Notre Café Littéraire...

Si on devait enlever de nos bibliothèques tous les auteurs qui ne sont pas des petits saints, il ne nous resterait pas grand chose à lire. Je trouve important de séparer l'homme de l'oeuvre. Même si c'est parfois difficile. Et cela n'empêche pas qu'on puisse contester par ailleurs les prises de position ou engagements de l'homme.

Je ne proposais pas la lecture commune dans le but de descendre obligatoirement l'auteur. D'ailleurs je crois que j'ai évoqué la possibilité d'une surprise, forcément positive. Mais si c'était au final une galère, on aurait pu en rire ensemble. Parce que le lire comme ça toute seule, je n'arrive pas à vaincre mes à priori négatifs. Mais qui sait, après des commentaires positifs, peut être que je changerai d'avis.

C'est sûr... L'extrait proposé m'a tout de suite fait penser à Céline notamment.

Pourquoi Marc Levi and Co ?
Une des raisons proposée dans Révolution numérique, révolution culturelle ?

Rémy Rieffel a écrit:

Le rôle amplificateur des médias traditionnels est aujourd'hui relayé par les classements des meilleures ventes diffusés par les sites marchands en ligne et par la circulation sans fin des commentaires, avis ou opinion postés sur le Web. Les médias traditionnels et les médias numériques sont donc à l'heure actuelle les principaux vecteurs du renom : ils accordent une légitimité plus ou moins grande à certains créateurs grâce à la forte résonance de leur classement. De fait, la position obtenue par un artiste ou un écrivain dans ces classements se renforce quasi mécaniquement dans la mesure où l'attention du public se dirige vers les gagnants qui, par un effet boule de neige, augmentent les ventes de leurs disques et de leurs livres. La réussite médiatique, fortement alimentée par le bouche-à-oreille sur les réseaux sociaux, démultiplie la réputation des plus reconnus. L'économie du star-system favorise par conséquent la promotion des plus visibles et promeut le vedettariat au risque de réduire l'innovation et l'originalité créatrice puisque comme le signale souligne Françoise Benhamou : « le respect du nombre prévaut sur toute autre considération, la qualité croît en raison du nombre des adeptes »

Ce qui est rassurant dans un sens, c'est que par exemple grâce au portail du forum nous participons un peu à la médiatisation d'écrivains tels que Lola Lafon ou Pierre Guyotat ou encore Josipovici qui n'ont pas toujours leur place dans les charts !

a l'occasion de l'anniversaire du livre de poche un petit doc est passé aux infos de 13 h sur la 2. La démocratisation de la lecture ne plaisait pas à tous.

1953 - La journaliste interrogeait un monsieur en costard, col blanc : que pensez vous du livre de poche ?

- réponse : beaucoup de mal parce que ça fait lire un tas de gens qui n'avaient pas besoin de lire, qui n'avaient jamais ressenti le besoin de lire, on les a amenés là eux qui lisaient Nous-Deux et la vie en fleur et ils se sont retrouvés avec Sartre dans les mains.

Bien fait pour le " monsieur en costard, col blanc " !

c'est la même chose pour les bibliothèques, à la fin du 19e et au début du XXe siècle, tout ce qui a amené à les ouvrir à un public plus large (ouverture du catalogue à des œuvres distractives plutôt qu' "instructives", prêt à domicile et non plus consultation sur place, accès direct au livre et non pas en devant systématiquement demander à un bibliothécaire, ouverture des bibliothèques à des horaires où les travailleurs étaient disponibles) n'a pas toujours été regardé d'un bon œil par tout le monde.

Toutes ces choses qui nous paraissent banales (ici et dans tous les domaines) et qui ont été acquises de haute lutte !

très juste Topocl, d'ailleurs dans ce petit documentaire était précisé que dans certaines usines était mise en place une bibliothèque et c'était touchant de voir un ouvrier interrogé qui avait emprunté" la femme du boulanger" dire que le livre lui avait permis de mieux comprendre le film !

Et on se foutra bientôt de notre gueule parce qu'on flippait à l'idée de voir débarquer le livre numérique !

A propos des bibliothèques, une des plus belles innovations démocratiques, fut la création des
Bibliothèques centrales de pret -appelation d' origine- au cours des années se l' après guerre (celle de 40).
Il s' agisssait d' aller au devant de ceux qui n' avaient jamais l' occasion de lire ou acheter un livre.
Un bibliobus se chargeait de déposer des caisses de livres aux communes rurales de moins de
25 OOO habitants. Et qui enfaisaient la demande.

L' initiative, vraiment révolutionnaire, n' alla pas au bout de l' intention, qui était d' en créer une
dans chaque déplartement. Et il a fallu du temps pour en venir à bout. Sans compter que les
bilbliothèques les mieux dotées étaient dans les départements les plus riches.
Le projet continue et j' en bénéficie, mais il y a des restrictions budgétaires, comme souvent dans
le domaine de la culture.

Des restrictions budgétaires et/ou des choix.
Nous, depuis qu'on a une superbe médiathèque, on n'a plus de bibliobus.

L'ideas box, une médiathèque en kit conçue par Philippe Starck pour Bibliothèques sans frontières, pouvant servir aux réfugiés, et à  toutes les populations vulnérables, partout dans le monde.





Plus d'infos ici

vraiment ingénieux ce kit

pour l'idée et la mise en forme

Bonjour à tous,

Mercredi 20 mai à partir de 18h :

Prochaine rencontre à la librairie Maruani, autour de l'abolition de l'esclavage, et notamment de ce livre :

De l'esclavage à la liberté forcée, de Céline Flory.

Vous pouvez aller sur le site, voir ce qu'il en est : clic

Cela promet d'être une soirée riche en discussions et en convivialité !

Un peu de SF.
Tanith Lee est décédé il y a peu, le 24 mai.

Citation :

La romancère britannique avait fait carrière aux États-Unis et publié plus de quatre-vingt-dix romans et deux cents nouvelles de science-fiction. Elle avait 67 ans.

Elle vend sa première nouvelle Eustace à 11 ans, et adulte, elle travaille comme bibliothécaire, vendeuse et serveuse. Après le succès de La Déesse voilée (The Birthgrave) paru en 1975 dans une maison d'édition américaine, DAW, elle peut vivre de sa plume.
Tanith Lee représente l'une des voix féministes les plus influentes de la littérature fantasy d'après The Guardian. Ses livres, dont une vingtaine sont publiés en France, s'adressent à la jeunesse et à un public de young adults. L'auteure a souvent été nommée pour des prix littéraires et elle a remporté le prix British Fantasy pour Le Maître de la mort (Death's Master) et le prix World Fantasy de la meilleure nouvelle.

Source : http://www.lefigaro.fr/livres/2015/06/02/03005-20150602ARTFIG00226-tanith-lee-la-specialiste-de-fantasy-est-morte.php

Tanith Lee écrivait donc de la littérature de genre, comme on dit.
Les journaux n'ont presque pas parlé de son décès : à ma connaissance, ni Libé, ni le Monde, par exemple...
Or, l'article que j'ai cité est extrait du Figaro, journal bien sûr catégorisé à droite
Alors, y aurait-il une influence entre les opinions politiques et le fait d'apprécier les pulps ? (au cas où : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pulp_(magazine)  )

Ce n'est pas une pure question de rhétorique (d'accord, The Guardian est plutôt, lui, un journal de centre gauche). En effet, elle amène au psychodrame (qui est plus qu'un psychodrame, en fait) qui secoue actuellement le Prix Hugo. Je n'ai pas tout bien compris, mais en gros, il y a des gens qui se revendiquent comme nostalgiques des bonnes histoires d'aventures qui en ont marre des thèmes sociaux/raciaux et qui ont fait en sorte que ce soient les livres qu'ils préfèrent qui restent sur la "short list" avant le vote final (en gros : auteurs catégorisés à droite). Pour ne pas dire qu'ils se refusent à lire des histoires qui traitent de thèmes qu'ils rejettent.

Citation :

"A l’origine de ce mouvement, deux auteurs américains – Larry Correia et Brad R. Torgersen  – qui estiment combattre le « déclin » de la science-fiction et fantasy américaine. Depuis plusieurs années, le prix Hugo suscite beaucoup d’amertume de la part d’une frange d’auteurs politiquement orientés « à droite » : Larry Correia estime ainsi que, s’il n’a jamais été lauréat du prix, ce n’est pas en raison de la qualité littéraire de sa production, mais parce qu’il existe une censure systématique des auteurs nominés ne correspondant pas à une image « politiquement correcte » de gauche. Or qui décide de cette bonne moralité politique ? Toujours selon Correia, il faut chercher les responsables de cette censure parmi la frange « de gauche » des votants du prix Hugo, qui pratiqueraient une « chasse aux sorcières conservatrices » systématique dans les listes de nominés. Cette mouvance d’affreux gauchistes, qu’il qualifie de Social Warrior of Justice, dominerait selon lui le fandom américain, dictant ses propres normes politiques et sociétales à l’ensemble de la SF et fantasy anglophone."

Extrait de : http://www.traqueur-stellaire.net/2015/04/prix-hugo-sad-puppies-gate/  (on pourra aussi lire l'article en anglais de Slate : http://www.slate.com/blogs/browbeat/2015/04/08/_2015_hugo_awards_how_the_sad_and_rabid_puppies_took_over_the_sci_fi_nominations.html

G.R.R Martin (qui ferait mieux de bosser à son bouquin avant que l'Hiver ne soit vraiment là) et Connie Willis sont entrés dans le combat.

Bref, pour tous ceux qui pensent que la SF, c'est superficiel, la preuve (s'il en était besoin) que ce genre souvent très mal considéré en France touche quelque chose de profond, une vision de la société, est bien là.
Le bon côté de tout ça, c'est qu'on se dit que les bouquins, c'est encore assez important pour qu'on se tape dessus. Ça, c'est une bonne nouvelle.