LC Japon

32. Kannonshō-ji
plus d’informations (en allemand)

Animal a écrit:

ça veut dire que tu considérerais Kôbô Abé et Ishikawa Jun comme différents parmi les auteurs japonais (si on leur prête une préoccupation socio-politique plus évidente) ?
si oui, tu en aurais d'autres que tu rangerais de cette façon ? (et d'aujourd'hui ?)

D'abord les romans de Jun Ishikawa n'étaient jamais à la mode. La maison d'édition a imprimé vraiment très peu d'exemplaires.
Même Kenzaburô OE, malgré son prix Nobel, il n'a pas beaucoup de succès populaire à partir d'à peu près 1980.
Quant à Kôbô ABE, il a dû avoir un succès populaire. Mais je ne sais pas si beaucoup de lecteurs lisaient ses oeuvres dans le contexte socio-politique. On pourrait les lire aussi comme une sorte de fantastique noir. D'ailleurs il ne s'est jamais développé son avis politique directement dans ses romans. Quand il commençait à les analyser par lui-même dans des interviews ou dans les essais, ses oeuvres ont soudain dévoilé les sens cachés. C'était souvent comme ça.

J'ai l'impression qu'il y avait des écrivains très engagés après la Seconde Guerre jusqu'aux années '70. Mais à partir de 1985 par là, les écrivains japonais sont souvent intimistes ou minimalistes.
C'est peut-être pour cela que je ne lis pas beaucoup les écrivains japonais contemporains.
A part Natsuki Ikézawa, je ne trouve plus des auteurs intéressants. Mais c'est peut-être parce que je ne cherche pas sérieusement (?).
Je veux plutôt demander l'avis d'eXPie concernant les jeunes auteurs japonais.

merci

33. Kegon-ji




Dans ce temple il découvre la représentation la plus humaine de Buddha

Il est excellent, ce bouddha !

(Tiens, il faut que je cherche ça : comment est-on passé d'un Bouddha ascète, donc très maigre, à cette figure rondouillarde et rieuse ?)

Edit réponse trouvée ICI

Je ne m'étais jamais posé la question Armor... merci pour le lien et son explication claire

Ariane SHOYUSKI a écrit:

Colimasson a écrit:

Surprise comme à chaque fois lorsqu'il s'agit de littérature japonaise. Il y a une manière de vivre et de ressentir qui me semble très éloignée de la nôtre, occidentale, presque un changement de paradigme. J'ai lu le premier tiers et pour le moment, les personnages évoluent en huis clos. Au-delà des relations qui sont l'enjeu du livre, ils ne semblent vivre rien d'autre. Pas de travail, pas d'amis, pas de soucis politiques, économiques, culturels... Ils se dévouent entièrement à leur machination amoureuse complexe, pour le moment surtout fantasmée.
La pudeur est un titre qui sied bien à cette histoire... l'érotisme suprême, c'est le dévoilement de la pudeur. Chez nous, ce seraient à peine des jeux d'enfants...

J'avais retrouvé dans cette lecture, comme avec Tanizaki, le pointillisme et la passion démesurée pour les détails, le sens de la vie en bulle retirée du monde. Il y a une sorte de fascination pour le cocon des parents et amis proche qui semble éclipser tout le reste...

Ils ont une certaine forme d'innocence qui doit dévier vers la perversion, comme s'ils reprenaient le cheminement qui conduit de l'état d'innocence au péché.

Ce que Colimasson a écrit sur un roman de Tanizaki m'intrigue depuis quelques semaines. Je crois qu'il y a une problématique concernant la mentalité des japonais. Mais je ne sais pas si je pourrai bien la cerner maintenant.

C'est vrai que quand je lis des romans occidentaux, même si c'est un roman d'amour, je trouve souvent et assez facilement le point de vue social-politique d'auteur. Et les romans japonais ont  tendance à éviter cela ou préfèrent se focaliser surtout la description sur la relation de personnages principaux. Ce ne devrait pas simplement être le goût pour une forme littéraire. N'y aurait-il pas assez d'intérêt socio-politique chez les japonais ? C'est possible. Nous n'avons pas la tradition de démocratie comme les occidentaux.

Si vous lisez des manga, vous pourrez toujours rencontrer des personnages passionnés de quelque chose qui ne s'intéressent à aucune autre chose. Les personnages se concentrent par exemple au base-ball, au judo, à la cuisine etc. Et quand ils sont passionnés pour une chose, ils ont le droit d'abandonner toutes les autres choses.
Quelqu'un m'a récemment donné plusieurs tomes des "Gouttes de Dieu" de T. Agi et Sh. Okimoto (manga). Tous les personnages n'y parlent tout le temps que du vin, comme si tout le monde est candidat de sommelier ou oenologue. C'est presque ridicule.

Pour la plupart des japonais, la politique n'est que des conflits entre plusieurs puissants (?). J'ai l'impression que la conscience de la participation démocratique est très faible comparé avec les pays occidentaux, parce qu'on croit que le peuple est exclu de toutes les décisions politiques ?

Bah, je ne sais pas enfin. Ce n'est que mon impression. Je n'en suis pas sûre. Je vais continuer à y réfléchir.

Je ne demande absolument pas aux écrivains que je lis d'avoir des opinions politiques ou sociales. J'ai mal usé de cette expression. Je voulais simplement faire remarquer que, effectivement, les personnages semblent souvent monomaniaques. J'ai du mal à voir le lien qu'ils essaient pourtant d'établir entre leur situation et le monde en général, et ça finit généralement par m'ennuyer très rapidement. Mais je pense qu'il existe malgré tout un angle d'approche qui permet d'éviter cette déception...

Armor-Argoat a écrit:

(Tiens, il faut que je cherche ça : comment est-on passé d'un Bouddha ascète, donc très maigre, à cette figure rondouillarde et rieuse ?)

Edit  réponse trouvée  ICI

Merci pour cette question/réponse !

Coli, je suis étonnée que tu considères les relations de la famille de La confession impudique semblables à "des jeux d'enfants". Je suis peut-être coincée, mais j'avais trouvé ça sacrément malsain et pervers.
Passe encore que la mère trompe ouvertement son mari, s'exhibant nue chaque soir devant lui-même et son jeune amant… Mais que dire du fait  que la fille, privée de son fiancé au profit de sa mère, se retrouve à participer à ce petit jeu entre sexualités exacerbées ? Là on quitte le libertinage, pour entrer dans des zones d'ombres beaucoup plus glauques...

Pour Armor-Argoat,
Ah, oui ? "La Confession impudique" était perverse à ce point ? Moi, en effet, je ne me rappelle rien du tout. Comme je l'ai lu à mon âge de 13 ans ou 14, c'était vraiment choquant pour une collégienne qui a juste commencé à lire des romans pour les adultes. Mais je ne me souviens plus de la relation mère-fille etc.. Ce n'est pas "Chijin no aï" le titre original ? Ce n'était pas l'histoire de Jôji, le type d'une trentaine qui voulait éduquer la jeune fille Naomi, mais qu'il devenait peu à peu l'esclave de l'autre ?

Il y a un épilogue dans le livre… une visite de la tombe de Kōbō-Daishi dont il a rencontré les traces dans plus d’un temple



Le mausolée des Tokugawa



Okunoin, le plus grand cimetière du Japon où se trouve la tombe de Kōbō-Daishi



Nous voilà à la fin de ce voyage... voici encore un clip avec des images des 33 temples de cet autre pèlerin, Craig Emmott, dont Cees Nooteboom a aussi parlé dans son livre:

Merci pour ce voyage Kenavo

On peut dire que je participe, avec Tristesse et Beauté, de Kawabata. J'ai oublié de m'inscrire, ça.
En fait je lis un recueil de ses romans et de ses nouvelles, donc ça va durer dans le temps.

Dreep a écrit:

J'ai oublié de m'inscrire

même pas besoin de "t'inscrire" pour une LC... tu lis, alors tu participes

Armor-Argoat a écrit:

Coli, je suis étonnée que tu considères les relations de la famille de La confession impudique semblables à "des jeux d'enfants". Je suis peut-être coincée, mais j'avais trouvé ça sacrément malsain et pervers.
Passe encore que la mère trompe ouvertement son mari, s'exhibant nue chaque soir devant lui-même et son jeune amant… Mais que dire du fait  que la fille, privée de son fiancé au profit de sa mère, se retrouve à participer à ce petit jeu entre sexualités exacerbées ? Là on quitte le libertinage, pour entrer dans des zones d'ombres beaucoup plus glauques...

Quand c'est toi qui l'écris, je trouve ça beaucoup plus malsain tout d'un coup...

Pour clôturer ce voyage au Japon… et puisque Noël n’est pas si loin



Sandrine Bailly, Une saison au Japon

Citation :

Présentation de l’éditeur
S'il y a un univers où beauté, harmonie et délicatesse se rejoignent, c'est bien celui du Japon. Un pays fascinant, longtemps resté fermé au monde occidental, et qui a vu naître une esthétique et un art de vivre d'exception.
Au travers d'une sélection pointue d'images et de citations, Une Saison au Japon propose un voyage au cœur de l'âme japonaise, et s'interroge sur l'essence de la beauté du monde. Des Haïkus aux contes d'Ise, en passant par Yukio Mishima et au prix Nobel Yasunari Kawabata, cet ouvrage offre un superbe florilège de citations des plus grands écrivains, poètes et maîtres zen du Japon, pour comprendre un peu mieux l'âme de ce pays.
Ce livre est également un panorama unique des Arts graphiques japonais : des dessins à l'encre de Chine, estampes et lithographies à la photographie du XIXe et XXe siècle et aux œuvres les plus récentes.

J'ai vu des commentaires qui exprimaient leur mécontentement avec ce livre - parce qu'ils avaient espéré  de retrouver un livre avec des explications concernant le mode de vie au Japon... quand je lis de tels propos je dois dire: savoir lire aide énormément dans la vie!! La présentation de ce livre en dit tout ce qu'on trouve dans ce très beau livre: des images, des photos, des estampes avec des citations - haïkus et autres - et c'est un 'beau livre' à la hauteur de ce qu'on peut découvrir dans ce domaine...
pour mois en tout cas LE livre qu'on peut feuilleter et reprendre plus d'une fois... et on ressort éblouie à chaque fois...


































j'aurais pu continuer et faire des photographies des 350 pages tellement c'est sublime et extra...
mais je vous laisse le découvrir lors d'une éventuelle lecture future