[2016] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

Eperdument (Pierre Godeau)

Adaptation d'un livre relatant un récent fait-divers (la relation amoureuse entre un directeur de prison et une détenue, appât du "gang des Barbares"), Eperdument tombe dans la plupart des pièges posés par un sujet difficile et potentiellement scabreux. Pierre Godeau insiste lourdement sur une dimension sensationnelle, répétant des séquences d'étreintes fiévreuses au sein d'un milieu carcéral rempli de clichés. Le choix d'effacer complètement dans le scénario la trace du passé de son héroïne est aussi un aveu de faiblesse, et cette passion contrariée devient assez vite quelconque et anodine dans ses développements.

Adèle Exarchopoulos essaie de donner une intensité à son rôle mais son énergie n'est jamais canalisée ou valorisée par la mise en scène. Face à elle, Guillaume Gallienne tente un changement de registre peu convaincant tant son jeu apparait forcé. Il n'y a donc pas grand chose à retenir dans ce film bancal et souvent maladroit.

L'inspecteur de police Joshi, et encore plus sa femme, n'arrivent pas à se remettre de l'enlèvement de leur fille, Aruna. L'inspecteur est en plus confronté dans son métier à des disparitions, des morts, et des sévices infligés à des enfants. Et compte tenu des complicités, de la corruption et de l'indifférence du système, il ne peut faire grand chose pour aider les victimes et les familles. De nombreuses pistes le mènent au Paradise, une boîte de nuit, où de très jeunes filles s'exhibent dans des parodies de danse.

Le film est très soigné du côté de l'image, le metteur en scène crée une atmosphère et une esthétique. La vie des filles dans leur captivité est à la fois très pudique et sensible, à mon sens la partie la plus réussie du film. Certains commentaires reprochent au film son manque de récit, mais je crois que c'est un parti pris, de ne pas raconter une histoire, mais de plonger dans les obsessions et cauchemars de l'inspecteur. Et donc il poursuit des ombres sous la pluie, rejoue les même scènes, avec des variations. Cela peut être frustrant pour certains spectateurs, mais pour ma part j'ai trouvé que cela tenait la route.

Ce n'est pas un film parfait (il s'agit d'ailleurs d'un premier film), mais j'ai été prise par les images et par ce que cela racontait. Une forme intéressante et un vrai contenu, puisque entre 50 000 et 100 000 enfants disparaissent en Inde chaque année. Et que pas grand chose ne semble fait pour remédier à la situation. Le metteur lui-même a d'ailleurs été victime d'une tentative d'enlèvement, et à la naissance de sa fille, il parle d'une angoisse qui l'a poussé à faire ce beau film. Pour moi, un metteur en scène à suivre.

-Rosalie Blum-



Le quotidien de Vincent n'a rien de rock and roll. Ce trentenaire à la vie réglé comme du papier à musique n'est jamais sorti de sa petite ville de province. Il se contente de gérer le salon de coiffure légué par son père et les repas de sa mère, une taty Danielle plus vraie que nature (Anémone est grandiose) Sa petite amie, sans doute lassée de son immobilisme, s'est barrée à Paris. Un jour il croise une femme dont le visage lui rappelle quelque chose. Il ne sait pas trop quoi au juste, mais intrigué et sans doute inconsciemment mû par le besoin de pimenter sa vie, il décide de se lancer dans sa filature...

Cette chronique croisée de solitaires empétrés dans leur lose a déjé été traitée au cinéma, mais le cinéaste, adaptant la BD de Camille Jourdy, et cette dernière, y ont rajouté une touche plus personnelle, un petite intrigue dans laquelle ils vont se prendre au jeu, et nous avec. Chacun cherche son chat, et en focalisant la lumière tour à tour sur chaque personnage, Julien Rappeneau nous les raconte sous un regard différent. Tendre, poétique et joyeux, même si le sujet reste léger. Une petite comédie sans prétention mais qui m'a fait du bien, surtout après Médecin de campagne (Il faut que je vous en parle aussi)





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Nota bene importante:

Spoiler:

Aeriale a écrit:

-Rosalie Blum-

et côté BD on retrouve tout cela ici

huhu.

Spoiler:

kenavo a écrit:

Aeriale a écrit:

-Rosalie Blum-

et côté BD on retrouve tout cela ici

Merci Kena, j'ai trouvé l'histoire mignonne et très poétique, je pense qu'elle doit rendre vraiment bien en BD!!

animal a écrit:

huhu.

Spoiler:

Ah bon? la dernière fois que je t'ai vu tu en avais encore autant (façon de parler!) et pour le costume, en chemise à fleurs, c'était plus dur pour la filature

va falloir qu'on se recroise bientôt alors, pour voir en vrai ce que ça donne !

animal a écrit:

va falloir qu'on se recroise bientôt alors, pour voir en vrai ce que ça donne !

Bonne déduction

Pour ma part, je suis assez intéressée par Au nom de ma fille, tiré d'une histoire vraie, mais j'attendrai qu'il soit disponible en streaming pour le voir. Je n'y tiens pas spécialement sur grand écran.

Des retours sur ces deux films ?





Ce dernier ne passera peut-être pas par chez moi...

J'ai beaucoup aimé Kaili Blues. Je vais essayer d'en faire un commentaire.

Kaili Bleus / Bi Gan

Chen travaille comme médecin dans un dispensaire dans la ville de Kaili. Son histoire est compliquée, et nous l'apprenons progressivement et en désordre dans le cours du film. Son présent aussi est compliqué, car il est très attaché à son neveu, or un conflit, dont nous découvrons là aussi peu à peu les tenants et aboutissants, l'oppose au père de l'enfant, son demi-frère. Ce dernier finit pas céder l'enfant à un homme d'une autre ville. Chen part à sa recherche.

Si je veux rester rester objective, le démarrage du film est un peu lent, entre influences, envie sans doute de montrer tout ce qu'il est capable de faire au risque d'en faire un peu trop, et une histoire quelque peu complexe à saisir de prime abord. Mais le film trouve son rythme, sa respiration naturelle. Et dès que le voyage commence, ce fut un vrai enchantement pour moi. Le village, les personnages, tout ce que Chen arrive au final à dire de lui. Une sorte de douceur et d'apaisement s'installe. Il y a une sorte de climat de conte, de retour à l'enfance. On pourrait trouver que les oppositions sont trop tranchées (ville-campagne...) mais c'est un parti pris. Et cette façon de raconter la vie de Chen par bribes, correspond au final très bien à ce qui se passe dans la vie : personne se s'arrête tout d'un coup pour raconter toute son existence. On évoque un moment avec une personne parce que cela fait sens, un autre avec quelqu'un d'autre, on retrouve une photo ou un souvenir, on fait un rêve. Et le film reconstruit le rythme normal d'une une vie, avec au final une grande finesse.

Une formidable découverte, en espérant que ce beau film soit suivi de beaucoup d'autres.

De mon côté, j'ai aussi vu un film formidable, d'une énergie extravagante et vivifiante :


Les Ogres un film de Léa Fehner

Je suis ressortie de la séance avec le sourire aux lèvres et une envie folle d'aimer la vie ! Pourtant, le pari insolite de Fehner, celui de filmer la grande famille d'un théâtre forain essentiellement composé par sa propre famille (papa, maman, sœurette, neveux et nièces, etc...), était assez osé. Mais le pari est réussi ! Entre larmes et rires, sentiments exacerbés, crise de folie et joie bruyante, le film est un tourbillon de sentiments très forts, beaux, intenses, touchants. En choisissant de tourner sur un plateau à 360°, la réalisatrice semble elle-même emportée dans l'infernal tourbillon de la vie foraine et la caméra virevoltant entre les comédiens jouant la comédie offre d'intenses moments de folie et de transe.

On pourra trouver ce film peut-être un peu foutraque, trop violent, brutal, caricatural mais pour connaître un peu de la vie d'artistes sur les routes et sur les planches, j'ai trouvé le ton plutôt juste et les vies vécues à 200 à l'heure finalement réalistes.

Tous les acteurs sont excellents dans la douleur, les larmes, les cris et l'amour. Les histoires de chacun se racontent au fur et à mesure d'un film qui séduit par petites touches et laisse en souvenir une énergie à peine apprivoisée !

Ah, oui, celui-ci il n’est passé qu'une semaine et je l'ai raté. Je suis furieuse!

topocl a écrit:

Ah, oui, celui-ci il n’est passé qu'une semaine et je l'ai raté. Je suis furieuse!

ah oui, dommage ! nous étions quatre et nous avons tous été vraiment surpris par la masse d'émotions que ce film a fait naître en chacun de nous ; une sorte de catharsis bienvenue en ce moment morose...