Lars Von Trier

animal a écrit:

Citation :

Ce psy de mes deux qu'on a bien envie de massacrer plus le film avance (marrant vous parlez tous de misogynie, y'en a pas un qui dit que le gars il est plutôt malmené aussi dans son aspect de vieux con arrogant, autoritaire, étouffant, et bien pensant).

ah si là dessus on est quand même un peu du même avis

Je disais un peu la même chose au-dessus:
"Les femmes dans son cinema sont souvent a la fois des saintes martyres et des hysteriques castratrices dont l'hyperemotivite irrationnelle et le sens du sacrifice s'oppose au pragmatisme et à la vanité arrogante des hommes".

Personne n'est épargné...

Ce qui m'a fait penser au film d'Ozon "Les amants criminels": (ici revu par Pierre et Gilles). Il y avait déjà le couple, la forêt, les animaux (la biche et le renard, je crois et des lapins!) , l'imagerie onirique esthétisante, et un meurtre avec en plus les obsessions d'Ozon... Mais Lars Von Trier va beaucoup plus loin.

Wè ! A bas l'humanité !

Queenie a écrit:

Wè ! A bas l'humanité !

Je ne sais pas s'il le pense vraiment mais en tout cas il a assumé à 300% toutes les images cauchemardesques qu'il avait en lui. C'est gonflé et il est peut-être le seul à pouvoir faire un truc pareil avec ce génie ! (Lynch mis à part évidemment ). Il pourra difficilement aller plus loin...

Et Washington, quelqu'un sait où le projet en est?

Li a écrit:

Et Washington, quelqu'un sait où le projet en est?

Avec ou sans Nicole??

J'ai trouvé ça mais ça date:

Citation :

Tandis que son discutable Manderlay s'apprête à débarquer dans les salles obscures au mois de novembre prochain, Lars Von Trier a d'ores et déjà annoncé un nouveau projet qui, surprise, n'est pas celui attendu par tous.

Alors qu'au dernier festival de Cannes, la question qui brûlait toutes les lèvres des journalistes était de savoir si oui ou non Lars Von Trier allait bel et bien achever sa trilogie sur l'Amérique avec Washington, Lars a désormais annoncé officiellement le tournage de son prochain long-métrage baptisé The Manager of it all qui commencera au mois de février prochain. Il devrait durer six semaines. Washington, dans lequel Bryce Dallas Howard et Nicole Kidman se partageront le rôle de Grace, est un projet reporté qui devrait néanmoins se concrétiser prochainement.

Pour ce film-ci, Lars Von Trier bénéficie d'un budget de 3,5 millions de dollars. Son opus qu'on imagine déjà provocateur (genre comédie acide, on peut spéculer) sera produit par Vibeke Vindelow (donc sa boîte de prod Zentropa) et devrait s'inscrire, si on en déduit par cette somme d'éléments, dans la veine (a priori très exploitée et obsolète) des règles faussement immuables du dogme puisqu'il semblerait que cette fois-ci il envisage de ne tourner qu'avec un seul micro. Quand on sait que Les idiots étaient tournés avec plusieurs micros, on se demande fort quel sera la tête - forcément singulière - de son nouveau film. Envie d'expérimenter comme au bon vieux temps et de cesser le rabâchage fictionnel ? Bonnes nouvelles.

Stand-by pour Wasington (jcrois qu'il met pas le H ?)

Et ça m'énerve.

Lars von Trier
. Entretiens avec Stig Björkman
Lars von Trier, cinéaste venu du Danemark, doit sa reconnaissance internationale au prix décerné par le Festival de Cannes en 1996 à Breaking the Waves et à l’immense succès public qui s’ensuivit. Depuis, il a pris le temps de se forger la réputation d’une personnalité compliquée et inaccessible. Les entretiens qu’il a donnés à Stig Björkman témoignent du contraire.
(source Cahiers du Cinéma)

Quand on demande à Lars Von Trier s'il a fait une thérapie, il répond en s'exclamant : "Bien sûr, j'ai essayé des tas de choses !" De son goût de l'introspection, mais aussi de ce qui l'a influencé, de la pornographie ou des grands metteurs en scène, le jeune génie du cinéma danois ne cache pas grand-chose. L'entretien mené par un critique qui ne le place pas sur un piédestal ressemble à une conversation animée. Elle donne du cinéaste une image éloignée de celle d'intello un peu fou qu'il aime à cultiver.
(Editeur)

J'ai raté les premières secondes de "la géniale séquence d'introduction" (me manque donc érection + tambour de la machine à laver) et suis arrivée en salle sur l'aria (Haendel) où l'enfant découvre les flocons de neige à la fenêtre. Sublime. Un sublime que je retrouverai à la dernière phase lorsque la musique reprendra (montée de la colline par les figurants -je viens de comprendre par le post de Marko qu'il s'agit des femmes).
Autre moment magique : la première nuit au chalet où l'on comprend que ce sont les glands de chêne qui tombent sur la toiture. Plan avec recul : le chalet d'Eden protégé-prisonnier sous les branches du chêne centenaire.
J'avoue que, tout en me laissant glisser respectueusement chez LVT, j'ai du mal avec le reste. Mes références bible et mythologie sont à revisiter sans doute. La relation couple est trop fusionnante pour se permettre d'ajouter la thérapie comportementaliste de l'un par l'autre (oui, c'est trop lourd, il y a des moments où ça me semble ridicule) malgré le charme de Willem Dafoe... Mais je ne porte pas de jugement négatif car il s'agit tout de même de LVT et qu'il est mentionné (où, au fait?) : "film d'horreur" (un libellé qui permet de s'attendre à tout y compris à rien).
Les tags d'Allociné me font sourire :

Citation :

Tags : armes insolites / rares (119), deuil / travail de deuil (80), Festival de Cannes 2009 (99), films contenant des scènes difficiles (204)

.
Autant Dogville nous invitait, à travers la naïve mais humaniste persévérance de Grâce, à comprendre sa revanche et son choix d'exterminer le village entier pour neutraliser ses habitants qui l'avaient asservie, autant mutilation et automutilation me laissent perplexe ici. Peut-être que je n'ai pas su prendre le recul nécessaire.

Une discussion avec LVT en vidéo-conférence dans le cadre de l'exposition qui lui avait été consacrée à Beaubourg :


Clic!!!



(j'aime bien les ressources vidéos de Beaubourg )

Ce fameux film, Antichrist , est sorti en DVD, j'avais lu bien sûr tout ce que vous aviez écrit, et je l'ai donc vu hier.

Citation :

Antichrist ne plaira pas beaucoup mais je pense que c'est un grand film burlesque et parodique qui n'oublierait pas la grande forme.

écrivait Marko.

Et bien, ça ne m'a pas déplu, c'est d'abord magnifique sur le plan esthétique , et assez passionnant sur le fond.
Mais à chacun ses centres d’intérêt, sa propre vision, et les détails qu’il retient, et je suis peut être complètement à côté, peu importe.

Par exemple dans cette première scène, d’emblée ( et on ne peut l’oublier, elle est reprise par la suite) , ce n’est pas tant le parallèle entre le rapport sexuel des parents et la mort de l’enfant qui me frappe, que le regard de la mère sur l’enfant, qu’elle a vu bien avant qu’il ne saute.. Le plaisir de la femme avant le salut de l’enfant.

Et cet enfant, que le père ne voulait pas, c’est dit dans les dialogues, on découvre peu à peu comment elle s’en est occupée pendant son dernier été. L’enfant qui reste absolument seul (pendant que la mère étudie- pour une thèse!- la répression des pratiques féminines soit disant de sorcellerie, et en conclut elle-même que la femme est le Mal ), l’enfant qui a des chaussures mises à l’envers suffisamment longtemps pour avoir une déformation des pieds constatée à l'autopsie.

C'est donc cette femme qui souffre,de la perte de l’enfant mais surtout de sa culpabilité, que ce grand benêt de comportementaliste, va ramener vers la nature ironiquement baptisée Eden, parce qu’elle lui a elle -même suggéré que là était le sommet de la pyramide de sa peur. Affrontons nos démons le temps de quelques « jeux », et le tour sera joué, une petite thérapie et hop, ça repart! Là, oui, c’est parodique..

Mais...encore une fois, relevé dans les dialogues " une femme qui pleure est une femme qui manigance", et aussi,répété plusieurs fois par Charlotte Gainsbourg, "la nature est l’église de Satan".D'ailleurs, en sa présence, la terre brûle les pieds les biches accouchent de fœtus morts, et les renards sont blessés ..Le corbeau, je n'ai pas bien compris ce qui lui arrivait!

Bref.. attention, ça va virer au vinaigre, cette sombre histoire!

J’avais laissé Lars Von Trier après Dancer in the dark ,assez agacée par cette victimisation outrancière et répétée des personnages féminins,pour mieux leur taper dessus (le genre, et si on exécutait l’aveugle à la fin, ce ne serait pas une bonne idée, ça?!!!)

Là, au moins, c’est clair. La femme est vraiment une sorcière,il n'y a rien à sauver, même pas la Mère, surtout pas la Mère, il faut l’ étrangler et la brûler . Et la forêt et ses animaux redeviendront sereins , le sang qui les tachait disparaîtra , et l’homme pourra reprendre son chemin.

Je n’ai que peu de connaissances psychanalytiques, mais j’ai eu l’impression d’assister à une démonstration assez magistrale, érudite,vous l'avez tous dit, sur le plan références, et honnête ( personnellement je n’ai pas vu la provocation dont tu parles, Marko, mais plutôt un vrai laisser-aller à un délire onirique, et la douleur, ah ça, oui!) de ce que pourrait être d’assister à une séance de psychanalyse de ce cinéaste. Et c’est ce côté honnête - entre autres choses - qui m’a séduite. Alors que je le trouvais très roublard avant, Lars Von Trier..

Ignorant tout de sa biographie je suis quand même allée glaner quelques détails sur son enfance, et sur ce qu'il dit lui-même, il ne cache pas qu'il n'était pas très en forme lors de la réalisation de ce film!

J'ai trouvé

ceci

Je me garderais d'en conclure quoi que ce soit, mais le petit chapitre sur son entourage familial,en particulier sa mère, n'est pas sans intérêt..

Chaque fois que je le vois, j'ai envie de l'acheter ce dvd. Me retient, j'économise mes sousous pour les fêtes!

Marie a écrit:

[...]
J'ai trouvé

ceci

Je me garderais d'en conclure quoi que ce soit, mais le petit chapitre sur son entourage familial,en particulier sa mère, n'est pas sans intérêt..

Aha! C'est moi qui est écrit tout ce truc sur LVT! (t'as fait exprès Marie!)


C'est vrai que c'est terrible ce rapport de la mère à l'enfant. Les mères monstrueuses ça existent bel et bien, et beaucoup. Et c'est toujours terriblement horrible, et très cinématographique je trouve. Tellement violent, sans avoir besoin d'en faire des tonnes.

Queenie a écrit:

Marie a écrit:

[...]
J'ai trouvé

ceci

Aha! C'est moi qui est écrit tout ce truc sur LVT! (t'as fait exprès Marie!)

Queenie! Quel boulot! J'ai dévoré tout ça Je me demande juste si le récit biographique est objectif ou si Lars Von trier s'amuse là aussi à broder, transformer, enjoliver ou dramatiser par jeu? Je n'ai jamais trop cru à ses soi-disant phobies... Peut-être oui peut-être non mais j'ai toujours eu le sentiment qu'il se mettait lui-même en scène. C'est un grand bluffer!

C'est sûr que quand on regarde les vidéos où il se raconte... on a un peu du mal à y croire tellement il a ce petit air malicieux.
(Même son histoire de grande dépression lors du tournage de Antichrist, quand il en causait à Cannes, j'ai eu un chouia de doute)

Marie a écrit:

Mais à chacun ses centres d’intérêt, sa propre vision, et les détails qu’il retient, et je suis peut être complètement à côté, peu importe.

Je n’ai que peu de connaissances psychanalytiques, mais j’ai eu l’impression d’assister à une démonstration assez magistrale, érudite,vous l'avez tous dit, sur le plan références, et honnête ( personnellement je n’ai pas vu la provocation dont tu parles, Marko, mais plutôt un vrai laisser-aller à un délire onirique, et la douleur, ah ça, oui!) de ce que pourrait être d’assister à une séance de psychanalyse de ce cinéaste. Et c’est ce côté honnête - entre autres choses - qui m’a séduite. Alors que je le trouvais très roublard avant, Lars Von Trier..

J'adhère complètement à ta vision du film et du personnage de Charlotte.
C'est vrai que Lars Von Trier nous livre ses fantasmes comme s'il mettait son esprit à l'écran le temps d'une séance de psychanalyse durant une période de dépression (il le dit. Est-ce vrai ou non? Peu importe). Je ne vois pas seulement de la "provocation" mais plutôt un jeu avec les codes du langage psychanalytique. J'ai l'impression qu'il est assez sceptique de toute cette culture "psy". Pour le côté comportemental c'est clair... Il se moque de ce que fait le mari avec sa femme. Et pour la psychanalyse il en utilise le langage, il laisse venir à la surface ses fantasmes de violence , de misanthropie, d'imagerie cinéphilique... et le résultat est très beau visuellement mais j'ai l'impression qu'il adopte quand même une distance amusée. Il admire Tarkovski mais il donne volontairement un version "pervertie" de son cinéma. Les signes psychanalytiques et mythologiques sont eux aussi détournés et menés du côté de la farce (par une représentation littérale par exemple). C'est un iconoclaste brillantissime.

Quand il fait "Dancer in the dark", il reprend la figure de la sainte martyre du cinéma de Dreyer tout en prenant un plaisir sadique à la torturer. Il contemple cette belle âme au coeur pur avec étonnement et il en joue ensuite comme avec une poupée qu'il maltraiterait avec une certaine jouissance pour faire une expérience.

Tout son cinéma est un mélange de recherche formelle passionnante et de jeu avec les conventions.