Quand je fais le tri de mes souvenirs d'enfance, je me rends compte qu'il y a pas mal de violence et de cruauté...
Je vivais dans un milieu paysan essentiellement pauvre.
La chasse était pratiquée, pour apporter un supplément alimentaire et le gibier était encore abondant. En plus, on le laissait se renouveler.
Rien à voir avec le passe temps actuel, guerrier, inutile et dangereux...
La colère des petits paysans était justifiée quand une belette ou une fouine rentrait dans le poulailler en égorgeant leurs volailles.
Mais ils savaient que les chiens errants pouvaient faire encore plus de dégats.
Il y avait trop de battues systématiques contre les animaux jugés "nuisibles". Les rapaces étaient mal vus.On les abattait et les chasseurs étaient fièrement photographiés avec leurs trophées dans le journal local.
J'ai meme entendu parler parler des chouettes qu'on clouait sur les portes
des granges. Les peurs et les superstitions ont la vie dure...
Mon père lui, avait un comportement atypique. Non seulement il ne chassait pas, mais il aimait tous les animaux. A l'exception des serpents
-et tout ce qui y ressemblait- pour qui il avait une répulsion irraisonnée.
Par contre , c'était un véritable drame quand il fallait tuer une poule ou un lapin pour le repas dominical !
Pour se mettre en condition, il était forcé de se mettre en colère...
Et c'était pire encore quand il fallait tuer d'innocents chatons.
Il en était véritablement malade avant et après...
Mais le pire de tout, c'était le cochon.
Il est évident que pour des paysans pauvres, un cochon etait une bénédiction. Dans le cochon tout est bon, c'est connu, et c'était de la viande pour toute l'année.
Mais quelle épreuve !
Nous faisions venir un boucher que nous payions en viande. Tout comme
les amis qui venaient nous aider.
Mais la nécéssité évidente ne peut empecher dans l'esprit d'un enfant sensible l'idée qu'il s'agit d'un meurtre organisé.
Et si on voulait l'oublier, le cochon est là pour vous le rappeler.
On pense que les animaux n'ont pas la préscience de la mort.
Quand il s'agit du cochon, je suis persuadé du contraire.
Il suffit d'avoir entendu une fois dans sa vie crier un cochon quand on
va le chercher pour le tuer.
Ces cris horribles, je les entends encore chaque fois que je les évoque.
Le coté festif et convivial qui suivait gommait un peu l'horreur de la chose.
Jusqu'à la prochaine fois...