Eugène Ionesco

Ce n'est pas ma préférée d'Eugène, mais c'est une véritable aventure vivante !
Je pense que le travail de mise en scène doit être très difficile.. je parle bien entendu
de la transformation progressive en Rhinocéros.

En tout cas, cette pièce est plus subtile que les pièces de Brecht, parfois :)

Sage de la littérature Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012

Héhé San.Romain, oui bien vu pour le travail de mise en scène mais pas seulement! Ionesco laisse des indications très précises pour le décor ...

Quelle est ta pièce préférée alors? Et pourquoi, surtout?! ange

Citation :: En tout cas, cette pièce est plus subtile que les pièces de Brecht, parfois :)

J'adore cette audace précautionneuse...
Ce rapprochement est intéressant. Tiens, il faudrait que je replonge dans Brecht!
Wink

Sage de la littérature Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012

Allez je poursuis mes commentaires.

Enfin je laisse la parole à l'auteur, plutôt :

Pour information, Eugène Ionesco relate dans son essai Notes et contre-notes, l’anecdote qui l’a conduit à écrire Rhinocéros.
Je mets en gras les passages les plus importants ! Wink

Citation :: « En 1938, l'écrivain Denis de Rougemont se trouvait en Allemagne à Nuremberg au moment d'une manifestation nazie. Il nous raconte qu'il se trouvait au milieu d'une foule compacte attendant l'arrivée de Hitler. Les gens donnaient des signes d'impatience lorsqu'on vit apparaître, tout au bout d'une avenue et tout petit dans le lointain, le Führer et sa suite. De loin, le narrateur vit la foule qui était prise, progressivement, d'une sorte d'hystérie, acclamant frénétiquement l'homme sinistre. L’hystérie se répandait, avançait avec Hitler, comme une marée. Le narrateur était d'abord étonné par ce délire. Mais lorsque le Führer arriva tout près et que tous les gens, à ses côtés, furent contaminés par l'hystérie générale, Denis de Rougemont sentit, en lui-même, cette rage qui tentait de l'envahir, ce délire qui "l’électrisait". Il était tout prêt à succomber à cette magie, lorsque quelque chose monta des profondeurs de son être et résista à l'orage collectif. Denis de Rougemont nous raconte qu'il se sentait mal à l'aise, affreusement seul, dans la foule, à la fois résistant et hésitant. Puis ses cheveux se hérissant "littéralement", dit-il, sur sa tête, il comprit ce que voulait dire l’Horreur Sacrée. À ce moment-là, ce n'était pas sa pensée qui résistait, ce n'était pas des arguments qui lui venaient à l'esprit, mais c'était tout son être, toute "sa personnalité" qui se rebiffait. Là est peut-être le point de départ de Rhinocéros ; il est impossible, sans doute, lorsqu'on est assailli par des arguments, des doctrines, des slogans "intellectuels", des propagandes de toutes sortes, de donner sur place une explication de refus. La pensée discursive viendra, mais vraisemblablement plus tard, pour appuyer ce refus, cette résistance naturelle, intérieure, cette réponse d'une âme. Bérenger ne sait donc pas très bien, sur le moment, pourquoi il résiste à la rhinocérite et c'est la preuve que cette résistance est authentique et profonde. Bérenger est peut-être celui qui, comme Denis de Rougemont, est allergique au mouvement des foules et aux marches, militaires et autres. Rhinocéros est sans doute une pièce antinazie, mais elle est aussi, surtout, une pièce contre les hystéries collectives et les épidémies qui se cachent sous le couvert de la raison et des idées, mais qui n'en sont pas moins de graves maladies collectives dont les idéologies ne sont que les alibis : si l'on s'aperçoit que l'histoire déraisonne, que les mensonges des propagandes sont là pour masquer les contradictions qui existent entre les faits et les idéologies qui les appuient, si l'on jette sur l'actualité un regard lucide, cela suffit pour nous empêcher de succomber aux « raisons » irrationnelles, et pour échapper à tous les vertiges. (…)
J'ai pensé avoir tout simplement à montrer l'inanité de ces terribles systèmes, ce à quoi ils mènent, comme ils enflamment les gens, les abrutissent, puis les réduisent en esclavage. On s'apercevra certainement que les répliques de Botard, de Jean, de Dudard ne sont que des formules clés, les slogans des dogmes divers cachant, sous le masque de la froideur objective, les impulsions les plus irrationnelles et véhémentes. Rhinocéros est aussi une tentative de « démystification ».

Eugène Ionesco, Notes et contre-Notes, Gallimard, 1962. (p.176-177)

L’extrait (un peu long, oui) est vraiment très instructif puisqu’il narre la genèse de la pièce. C’est toujours intéressant d’avoir ce genre d’anecdote qui montre le début de la création. Je suis toujours remuée par cet aspect. Cela tient à un petit rien parfois.
Ce que j’apprécie chez Ionesco est sa façon de laisser la réflexion du lecteur ou du spectateur émerger. Il se montre finalement très ouvert et en même temps révulsé par tous les totalitarismes sans pour cela livrer dans son œuvre une longue théorie.

(A suivre)

Ionesco a aussi écrit un roman, Le Solitaire, que j' ai sans l' avoir encore lu.

Sage de la littérature Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012

Ah oui?
Tiens intéressant Bix, je ne savais pas. Merci pour l'information. flower

Bon tu sais ce qu'il te reste à faire alors ... ange

Esperluette a écrit:: Ah oui?
Tiens intéressant Bix, je ne savais pas. Merci pour l'information.
Bon tu sais ce qu'il te reste à faire alors ...

Euh, non ! le lire, peut etre ? Eugène Ionesco - Page 3 444104

Sage de la littérature Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012

Oui!

Cela commence en général comme ça et on ne sait pas toujours comment cela se termine!
Es-tu prêt à vivre cette drôle d'aventure, Bix? innocent

Esperluette a écrit:: Oui!
Cela commence en général comme ça et on ne sait pas toujours comment cela se termine!
Es-tu prêt à vivre cette drôle d'aventure, Bix?

Voui ! Je le jure solennellement ! Wink

Sage de la littérature Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012

Youpi!

Mais il va falloir que je le lise aussi alors? Qu'en penses-tu? dentsblanches

Esperluette a écrit:: Youpi!

Mais il va falloir que je le lise aussi alors? Qu'en penses-tu?

Aucune obligation ! Meme quand je l' aurai lu... Mais si tu insistes, je peux te suggérer d' autres livres que j' ai lus et aimés... Une sorte de cadeau de Noel en quelque sorte ! Eugène Ionesco - Page 3 18687

Sage de la littérature Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012

bix229 a écrit:

Esperluette a écrit:: Youpi!

Mais il va falloir que je le lise aussi alors? Qu'en penses-tu?

Aucune obligation ! Meme quand je l' aurai lu... Mais si tu insistes, je peux te suggérer d' autres livres que j' ai lus et aimés... Une sorte de cadeau de Noel en quelque sorte ! Eugène Ionesco - Page 3 18687

C'est fair play comme réponse, j'apprécie! oui

Mais c'est toujours plus sympa quand même! Il faut que je consulte le site de ma médiathèque. Sinon par curiosité, combien de pages?
Et pour les suggestions pourquoi pas ... au moins un, je ne peux refuser un tel cadeau!
Wink

Mais tu peux refuser ! Eugène Ionesco - Page 3 774298

Je fais comme Coli, je profite de toutes les occasions...Allez, Un appartement, une femme, un roman... : Wilhelm Genazino. - Bourgois

Sage de la littérature Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012

Oui, merci de me le rappeler, Bix.
Je te remercie de cette réponse, de cette suggestion de lecture.
Et j'ai vérifié pour Ionesco qui n'attend que mon bon vouloir à la médiathèque.
Au plaisir.
Wink

bix229 a écrit:: Ionesco a aussi écrit un roman, Le Solitaire, que j' ai sans l' avoir encore lu.

Je l'avais lu également mais je n'en ai plus que de vagues souvenirs... excepté celui-ci : j'avais beaucoup aimé ! (comme quoi, c'est possible d'aimer et de ne plus pouvoir parler du livre... mais il était tellement vague et abstrait que je crois que j'aurais même eu du mal à le résumer tout de suite après lecture).
En tout cas, je serais davantage motivée pour relire celui-ci que Rhinocéros.

Merci Esperluette pour cet extrait qui éclaire sur les inspirations d'Ionesco.

Sage de la littérature Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012

colimasson a écrit:

bix229 a écrit:: Ionesco a aussi écrit un roman, Le Solitaire, que j' ai sans l' avoir encore lu.

Je l'avais lu également mais je n'en ai plus que de vagues souvenirs... excepté celui-ci : j'avais beaucoup aimé ! (comme quoi, c'est possible d'aimer et de ne plus pouvoir parler du livre... mais il était tellement vague et abstrait que je crois que j'aurais même eu du mal à le résumer tout de suite après lecture).
En tout cas, je serais davantage motivée pour relire celui-ci que Rhinocéros.

Merci Esperluette pour cet extrait qui éclaire sur les inspirations d'Ionesco.

Chouette alors...

ange

De rien, Colimasson.

Wink

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