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| Frederick Exley | |
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Auteur | Message |
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églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Frederick Exley Lun 28 Avr 2014 - 8:27 | |
| - Queenie a écrit:
- 07h57.
Rien compris à la phrase à rallonge. Mais mon cerveau est très bien encore tout endormi. 8h25 Je n'ai pas compris non plus . Je vais au bar . | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Frederick Exley Lun 28 Avr 2014 - 8:36 | |
| moi j'en étais resté là : - JHB a écrit:
- L'égo et/ou le personnage d'un écrivain ne dicte pas de tout.
du moins, c'est ce que j'ai retenu parce que fatalement ça retombe souvent quand on a du mal à être en phase avec une lecture (et l'auteur des fois). ça peut-être bien de rester sur la discussion. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Frederick Exley Mar 28 Oct 2014 - 18:54 | |
| Le Dernier stade de la soif
Voilà un livre qui vaut encore mieux que sa réputation. Il peut choquer, déranger, mais il ne peut pas laisser indifférent. Il y a là une présence, une voix, un ton uniques. L' homme qui parle est un désespéré. Sa vie est un désastre sur tous les plans. Et il sait qu' il en est responsable. Parce qu' il est trop lucide, trop clairvoyant,et qu' il ne peut se mouler dans l' American way of life. Il voyage aux quatre coins du pays, fait cent métiers cent misères. Et toutes ces brèves tentatives ne font que l' enfoncer davantage dans sa détestation de lui et du monde tel qu' il le voit.
Alors il boit, il ne cesse de boire. Et ses errances le conduisent soit chez sa mère -très accomodante la mère, et aussi le beau-père. Et plus souvent encore à l' hopital psychiatrique d' Avallon Valley. Il y rencontre des gens aussi désespérés que lui. Tant chez les patients que chez les toubibs. Mieux meme, il y cottoiera des gens extremement sensés. Plus que hors les murs de l' hosto.
Il sort de l' hopital sans illusion. Tente de vivre avec une femme dont il a un enfant. Un enfant à qui il pensera souvent avec une immense douleur. Tout comme la beauté qu' il imagine sans cesse,et qui le déchire en vain. Et aussi quand il pense à son héros de père. Quels beaux passages à son sujet ! Ou encore à Gifford, ce joueur de football américain. Exley a besoin de héros et il tombe le plus souvent sur des crétins, des pantins, des imbéciles - heureux ou non-. La fureur s' empare alors de lui.
"Quelque chose survint tout à coup. Les jours qui suivirent, je passais mon temps assis à regarder
Harold et à m' imaginer en train de le tuer. La folie du monde et la tragédie qui l' habitait semblaient culminer dans son visage suant, rasé de près. Je m' imaginais l' attendre dans la pénombre et tout à coup lui exploser la tete d' un coup de massue. Ensuite je lui roulais dessus avec un semi-remorque... A ce moment précis, eh bien, je me voyais l' annihiler de mille façons différentes, toutes plus
ingénieuse et cruelles les unes que les autres, et d' une gratuité telle que j' eusse sans nul doute échappé au radar de la loi."
Mais cet homme n' est pas cruel, il est désepéré. La vie n' est un mélange absurde de tragédie et de comédie. La seule voie possible et qui l' aurait sauvé, pensait-t-il, c' était l' écriture. Et longtemps, il vomit des pages d' écriture informe qu' il détruisait en se maudissant. Avec la certitude d' etre un médiocre et un raté.
Et pourtant l' impensable se produit. Il écrit enfin ce livre, un livre qui est un véritable voyage par les gouffres. A-t-il seulement profité de cette gloire tardive et de cet aboutissement fabuleux ? J' aimerais le croire.
"A quoi servent les reves s' ils deviennent réalité ?" Ecrit-il quand il parvient à séduire la femme qui le faisait fantasmer sans qu' il puisse jamais lui faire l' amour.
Ce livre m' a vraiment touché. J' ai souvent pensé à cet autre alcolo que fut Malcolm Lowry. A ce besoin insensé de se détruire, à la folie qui le suit et finit par l' abattre.
Dernière édition par bix229 le Ven 31 Oct 2014 - 20:43, édité 1 fois | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Frederick Exley Mer 29 Oct 2014 - 14:54 | |
| J'aime bien le personnage. Ce livre me dit bien. | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Frederick Exley Jeu 30 Oct 2014 - 20:38 | |
| Moi, ça y est, commandé ce jour ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Frederick Exley Ven 31 Oct 2014 - 20:34 | |
| Très belles impressions de lecture Bix... | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Frederick Exley Jeu 15 Jan 2015 - 13:14 | |
| Le dernier stade de la soif
Une errance existentielle, pour ainsi dire, non dénuée de beaucoup de clairvoyance sur la société factice (américaine mais ça pourrait être une autre, à mon avis). Je me suis reconnue dans bien des passages, qui démythifient ce qu'on a l'habitude d'aduler : honneur, argent, réussite, même culture...
Finalement, Exley nous place face à notre propre néant, qu'on tente d'oublier en consommant, en "faisant carrière", en aimant, en s'adonnant à diverses addictions (dont la lecture !), etc...
Y a t-il un peu de lumière ? Peut-être... Avec ses enfants.
Mais c'est fugace.
De cela aussi, il revient, comme de tout.
Je ne sais pas si c'est une question d'histoire personnelle ou de tempérament, mais j'ai vraiment adhéré à cette vision désabusée.
Le parallèle avec le joueur des Giants est éloquent. Pourquoi un autre s'en sort-il mieux ? Le destin, le travail ou tout simplement une psyché saine ?
Ce livre me marquera.
Il explose le toc.
...
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| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Frederick Exley Ven 16 Jan 2015 - 7:50 | |
| - tina a écrit:
- Le dernier stade de la soif
Une errance existentielle, pour ainsi dire, non dénuée de beaucoup de clairvoyance sur la société factice (américaine mais ça pourrait être une autre, à mon avis). Je me suis reconnue dans bien des passages, qui démythifient ce qu'on a l'habitude d'aduler : honneur, argent, réussite, même culture...
Finalement, Exley nous place face à notre propre néant, qu'on tente d'oublier en consommant, en "faisant carrière", en aimant, en s'adonnant à diverses addictions (dont la lecture !), etc...
Y a t-il un peu de lumière ? Peut-être... Avec ses enfants.
Mais c'est fugace.
De cela aussi, il revient, comme de tout.
Je ne sais pas si c'est une question d'histoire personnelle ou de tempérament, mais j'ai vraiment adhéré à cette vision désabusée.
Le parallèle avec le joueur des Giants est éloquent. Pourquoi un autre s'en sort-il mieux ? Le destin, le travail ou tout simplement une psyché saine ?
Ce livre me marquera.
Il explose le toc.
... Belle appréciation de ce qui est à l'oeuvre dans le roman, Tina! On peut savoir que tu l'as lu. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Frederick Exley Mar 19 Avr 2016 - 10:49 | |
| J'amène à mon tour ma petite pierre sur l'édifice :
Le dernier stade de la soif
Comme pratiquement à chaque fois que je replonge dans la littérature américaine contemporaine, il m'a fallu un certain temps d'adaptation. Retrouver l'oralité d'une langue qui ne s'embarrasse pas d'effets stylistiques, réapprivoiser des thématiques assez éloignées de mon quotidien( le sport ici et en particulier le football !!), se laisser convaincre par une écriture du 'je', à la fois autofictionnelle et comme égrenant de petites nouvelles profuses et fort bien menées. Un instant je me suis demandée si Exini n'avait pas poussé un peu trop loin mes capacités d'absorption (liquide et littéraire), pour finalement parvenir à découvrir dans ce livre un réel et délicat plaisir.
Si tout le livre d'Exley est consacré à la figure d'Exley, il s'avère qu'à aucun moment le lecteur ne s'ennuie et qu'il se trouve très rapidement happé par les troubles alcooliques de notre narrateur. S'il n'est pas question ici de juger la dérive alcoolique de l'auteur, ni les corollaires qui vont avec : fainéantise, mensonge, séduction, racolage et lâcher-prise, il faut convenir que la lecture éveille une sorte de malaise. Malaise de se retrouver face à un personnage à la fois secoué par le rire immense de l'autodérision et par les larmes de crocodiles de sa lucidité ; malaise de se rendre compte que s'il éveille parfois la pitié, Exley pousse aussi à la haine (ou du moins à l'aversion). Malaise de lire un livre sur l'alcoolisme qui n'existerait pas, justement, sans l'alcoolisme de son auteur. Et c'est dans ce paradoxe que le livre a fini par emporter ma totale adhésion, dans cette sorte de cœur déchiré et palpitant, à la fois hideux et attachant que nous révèle Exley, dans cette profonde confiance faite au lecteur de se donner tout entier (extraire la beauté du Mal, disait Baudelaire). Si Exley devient alcoolique c'est de ne pas être écrivain (du moins célèbre à l'instar de son alter ego le reconnu joueur de foot Gifford) mais si Exley obtient finalement une certaine reconnaissance, celle-ci est dû à son désastreux penchant pour l'alcool… d'où l'inconfort d'une position intenable : les larmes grotesques ou le rire hystérique accompagnant le dernier verre ?
Une confidence d'Exley révèle une part tordue de l'homme cherchant à taire sa haine de l'Amérique, de la pensée américaine, de sa vacuité, de ses télés, de sa culture de masse, une haine désespérée qui confine à l'amour fou, une haine qui est, tout autant que l'alcool, le moteur et le frein de l'écriture, le carburant et le pneu crevé d'une littérature qui s'invente contre son créateur lui-même. C'est finalement cette lutte, à la fois grotesque et fantasque qui donne à la lecture ce goût insondable du plaisir.
On rit un peu en lisant Exley, on découvre avec effroi les séances dans les hôpitaux psychiatriques, les retours torturés chez la mère, les stagnations sur le canapé d'amis, les grosses bitures, les dégringolades formidables dans l'avilissement, la peur, le doute, les rêves qui se transforment en cauchemar. On est loin de la maîtrise formelle d'un Lowry mais dans ce texte logorrhéique se cache une sincérité, une fraîcheur, une rage qui ne peuvent qu'émouvoir et retenir.
L'image de l'homme américain malade d'ennui et de rêve de gloire avorté, consumant sa vie dans l'excès de boissons, procrastinateur de génie, infantile roublard et séducteur impuissant, cette image véhiculée par Exley n'est plus celle d'un mirage américain réussi mais bien celle d'une errance, d'un mal de vivre insurmontable, douloureux et maladif. Et le livre s'achevant sur un rêve de course folle, obsessionnelle, ne fait que raviver la soif.
Merci Exini de m'avoir proposé ce livre qui soulève en moi tant de réactions et d'attentions. Du bonheur de lecture. | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Frederick Exley Mar 19 Avr 2016 - 15:40 | |
| eh bien, ton commentaire suscite une envie terrible de lire ce livre ! dans la tablette | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Frederick Exley Mar 19 Avr 2016 - 19:03 | |
| - Bédoulène a écrit:
- eh bien, ton commentaire suscite une envie terrible de lire ce livre !
dans la tablette chouette ! un extrait (un peu beaucoup pour kenavo) : - Citation :
- Je ne me liai jamais avec le seul client de Louis que j'appréciais, l'acteur Steve McQueen. Je ne lui adressai la parole qu'à une ou deux reprises. A l'époque, il n'était pas d'un abord facile, comme s'il était déjà la star qu'il allait devenir, et la seule fois où je me souviens m'être frotté à lui, c'était au sujet d'une fille sur laquelle nous lorgnions tous deux ; nous échangeâmes alors des paroles infantiles et emportées, destinées à nous jauger l'un l'autre. Mais je me souviens encore parfaitement de sa manière d'être à l'époque. D'une certaine façon, il nous ressemblait à tous, dans cet endroit et à ce moment-là. Arborant l'élégante casquette des fanatiques de sport automobile, une coiffe qui semblait à peine capable de tenir sur son épaisse chevelure blonde, un gros pull en laine verte et un pantalon en velours côtelé, il passait des heures penché sur le bar, les yeux perdus dans le vide. Il se dégageait de lui une décontraction indifférente, typique des aristocrates, mais en y regardant de plus près, on s'apercevait que c'était un vrai dur, et l'on ne pouvait le suspecter d'avoir été corrompu par des prétentions glanées lors d'une scolarité traditionnelle à Yale. Il semblait doté d'un appétit sans limites, comme s'il s'apprêtait à dévorer l'univers, et même si j'ignorais tout de ses aspirations, je savais que de tous les habitués de Louis, c'était celui qui allait réussir. Quelques années plus tard (dans quel asile de fous pouvais-je bien être alors ?), je le découvris à la télé en tenue de cow-boy tirant frénétiquement avec une espèce de fusil à canon scié, et plus tard encore, ouvrant le magazine Life, j'appris qu'il était l'acteur le plus en vogue à Hollywood depuis John Wayne. Sur les photos il ne semblait pas le moins du monde surpris de se retrouver en haut de l'affiche. A l'époque, au bar, nous nous apprêtions tous à connaître un destin exaltant.
J'ai complètement oublié, dans mon commentaire, de parler d'un des aspects un peu étonnant de la personnalité d' Exley qui consiste à dénigrer les gays d'une façon telle que j'ai fini par me demander s'il n'avait pas des attirances homosexuelles refoulées... Il semble tellement peu en phase avec le monde que cette espèce de fixette sur les gays parait un peu bizarre. Et puis aussi, j'ai énormément aimé les moments où Exley joue à l'idiot, se fait passer pour un débile, la bouche ouverte, le regard vide, ou un immense sourire inadéquat collé sur le visage. Cette manière de se jouer des gens me fait toujours hurler de rire ! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Frederick Exley Mar 19 Avr 2016 - 19:45 | |
| Intelligent et lucide comme il l'est, Exley ne peut s' empêcher d' user d'ironie contre tous ceux, impartis d' un pouvoir, et qui sont - forcément- inversement proportionnels à l'idée qu' ils se font d'eux memes.
On manque vraiment de gens du genre Exley. Le problème est que trop souvent ils se laissent sombrer face à la bêtise malfaisante, agissante et éternelle. Comment leur en vouloir. Au moins, Exley a eu sa revanche et sa thérapie.
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| Sujet: Re: Frederick Exley | |
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| | | | Frederick Exley | |
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