Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Parfum de livres… parfum d’ailleurs

Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -35%
-35% sur la machine à café Expresso ...
Voir le deal
359.99 €

 

 Lars Von Trier

Aller en bas 
+30
Louvaluna
jack-hubert bukowski
Maryvonne
Heyoka
Igor
touti
Bédoulène
shanidar
Mordicus
Theo
colimasson
Avadoro
darkanny
bix229
eXPie
Arabella
Li
Steven
traversay
Marie
Marko
LaChose
Fantaisie héroïque
animal
Queenie
Babelle
sousmarin
coline
swallow
Aeriale
34 participants
Aller à la page : Précédent  1 ... 8 ... 13, 14, 15 ... 17 ... 21  Suivant
AuteurMessage
Mordicus
Troll de Pastèque
Mordicus


Messages : 3262
Inscription le : 21/01/2008
Localisation : Blottie

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyJeu 18 Aoû 2011 - 20:59


Marko,

J'ai lu en diagonale tes 2 citations.
Et...
Ben rien.
Ils disent ce qu'ils veulent. J'ai mon avis : c'était "joli mais reloud"

S'il a voulu être "rigolo" à détourner la thérapie, ben j'suis passée à côté.
J'ai juste retenu que la Nature est l'église du Diable.
Ou un truc dans le genre.

Ah pis que j'ai eu une sacrée envie d'escalope après la scène du clito cisaillé.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
animal
Tête de Peluche
animal


Messages : 31548
Inscription le : 12/05/2007
Age : 43
Localisation : Tours

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyJeu 18 Aoû 2011 - 21:20

(pas de poivre ?)

j'ai des doutes sur la lecture de la scène d'ouverture. c'est pas une mise en image conventionnelle d'une image conventionnelle de l'innocence (le gamin avec son ours) confronté/victime de l'indifférence adulte/parentale causé par une terrible pulsion naturelle/sexuelle ? Avec le leitmotiv du naturel c'est fantastique mais oulala dramatiquement terrible en même temps ? (d'où la conclusion intermédiaire sur l'archaïque qui peut être un point dérangeant du type parce qu'il a l'air un peu bidon quand il s'y met) ça n'empêche pas l'enfumage psy du film mais je l'image très difficilement comme un des objet premier de la tambouille.

je ne métabolise pas trop toute l'analyse. ptet à cause de Onfray aussi (on dirait le même que l'année dernière).

(On ferait mieux de filer les clés de la Subaru à l'Ours Roland).
Revenir en haut Aller en bas
Marko
Faune frénéclectique
Marko


Messages : 17930
Inscription le : 23/08/2008
Age : 56
Localisation : Lille

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptySam 10 Sep 2011 - 22:59

Revu Melancholia dans de meilleures conditions. Notamment sur le plan sonore avec le sentiment que la salle de cinéma allait exploser au moment de la scène finale dont j'ai cette fois pu apprécier la sobre efficacité sans attendre autre chose. Content de revoir au passage un 2e Brueghel "Le pays de Cocagne" qui m'avait frappé à l'ancienne Pinacothèque de Munich:

Lars Von Trier - Page 14 Pieter10

Quelqu'un saurait-il de qui est ce cerf un peu stylisé qui fait partie des reproductions de tableaux placés sur la bibliothèque?

J'ai remarqué également au passage qu'un nombre important de situations ou de répliques dans les dialogues sont répétées 2 fois comme en miroir (ou en palindrome) entre les 2 parties (hors introduction). Comme les leitmotivs wagnériens dont il semble vouloir adopter la structure cyclique et répétitive pour illustrer cette danse de vie et de mort.
Revenir en haut Aller en bas
Marko
Faune frénéclectique
Marko


Messages : 17930
Inscription le : 23/08/2008
Age : 56
Localisation : Lille

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyMer 14 Sep 2011 - 18:26

Nouvelle lecture de Melancholia qui complète ma première vision du film...

Lars Von Trier - Page 14 Kirste10

Je suis parti du constat que le film était une allégorie illustrant l'état d'âme d'une jeune femme dépressive, mélancolique au sens le plus profond du terme, dont les fantasmes d'autodestruction la poussait à espérer, à imaginer même l'anéantissement de la terre considérée comme maléfique par essence. Le mélancolique ne percevant plus que l'absurdité douloureuse de la vie et le vide absolu des relations humaines.

La seconde vision m'a remis en mémoire une étrange impression de répétitions et de situations en miroir d'une partie à l'autre (celle du mariage et celle de l'approche de Melancholia). L'enfant répète sa demande de faire une cabane à sa tante, la soeur répète la haine qu'elle ressent parfois envers elle, elles partent une nouvelle fois à cheval et le pont se révèle encore un obstacle, elle s'allonge dans sa baignoire nue et vidée de tout élan vital puis à l'inverse s'expose nue dans toute sa sensualité et son abandon à la planète Melancholia, etc... il y a encore bien d'autres échos d'une partie à l'autre. Pourquoi?

De la même façon que la scène d'introduction est évoquée par l'héroïne comme étant un rêve prophétique ("je me vois tirant une longue toile fibreuse derrière moi") qui est déjà une métaphore de sa mélancolie et de son attente fantasmée de la fin du monde et de sa propre vie, la seconde partie du film peut être considérée comme imaginaire et réitère les motifs de la première de façon décalée et devenue signifiante par son désir inconscient d'y percevoir les signes de sa fin prochaine. Lorsqu'elle aperçoit cette étoile rouge dans le ciel au départ on lui explique clairement qu'elle appartient à une constellation bien connue. Elle regarde régulièrement cette étoile comme si elle aspirait à l'appeler pour tout anéantir. Ce qui advient dans la seconde partie de façon onirique ou fantasmatique (le point de rupture entre les 2 parties étant dans mon souvenir son abandon au sommeil une fois tout le monde reparti). Elle y intègre les 2 seuls êtres (3 avec le cheval) susceptibles de la retenir à la vie et qu'elle emporte avec elle dans ce fantasme autodestructeur (après avoir au passage éliminé le beau-frère hostile et rationnel de son scénario). Elle qui était constamment prise en charge par sa soeur devient la protectrice et les guide tous deux vers la mort pour ne pas les laisser après son départ. C'est aussi le cas dans la réalité de certains suicides dits "altruistes" où celui qui se suicide ne veut pas laisser derrière lui ceux qu'il aime. Elle fait une sorte de rêve qui la libère mais le réveil risque d'être une fois de plus très douloureux.

A défaut d'être une opposition un peu artificielle et prosaïque entre rêve et réalité, le film m'apparait en tout cas comme la coexistence mentale chez une jeune femme gravement dépressive d'une réalité insupportable et d'un fantasme libératoire. Le tout sous une forme qui fait effectivement écho aux "Mélancolies" de la tradition esthétique depuis le moyen-âge.

Lars Von Trier - Page 14 Melanc16

Revenir en haut Aller en bas
shanidar
Abeille bibliophile
shanidar


Messages : 10518
Inscription le : 31/03/2010

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyMar 20 Sep 2011 - 11:41

merci Marko pour cette seconde lecture qui me donne une clef importante. Je ne comprenais pas le comportement du père, époux, rationnel, scientifique et altruiste, grâce à ton explication, j'y vois plus clair. Nous ne sommes pas dans une réalité mais dans un monde déformé par le regard que porte sur lui, Claire. Un regard plein d'effroi dont je retiens essentiellement la peur, cette peur panique que rien ni personne ne peut apprivoiser. Cette impuissance à aider, le rejet violent de Claire par certains (sa mère) ou par la fuite (le père), le silence qui comble les haines (entre les deux soeurs, oui, oui, eles s'aiment mais de temps en temps la sororité est insupportable), cette incompréhension parce que Claire est à la fois énergique et latente, intelligente et destructrice, vivante et à moitié morte. Tout cela laisse dans mon coeur un sentiment de piège, d'étau (à l'image exacte de Justine s'enfonçant dans le sol). J'ai aimé ce film, son esthétisme , je ne suis pas sûre qu'il faille absolument l'intellectualiser, je ne suis pas sûre qu'il faille en chercher la morale. Nous sommes là avec un paquet de peur emballé dans du beau. Plutôt fascinant.
Revenir en haut Aller en bas
Babelle
Zen littéraire
Babelle


Messages : 5065
Inscription le : 14/02/2007
Localisation : FSB

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyJeu 15 Déc 2011 - 18:14

Melancholia
Je ne l'ai pas vu en salle, mais j'ai fait ma séance de rattrapage sur un grand écran. Dans le commerce le DVD serait disponible en janvier 2012 mais, certains fournisseurs l'ont déjà reçu. Edité chez Potemkine en collector.

Lars Von Trier - Page 14 Bluray10

Attention à la mélancolie !
Elle a la force et l’immensité cosmiques où s’incrustent nos fantasmes inconscients d’anéantissement.
État durable plus que maladie, tempérament, névrose démoniaque d’Haitzmann, passage d’un temps de crise ou source de folie géniale en littérature (Nerval), elle jette sur nos visions et le long de notre chemin les pluies d’une grêle d’oiseaux morts en plein vol, une pluie de pétales bruns échappés d’un pinceau de Bruegel...
Lars Von Trier - Page 14 Bruegh10

La mélancolie, quand on en est la proie, elle nous avale, aspirant même nos proches puis l’ensemble du monde, après s’être répandue comme un ver dans la pomme -une pomme à croquer qui n'aurait plus le même goût, ce goût de l'origine du monde lourdement présent chez un Terrence Malick finalement plus optimiste malgré son perfectionnisme et ses langueurs.

Elle creuse son obscur labyrinthe dans le bonheur des autres (proches ou inconnus), puisqu’on n’est jamais seul à tenir éloigné de soi le spectre de la tristesse -sentiment infini indéfini qui nous tombe dessus.

Qu’on la fuie ou qu’on s’offre à elle -dénudée et lascive sur l’herbe verte de Trollhättan transformé en terrain de golfe à 18 ou 19 trous, il n’y a pas d'échappatoire. Celles et ceux, optimistes, qui croient toujours en quelque chose, voient leurs pas retenus par une glaise qui perd sa plastique sécurisante à la surface de tous les chemins de fuite.
A croire que malgré le dysfonctionnement parental (douleur originelle chez l'individu), l’amour et la force des liens familiaux restant se sont évaporés après nos multiples essais de noces ou de bonheurs possibles.
Il ne reste que l’empreinte de la perte et de l’inéluctable.
Une inéluctable et finale collision à partager.

Mais quelle importance aurait ce chaos, choc planétaire qui emporte tout sur son passage (un soi qui s'en fout mais aussi les autres -qu'on aime, sans oublier les enfants), pour celle qui, atteinte de cette noire bile que citait Hippocrate, s’est déjà absentée du monde par ses non désirs, sa mésestime de soi, ce goût pour la viande de pain qu’elle ne retrouve pas et qui sur son palais (princesse offerte à cette fin du monde qui vient) n’a plus que celui de la cendre.

Mélancholia mérite-t-il les critiques exhaustives et polémiques de ces cinéphiles qui ne se sont pas remis de l’Antichrist qui précéda et dont les références bibliques laissaient lourdement passer les (auto)mutilations de Willem et de Charlotte? (Beurk).
Non, celui qui a commis Melancholia ne mérite pas d’être banni.

M’Hélas kholé! ne sera pas le gros mot à jeter sur un Lars qui s’est inscrit FUCK sur les doigts de la main droite lors d’une conférence de presse festivalière dont il a dû abhorrer la superficialité (comme si le beau monde journalistique et lui seul, à travers ses questions circonstanciées, avait le privilège de voir mieux que nous ce qui est bien et pas bien, ce qui est juste ou faux entre les phrases, entre les silences et les sourires d’un créateur qui n’est à découvrir que dans son œuvre et pas dans les pages de Paris Match).

Ceux qui auraient vu de la misogynie dans la montée finale du Golgotha par les femmes d’Antichrist et qui se sentiraient vaguement blasés par l’esbroufe-Trier feraient bien de se méfier de cette eau qui dort chez le co-créateur du Dogme. Car il évolue ici dans des sphères poétiques dont on aurait tord de vouloir se passer :
La qualité de la photographie est aussi dense que la planète qui ne fera de nous qu’une bouchée; le tableau familial éclipse avec bonheur les mots inutiles qu’elles prostituait dans le terrifiant, glacial et nécessaire Festen; l’exergue démine un terrain d’apocalypse sur lequel nous (les invités) pouvons nous vautrer à l’avance.

Vite! A vos écrans! Bientôt ce sera trop tard (le calendrier maya indique une fin de monde pour le 21 décembre 2012!!!
Lars Von Trier - Page 14 19631910



Revenir en haut Aller en bas
http://macrofictions.blogspot.com/
Marko
Faune frénéclectique
Marko


Messages : 17930
Inscription le : 23/08/2008
Age : 56
Localisation : Lille

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyJeu 15 Déc 2011 - 19:03

Babelle a écrit:
Melancholia
Je ne l'ai pas vu en salle, mais j'ai fait ma séance de rattrapage sur un grand écran. Dans le commerce le DVD serait disponible en janvier 2012 mais, certains fournisseurs l'ont déjà reçu. Edité chez Potemkine en collector.

Ben mince alors! Remarque ils ont raison vu que ça fait un super cadeau pour les fêtes. Je serais curieux de connaitre ces distributeurs... Ici je ne l'ai trouvé nulle part.
Revenir en haut Aller en bas
Babelle
Zen littéraire
Babelle


Messages : 5065
Inscription le : 14/02/2007
Localisation : FSB

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyVen 16 Déc 2011 - 6:17

(Trop tôt pour le trouver dans le commerce donc. Mais je suis contente d'apprendre que pour les collectivités (médiathèques, CDI) ce fournisseur à l'occasion se met en quatre.) Very Happy
Revenir en haut Aller en bas
http://macrofictions.blogspot.com/
Queenie
...
Queenie


Messages : 22891
Inscription le : 02/02/2007
Age : 44
Localisation : Un peu plus loin.

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyVen 16 Déc 2011 - 7:35

Babelle, il est superbe ton message sur Melancholia !
Revenir en haut Aller en bas
Babelle
Zen littéraire
Babelle


Messages : 5065
Inscription le : 14/02/2007
Localisation : FSB

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyVen 16 Déc 2011 - 9:00

Merci. Mais il reste encore confus. Je vais relire vos messages antérieurs. Marko marque bien le travail allégorique de ce réalisateur et trouve des significations, décortique des symboliques que je ne vois pas tout de suite.
Revenir en haut Aller en bas
http://macrofictions.blogspot.com/
shanidar
Abeille bibliophile
shanidar


Messages : 10518
Inscription le : 31/03/2010

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyVen 16 Déc 2011 - 12:18

Babelle a écrit:
Merci. Mais il reste encore confus. Je vais relire vos messages antérieurs. Marko marque bien le travail allégorique de ce réalisateur et trouve des significations, décortique des symboliques que je ne vois pas tout de suite.

justement ton message a ce côté organique qui traverse tout le film, il renvoie parfaitement à l'atmosphère oppressante et éthérée, glacée et douloureuse, baillonnée et hurlante. Par tes mots tu me remets en mémoire les couleurs du film, son grain, sa texture... très chouette commentaire !
Revenir en haut Aller en bas
Marko
Faune frénéclectique
Marko


Messages : 17930
Inscription le : 23/08/2008
Age : 56
Localisation : Lille

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyVen 16 Déc 2011 - 16:14

Babelle a écrit:
Melancholia

État durable plus que maladie, tempérament, névrose démoniaque d’Haitzmann, passage d’un temps de crise ou source de folie géniale en littérature (Nerval), elle jette sur nos visions et le long de notre chemin les pluies d’une grêle d’oiseaux morts en plein vol, une pluie de pétales bruns échappés d’un pinceau de Bruegel...

C'est vrai que comme Haitzmann elle passe un sorte de pacte fantasmatique avec les forces maléfiques de la planète Melancholia à laquelle elle s'offre corps et âme. Mais Haitzmann voulait retrouver son père en pactisant avec le diable alors que Justine aspire surtout à tout effacer d'une humanité maudite. La mélancolie délirante s'illustre en fonction de son époque. Haitzmann voit le diable au XVIIe siècle, Justine est plus proche d'une vision romantique et évoque le fameux syndrome de Cotard qu'on voit rarement encore de nos jours dans sa forme complète mais qui traduit ce sentiment d'anéantissement de toute chose. Certains mélancoliques ayant même le sentiment effroyable d'être déjà morts sur une terre dévastée. Puis il ne reste plus rien.

Citation :
Délire de négation, décrit par Cotard en 1880. Le malade, après avoir développé des préoccupations hypocondriaques et des troubles cénesthésiques, sent ses organes se putréfier et se détruire. Puis il en nie l'existence et étend enfin sa négation au monde extérieur et à sa propre existence. N'étant plus vivant, il ne saurait mourir, ce qui est vécu comme une damnation. Ce syndrome, qui mène à la prostration anxieuse, parfois à l'automutilation et au suicide, est un des délires secondaires de la mélancolie.

Revenir en haut Aller en bas
Babelle
Zen littéraire
Babelle


Messages : 5065
Inscription le : 14/02/2007
Localisation : FSB

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyDim 18 Déc 2011 - 10:17

Je citais ces apparentées de la mélancolie pour étendre non pas le sujet (il me semble de plus en plus difficile d’évoquer un sujet dans les derniers films de LVT), mais les complexités et diversités fantasmagoriques qui gravitent autour de Melancholia.
Merci de donner ces précisions chronologiques Marko (je me demande où tu vas les chercher car elles n’apparaissent pas au premier venu).
(Allez, je lâche encore mes questionnements et impressions en vrac.)

Ainsi je me rends compte que coexistent dans les deux derniers films tout à la fois le siècle de l’inquisition et cette fin du 19è qu’inaugurera Freud en donnant du sens aux multiples terreurs des hommes.
Mais si le tout (choix de la musique évocatrice, photographie et ralentis sublimes, plans irréprochables) subjuguent… que veut-il nous dire, en ce 21e siècle, Lars?
Freud ne s’est pas arrêté à sa porte.
Alors, que retenir de cette esthétique à part qu’il se fait plaisir?

Freud donne un sens à l’errance du pauvre Haitzman (qui, persuadé d’avoir vendu son âme au diable et considéré comme démoniaque par son siècle, fut peut-être brulé sur la place publique).
Le monde dû attendre, pour substituer à ses premières peurs religieuses la connaissance de l’existence de cet inconscient qui nous délivre enfin des feux de l’enfer : "je ne suis pas possédé. Je suis névrosé. C’est juste que je n’arrive pas à faire le deuil de mon père".
Ainsi, fantasme ou cauchemar, sous la caméra de ce réalisateur, je me meus, superbe ou blessée, sœur, mère (mauvaise), épouse (jamais),
Femme, en tout cas.
(Loin du Dogme qui offrait une certaine mixité dans le choix de ses acteurs et actrices tous confondus pour une même cause, Lars ne fait aujourd’hui briller que ses sorcières au point que leurs interprètes méritent leurs prix d’interprétation féminine).

Justine étendue appelant et s’offrant à la météorite géante serait donc la petite sœur de l’héroïne d’Antichrist qui, non satisfaite d’avoir perdu le fils en faisant l’amour, mutilerait aussi le père du petit -l’époux, et se mutilerait sexuellement en passant pour dire… pour dire quoi au fait? Pour dire -Non?

La pianiste Isabelle Hupper déjà, au-dessus de sa baignoire immaculée d’un blanc virant au rouge sang, s’automutilait pour dire "non" -salope détenant le pouvoir de créer tous les maux tout en acceptant de dormir passivement dans le même lit qu’une mère abusive. Il s’agit déjà d’hystérie et de névrose.
La seule femme légitimement souffrante et dépressive qui acceptera de passer par la case thérapie ne pourra le faire que par le biais d’un époux lui-même psychothérapeute et ça, tout le monde sait que ça ne marche pas.
Dans la distribution officielle la femme se nomme Elle (Charlotte), l’homme Lui (Willem Dafoe).
Le délire de négation, autre syndrôme, apparaît aussi dès lors qu’elle a perdu le goût, et lorsque des lianes qui se dressent de terre lui enserrent les chevilles pour empêcher sa course (elle tente donc de fuir ?). Mais elle aspire me semble-t-il à un anéantissement plus serein lorsque son corps s’abandonne à un bain qui n’en finit pas.
Lars von Trier multiplie des imbrications complexes comme un Jésus de Nazareth multiplierait le pain dans le seul but d’une réincarnation narcissique.
Revenir en haut Aller en bas
http://macrofictions.blogspot.com/
Marko
Faune frénéclectique
Marko


Messages : 17930
Inscription le : 23/08/2008
Age : 56
Localisation : Lille

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyDim 18 Déc 2011 - 11:34

Babelle a écrit:

Merci de donner ces précisions chronologiques Marko (je me demande où tu vas les chercher car elles n’apparaissent pas au premier venu).

Ce sont juste des sujets qui me passionnent tout particulièrement pour de multiples raisons notamment professionnelles. Et j'ai aussi vu l'exposition sur la Mélancholie au Grand Palais en 2006 (“Mélancolie - Génie et folie en Occident”) qui explorait bien tous ces aspects (le catalogue est d'ailleurs magnifique). Lars Von Trier a trouvé un équivalent cinématographique particulièrement impressionnant même si ces codes romantiques semblent presque lui avoir échappé malgré lui! ça l'agace d'avoir réalisé un film aussi beau rire
Revenir en haut Aller en bas
Bédoulène
Abeille bibliophile
Bédoulène


Messages : 17270
Inscription le : 06/07/2007
Age : 79
Localisation : Provence

Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 EmptyDim 18 Déc 2011 - 16:41

je savais que la mélancolie était une maladie, mais Babelle ton commentaire m'en fait saisir toute la profondeur et les nuances.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Lars Von Trier - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: Lars Von Trier   Lars Von Trier - Page 14 Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Lars Von Trier
Revenir en haut 
Page 14 sur 21Aller à la page : Précédent  1 ... 8 ... 13, 14, 15 ... 17 ... 21  Suivant
 Sujets similaires
-
» Joachim Trier
» Lars Saabye Christensen [Norvège]
» Lars Sund [Finlande]
» Lars Kepler [Suède]
» Lars Gustafsson [Suède]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Parfum de livres… parfum d’ailleurs :: Images et sons :: Cinéma, télévision et radio :: Réalisateurs-
Sauter vers: