifice, on n'en sort pas. Il y a comme quelque chose de métaphorique dans des scènes de vie, qui peuvent sembler quotidiennes, mais que jamais ne se passent comme cela dans la vraie vie.

Il faut vraiment rentrer dans le rythme, ne pas cherche la petite bête, c'est comme un flux. Après, on peut analyser, et là des gens s'en donnent à coeur joie. Le rôle du hasard, mais est-ce vraiment le hasard, tiens.

ben il y a des choses auxquelles je n'accroche pas mais je ne dirais pas non plus que je n'ai pas aimé le film, il y a même des choses que j'ai appréciées.

Tant mieux, tu ne regrette donc pas d'y être allé.

Hill of freedom : Animal a déjà parlé de la trame de base.
Le film est très sympa, (faussement ?) léger et souvent très amusant. On comprend bien l'anglais parlé.
Les scènes en désordre sont justifiées.

J'ai vraiment bien aimé. C'est un film modeste, mais réussi.

eXPie a écrit:

On comprend bien l'anglais parlé.

Le film aurait presque l'air conçu pour s'exporter sans traduction/sous-titres !

Les pandas sont des vilaines bêtes poilues.

et taquines.

On notera que le dernier Hong Sang-soo, à savoir Right Now, Wrong Then sera présenté au 68ème Festival international du film de Locarno en août. La liste des films est à lire par exemple sur http://www.telerama.fr/cinema/vincent-macaigne-judd-apatow-hong-sang-soo-ou-andrzej-zulawski-a-locarno,129341.php

Très pointu, le festival de Locarno. C'est presque trop grand public, pour eux, Hong Sang-soo.

Cela dit, je trouverais plus intéressant d'y aller qu'à Cannes. Il y a là des films que l'on aura du mal à voir ailleurs.

Arabella a écrit:

Très pointu, le festival de Locarno. C'est presque trop grand public, pour eux, Hong Sang-soo.

Cela dit, je trouverais plus intéressant d'y aller qu'à Cannes. Il y a là des films que l'on aura du mal à voir ailleurs.

Effectivement! Beaucoup de noms inconnus. Content d'y retrouver Vimukthi Jayasundara que j'aime bien. Encore un nom que j'ai mis du temps à dire d'une traite!

Tu exagères un peu, Arabella. Hong Sang-Soo avait reçu à Locarno le Léopard du meilleur réalisateur en 2013 avec Sunhi !

Pour revenir à Hill of Freedom, j'ai aussi été séduit par le film, sa concision et sa simplicité. Une unité de lieu, de temps, s'installe au fil de l'enchaînement des lettres et cet espace devient une parenthèse presque rêvée. Hong Sang-Soo saisit à nouveau le décalage des paroles prononcées par rapport aux émotions ressenties, esquissant avec beaucoup de spontanéité des incertitudes relationnelles, des contradictions entre l'ampleur d'aspirations personnelles et la réalité d'actions parfois remplies de maladresse. L'anglais parlé accentue une impression de malaise mêlée à une certaine tendresse, à l'image des "I see" (je vois) ponctuant régulièrement les phrases. Quelques coups de colère et des moments de sommeil profond relancent régulièrement le rythme d'un film qui représente une respiration idéale en période estivale.

Il me semble quand même que les films primés à Locarno, en général restent quand même très confidentiels. Celui de l'an dernier, From what il before de Lav Diaz n'a même pas été distribué en France. Si tu reprends le palmarès des 15 dernières années, tu en a vu combien ? Moi, un seul, L'histoire de ma mort, d'Alberto Serra, que je n'ai toujours pas complètement digéré, tellement je me suis ennuyée.

Tu as raison (je n'en ai guère vu plus que toi), mais cela permet aussi de souligner que Hong Sang-Soo reste assez confidentiel. Locarno alterne souvent entre des metteurs en scène à découvrir (dont les films ne sortent pas forcément en France) et des réalisateurs plus confirmés, qui sont cependant représentatifs de la diversité du cinéma d'art et d'essai.