Lars Von Trier

C'est pas un peu triste ?

Queenie a écrit:

C'est pas un peu triste ?

dans le fond un peu oui. Il y est question de deuil et de difficulté à trouver une forme de bonheur mais ce n'est pas traité comme dans Shame même si elle se dit au départ un être vil.

Je peux aller le voir avec ma mère, par exemple ?

colimasson a écrit:

Je peux aller le voir avec ma mère, par exemple ?

Bonne question! Tout dépend de sa personnalité. Je n'y aurais pas emmené la mienne en tout cas même si elle n'est pas spécialement prude.

Nymph()maniac vol 1.

Un objet étrange et fascinant. Je rejoins Marko en soulignant l'influence particulière de Greenaway ici tant l'ensemble est construit à sa manière comme une composition, un tableau, un jeu, au-delà des multiples références musicales et mathématiques.
J'ai aussi été sensible à une forme de détachement et de sérénité entourant cette confession. Von Trier s'autorise des traits d'humour, des auto-citations, cède par instants à la complaisance mais parvient la plupart du temps à retrouver un équilibre, à l'image de personnages acceptant leurs blessures, leurs faiblesses, leurs incertitudes.
Loin de la provocation, le film laisse au final une impression entre synthèse et prise de risques, avec une mise en scène étonnamment fluide et douce.
A voir donc même si je ne suis pas aussi emballé que Marko dans l'immédiat. Cela reste une proposition de cinéma assez radicale amenée forcément à diviser, en attendant la seconde partie.

Super ! Une vision d'ensemble est nécessaire. Nous ne sommes même pas à mi-parcours. On sent qu'il va y avoir une montée en puissance puisque pour l'instant il explorait la psyché d'une adolescente.

Il faut bien le faire en tout cas... Lars Von Trier n'est pas là pour chercher l'approbation. Il construit patiemment une oeuvre qui semblerait autodestructrice, mais elle semble bien vouloir reprendre son envol de film en film...

Marko a écrit:

colimasson a écrit:

Je peux aller le voir avec ma mère, par exemple ?

Bonne question! Tout dépend de sa personnalité. Je n'y aurais pas emmené la mienne en tout cas même si elle n'est pas spécialement prude.

Je crois que je ne vais pas y emmener ma mère finalement. Ni personne d'autre. Toute seule. En espérant que dans le ciné, je ne serais pas assise à côté de, mettons, un de mes anciens profs de lycée.

Le film a été massacré sur France culture à La dispute. Mais ils n'ont qu'une lecture superficielle et réductrice. J'attendais davantage de cette émission. Ils ne nous apprennent rien et réduisent le film à la propre limite de leur regard. Dommage. Je rêve des critiques capables de nous éclairer et de nous enrichir par leur commentaire d'une œuvre. Ils ne sont pas nombreux. L'article du Monde est déjà bien plus intéressant. Je me demande toujours comment on peut imaginer que des types aussi doués que Lars Von Trier puissent nous raconter des choses aussi stupides que ces critiques le disent. Surtout sans avoir une vision d'ensemble qui en donnera le sens.

L'une des critiques dit avoir explosé de rire quand l'héroïne déclare à la fin :"Je ne ressens rien" alors que c'est justement le propos et que c'est très émouvant ...

Ils y voient même une approche puritaine de la sexualité. Je rêve !

(idem dimanche matin sur France info, avec encore le débat sur la misogynie)

Je reviens sur cette citation du journal Le Monde qui me semble plus que pertinente:

Citation :

Nymph()maniac n'est pas l'histoire d'une nymphomane. C'est celle de la stupéfiante rencontre entre un maniaque et une nymphe, suturée par une lettre métamorphosée en vulve. Cette incision graphique qui incarne soudain le verbe éclaire le credo de Lars von Trier, qui voit en l'art une forme qui brûle.

Belle formule! Qui vient en écho à ce que disait Sophie Avon au Masque et la Plume. A savoir que le film s'intéresse au sexe non pas d'un point de vue pornographique (même s'il y a du sexe explicite) mais en tant que "point de rencontre entre le corps et l'esprit. Ou comment le corps vit sa vie alors que la tête s'y oppose. Cette dissociation étant le sujet du film"
La suite nous dira si la nymphe qui se culpabilise et le confesseur maniaque (l'érudit obsessionnel qui tisse des métaphores) n'inverseront pas les rôles et si l'un des deux ne sera pas victime de l'autre... Ou si leur rencontre réconciliera la tête et le corps comme dans une sorte de psychanalyse?  A suivre!  Je suis curieux de voir comme Lars Von Trier va résoudre l'équation Nymph()Maniac.

Marko a écrit:

Je reviens sur cette citation du journal Le Monde qui me semble plus que pertinente [...]

Je trouve qu'il est utile d'entendre la critique négative d'une œuvre qu'on a aimé, notamment parce que ça peut nous faire rebondir vers de nouvelles idées, de nouveaux arguments, pour défendre son point de vue, comme c'est le cas ici. 

Marko a écrit:

Le film a été massacré sur France culture à La dispute. Mais ils n'ont qu'une lecture superficielle et réductrice. J'attendais davantage de cette émission. Ils ne nous apprennent rien et réduisent le film à la propre limite de leur regard. Dommage. Je rêve des critiques capables de nous éclairer et de nous enrichir par leur commentaire d'une œuvre. Ils ne sont pas nombreux. L'article du Monde est déjà bien plus intéressant. Je me demande toujours comment on peut imaginer que des types aussi doués que Lars Von Trier puissent nous raconter des choses aussi stupides que ces critiques le disent. Surtout sans avoir une vision d'ensemble qui en donnera le sens.

L'une des critiques dit avoir explosé de rire quand l'héroïne déclare à la fin :"Je ne ressens rien" alors que c'est justement le propos et que c'est très émouvant ...

Ils y voient même une approche puritaine de la sexualité. Je rêve !

J'aimais beaucoup Arnaud Laporte à midi sur France Culture quand il parlait d'art, de cinéma et de littérature avec toute une équipe virevoltante mais malheureusement je ne crois pas avoir réussi à écouter une seule fois son émission La dispute en entier. Ils s'écoutent parler, se congratulent mutuellement, font des jeux dérisoires et en dehors peut-être du coup de téléphone qui doit durer 5 mn le reste est d'une platitude et d'un snobisme déconcertant (je me demande encore comment Corinne Rondeau, souvent irrésistible d'intelligence parvient à supporter cette navrante mascarade) !!

et j'espère pouvoir aller voir ce dernier Lars von Trier !!

J'ai hâte de lire vos commentaires.

Effectivement, il y a une rupture entre sentiments et physiologie.
C´est un cas clinique, d´accord, puisqu´il s´agit de nymphomanie. Ça commence par un jeu, ( marrant, le train) ça continue en pulsion incontrôlable et dangereuse pour Joe. Courageuse Charlotte Gainsbourg de se montrer si laide, rouée de coups et visage ensanglanté et meurtri durant tout le film!
On a beaucoup à apprendre des hommes, parfaitement capables de jouir sans ajoûts de sentiments quand le/la partenaire n´en vaut pas la peine.
Mais on voit aussi le pôle extrême, quand il n´y a plus aucune coincidence ni balancement entre amour et sexe.
Ligne médiane...Mais je ne crois pas que la maturité ni Lars Von Trier achemineront cette jeune femme vers l´harmonie. Ce ne serait pas cinématographique.
Très belles images, des fois ça fait un peu" National Geographic", documentaire, mais me voilà réconciliée avec Lars Von Trier, car si "Breaking the Wawes" est un de mes films préféres entre tous (Ex aequo avec Fargo des Frères Coen) je n´avais pas aimé Melancholia.