Chroniques de la vie quotidienne

Il est 23h30, presqu'enterrée sous la neige, bien au chaud dans ma maison, au sud de Montréal, dans le Québec, je viens de lire toutes les chroniques de la vie quotidienne. Que de bons moments j'y ai passés. Toute vie, aussi banale puisse-t-elle paraître renferme son lot d'instants de rêves, de petits et grands bonheurs et aussi de malheurs. Merci pour ces instants privilégiés.
Il fait bon vous lire.

Emyole a écrit:

Merci pour ces instants privilégiés.
Il fait bon vous lire.

Oui, merci pour vos petits bouts de vie. Ces souvenirs d'enfance sont profondément touchants, Ils sont là, postés dans l'instant, ancrés dans la mémoire et si à vif pourtant. C'est toujours avec tendresse qu'on les découvre, car pour moi, ils sont les marques les plus intimes de chacun. Ce sur quoi on doit se construire après, la trâme de nos vies.
Merci pour votre générosité

Emyole, raconte toi. Raconte nous tes chroniques québecoises...

Emouvants vos souvenirs d'enfance !

à tantôt

C'est vrai, je trouve ces chroniques, les vôtres, merveilleuses. Je passe tellement de bons moments à vous lire... un vrai plaisir... peut-être un jour oserai-je moi aussi y participer ?
En attendant, continuer...

Lors de ma lecture du livre Parle-moi du troisième homme de José Carlos Llop, j'ai trouvé le passage suivant, et je trouvais qu'il aurait sa place dans ce fil

Je me rappelle cette nuit comme si c’était la première nuit de ma vie. On ne sait jamais quand commence la vie. La vie de chacun est affaire des autres, jusqu’au moment où elle cesse de l’être, dans une fulgurance de la mémoire. La mémoire est comme le coup de pistolet du stater. La mémoire est le coup de feu qui marque le commencement de la vie, le soulignant de l’écho de la détonation. Et pourtant, par la suite, on n’est jamais vraiment maître de sa propre vie, même si on est convaincu du contraire : elle apparient à nouveau aux autres, comme les marchandises capturées par un bateau corsaire. Personne ne gouverne seul sa propre vie, personne n’est seul, même quand il l’est le plus : il y a toujours des mains à l’autre extrémité des fils. Seul, on va au cinéma – une vie d’une autre sorte qui nous fait vire de façon plus intense notre propre vie -, mais seul, on ne va pas à sa propre vie. Quand on est seul, c’est la mémoire qui fait démarrer la vie et on marche seul vers la mort, sans cinéma et sans mémoire, probablement. C’est tout.

Merci de ces lignes Kenavo...Ce Jose Carlos LLop va me plaire je crois...J'aime beaucoup tout ce que tu as cité de lui ici ou là...(Ce soir ou demain j'attaque Le messager d'Alger)

Bien lu, bien vu Kenavo. Cette phrase est superbe et elle a tout a fait sa place ici... Quant à Llop, j'étais déjà convaincu...

En échange, je propose un extrait de Chaves d'Eduardo Mallea (Gallimard), qui est aussi une chronique...On le "sent", je crois...

"La jeune fille se nommait Pure. Elle avait un air froid, lointain, non point timide, mais comme détaché, dissocié des choses banales de la vie auxquelles les gens accordent généralement une valeur décisive.
Elle semblait mener une vie à part, batie uniquement à son intention,
pièce par pièce, et n'avoir, en quelque sorte besoin de personne, d'aucune
attache, d'aucun lien.
Ses grands yeux sauvages exprimaient clairement cette propension à s'abstraire et à s'évader qui était dans son caractère.

Ce fut une modification difficile et délibérée, une transformation qui demanda tout un apprentissage. Il s'appliqua avec un courage triste et forcené, à adopter cette nouvelle attitude. Il réfléchit que toute possession, toute tentative de possession, commence par un appel, et
que le résultat dépend de l'intensité de cet appel et de sa forme.
Aussi décida t'il de lancer ce cri et, pour cela, de parler.
Que de volonté il dut dut soudain rassembler pour l'appliquer à ses inventions nouvelles, qu'il tendait en l'air comme des filets pour capturer
sa proie. Avec quelle fureur désespérée il se précipita sur le langage
afin de ne pas échouer.
Comme il remplissait ses nuits et ses journées d'inventions, de thèmes et
de motifs, de questions et de problèmes, de prétextes et de simulacres
et de raisons et de fictions.
Il fallait parler, parler, dire et répéter, raconter et encore raconter, pour
emprisonner Pure dans un cortège de paroles qui la lui rameneraient
reconquise..."

bix229 a écrit:

En échange, je propose un extrait de Chaves d'Eduardo Mallea (Gallimard), qui est aussi une chronique...On le "sent", je crois...

Merci pour cet extrait.. je connais Eduardo Mallea avec le livre La ville au bord du fleuve immobile, mais là tu me donnes envie de le re-découvrir ..

Hasard, lu ce soir
Wallace Stegner ( Kenavo )Vue cavalière

M'est revenue une observation de Willa Cather: on ne peut pas peindre la lumière du soleil, mais seulement ses jeux d'ombre sur un mur. Quand on examine sa vie, comme Socrate nous y engage depuis des siècles de façon un tantinet appuyée, n'examine-t-on pas plutôt les ombres qu'elle projette sur d'autres vies? Une chose en soi ou bien des interférences? Une réalité objective ou bien le point de fuite d'un exercice aux multiples perspectives? Le prisme ou bien les couleurs de l'arc-en-ciel qu'il réfracte? Et si l'on était soi-même le mur en question? Et si l'on ne projetait jamais d'ombre ou d'arc-en-ciel à soi, qu'on ne fît que capter ceux des autres?

Marie a écrit:

Hasard, lu ce soir
Wallace Stegner ( Kenavo )Vue cavalière

Merci pour cet extrait.. cela me donne envie de découvrir cet auteur

Pas tout à fait une "chronique de la vie quotidienne" mais puisque nous devons ce fil à Bix et que c'est à lui que j'ai dû penser lors de ma lecture, je voudrais mettre mon message ici.
Lors de la lecture du dernier livre de Claudie Gallay Les déferlantes, j'ai pensé que cela pourrait être un livre pour Bix - la narratrice nous fait part de ses observations des oiseaux -migrateurs et autres- et les personnages qu'elle montre à côté de cette narratrice sont tous faits pour venir dans ce fil
Et en plus j'ai constaté que le mot italien pipistrello pour chauve-souris existe aussi en français - pipistrelle

Pas très littéraire ma chronique de vie quotidienne du jour mais je vous la livre quand même car j'ai vraiment besoin d'une thérapie.
Cela fait deux ans que 2 mamies s'obstinent à nourrir des chats errants devant chez nous et ces derniers me harcèlent en passant, chacun leur tour, devant ma porte vitrée, me scrutant du regard, s'alanguissant sur mes pots quand j'ai le dos tourné, se faufilant entre mes herbes pour m'y abandonner leurs ignobles déjections, me scrutant encore du regard et ne partant à reculons que lorsque je leur balance un verre d'eau, dormant sous mon sapin norman, dédaigneux mais non apeurés par la frontière de moutarde que je tente d'élever pour marquer MON espace, profitant d'une fenêtre entrouverte pour violer mon intérieur, piquer les croquettes dans le bol de la Finette... enfin, hier, excédée, je décide de prendre mon téléphone pour régler l'affaire.
Service de l'hygiène, hôtel de ville. Quelle ne fut pas ma naïveté!
"- Mmm... et alors... que voulez-vous qu'on fasse... Mmm... Pouvez-vous me donner votre adresse... Votre nom... ?"
Ainsi apprenais-je que non seulement les mamies sont protégées, mais leurs chatzaussi : il ne s'agit plus de chazerrants mais de chats LIBRES!
La Spa est venue l'an dernier pour les embarquer et les a rapportés sur le même lieu tatoués et vaccinés
La moutarde me monte au nez, je me sens trahie, j'ai honte, tout le monde va savoir que j'ai pratiqué la délation, fantasmé la venue d'un fourgon, penser que je suis réac...
Je vous mets au défit de taper "comment se débarrasser des chats errants" sur Google et de trouver autre chose que protection, Jacques Dutronc, les amis, voisin fou au fusil, intolérance, la spa interpelle le maire, le chat qui danse, protéger, nourrir, code pénal, magnifiques familiers et farouches, sauver, nos amis, véritable politique de la ville pour ces populations félines...
Merci d'avoir pris le temps de compatir à ma douleur.
Ils sont là. Ils me scrutent. Je suis hagarde. Maintenant ils passent deux par deux. Bientôt ils seront des milliers. A bientôt peut-être. ***

Babelle a écrit:

Merci d'avoir pris le temps de compatir à ma douleur.
Ils sont là. Ils me scrutent. Je suis hagarde. Maintenant ils passent deux par deux. Bientôt ils seront des milliers. A bientôt peut-être. ***

Merci à toi Babelle pour nous avoir fait partager les moments souvent cruels que la vie de voisinage t'inflige! Un moment désopilant comme d'hab
Ne te plains pas trop, ici ce sont les pigeons que des beaufs éperdus de sollicitude nourrissent béatement