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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lars Von Trier Lun 15 Aoû 2011 - 23:03
eXPie a écrit:
En tout cas, ses images appliquées sont vraiment intriguantes, elles restent en mémoire, il y a quelque chose de vraiment mystérieux dedans, cela fait peinture, oui, en même temps théâtre et je ne sais quoi...
J'aime aussi beaucoup ces images que j'aurais aimé retrouver à la fin en version longue... Il y a quelques équivalents en Art Contemporain mais je n'ai pas de noms qui me viennent à l'esprit immédiatement. Juste quelque images. Erwin Olaf s'en approche un peu avec ce mélange d' hyperréalisme théâtral et de surréalisme. Il me semble qu'on avait mis aussi des photos d'artistes qui font ce genre d'images où les personnages semblent s'enliser dans des espaces en principe solides.
Theo Envolée postale
Messages : 259 Inscription le : 30/07/2011 Age : 53 Localisation : Région parisienne
Sujet: Re: Lars Von Trier Mar 16 Aoû 2011 - 12:07
coline a écrit:
animal a écrit:
enfin, bref, faut arrêter de déconner. Dans d'autres films on peut quand même je pense trouver matière à interrogation parce qu'il pousse le bouchon assez loin que ce soit trop factice ou moins factice. Mais s'il donne consciencieusement dans le papier glacé et se manière à outrance dans son nombrilisme tenace et toujours plus limité franchement il y a facilement mieux à voir.
Ce film est bi-don. la musique est relou. les supers acteurs même pas au top. la galerie est beaucoup trop caricaturale.
Je ne comprends pas tout...et surtout pas une telle anim(al)osité......
j'avoue que je comprends tout à fait le Panda dans son exaspération. Quand j'ai dit que Breaking the Waves est un film réactionnaire à la limite de la bêtise, on m'est tombé dessus à bras raccourcis. Et c'est à peu près le cas pour tous les films que j'ai vus. Si au moins il dispensait un cours de catéchisme, un truc bien guimauve, je lui pardonnerais (quoique...) Mais non cela passe toujours par le spectacle complaisant de l'héroïne se sacrifiant et souffrant mille morts physiques et morales jusqu'à l'immolation ultime soit exactement la morale morbide dont nous femmes avons tant de mal à nous débarrasser. Alors oui il filme magistralement mais ses films sont médiocres avec des relents nauséabonds bien planqués derrière des images léchées. Voilà ce n'est que mon opinion et je n'ai pas encore vu Melancholia.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lars Von Trier Mar 16 Aoû 2011 - 18:34
Interview de Lars Von Trier sur Melancholia qu'il dit ne pas beaucoup aimer (comparant le prologue à une publicité pour du parfum. ça fera plaisir à certains )
Citation :
Comment est né Melancholia? Tout d'abord, de mon envie de travailler avec Penelope Cruz. C'était elle que je souhaitais dès le départ, et à dire vrai, je connaissais mal Kirsten Dunst. Je ne l'avais vu que dans Spider-man 3. J'ai écrit le scénario pour Penelope, parce que je voyais la possibilité de faire quelque chose de nouveau avec elle. Nous nous sommes rencontrés et avons eu un excellent contact. Durant l'entretien, elle me parlait beaucoup de mélancolie. De là est né le titre : Melancholia, qui a bien sûr été utilisé avant, au cinéma comme en littérature, mais qui convenait totalement à l'histoire. Dans le film, la mélancolie est clairement décrite comme un vecteur de fertilité, de lucidité, de clairvoyance, mais aussi paradoxalement de désespoir. Une forme de mise à distance de la conscience face au désenchantement du monde. C'est un peu comme dans La nausée, de Sartre où le personnage principal, pris d'un profond dégoût pour ce qui l'entoure, se réfugie dans un monde imaginaire. D'ailleurs, Sartre voulait intituler son livre Melancholia en référence à la gravure de Dürer. Le mot «Melancholia» a en lui-même quelque chose de cosmique et je voulais que la mélancolie du personnage principal soit dévastatrice, qu'elle se matérialise en une planète qui viendrait percuter la terre pour que ça en finisse. Je voulais décrire la mélancolie comme je la connais, comme un trou noir qui aspire. Bref, c'est un vrai film de dépressif !
Bien que votre fin du monde soit désespérée, il en émane une étrange douceur. A un moment donné, le personnage de Claire, joué par Charlotte Gainsbourg, trouve la planète presque apaisante. Oui. Melancholia fonctionne comme l'antithèse de Antichrist. Et j'aimais bien l'idée que Charlotte Gainsbourg soit dans les deux. Justine (Kirsten Dunst) est résignée à l'avance, parce qu'elle n'a plus rien à perdre. A l'inverse, Claire est celle qui a le plus peur parce que la fin du monde approche et qu'elle va la séparer de son mari et de son enfant. Pour revenir sur Kirsten Dunst, je pense que si elle est aussi à l'aise dans ce rôle, ce n'est pas parce qu'elle est de nature mélancolique mais parce qu'elle a connu une grave dépression (NDLR. Suite à une cure de désintoxication) et qu'elle a parfaitement compris l'état que je recherchais.
Melancholia est aussi un film de femmes où la fin du monde se déroule sans super-héros ni Dieu. Tous les hommes les abandonnent progressivement... Vous avez raison de souligner l'absence de Dieu. C'est crucial dans le film, surtout dans la seconde partie. Après, on peut considérer Melancholia comme un film féminin voire féministe. Mais je n'ai réalisé ça qu'une fois le film terminé. Je n'en avais absolument pas conscience pendant le tournage et ça m'a limite posé problème d'ailleurs (il rit). Mais il ne faut pas aller contre son inconscient...
Comment avez-vous travaillé le prologue, aussi symbolique mais plus référentiel que celui d'Antichrist? Je voulais ouvrir Melancholia comme un opéra, où chaque tableau annonce la fin du monde tout en exprimant des sentiments très forts. Ce que l'on voit est horrible mais la vitesse à laquelle ça se passe est étrangement ramollie comme dans un rêve, à la manière des montres molles de Dali. C'est mon hommage au surréalisme! Même si ça ne se voit pas au premier coup d'œil, c'est un mélange de plusieurs supports artistiques : je voulais qu'il y ait à la fois du cinéma, de la littérature et de la peinture. Les références proviennent essentiellement d'œuvres que j'ai aimées, enfant et adolescent. C'était comme l'ombre de Edvard Munch qui planait dans Antichrist. Sinon, je me suis renseigné auprès de scientifiques pour retranscrire au mieux ces visions apocalyptiques. Peut-être que le plan que je préfère, c'est le premier, avec le regard de Kirsten Dunst et les oiseaux qui tombent du ciel. Des plans comme ça me font dire que mon film n'est peut-être pas aussi catastrophique. J'ai eu l'idée avant que le même phénomène se produise aux Etats-Unis et en Suède. Vous vous souvenez de ces pluies d'oiseaux morts? Elles ont été répertoriées comme un de ces nombreux exemples de décès de masse dans le monde animal. C'est un peu mon déluge de grenouilles.
Quelles ont été vos influences? Tarkovski. Partout, tout le temps. C'est mon cinéaste préféré. Face à lui, je suis un nain. Au moment de préparer Melancholia, j'ai beaucoup revu Solaris. Je connaissais le film par cœur et je ne sais pas si c'est l'âge mais j'ai pleuré en le revoyant. Je me demande même si une telle perfection ne m'a pas paralysé avant le tournage. Vu que le film était parfait, qu'avais-je à ajouter de plus? Tarkovski construisait chacun de ses films comme des mondes. Et à chaque fois, il donnait l'impression que le monde explosait. C'est grâce à lui si je crois aux esprits, aux fantômes... Vous vous souvenez du dernier plan de Solaris avec ce mouvement de caméra hallucinant? C'était vraiment ma source d'inspiration pour la fin de Melancholia. Je voulais que la conclusion soit la plus pessimiste que j'ai jamais réalisée car, selon moi, tous mes films se terminent trop bien. Sinon, pour le mariage, je pensais beaucoup à Voyage au bout de l'enfer et au Parrain.
Pourquoi répétez-vous en interview que vous détestez Melancholia? Parce que c'est vrai ! Si j'en étais pleinement satisfait, je le dirais. En l'état, le film n'est pas nul mais frustrant. Le prologue, par exemple, ne me plait pas du tout. Au départ, je l'avais pensé différemment. J'ai rapidement déchanté en voyant les rushs. Quand j'ai vu les premières images, ça ressemblait à une pub pour du parfum. Et moi, je voulais l'apocalypse! Je préfère d'autres scènes comme celle avec les deux mariés dans leur limousine, coincé sur le chemin de campagne pour se rendre aux noces. Elle me fait beaucoup rire, parce que c'est idiot et que ça amène un peu de vie, comme le running-gag autour d'Udo Kier, qui voulait absolument être dans Melancholia. Il m'avait reproché juste avant le tournage d'Antichrist de lui donner des rôles de moins en moins consistants dans mes films. Comme il n'y avait que deux personnages à l'écran, il m'avait même proposé de jouer un arbre dans la forêt. J'ai refusé. Il ne devait y avoir que «lui» et «elle», et les trois mendiants. Les autres visages étaient floutés, sauf celui de l'enfant. Je ne voulais pas transgresser cette règle. Même si je dois avouer que, sur Antichrist, j'ai été moins dogmatique que sur mes autres films.
Est-ce que vous auriez pu faire Melancholia sans Antichrist? Non. Antichrist était un mal nécessaire, il a agi comme une thérapie sur moi. J'étais à 40% de mes capacités. Après, j'ai retrouvé l'envie de faire du cinéma. La preuve, je suis critique envers mon film !
La citation de Solaris est ce tableau de Brueghel dans le prologue:
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lars Von Trier Mar 16 Aoû 2011 - 18:43
La musique du générique de fin qui utilise le prélude de l'acte III du même Tristan et Isolde de Wagner:
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Lars Von Trier Mar 16 Aoû 2011 - 21:43
La citation de Solaris déborde largement lourdement le prologue. Les mélancolies et les références c'est bien beau (façon de parler) mais qu'en reste-t-il ? Les mélancolies il y a des attributs et l'image de pub pour le parfum qui reste pour tout le film (il n'a pas fait toute l'image du film par hasard non plus ?) et Tarkovski en dehors des rappels visuels ? Il est doué et cultivé certes mais la question qui peut se poser c'est que reste-t-il une fois sorti de l'exercice ? c'est peut-être ce qui serait supposé arriver avec les derniers. Il s'amuse à brouiller les pistes, à enfumer un peu son monde avec un second degré flou et des références à l'emporte pièce comme dans l'interview avec toujours une planche de salut d'ironie ou de second degré.
Je trouve juste qu'il n'y arrive tristement pas sorti de l'exercice de situation et/ou de recette filmique rustique (Breaking the waves ou Dancer in the dark par exemple qui fonctionnent à mort sur l'apitoiement). Après pour savoir où va le principe une fois sortis de la recette c'est plus bizarre. On doit rentrer dans la légende personnelle du réalisateur croisée avec un vague naturalisme pas forcément très poussé (derrière l'utilisation de la nudité et du régressif) avec des rapports de force/manipulation peu explicites ou biaisés. De là à dire si ça signifie quelque chose d'un point de vue idéologique.... par contre je dirai qu'il est conscient de ce qu'il fait : facilités et ambiguïtés incluses.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lars Von Trier Mar 16 Aoû 2011 - 22:37
animal a écrit:
Les mélancolies et les références c'est bien beau (façon de parler) mais qu'en reste-t-il ?
Une "Mélancolie" cinématographique qui a de la gueule
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Lars Von Trier Mer 17 Aoû 2011 - 0:01
Marko a écrit:
animal a écrit:
Les mélancolies et les références c'est bien beau (façon de parler) mais qu'en reste-t-il ?
Une "Mélancolie" cinématographique qui a de la gueule
Et des gens à qui ça parle, chez qui ça creuse.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Lars Von Trier Mer 17 Aoû 2011 - 0:05
Un film auquel je repense souvent...par la relation tourmentée et contrastée entre Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst, Lars Von Trier me semble en permanence offrir des ouvertures, des portes de sortie à son univers. Comme s'il remettait en question son propre doute et son pessimisme....j'ai trouvé qu'il évoquait un état de prostration extrême à la fois avec gravité et douceur. C'est ce qui m'a personnellement beaucoup touché, au-delà d'une première partie construite sur des rejets, l'expression d'un manque, la recherche effrénée d'une solitude (mais qui porte en elle des incertitudes qui vont se creuser par la suite).
Mordicus Troll de Pastèque
Messages : 3262 Inscription le : 21/01/2008 Localisation : Blottie
Sujet: Re: Lars Von Trier Jeu 18 Aoû 2011 - 16:29
Antichrist.
Je viens de me taper Antichrist.
Attention, pas "tapé" genre "Hum, j'me taperai bien une bonne bière au soleil". Non. Plutôt "tapé" dans le sens "J'me suis tapé le trottoir avec la Subaru" ou encore "J'me suis tapée une de ces dissert !", voire "J'me suis tapée le petit orteil contre l'angle de ma commode".
Alors oui, mon avis cinéphile équivaut à peu près à la critique d’un album de Radiohead par Skyrock. Admettons.
Mais par où commencer ? Je suis partagée.
D’un côté, j’ai des images parfaitement jolies, rêveuses, décalées, léchouillées. Une atmosphère très bien posée. Une bouche pincée devant la force de quelques sentiments correctement portés par Machin et Machine. Des plans qui glissent, qui accrochent. Un rythme qui me plait. Des oscillations de dingue entre lenteur gastéropodiales et tornades destructrices.
Et de l’autre, déjà. Y’a Charlotte Gainsbourg : j’lui mettrai bien des petites claques derrière la tête. Suivi d’un « Charlotte, tu fais chier, tu m’saoules ». Ensuite j’ai une espèce de mythologie débile servie par des clichés grotesques que ma pauvre cervelle ne comprend pas sur fond de sexuellerie en gros plan qui ne m’amènent mais alors absolument rien. (L’intérêt d’une bite dans une chatte si c’est pas du porno made in Dorcel, j’vois pas. Le clito coupé avec des ciseaux rouillés qui feraient frémir les mamans qui achètent des Maped pour la rentrée des gosses…)
Non mais j’ai envie de pouffer. Grotesque.
J’m’en fous évidemment de trouver la symbolique cachée, de savoir si le réalisateur s’est fait tripoter par sa nounou à 8 ans ou trucs du genre.
J’en retiens juste rien.
Un couple. Un drame. Un huis clos. Une nature terrible dans tous les sens du terme. Tout ça servi sur un plan de « La PNL pour les Nuls / introduction aux rêves / la mysoginie c’est mal ».
Je pourrais au moins briller en société « Alors Lars Von Trier ? Génie décadent ou Imposteur esthétique ? » J’éluderai la question en fourrant des macarons au foie gras dans ma bouche tout en réprimant un rot que le Crémant m’aura bloqué dans l’œsophage.
Merci Lars Von Trier de me confortée dans mon manque de goût flagrant cinématographique.
(Et si j’me tapais la trilogie Transformers maintenant ?)
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lars Von Trier Jeu 18 Aoû 2011 - 17:26
Mordicus a écrit:
Tout ça servi sur un plan de « La PNL pour les Nuls / introduction aux rêves / la mysoginie c’est mal ».
Tu crois pas plutôt qu'il se moque de tout ça justement?
Mordicus Troll de Pastèque
Messages : 3262 Inscription le : 21/01/2008 Localisation : Blottie
Sujet: Re: Lars Von Trier Jeu 18 Aoû 2011 - 18:34
A la bonne heure !
S'tu l'dis. Ca doit être vrai.
Dommage qu'on dirait pas en fait.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lars Von Trier Jeu 18 Aoû 2011 - 19:17
Mordicus a écrit:
Dommage qu'on dirait pas en fait.
Si tu as du temps à perdre... Cet article est plutôt (très) intéressant: Lars Von Trier : Antichrist ? Non, Anti-Freud (Gérard Huber)
La conclusion de cet article :
Citation :
La fin du film illustre bien le message : il n’y a pas de psychothérapie. Le psychothérapeute n’est qu’une figure du diable qui s’ignore, jusqu’à ce que, contraint et forcé par sa patiente à la tuer, il se révèle l’assassin qu’il n’a jamais cessé d’être.
Une fois que la séduction est tombée, que reste-t-il du film ? Qu’il est un moment critique de l’histoire du cinéma, mais aussi de l’histoire de la représentation. Car il y introduit un retournement du souci de l’autre en une haine irréfragable.
Autre extrait:
Citation :
Pour autant, mon propos n’est pas de donner à croire qu’avec un effort supplémentaire (de conscience), von Trier aurait pu devenir psychothérapeute. Pas du tout. Il s’agit bien au contraire de comprendre qu’il se situe frontalement contre la psychothérapie (encore que, nous le verrons plus loin, il faut mettre un bémol à cette affirmation), non seulement parce qu’il n’y croit pas, mais parce qu’il tient à décrire autrement les phénomènes inconscients qu’elle fait remonter à la surface avant de les « prendre au lasso », selon le mot de Freud. Lars von Trier subit ici le poids de cette idéologie post-psychanalytique qui considère que Freud est un menteur, qu’il a perçu des choses vraies de l’esprit, mais qu’il en a restitué une version totalement erronée. Le cinéaste a d’ailleurs trouvé un sectateur en la personne de Frodon qui vante en lui « ce qui est original, et même inédit, d’une créativité exceptionnelle et forcément déroutante, (et qui est) la quête de moyens expressifs pour manifester ces tensions obscures, ces gouffres et ces élans qui, sous le régime de la pulsion, travaillent l’intérieur des bipèdes doués de langage, mais de manière que le langage peine infiniment à prendre en charge, pour les décrire, a fortiori les expliquer ». Une critique à peine voilée, non seulement de la psychanalyse, mais de tout travail d’étude (universitaire). Ce qui veut dire qu’il n’y a plus de distance entre l’archaïque et la culture, parce qu’il n’y en a jamais eu. Ce que je décoderai ainsi : c’est Jung qui avait raison, contre Freud. Le but du cinéma est de se défaire totalement du faux filtre freudien et d’aller jusqu’au bout de l’intuition de Jung, avant que celui-ci ne cède à la croyance dans le salut par la religiosité.
Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
Sujet: Re: Lars Von Trier Jeu 18 Aoû 2011 - 19:46
LVT sur la toile a-t-il jamais eu l'air de se moquer? Je le trouve plus facilement moqueur lors de ses interviews, à Cannes par exemple L' automutilation pour les nuls peut faire un carton entre prologue et épilogue, mais entre les deux la caméra sur l'épaule ne fait pas le documentaire. Aux questions dérangeantes sur Antichrist, la seule réponse modeste du réalisateur à retenir fut :
Citation :
I am the best film director in the world
Nos questions sont-elles bêtes! Le post de Mordicus correspond à tout ce que je n'avais jamais osé dire au sujet d'Antichrist et la seule poétique que j'en retiens c'est la chute des glands sur la toiture, la nuit. Antichrist, c'est le summum du film navrant qui risque de faire oublier la qualité des titres antérieurs (Breaking the waves, Dancer in the Dark, Dogville). Ces premiers titres se mettaient au service d'une intention sans passer par Mr Nombril. - Hâte de voir Melancholia pour n'en dire que du bien (j'espère tant).
Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
Sujet: Re: Lars Von Trier Jeu 18 Aoû 2011 - 19:53
Si l'archétype scène primitive et coïte parental n'apparaît pas d'emblée, c'est aussi parce que, peut-être, Antichrist manque de poésie?
Theo Envolée postale
Messages : 259 Inscription le : 30/07/2011 Age : 53 Localisation : Région parisienne
Sujet: Re: Lars Von Trier Jeu 18 Aoû 2011 - 20:33
Babelle a écrit:
Le post de Mordicus correspond à tout ce que je n'avais jamais osé dire au sujet d'Antichrist et la seule poétique que j'en retiens c'est la chute des glands sur la toiture, la nuit.