Séance rattrapage DVD

Je nous trouve plutôt remarquablement sages, avec toutes les perches que tu nous tends.

Mais cela ne va sans doute pas durer...

10 bonnes raisons de te larguer
(quel mauvais titre... en anglais, c'est un peu mieux : 10 things I hate about you)

Scénario vu et revu (ça sent bon l'influence d'Howard Hugues, ça sent le film d'ado pas tellement inspiré), ok.

Mais plusieurs plaisirs : la bo qui sent bon les années 90, les acteurs que l'on découvre tout jeunots (heath ledger et ses cheveux longs et frisés, Joseph Gordon-Levitt avec sa bouille de petit ange malicieux...), et un thème qui ne fait pas de mal.

Mettre le film en boulottant quelques grammes de grignoteries, ça passe bien un après-midi pluvieux ou une soirée d'hiver.

Citation :

A Hambourg, le jeune Tore est à la recherche d'une nouvelle vie au sein d'un groupe religieux appelé les "Freaks Jésus". A la suite d'un accident de voiture, il croit à un miracle en rencontrant un père de famille nommé Benno. Tore emménage avec lui et sa famille. Mais il est loin de se douter que ce Benno est un homme d'une rare violence...

Ce premier film de Katrin Gebbe est à la fois ambitieux, impressionnant dans sa mise en scène et extrêmement dérangeant. Il serait facile de le rejeter immédiatement pour son sadisme a priori complaisant et de le résumer à une sorte d'affrontement réducteur entre un ange et un démon mais ce serait passer à côté de la complexité des personnages et de ce qui les anime.



Tore, dont le nom évoque à la fois une divinité et un personnage de "La Source" de Bergman, est un fou de dieu, un "idiot" épileptique comme chez Dostoïevski, un psychotique mystique, un jeune homme égaré qui cherche une famille et trouve dans son amour pour Dieu une échappatoire à la dureté du monde et à la cruauté humaine. Sa rencontre avec Benno, père de famille pervers, violent et incestueux, sera investie par lui comme une épreuve envoyée par Dieu pour éprouver sa foi mais aussi et surtout comme un moyen quasi christique de s'offrir en sacrifice pour libérer les innocents. La fin sera donc à la fois terriblement cruelle comme une descente aux enfers mais en même temps une renaissance et le surgissement d'une lumière.

Katrin Gebbe est aussi douée dans le portrait quasi documentaire de ces Jesus Freaks (sortes de jeunes punks mystiques), comme de cette famille pathologique qui vit dans la précarité, que dans la parabole. Les moments d'intimité entre Tore et la jeune adolescente apportent de la douceur et de la respiration à ce récit implacable, découpé en 3 chapitres comme chez Ulrich Seidl: Foi, Amour, Espoir.



Ma principale réserve concerne la manière dont la violence est montrée de manière frontale et excessive jusqu'à la complaisance  (la scène du poulet moisi!!!). Mais on aurait pu dire la même chose des films d'Haneke ou de Pasolini dont elle se rapproche. Et l'ensemble provoque des sensations très fortes, au rythme des crises d'épilepsie de Tore, en même temps qu'une réflexion plus abstraite sur les antagonismes de la nature humaine et sur ce lien très trouble entre la victime masochiste et son tortionnaire.

Difficile à conseiller tellement il est perturbant (on peut vomir un tel film!!) mais c'est une réalisatrice très prometteuse malgré ses excès.

Huis clos dans une voiture et un téléphone portable en kit main libre pour communiquer avec le monde extérieur. Ivan Locke plaque son boulot et annonce à son épouse qu'il part rejoindre une femme avec qui il a eu, aidé par l'alcool,  une aventure d'un soir et qui est en train d'accoucher de son enfant... Tout en se rapprochant de sa destination, il semble progressivement perdre tout ce qui faisait son équilibre de bon père de famille et de professionnel modèle...

La critique me semble excessivement élogieuse pour ce film qui est plutôt bien réalisé, avec un Tom Hardy parfait comme à son habitude, mais dont le scénario reste très minimaliste et un peu lourd sur le plan psychologique et moral. Cela donnerait sûrement une pièce de théâtre distrayante par les joutes oratoires que le dispositif permet et le suspens (relatif) qui en découle. L'alternance de coups de téléphone qui se chevauchent est bien rythmée. Les reflets des lumières de l'autoroute sur le pare-brise sont plutôt photogéniques bien que répétitifs. La musique est pas mal tout en restant parcimonieuse et discrète.

Je ne me suis pas ennuyé parce que Tom Hardy arrive à rendre crédible tous les états d'âme de son personnage. J'ai par contre été agacé par le sous-texte psychanalytique qui lui fait rendre des comptes avec un père virtuel auquel il s'adresse pour justifier ses décisions morales visant à ne pas reproduire ce dont il a été lui-même victime. Agacé aussi par le côté moralisateur très américain qui fait de cette adultère accidentel une faute terrible qu'il faut expier...

Je me demandais comment tout cela allait se terminer et c'est finalement plutôt simple et efficace.

Pas indispensable mais pas indigne non plus. Pour Tom Hardy et pour les amateurs de petits drames existentiels et domestiques.

Metalhead (2013)

de Ragnar Bragason, avec Þorbjörg Helga Dyrfjörð (<- ne me demandez pas comment ça se prononce)

Málmhaus le titre en islandais.

film de hardos ? films sur les hardos ? abc du métaleux ? pas tout à fait.

ambiance champêtre dans une petite ferme islandaise ou des enfants jouent avec le chien. mais accident de tracteur pour le grand frère.

un drame donc, centré sur la petite sœur mais qui n'oublie pas les parents. personne n'arrive à oublier, sa sœur se raccroche à sa passion pour le hard rock, elle écoute du Judas Priest, va lui jouer un air de Savatage sur sa tombe. le hard ça aide à tenir et c'est la carapace contre le monde qui continue.

la fille grandie sans trouver sa place et dérape. l'occasion aussi de voir la communauté, le lien qui va avec. on voit aussi un nouveau prêtre avec son tatouage de Iron Maiden.

on rigole de temps en temps avec des situations inévitables et des remarques qui font mouche, malgré ça avec et sans les clichés c'est le drame qui continue... avec des vaches aussi, un enregistrement maison, des suédois, un mariage, une église qui brûle, une communauté, hum, pas mal de bons sentiments ?

oui, c'est possible dans un film qui soigne sa bande originale sans la rendre envahissante et réussit un petit tour de passe passe musical. donc oui le hard c'est ça aussi des fois pour les jeunes qui en ont marre et qui n'oublient pas.

pas parfait le drame du froid mais attachant à l'image de son héroïne qui n'est jamais ni nunuche ni tête à claque.

et puis la BO, si on a droit au maquillage sur l'affiche et dans le film, elle fait le lien avec autre chose, ce n'est pas juste le bruit et les églises en flamme.

et normalement ça passe aussi si on ne focalise pas sur la musique.

traversay a écrit:

Green Zone de Paul Greengrass

Citation :

Pendant l'occupation américaine de Bagdad en 2003, l'adjudant-chef Roy Miller et ses hommes ont pour mission de trouver des armes de destruction massive censées être stockées dans le désert irakien. Ballotés d'un site piégé à un autre, les militaires découvrent rapidement une importante machination qui modifie le but de leur mission.

Après La mort dans la peau, La vengeance dans la peau, voici ... La guerre dans l'appeau. Non, le tandem Greengrass/Damon ne nous plonge pas dans une nouvelle aventure de Jason Bourne mais la débauche de scènes d'action, frénétiquement filmées (fatigants, ces plans à l'épaule) fait passer au second plan la réflexion, pourtant intéressante, sur la manipulation des médias américains (à propos des prétendues armes de destruction massive), aux premiers mois de l'invasion de l'Irak. Rares sont les moments d'accalmie dans ce thriller survitaminé où les fusillades dans le noir créent une paranoïa palpable et intense. Greengrass est un cinéaste efficace, on le sait depuis le mémorable Bloody Sunday, mais dans Green Zone quelques moments de pause et de pédagogie n'auraient pas été de trop.


Greegrass et Green Zone, c'est vert comme film !

Et un simili nanar avec Matt Damon qui ressemble énormément à Matt Damon (et qui joue aussi bien que Matt Damon). Matt c'est le super soldat toujours sympa et hyper efficace et qui veut des résultats pour son pays des amériques, alors il en a marre de débarquer dans des trucs vides sans aucune trace d'armes de destructions massives (WMD). Ça tombe bien entre un type de la CIA et un local motivé il a miraculeusement tout ce qu'il faut pour courir après  un général de Saddam Hussein.

Dans ce film qui aurait pu remettre en cause le pourquoi de l'engagement (mais que fait Matt dans cette galère si les WMD sont un mensooooonge ???), mais aurait pu parce que finalement chacun à leur manière on pourra trouver une bonne logique d'efficacité politico-militaire quelque part. Si apprendre que l'Irak ça peut être compliqué et que sortir du placard un exilé n'est pas forcément bien vu ne vous suffit pas, il faudra vous rabattre sur la gerbatique caméra à l'épaule qui empêche le scénario bien léger de s'effondrer.

Ah, oui, et Matt Damon joue toujours aussi bien que Matt Damon.

C'est tout tartouille comme film. Hu hu.

Narc (2002)

de Joe Carnahan avec Jason Patric, Ray Liotta


A Detroit, grisaille photogénique, nous sommes directement dans une situation qui tourne mal avec un policier (Jason Patric) infiltré (undercover) chez les toxico-dealers qui court après un type avant de l'abattre, blessant au passage une femme enceinte. Pas loin de toucher le fond et plus prêt de changer de boulot, sa hiérarchie lui promet un "bureau" s'il reprend l'enquête sur le meurtre d'un autre policier infiltré.

L'occasion de faire équipe avec l'ancien co-équipier de celui-ci, le détective Oak (Ray Liotta l'air avenant au possible), le genre de policier qui ne s'encombre pas toujours du règlement. Volontiers pittoresque et un tantinet ché-bran (split screen, musique) le film reste quand même dans le polar pur et dur sous tension.

Les questionnement existentiels de rigueur ne prennent pas forcément à mort et on sent bien que ça va dégénérer mais même à la deuxième vision ça reste bigrement efficace et on ne s'ennuie pas à suivre. Un film potentiellement un poil surcoté mais qui a tous les atouts du produit qui ne déconne pas trop, alors oui ça vieillit pas mal et ça se revoit sans problème... ce qui est certainement une bonne chose pour cette catégorie de film.

Convaincant !

Fort Apache, The Bronx / Le Policeman (1981)

De  Daniel Petrie avec  Paul Newman, Ken Wahl (le "flic dans la mafia"), Edward Asner et Danny Aiello.

L'assassinat de deux policiers avant de mettre les pieds dans le commissariat du 41ème arrondissement, surnommé Fort Apache. Un lieu peuplé de flics usés et généralement pas là de leur plein gré mais petit îlot devant lequel les gamins jouent et les vieux sortent.

Le double meurtre coïncide avec un changement de patron pour ces policiers, changement pour un patron qui veut faire plus propre... On suit donc un duo de policier Murphy/Newman et Corelli/Wahl respectivement d'ascendances irlandaise et italienne dans leur travail. Murphy expérimenté fatigué et Corelli qui croit à une chance de foutre le camp. Bon, notre jeunot fait office de faire valoir pour un Newman qui fait du Newman... m'enfin, ça marche pas mal quand même.

Surtout que le film plutôt que de filer une enquête construite fait plutôt dans le portrait-tranche de vie du quartier. Un portrait avec l'accent mis sur la misère, la drogue, la prostitution et la délinquance en général (ce qui lui a d'ailleurs valu des protestations de la part de représentants des communautés noires et porto-ricaines). Un film qui colle tout à fait avec l'image New-York des années 80 tout en ayant un penchant 70's par son manque de structure autour d'une histoire pour faire avaler la pilule.

Plus serré sur les flirts des deux policiers (avec ou sans drogue ?), les histoires de picole et les autres passages obligés on se serait probablement enquiquiné. Là, ça flotte dans un contexte qui ne va pas du tout et entretien malgré tout un certain recul désabusé.

Les images de la ville, plus proche de la ruine que du chantier, et les apparitions quasi-fantomatiques de Pam Grier font à peu près le reste. Dans le genre polar urbain j'ai trouvé ça vraiment pas mal.

Rimbaud-Verlaine: Eclipse Totale (1997), de Agnieszka Holland



Avec notamment Di Caprio et David Thewlis.

Un film qui colle bien à la réalité historique, à la relation tumultueuse entre les deux poètes. Pour apprécier le film, il faut connaître un peu ladite histoire, sinon c'est un peu plat, le rythme est plutôt lent. Les deux acteurs sont très bons, et j'ai passé un bon moment.

Le Mans (1971)

Avec Steve McQueen qui n'a pas eu le droit de piloter (assurances) pour la vraie course. Ce qui n'empêche pas le film d'avoir été tourné en partie pendant la course de 1970. Le genre de film qui change de réalisateur en cours de route mais qui arrive à bon port poussé sans doute par la motivation et la passion de l'acteur et d'amis dévoués.

Le film en lui même n'est pas très causant. Si McQueen aligne quatre phase c'est le maximum. Il faut reconnaître aussi que scénaristiquement c'est assez rustique : avec une rivalité sportive entre un pilote Porsche et un pilote Ferrari qui enchaînent en quelque sorte Le Mans après le Nürburgring et une ex mais toujours femme de pilote qui regarde ces trompes la mort d'un œil effrayé. L'occasion quand même de placer une des clés du film bien en vue : l'accident.

L'année d'avant Michael Delaney / McQueen s'est planté, avec plus de chance qu'un autre coureur. Et la tension est palpable tout au long de cette looooongue course. A noté aussi que les chiffres annoncés lors de l'ouverture de la course bien que de 1970 ont de quoi vous faire dresser les cheveux qui restent sur la tête (temps au tour, vitesses moyennes, ...).

Le reste ce sont les types qui pilotent sans cligner de l’œil et la tension permanente, stands inclus. Pas trop de mots pour dire le pourquoi du comment qui sera résumé par un "rien avant, rien après, le reste c'est l'attente" (ou un truc dans le genre).

Pour le spectateur le reste ce sont des scènes de course très tendues, au ras du bitume. Pas de changements de vitesses incongrus mais le bruit des moteurs à fond dans les lignes droites, la pluie, les distances qui n'en sont pas, une approche à cheval entre le documentaire et le pur spectacle. On ne s’ennuie pas et sur grand écran ça devait donner terriblement !

Pas mal de qualités (entre autres des choix dans la sonorisation des accidents) dans ce film qui garde un rien de côté bancal. Surtout c'est impressionnant (et tellement plus qu'un machin comme Rush) !

Je me souvenais bien de l'intro où il s'arrête et contemple la glissière neuve dans le virage...

La scène de l'accident est mémorable ...
Du moins je m'en rappelle ...

on n'est pas surpris d'apprendre que le tournage a connu des accidents pas forcément légers... (brûlures, amputation d'une jambe ?).

animal a écrit:

on n'est pas surpris d'apprendre que le tournage a connu des accidents pas forcément légers... (brûlures, amputation d'une jambe ?).

Pour rendre plus réaliste ?

faut ptet pas pousser non plus.

C'est juste du marketing.