[2014] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

L'affaire Alain Lamare... probablement une des affaires criminelles "modernes" les plus incroyables et fascinantes.
Pas forcément une des plus connues, puisque Lamare n'a en réalité tué avec certitude "qu'une seule" fois (et 5 tentatives), en comparaison avec d'autres tueurs en série français.
Personnellement, j'attendais avec impatience que cette affaire en particulier soit adaptée... (ça me semble même fou que personne n'ait pensé à le faire plus tôt tellement c'est une histoire... ben. De fou... un scénario tout fait, même pas besoin d'en rajouter, la réalité dépasse la fiction...)

Car l’intérêt de cette affaire repose en grande partie sur le personnage même du tueur, puisque le criminel était aussi le gendarme qui enquêtait sur ses propres crimes...
C'est ce qui explique évidemment le choix et le parti pris du réalisateur de s'attacher aux pas de ce criminel (dont il a changé le nom), et de plus s'intéresser à lui qu'à la problématique de l'enquête policière pure (même si celle-ci n'était pas inintéressante sur le papier, notamment parce que si l'affaire Lamare a mis plus d'un an à être résolue, c'est justement à cause de la "guéguerre" gendarmerie/police... du coup, on peut regretter que cet aspect soit assez peu creusé, comme l'impact sur la population déjà éprouvée par l'affaire Barbeault, le Tueur de l'Ombre, tout cela est évoqué en filigrane... mais de mon point de vue, c'est un choix qui se défend aussi, et un film n'est pas un documentaire).

Cependant, le scénario s'appuie sur le livre de Yvan Stefanovitch et Martine Laroche, Un assassin au-dessus de tout soupçon qui reprend l'affaire presque jour pour jour (j'espère que ça sera une bonne occaz de le rééditer... même si ce n'est pas de la grande littérature, c'est vraiment un document intéressant... si on s'intéresse aux tueurs en série, forcément...), les rapports d'enquête ou des témoignages, donc, hormis les nécessaires besoins fictionnels, on est quand même très proches des faits. Il y a même quelques détails qui ressortent et prouvent bien que son récit est sérieusement construit.

Guillaume Canet est totalement parfait, pour le coup, dans la peau de cet homme qui tente de contenir la folie et la rage qui l'habitent, réussi à faire passer de manière crédible les motivations du tueur (en particulier, son mépris pour ses collègues gendarmes paradoxalement, et sa volonté de prouver à quels points ils sont mauvais à ses yeux). Il fait même peur par moment...  
Et la mise en scène oscille entre une ambiance aérienne (la brume, les couchers de soleil en hiver sur la forêt) et inquiétante, avec une musique qui serait pour ainsi dire celle d'un film fantastique. Tout ça contribue à faire passer à travers l'écran l'esprit torturé, fracturé même, de celui qui fut surnommé le Tueur de l'Oise.

Marko a écrit:

Ce dessin animé brésilien est mon coup de coeur du mois. Je n'ai jamais vu ça sur un écran. C'est d'une invention visuelle et sonore constante tout en recourant à une technique de dessin et de collage traditionnelle presque archaïque et enfantine. C'est féérique, poétique, écologique, nostalgique, psychédélique, naïf et visionnaire. Une épopée qui exalte l'esprit de la fête, la force primitive de la musique et du peuple s'opposant à la tyrannie et à la déshumanisation des grandes cités. |...] Le résultat est incroyable! Courrez voir ça!!

C'est décidé...j'y vais cet après-midi!
En espérant que ce ne sera pas dans la "salle des poufs" consacrée aux enfants, "poufs" que mon dos ne supporte pas.

-Paradise Lost-

Chymère a écrit:

Un jeune canadien, un peu "boy scout", vient monter une école de surf en Colombie avec son frère et sa belle-sœur, il rencontre la jolie Maria, qui n'est autre que la nièce du "Patron" de Medellin, Pablo Escobar...
D'abord séduit par la face solaire et affable du personnage, il va vite déchanter.
Paradise Lost hésite toujours entre le thriller et le drame en forme de tragédie grecque, avec un rythme relativement lent et une image assez léchée.

Vu hier, un peu contre mon gré (On etait en groupe, j'ai dû suivre) mais au final plutôt pas mal en rapport de ce que j'en attendais.Le scénario est basé sur ce jeune surfeur qui se retrouve pris au piège de l'univers machiavélique d'Escobar, ce qui nous donne une vision de l'intérieure assez bien amenée, et apporte une tension allant crescendo tout au long du film, jusqu'à finir par s'identifier totalement au personnage principal.

Le caractère fourbe et totalement ambigü de ce trafiquant célèbre est bien montré. Un homme capable d'une générosité affichée aussi bien parmi ses proches que de la population colombienne, croyant jusqu'à la bigoterie, et oeuvrant pour le "bien être de tous". De même qu'il révèle (parfois un peu caricaturalement, tout de même ) toutes les complicités et complaisances d'un peuple gangréné par la corruption.

J'en suis ressortie quasi lessivée, tant l'impression de violence sournoise joue à plein. Benito del Toro est parfait dans ce rôle!



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Qui vive

Tout n'est pas parfait dans ce film qui nous raconte une histoire d'agent de sécurité dans la trentaine, chez ses parents, qui désespérément essaye de passer le concours pour devenir infirmier et peut-être échapper à une vie qu'il subit de plus en plus. Poids du quartier, d'une sorte de blocage social, dans ce drame il y a pas mal de pression et de violence mais comme filtré par le replis sur lui-même et la résignation de son héros, et en contre-pied à une habitude cinématographique ? ça n'explose pas, ça mijote et ça abîme. Et ça continue cahin-caha, avec des hésitations et des accidents de parcours.

C'est surtout ça que je retiendrai du film et le fait que visuellement si ça n'explose pas non plus, ça conserve un naturel attentif, ça n'en fait pas trop. Et c'est déjà pas mal.

(Certains à côtés et seconds rôles ou la musique électro discrète mais qu'on a l'impression d'entendre partout ne gâchent pas ce petit film qui n'est vraiment pas si mal).

J'ai la flemme de faire des commentaires mais j'ai vu ce week-end deux très beaux films, très différents:





Et celui-ci je l'avais vu en avant-première:



Quel bonheur que d'aller au cinéma!

Pour Marie Heurtin ils n'ont pas été tendres au Masque. Il l'ont trouvé très académique et plein de bons sentiments. Michel Ciment était un peu plus nuancé. J'irai quand même le voir.

'71, Yann Demange

Un soldat anglais se retrouve blessé et seul dans les rues de belfast, celles contrôlées par l'IRA. Une chasse à l'homme s'organise aussitôt dans les rues de la ville.

Film tendu.
Sur une nuit, le réalisateur va nous faire sillonner à travers la ville en plein conflit. Des cocktails molotov explosent à un coin de rue, des emeutiers deviennent violents, des milices prennent le pouvoir sur des quartiers. On en apprend beaucoup sur le quotidien de ceux qui se faisaient la guerre (et quelques bribes sur comment les gens pouvaient vivre cela au quotidien).
La tension baisse rarement, et la réalisation passe du plan nerveux et tremblant, à des séquences pleines de fumée, de flottement, jusqu'à des plans de la ville en plein nuit.
Vraiment bien mené.

Les personnages font très réalistes.

Mais...
Je n'ai pas réussi à être complètement dedans. Tout va vite, s'enchaîne, et les quelques percées dans les méandres de prise de pouvoir, de complots, sont légèrement embrouillées.

J'ai l'impression que je n'étais pas tout à fait dans le bon mood pour apprécier ce film qui a été tellement encensé...

Ah c'est dommage, je l'ai vraiment bien aimé celui-là...

Marko a écrit:

Pour Marie Heurtin ils n'ont pas été tendres au Masque. Il l'ont trouvé très académique et plein de bons sentiments. Michel Ciment était un peu plus nuancé. J'irai quand même le voir.

Académique, certes...Et vous y trouverez des défauts.
Pour ce qui est des bons sentiments, il faut bien reconnaître que cette religieuse qui a initié la sauvageonne Marie Heurtin à un langage des signes (elle était aveugle en plus d'être sourde et muette) ne pouvait être qu'habitée de bons sentiments.
Et la petite aussi en retour et beaucoup plus tard.
S'il s''était agi d'une fiction on pourrait le reprocher mais cette histoire est vraie, elle s'est déroulée en France à la fin du 19ème siècle!
Moi ça me fait du bien les bons sentiments! Et c'est le genre de film qui réconcilie avec l'espèce humaine.

Les critiques ont la dent dure. Ils sont blasés.

Il faut aller le voir aussi pour Ariana Rivoire et Isabelle Carré.

coline a écrit:

Il faut aller le voir aussi pour Ariana Rivoire et Isabelle Carré.

Ce qui a d'ailleurs donné lieu à la blague facile : Rivoire & Carret...

Love is strange

Citation :

Après 39 ans de vie commune, George et Ben décident de se marier. Mais, au retour de leur voyage de noces, George se fait subitement licencier. Du jour au lendemain, le couple n'est plus en mesure de rembourser le prêt de son appartement new yorkais. Contraints de vendre et déménager, ils vont devoir compter sur l'aide de leur famille et de leurs amis. Une nouvelle vie les éloignant l'un de l'autre, s'impose alors dans leur quotidien.

Un film tendre, subtil, délicat, pudique par ses ellipses, triste et lumineux. L'amour, la vieillesse, l'art, New York (je veux y aller!!!), la sécheresse de l'égoïsme et le rayonnement de la générosité. Chopin, Beethoven, Schnittke, Wieniawski... Une impression de temps suspendu qui nous laisse avec un sentiment de mélancolie au cours d'une scène finale extrêmement émouvante dans sa discrétion. Peut-être le plus beau film à voir en ce moment. Et je suis d'autant plus surpris que son précédent film "Keep the light on" ne m'avait pas beaucoup convaincu. J'espère que vous irez le voir.

eXPie a écrit:

coline a écrit:

Il faut aller le voir aussi pour Ariana Rivoire et Isabelle Carré.

Ce qui a d'ailleurs donné lieu à la blague facile : Rivoire & Carret...

Je n'y avais pas pensé...

Marko a écrit:

Love is strange


J'espère que vous irez le voir.

J'espère qu'il sera programmé...

coline a écrit:

J'espère qu'il sera programmé...

Pareil. Mais je connais la réponse...

Chymère a écrit:

L'affaire Alain Lamare... probablement une des affaires criminelles "modernes" les plus incroyables et fascinantes.
Pas forcément une des plus connues, puisque Lamare n'a en réalité tué avec certitude "qu'une seule" fois (et 5 tentatives), en comparaison avec d'autres tueurs en série français.
Personnellement, j'attendais avec impatience que cette affaire en particulier soit adaptée... (ça me semble même fou que personne n'ait pensé à le faire plus tôt tellement c'est une histoire... ben. De fou... un scénario tout fait, même pas besoin d'en rajouter, la réalité dépasse la fiction...)


Guillaume Canet est totalement parfait, pour le coup, dans la peau de cet homme qui tente de contenir la folie et la rage qui l'habitent, réussi à faire passer de manière crédible les motivations du tueur (en particulier, son mépris pour ses collègues gendarmes paradoxalement, et sa volonté de prouver à quels points ils sont mauvais à ses yeux). Il fait même peur par moment...  
Et la mise en scène oscille entre une ambiance aérienne (la brume, les couchers de soleil en hiver sur la forêt) et inquiétante, avec une musique qui serait pour ainsi dire celle d'un film fantastique. Tout ça contribue à faire passer à travers l'écran l'esprit torturé, fracturé même, de celui qui fut surnommé le Tueur de l'Oise.

Je te rejoins pour valoriser le jeu glaçant de Guillaume Canet, qui fait apparaitre un rapport auto-destructeur à son propre corps et les méandres d'une logique qui l'emprisonne et le précipite vers l'abîme. Le vernis de sa personnalité est étrangement impassible et détruit silencieusement toute complicité ou possibilité de relation. Le film révèle une cohérence implacable dans ses actes tout en insistant sur l'errance d'un quotidien et l'illusion des portes de sortie.

L'acteur envahit chaque scène, ce qui empêche une tentative de prise de distance à force de saisir une fascination morbide. La description de l'enquête est bâclée tout comme l'enjeu de l'opposition police/gendarmerie, puisque seule compte une fuite vers un engloutissement et la recherche impossible d'un dédoublement. La prochaine fois je viserai le coeur distille de bout en bout une ambiance sordide et malsaine, explore avec rigueur un déséquilibre mais cette rigidité est aussi artificielle tant la mise en scène se confond avec les agissements du tueur. J'en ressors avec une certaine gêne.