Béatrix Beck [Suisse]

Ahhhh pour ça c'est trop tard, mais pour lire BB non heureusement.

Je viens de faire connaissance avec Beatrix Beck !

Plus loin mais où

Animal vous a commenté  l'histoire si bien que je n'y reviens pas.


Ce petit livre se lit d'une traite. Cette Marcelline je ne serais pas étonnée si elle existait, les galopins qui lui faisaient des noises j'en ai rencontré.

Quant à Yann c'est un homme qui a eu la chance que son professeur note un jour sur son travail "Il faut aller plus loin. Beaucoup plus loin." C'est ce qu'il a fait, il s'est marié a eu plusieurs enfants, il devient un père lui dont les parents Juifs ont perdu la vie dans un camp en Allemagne.

C'est bien que l'auteur n'ait pas tergiversé avec l'antisémitisme en faisant parler Marcelline notamment et en l'abordant cruement.

La leçon pour l'aventure avec Marine,  Yann l'a reçoit 20 ans plus tard, peut-être à ce moment là s'est-il rappelé l'insulte de son oncle "Salaud. Espèce de salaud. Tu es un vrai salaud."

La fin du livre est brutale, comme l'est la mort de Lizzi, sa femme, mais lui assumera son rôle de père :

" Je vais inscrire Marion à un poney-club c'est bon pour les traumatisés."

et d'enseignant car "Ce n'est pas une raison parce que ma vie est incendiée pour que mes cours en souffrent."


J'ai été agréablement surprise par l'écriture si vivante, vibrante, qui se boit tellement c'est fluide, clair, le lecteur est entraîné.

Une belle rencontre et j'en ai déjà un autre à lire.

J'ai relu ton commentaire Animal, dois-je comprendre que l'écriture qui m'a tant plu, sort de ses habitudes ?

C'est que j'ai de la crainte d'être déçue par mon prochain "Un (e)"

non je ne crois pas que ça sorte de ses habitudes, c'est différent de Léon Morin par exemple, mais dans les deux on retrouve BB... qui est toujours BB, il y a donc la possibilité de surprises au fil des lectures. (et tant mieux).

Plus loin mais où

Très contente de retrouver cette chère Beatrix Beck
On devrait lire au moins une fois par mois un de ses livres, ce serait un bon régime.

Déjà rien que pour la langue, c'est presque une invention, prière de relire systématiquement les phrases, pour mieux les saisir, les savourer.
Et cette histoire encore bien à elle, tout à fait signée et reconnaissable, de Marcelline, la Lanturnu, pauvre vieille campagnarde, seule avec ses herbes, son pinard, son bois qu'elle ramasse dans la forêt d'à côté, sa haine d'un peu tout, ses phrases toutes faites, si expressives, si définitives, mais attention, la Marcelline est loin d'être folle ou insensible, la révolte qu'elle a devant la tombe vandalisée de ses parents montre que la façade cache un coeur que la vie a trop martyrisé.

C'est presque un tableau à elle toute seule la Marcelline, on la voit, on la sent, on vit avec elle un court moment.
J'ai presque regretté qu'on la quitte assez vite et j'ai moins aimé la deuxième partie du livre.

Mais c'est du bonheur tout court cet auteur.
Je l'avais un peu oubliée, mais là ça y est, elle revit d'autant plus.

Il y a une sorte de Marcelline aussi dans L'enfant chat il me semble....Celle qui amenait le chaton.

Vous aviez vu cela ?

animal a écrit:

un extrait "spécial maryvonne" :

Citation :

   J'avais dû continuer mon chemin au lieu de m'immobiliser devant la frappante apparition mais en un seul instant son image s'était gravée en moi. A plus d'un demi-siècle de distance, je le revois comme je vois la feuille où je suis en train d'écrire, le stylo entre mes doigts. Cheveux noirs, petites oreilles. Grands yeux vert bronze, l'air grave. Il portait une blouse blanche. Espoir presque enivrant de l'avoir pour prof.
   Nous l'eûmes, en géologie. Dépassant de la blouse blanche, ses jambes gainées de bas prouvèrent qu'il s'agissait d'une femme. Mon saisissement n'eut pas le temps de devenir déception. Pompéi (c'était là son étrange, son fabuleux nom, indiqué sur l'emploi du temps) restait l'être merveilleusement garçonnier aperçu derrière une vitre.
   A peu près toute la classe partagea mes sentiments, mais moins intensément. Les autres avaient le béguin pour Pompéi, la désignaient parfois sous le sobriquet de Pompon, hideux sacrilège. Chez moi c'était de la passion, d'ailleurs mes camarades parlaient souvent de notre professeur de géologie comme de "l'idole de Béatrix".

Comment ai-je pu rater cela ?
Merci pour cette délicate attention.

Maryvonne a écrit:

Vous aviez vu cela ?

Non je n'avais pas vu!

A ne pas manquer si vous êtes dans le coin.

darkanny a écrit:

A ne pas manquer si vous êtes dans le coin.

Veinards de parisiens J'aurais bien assisté à cette lecture.

Marko a écrit:

darkanny a écrit:

A ne pas manquer si vous êtes dans le coin.

Veinards de parisiens  J'aurais bien assisté à cette lecture.

Moi aussi.

ah ça, il y a des veinards.

L'enfant qui cherchait la petite bête & autres contes inédits et retrouvés

Dix huit contes et une gargouille, Torquebuse, pour ce recueil qui couvre une trentaine d'années d'écriture. Des contes assez courts et d'un abord assez facile, souvent tournés vers la jeunesse mais qui conservent tous la marque "envers et contre tout", cette sorte d'obstination légitime qui est un des traits de cette auteur. Ce qui va aussi avec un sens de la chute ou des chutes en cours de route. Ça l'air simple et porté par les mots vers un heureux surréalisme mais la noirceur n'est jamais loin. Des contes plaisants mais jamais niaiseux !

Une lecture agréable et vivifiante, réconfortante pour ces contes, qui en bon contes gardent une volonté édifiante mais ici pas très raisonnable voire un brin souterraine.

Chemin de fer oblige le livre est un joli petit volume, ici sur papier bleu et très lisible et illustrés de montages avec des nuages et des objets ou personnages en liens avec les textes. C'est sympatoche sans me faire vibrer totalement.

Mais pour revenir à notre BB, qu'on ne remerciera et lira jamais assez, ces contes donnent envie d'en lire d'autres (Ecole des loisirs ?) et surtout ne détonnent pas dans cet univers particulier. Même si on les rapprochera plus facilement de la partie moins réaliste de sa production la cohabitation, la coexistence, avec le reste ne manque pas de sens.

Pour ceux qui sont accros ce sera une bonne idée, pour les autres on ne sait jamais, au pire ça peut faire rentrer des monstres dans leurs placards, ou l'inverse, c'est selon.

encore des messages qui se font la belle ?

mais pourquoi donc ? allons y pour un petit extrait, un début :

Citation :

Oncle Séraphin va me rapporter un épouvantail, dit Bergamote.
- Pas un épouvantail, répond sa mère. Un éventail.
- Un éventail pour les poux, c'est un épouvantail ? demande Bergamote.
- Ne joue pas avec les mots conseille son père.
- Je ne risque pas, Papa. Il faut éviter les mots.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- C'est la maîtresse qui l'a dit. Au singulier, un mal. Au pluriel, des mots. "Les mots qui nous frappent." C'était dans ma récitation.
- Cette enfant est une demeurée, grommelle le père.
- Demeurée où ? s'informe sa fille. Nous demeurons tous les trois cité des Roses, 999, rue des Pâquerettes, bâtiment Z, escalier X, 13^e étage au-dessus de l’entresol.