Steve Tesich

Trop contente de voir les impressions de lectures de Shanidar et Queenie
Je vous souhaite une bonne lecture Topocl et Odrey

Eh bien, que du bon que vous décrivez là ! A noter dans ma LAL... (encore un !)

oui, oui il faut lire Karoo !

ce qui suit concerne la fin du roman, sans faire de grandes révélations, j'imagine que certains n'ont pas envie d'en savoir trop, d'où le spoiler.

Spoiler:

Petit rangement de désordre de biblio, et si je vous mettais un petit extrait de Karoo !?

Citation :

Tous ceux que j'aime, tout ce qui a pour moi de l'importance en ce moment se trouve dans cette voiture de location qui quitte le parking. Et pourtant, le seul vrai sentiment que j'éprouve en les voyant partir est du soulagement.
Un genre de soulagement.
C'est comme si le fait que des gens soient aussi importants pour moi était un fardeau. Comme une pression. Comme une tumeur au cerveau que je sens diminuer à mesure que la distance entre nous grandit.
Comment expliquer ça ?
Lorsqu'ils sont près de moi, l'un ou l'autre, ou les deux, je suis très conscient d'eux, très conscient du besoin d'apprécier comme il convient ce nouveau sens qu'a pris ma vie. Mais apprécier, mesure son bonheur est chose difficile. Il faut une adaptation constante de la psyché pour rester concentré sur tout ça. Et il arrive un stade où, face à tant d'implication, vous voulez des vacances.

ça me démangeait de le prendre à la librairie hier.

Mais Prends-Le !

Ok ok la prochaine fois.

Ca a l'air drôlement bien, je le note aussi.

pour le plaisir et parce que je trouve que cet extrait est particulièrement révélateur de l'atmosphère, des paradoxes de Karoo et du rythme de l'écriture (son emballement en quelque sorte) :

Parler divorce avait toujours cet étrange effet de nous faire sentir plus proches l'un de l'autre que nous ne l'avions jamais été durant notre mariage, mis à part le bref moment où Billy est entré dans nos vies. Parler divorce faisait ressortir le meilleur de nous-mêmes. Nous essayions de surpasser l'autre en attentions, en générosité et en considération. Nous partagions nos visions respectives du genre de divorce que chacun de nous voulait. Amical, certes, mais plus encore qu'amical. Beaucoup plus. Tendre, riche de sentiments profonds, plein d'amour, tel était le genre de divorce que nous avions en tête. Quinze minutes et trois cigarettes plus tard, nous en parlions encore. Plus nous parlions divorce, plus nous avions l'air mariés. Et non seulement mariés, mais encore heureux en mariage.

où l'on voit l'alternance de phrases longues et courtes qui imposent un rythme, l'utilisation de la répétition de certains thèmes qui servent de leitmotiv à toute l'oeuvre (ici le divorce, ailleurs l'ivresse) et cette capacité à tourner autour d'une idée, la disséquer, la triturer, jusqu'à en faire l'inverse tout naturel de ce qu'elle devrait évoquer (un divorce plein d'amour, et oui).

ce livre est vraiment éblouissant.

Merci pour ces extraits. Tesich a l'air d'aimer faire l'analyse pointue des grands paradoxes des relations humaines...

Je l'ai noté dans ma LAL en attente d'un moment propice.

Une rubrique du magazine LIRE se consacre des meilleures ventes

Karoo se trouve cette semaine sur la 10e place:

Citation :

ce livre se transforme en phénomène, il est à sa dixième réimpression, avec 37.300 exemplaires vendus

contente aussi qu'il s'agit d'une petite maison d'édition qui a eu la bonne idée de le publier!

En main aussi hier!
Une matière et un format à part, il m'a immédiatement fait penser aux disques 33t import US des années 70. Une bonne idée de l'éditeur.
Présenté comme le choix du type sympa qui semble être le responsable du rayon littérature.
Mais surtout et plus crédible: le choix de Shanidar.
J'ai failli succomber. Trop raisonnable parfois!
Si demain j'y retourne...

Terminé la lecture de cet étrange objet que ce livre.
D'abord je veux souligner le bonheur d'avoir ce forum sous le clavier, pour cette lecture, à un moment où j'aurais pu laisser tomber, la lecture des premiers commentaires de Shanidar et Queenie, leur enthousiasme ont ravivé mon intérêt pour ce personnage et son histoire. Un grand merci à elles!
Parce que faut quand même s’accrocher. Le cynisme du personnage, sa veulerie, sa clairvoyance, sa duplicité, ses obsessions et au final sa solitude extrême font de cette histoire quelque chose de très particulier.
Sa construction nous entraine du dérisoire d'un divorce à l'américaine, de la fuite d'un père devant ses responsabilités à la reconstruction de la vie volée d'une mère orpheline, au mythe Œdipien, pour se terminer dans la solitude d'une cuvette de wc ou, de façon plus poétique, du vide interstellaire. Un abîme!

Igor a écrit:

Un grand merci à elles!

Et de rien !

Citation :

Parce que faut quand même s’accrocher. Le cynisme du personnage, sa veulerie, sa clairvoyance, sa duplicité, ses obsessions et au final sa solitude extrême font de cette histoire quelque chose de très particulier.
Sa construction nous entraine du dérisoire d'un divorce à l'américaine, de la fuite d'un père devant ses responsabilités à la reconstruction de la vie volée d'une mère orpheline, au mythe Œdipien, pour se terminer dans la solitude d'une cuvette de wc ou, de façon plus poétique, du vide interstellaire. Un abîme!

Il va vraiment loin ce livre, bien plus loin que ce que l'on pourrait voir au premier abord, tu as bien raison. Sûrement un livre à relire !

Karoo

Très agréable lecture, sans que mon enthousiasme n'atteigne les sommets qu’ont connus Shanidar et Queenie.

Un personnage totalement décourageant par sa petitesse et sa lâcheté, qui ne vit que par l'image qu'il donne de lui-même, celle-ci étant sauvée par la quantité d'argent qu'il arrive à dépenser à la journée. Tout ce qu'on peut trouver de mesquin chez un mâle machiste camouflant sa petitesse et son incapacité à vivre avec les autres derrière des justifications oiseuses où le paradoxe est roi. Confronté à son ex sûre d'elle-même et de ses vérités, donneuse de leçon souriante et vacharde qui l’enfonce en donnant l’impression d’une compassion extrême, et à un producteur hollywoodien machiavéliquement manipulateur derrière une envahissante façade faussement chaleureuse. Vivant dans un univers à court terme de fric et de plaisir, où quelques personnages plus « normaux » (Laurie, Billy et Leila) lui font effleurer l'idée que la vérité est peut-être ailleurs. Mais, définitivement cet « ailleurs » est inaccessible à Karoo dont le destin est d'être malmené et les ressources de rédemption bien limitées.

Stesich a un talent certain pour décrire les petites vicissitudes de la vie, ces petites mesquineries et ses grandes aspirations. Sans son humour j’aurais eu du mal à m’intéresser à ce personnage aussi veule que redoutable. Il y a des passages réellement brillants où j’ai souri sur mon livre en me disant « qu'est-ce que c'est bien vu ». Il y a aussi des passages où il tire en longueur , devient trop prévisible : il joue un peu trop de son talent.
J'ai beaucoup aimé les notations sur : comment le héros est vu par les autres (notamment les espionnages conversation restaurant), comment il se plie à l’image que les autres attendent de lui, l'envahissement des banalités dans la conversation dans le seul but de masquer le creux et de noyer le poisson, l'illusion perpétuelle qu'a Karoo qu'il pourrait y arriver, mais finit par retomber dans ses travers habituels.

J'ai moins aimé la fin, où Stesich nous explique doctement à quel point son livre s'apparente à une tragédie grecque, belle envolée littéraire, mais qui sent trop l 'astuce et l’épate.

Pour une fois que j’achète autre chose qu’un poche (Parfum me corrompt ), je peux le prêter.