Steve Tesich

Absolument, donc !

Hum... Je crois qu'il va falloir vraiment que je l'essaie Tesich et en particulier celui-ci.

Queenie a écrit:

Parfait (bon allez... peut-être un petit peu trop long. Sur les 537 pages, il y en a quelques-unes où j'avais envie que ça avance un chouia plus vite)

tiens, comme c'est étrange... en français on semble avoir besoin de tellement plus de mots pour dire la même chose
j'avais le souvenir d'un "petit" livre, en tout cas beaucoup plus petit que Karoo... et en effet, en anglais il ne fait que 373 pages (en allemand 492, version que j'ai lu... mais les pages semblaient "s'envoler" devant mes yeux)

mais contente de lire que tu as aimé, c'est un si beau livre

Dans la même édition, Karoo en fait 606. Y'a pas foule de différence d'épaisseur.

Mais pour Price (comme pour Karoo au fond), c'est une spirale qui tourne longtemps sur elle-même, tout en avançant doucement, inexorablement. La longueur est logique, et vraiment pas gênante. Juste que je suis parfois impatiente !

Ce livre est devenu rapidement un petit bout de moi.

Alors faites gaffe à ne pas trop le malmener si vous le trimballez avec vous. Posez le de temps en temps sur un petit coussin douillet pour qu'il se repose, et servez lui quelques cookies en lui disant des mots tout doux pour l'apaiser.

Price

C'est l'histoire assez éternelle d'un adolescent, Daniel Price, qui, le temps d'un été, va passer à l'âge adulte.

Ça commence plutôt bien, par un combat de lutte perdu, malheureusement, on n'entendra plus parler de lutte pendant tout le récit… On enchaîne avec un trio d'amis,  fort bien campé et sympathique,  mais, malheureusement, il va très rapidement se déliter….

On attaque alors le gros morceau, Price tombe amoureux, d'une fille magnifique, mais fantasque, mystérieuse (encore que le lecteur élucide rapidement le mystère) et qui le mène par le bout du nez, pendant que son père, devenu irascible et pervers, agonise d'un cancer…

Chaque page ou chaque chapitre est plutôt bien mené, vivement, avec des dialogues taillés au cordeau, mais Tesich ne peut s'empêcher de rejouer éternellement ces mêmes scènes : Price va voir cette fille qu'il aime et à laquelle il ne comprend rien, et il revient s'occuper de son père qui l'agresse et le déprécie. C'est assez ennuyeux au final, avec une impression de sur-place, et on a souvent envie de lui dire : Price secoue-toi un peu, ouvre les yeux, prend-toi en main. Il lui manque  de la générosité derrière son désarmant nombrilisme adolescent, à ce jeune homme.

Tout cela est assez regrettable car il y a de bons moments, de bonnes trouvailles et une bonne appréhension de cet espoir désespéré de l'adolescence, de ces difficultés à franchir le pas. C'est donc un assez bon roman, mais très répétitif, où j'aurais aimé éprouver plus de sympathie pour le héros, un roman sans assez de panache pour emporter mon enthousiasme face à ce thème si intemporel qu'il peut vite paraître éculé.

topocl a écrit:

un roman sans assez de panache pour emporter mon enthousiasme face à ce thème si intemporel qu'il peut vite paraître éculé.

Oui, le thème semble vu et revu...
Un petit Rolin pour te remettre ?

Quelle bonne idée   !

Heyoka a écrit:

topocl a écrit:

un roman sans assez de panache pour emporter mon enthousiasme face à ce thème si intemporel qu'il peut vite paraître éculé.

Oui, le thème semble vu et revu...
Un petit Rolin pour te remettre ?

Jean et/ou Olivier...

Les deux, mon capitaine, je peux ?

N'importe nawak !

Justement, Tesich colle parfaitement à l'état d'adolescence en piétinant ainsi dans son livre. A tourner en rond, comme on tourne à 16-17 ans, quand on a rien à faire de son été, et qu'on est obsédé par quelqu'un, et face au sombre âge adulte.

Ce livre est d'une justesse ahurissante.

Et Price n'a pas à être sympathique, il est. Et moi, je le comprenais, j'avais envie de le secouer, bien sûr, mais en voyant bien qu'il devait en passer par là. Lentement, sûrement, avec passion et l'égocentrisme propre à son âge.


Certes, il y a plein de romans sur le sujet. Comme il y en plein sur plein de sujets identiques. Reste que, pour moi, Tesich écrit parfaitement, une forme qui correspond au fond.

Je n'ai pas dit que c'était faux, ou que c'était plus lent que la réalité. J'ai dit qu'en tant que livre, j'ai trouvé ça long et répétitif. En gros,ce n'est pas parce que la vie est chiante qu'on doit écrire un livre chiant. J'ai aimé certains livres où on me fait ressentir la longueur du temps qui passe, le piétinement des personnages; Là, je n'ai pas pu adhérer complètement.

J'ai aussi dit:

Citation :

il y a de bons moments, de bonnes trouvailles et une bonne appréhension de cet espoir désespéré de l'adolescence, de ces difficultés à franchir le pas

Et d'ailleurs tu dis-toi même:

Queenie a écrit:

(bon allez... peut-être un petit peu trop long. Sur les 537 pages, il y en a quelques-unes où j'avais envie que ça avance un chouia plus vite).

Price est. Je suis d'accord. Un personnage peut être antipathique et un livre excellent d'ailleurs.
Son côté antipathique (pour moi) n'est pas l'élément primordial qui explique mes réserves sur ce livre.j'ai juste expliqué qu'il ne m'était pas sympathique et que cela en ne m'a pas aidée dans ma lecture. Ceci étant dit, je note qu'il ne m'est pas antipathique parce qu'il est un adolescent qui n'a pas encore les clés du monde et qui patauge. Il m'est antipathique , notamment par son attitude avec ses copains, qu'il laisse tomber, et son père avec lequel il a une attitude qui a quelque chose à voir avec le mépris l'absence de compassion. J'aurais autant aimé qu'il lui hurle à la figure plutôt que de le traiter comme quantité négligeable.  

Je ne sais pas ce que ça veut dire , écrire parfaitement; je ne suis pas assez bonne pour ça (et je ne suis p as sûre que ça existe). Je n'écris pas des critiques pour un magazine littéraire, j'écris mes ressentis, j'écris si le livre est en adéquation avec mon attente, ou pas.

La plupart des livres tournent autour d'un nombre assez réduit de sujets, dont celui-ci du passage de l'adolescence à l'âge adulte, et là, il m'a manqué quelque chose (ou il y a eu trop de quelque chose ) pour m'emporter au delà de ce caractère ordinaire du thème, sur lequel d'autres livre m'ont beaucoup plus séduite.

Queenie, je pense que tu es plus proche que moi des adolescents rebelles et ceci explique nos différences de perception du livre.
J'ai l'impression de t'avoir agressée personnellement, d'avoir fait un crime de lèse-majesté. mais je n'ai jamais fait que parler d'un  livre, sans le descendre, et dire que je préférais Rolin.

...

Nimportenawak ce n'est pas le nom d'un nouveau monstre atomique.

Queue de niettes ! Je ne me sens nullement agressée.
Je défends mon p'tit Price, stout !
Et j'ai le droit, gniark.


J'l'ai trouvé plutôt courageux (Tesich) et cohérent (Price) de montrer l'indifférence possible (mais qui est une protection, d'ailleurs je crois me souvenir que c'est dit et démontré ?) d'un ado face à ce qui ne le concerne pas directement. Et surtout, avoir ce comportement radical, de tout blanc ou tout gris.
Carrément logique l'abandon de ses potes, aussi. Même des adultes, lorsqu'il rencontre quelqu'un, ils en oublient plus ou moins le reste du monde, alors un ado qui découvre l'amour ! (puis son père est plutôt nul, et ses copains ne servent à rien, normal qu'il s'en foute!)

Oui, j'ai trouvé des longueurs, un tout petit peu. Mais jamais d'ennui, plutôt l'envie que ça avance, pour lui, pour eux.

Puis j'aime bien la façon dont Tesich réussit à rendre très vrais, et nuancés ses différents personnages. Même s'ils apparaissent peu, je trouve que leurs passages les rendent très présents, et intéressants.

Vivement le prochain Tesich !

Queenie a écrit:

Vivement le prochain Tesich !

Là je crois que tu peux attendre longtemps Queenie ! Paix à son âme .

églantine a écrit:

Queenie a écrit:

Vivement le prochain Tesich !

Là je crois que tu peux attendre longtemps Queenie ! Paix à son âme .

ah oui, malheureusement il n'y a -à ce jour- seulement deux romans de lui (à moins qu'on va trouver un autre dans quelques années dans une armoire oubliée... improbable, déjà Karoo a été publié après sa mort)

mais tu t'es mis il y a un moment à l'anglais, il a écrit pas mal de pièces de théâtre qui sont publiés en anglais... sinon, il ne te reste rien d'autre que de relire Karoo et Price