Chroniques de la vie quotidienne

Marie - merci pour cette 'histoire en image'

Amapola a écrit:

Incroyable! Kenavo, tu sais, ma grande-mère en avait une commode comme ça, j'adorais, j'en cherche une depuis des années, mais je n'ai jamais retrouvé.

Ma mère l'a encore La prochaine fois que je serais chez elle, je prendrais une photo

Super! Ça aidera le euh... charpentier? Non... quel mot???

Et le merle a gagné, Marie ? Tant mieux, bravo le merle !!!

Bix m´a littéralement entraînée vers vos chroniques que je n´avais pas découvert jusqu´à présent.
Et puis quand Bix cite"Quand j'eus mes lunettes, tout changea. Je m'éveillai soudain dans un monde différent. Tout était devenu petit, décoloré, privé de sons. Tout était retréci, pali, muet. Tout avait pris une forme et des limites[quote]
Je reviens encore au vieux professeur de Pascal Mercier, si touchant, si captivant. Quand il sort de chez l´opticienne, avec ses nouvelles lunettes:
"Gregorius ôta les nouvelles lunettes, légères comme une plume, se frotta les yeux et chaussa de nouveau les lunettes. C´était possible: il y voyait mieux que jamais auparavant. Celà valait surtout pour la moitié supérieure des verres, par où il regardait le monde en levant les yeux. Les choses semblaient littéralement bondir sur lui, c´etait comme si elles se pressaient pour attirer à elles son regard (...).Mais le monde etait plus proche et plus opressant.." ( Train de nuit, première partie: le départ)

Parle nous donc de tes chroniques à toi -passées, présentes- Swallow, l'Hirondelle...

Au besoin, invente les !

Chronique des jours anciens.

L'enfance... Elle a un parfum d'éternité l'enfance, pour moi. L'enfance c'est
l'éternité meme. Ou alors elle est hors du temps: celui des adultes...

C'est la conscience qui y met fin.
Parceque les adultes parviennent à l'imposer. Ou parcequ'elle s'impose d'elle meme ? je l'ignore... Je m'en suis rendu compte beaucoup plus tard,
après l'avoir quittée et douloureusement.
Parceque la conscience, c'est la conscience du temps, du monde, des autres, de la mort et de l'impossibilité d'y échapper...

Je ne cherche meme pas à dire que l'enfance était une époque heureuse,
mais seulement hors du temps, linéaire, presque contractée en une seule saison, l'été.
L'été dans les limbes...
Dans mon enfance à moi, j'imaginais beaucoup et facilement. j'imaginais
pratiquement tout le temps. D'autant plus facilement que j'étais souvent
seul et livré à moi-meme.
Images et sons s'imposaient alors, parceque je n'avais pas encore la maitrise des mots. A peine l'usage de quelques uns.
L'enfant est un créateur naturel, un inventeur. Et ce qu'il imagine est
en fait la réalité meme. Sa réalité.
Je me souviens par exemple que le vent était un personnage.
Un personnage réel et concret. Mais c'étaient les arbres qui produisaient
le vent...
J'en parlais souvent, parait il. Je gribouillais des textes à son propos, mais comme ça plaisait, je crois que j'en rajoutais un peu. En toute
innocence...

La passion pour les mots m'est venue très vite...
Quand ma soeur me racontait des histoires ou m'en lisait, mon ravissement
allait au delà des mots. Au delà de tout, je crois.
Et les mots me manquent à présent pour en parler.
J'enviais évidemment le pouvoir magique que ma soeur détenait. Et quand j'ai appris à lire, j'ai acquis ce pouvoir à mon tour.
Il m'a rarement trahi ou fait défaut...

Mais cette magie-là -et il y en avait d'autres- on court après toute sa vie.
On appelle cela nostalgie, parceque c'est agréable et douloureux et inaccessible...

Bix,
quand tu nous offres des tranches de ta vie, je sens que ton imagination te permet de retrouver les sensations.

Je crois que tu n'as pas perdu ton enfance, elle a seulement grandi.

tu as plaisir à écrire et moi à te lire.

merci Bix

Bonsoir les couche tard, et les tahitiennes... Et les lève tot !

Amapola, que deviennent tes oiseaux surprenants ? Ils sont tous comme ça au Brésil ou seulement les tiens ? Il parait que nos animaux favorits nous ressemblent quelque part...

Les miens, en tous cas, -3 Bengalis et 1 Bec de corail, pour etre adorables,
sont quand meme plus prévisibles...!

J'ai trois nouveaux hôtes temporaires. La mère et deux de ses filles, l'une nous n'avons pas pu sauver des fortes pluies et vents qui sont tombés il y a deux semaines.
Le nid était très bien accroché à une branche de bougainvillier juste devant la fenêtre du bureau, mais le vent les a délogées. Heureusement j'étais par là et le peintre aussi, et nous avons récupéré les deux survivantes.
Puis j'ai capturé la mère, qui n'arrivait pas à calmer ses filles pour leur donner à manger.
Maintenant elles ont presque la taille de leur maman, et sont aussi belles que possible pour des femelles de fringilideo, c'est-à-dire, des petits oiseaux d'un gris un peu olivace, qui ne chantent pas. Pourtant c'est charmant de les voirs voletant dans la cage. La semaine prochaine je leur ouvrirai la porte. Mais je laisserai la cage ouverte et avec des graines dedans, on ne sait jamais, elles pourront avoir besoin de quelque chose et même d'abri au cas où le temps se gâche de nouveau.
Ce qui nous a beaucoup amusé c'est le papa. La disparition de sa petite famille ne l'a nullement atristé, et il est réaparu, deux jours après avec une nouvelle épouse, flambant neuve... J'ai l'impression qu'il a fait un autre nid, cette fois sur le toit. Au moins les petits ne tomberont, j'espère.

Beau sauvetage Amapola !

pffffffffff le papa revenu avec une nouvelle femme, c'est bien un mâle

caresses à toutes tes plumes et aussi à la Toutoune !

Je suis très sensible aux propos de Kenavo et d'Amapola sur la magie que
l'enfant confère à son environnement immédiat et notamment aux objets.
Par contre, il y a des objets qui n'éveillent en rien l'imagination, pire, ils provoquent un rejet absolu...

Ma soeur m'avait abondamment parlé d'un objet magique qui permettait de façonner ce qu'on voulait. Ce n'est certainement pas ce qu'elle avait du dire en fait, mais c'est ainsi que j'ai interprété. L'objet en question, c'était le
mécano, et dans mon imagination, ça ne pouvait etre que l'équivalent de
la baguette magique...
Pauvre de moi !
Vint la veille de Noel, cette année là, et ma soeur -nouvelle imprudence-
me dit qu'elle croyait savoir que le Père Noel pourrait m'apporter un mecano...

Je n'en dormis pas de la nuit évidemment... Je me souviens nettement
m'etre imaginé tout ce que je pourrais faire avec ce mécano-là.
Entre deux délires éblouissants, j'ai décidé de créér une poule (je vous jure !). Et elle serait tellement ressemblante que lorsque je la mettrais dans
le poulailler, les autres poules n'y verraient que du feu !

Vint le matin tant atendu. Je me trouvais tout à coup devant une boite
en carton, plate et de dimensions modestes.
J'avais immédiatement compris qu'il n'y avait rien à attendre de cet objet.
Et malgré ma déception immense, je sus aussi qu'il ne fallait pas décevoir les autres. J'ouvris donc la boite la mort dans l'ame.
Misère !
Je me trouvais devant un petit tas de plaques de métal trouées, des boulons, des clés. L'horreur ou pire la banalité. Le néant...

Il y a des déceptions, des blessures dans l'enfance qu'on n'oublie pas et
dont on ne se remet pas tout à fait...

Citation :

Il y a des déceptions, des blessures dans l'enfance qu'on n'oublie pas et
dont on ne se remet pas tout à fait..

Oui...
Moi, c'était un garage. Et il n'était pas pour moi, il était pour mon petit frère. Je savais qu'on lui avait acheté un garage.
Le problème, c'était les fêtes. Toujours un carnage, ces fêtes. Parce qu'il fallait faire semblant, c'est Noël, youpi, huitres, cadeaux et décoration du sapin.
Et il y avait toujours une guirlande qui ne s'allumait pas, une huitre rebelle au couteau, et voilà. L'huitre partait contre le mur, le sapin, je n'en parle même pas, et quand mon petit frère , Laurent, j'ai envie de prononcer son prénom,a voulu ouvrir son cadeau, il n'y avait plus que des miettes de cadeau. Piétiné, le garage, les autres aussi.
Je n'ai jamais aimé les fêtes...
J'en pleure encore des larmes de rage.
T'as raison, Bix, il y a des blessures d'enfance dont on ne se remet jamais.
Excusez moi,, ça fait 17 ans aujourd'hui qu'il a choisi ( enfin, choisi...) d'aller voir si ailleurs il y avait des garages.

bix229 a écrit:

Il y a des déceptions, des blessures dans l'enfance qu'on n'oublie pas et
dont on ne se remet pas tout à fait...

La blessure de mon enfance n'a rien à voir avec un cadeau ou une autre 'chose' - c'est une phrase. À l'âge de 9 ans -j'étais la plus jeune de 2 soeurs, la plus jeune de tous les enfants de la famille autour, la chérie de papa et il était le héros de mon enfance (j'avoue - je ne fais pas l'exception de milliers d'autres petites filles ) - ma mère nous disait qu'elle était enceinte - avec l'ajout: votre père aimerai bien avoir un garçon.
Cette phrase m'a tué! Elle m'a tourmenté.. et je peux vous dire - j'ai prié (tout comme une petite fille de 9 ans s'imagine le rôle de prier: on veut avoir quelque chose alors on demande ) que ma mère aurait une petite fille
Et non.. c'était un garçon..
(bien que j'ai quand même eu raison - mon frère est homosexuel je sais... c'est à cause de moi )

Dans mon enfance, heureusement, il n'y a pas eu que des reves détruits,
des chateaux en Espagne rasés. J'ai parlé de la lecture et du reve...Il y a eu aussi la magie permanente du lieu où j'ai vécu enfant, dans ce coin de campagne, près de Nimes.

Je me promenais souvent dans le jardin, et au printemps ou en été, il m'arrivait souvent de m'allonger sous un arbre.
Je ne dormais pas, je regardais autour de moi, je revassais. Il y avait aussi
les nuages qui défilaient...
A rester ainsi, il était fréquent que des oiseaux s'approchent et m'observent sans crainte apparente. Parfois des lézards et meme des serpents... Il suffisait de rester immobile... Moments surprenants, où l'on
se sent vraiment partie d'un tout, sans hiérarchisation ni préférence...
Je pense que c'est à cette époque que j'ai vraiment aimé la
nature et les animaux que je voyais. Et qu'ils m'ont manqué plus tard comme une sorte de paradis perdu...

... Et retrouvé en partie depuis quelques années. Malgré, malgré...

Je n'ai peut etre rien bati de solide, mais vous l'avez compris, ce que j'ai vu et vécu à ce moment, a quand meme résisté à l'épreuve du temps.

Marie et Kenavo, vos souvenirs sont beaux et émouvants... Merci...

Je vous lis (touchée) mais ne trouve pas le temps d'écrire pour cette rubrique...Alors je vous ressers ce texte des Pêle-Mêl'Ancolies de coline:

Petite




Je jouais, avec mes frères et mes cousins, dans la cour de ma Mémé Benoîte, une cour qui possédait une pente vertigineuse. Les garçons, des casse-cous, s’y laissaient descendre à toute vitesse à bord de leurs voitures à pédales.
Le grand jardin allait ainsi , descendant jusqu’à un petit ruisseau appelé le Soleillant.
Dans ce jardin, je me souviens d’un noisetier : nous étions toujours très impatients de cueillir les noisettes et Mémé Benoîte nous grondait car elle voulait les faire sécher. Elle avait raison, nous le savions bien, car elle nous régalait plus tard de poignées de noisettes séchées que nous mangions avec du pain beurré pour notre goûter, et il n’y avait rien de plus délicieux…ou alors juste ses chaussons à la pomme à Mémé Benoîte…et puis aussi sa pâte de coing…
Le grand jardin fut longtemps notre aire de jeux, du temps où mes parents habitaient « en ville », rue de "la Font-qui-pleut".
Quelques années après la mort de mon grand-père, mes parents ont fait construire une grande maison à l’emplacement de ce jardin, après avoir fait remblayer l’extraordinaire descente au Soleillant.
Nous habitions désormais tout à côté de ma mémé Benoîte, et nous passions sans cesse de sa maison à la nôtre.
Je la trouvais belle et élégante, ma mémé Benoîte. Elle avait de magnifiques yeux bleus et se parait d’étoles en fourrure impressionnantes. Je dis « impressionnantes » car elles étaient de belle taille, enveloppant largement ses épaules et ses bras, mais aussi parce que j’en avais un peu peur... d’autant que parfois il y avait même la tête de l’animal aux extrémités !
Mémé Benoîte élevait des poules qu’elle attrapait et tuait elle-même avant de les plumer et de les cuisiner quand elle réunissait sa grande famille…Et aussi des lapins : nous leur donnions à manger et un jour nous les retrouvions pendus par les pattes , déshabillés de leur fourrure par Mémé en tablier, les manches retroussées et les mains baignées de sang… Est-ce là l’origine de mon dégoût pour la viande ? Je ne sais …En tout cas, ce sont d’horribles souvenirs bien ancrés dans ma mémoire…
Je l’aimais pourtant et je l’admirais ma Mémé Benoîte.
Maman et elle, tout en tricotant, avaient coutume de chanter… Je redemandais toujours à entendre « Les roses blanches » sachant bien pourtant que cela allait me faire pleurer… Je me souviens avoir souvent tendu en avant mes deux bras face à l’une d’elles afin qu’elle puisse y enrouler de la laine qui venait d'être lavée : celle d’un pull qui était devenu trop petit, laine « détricotée » avant d’être ensuite réutilisée…
Nostalgie…