Chroniques de la vie quotidienne

kenavo a écrit:

En visitant ce soir la manifestation "Art & Light" et en voyant cette citation de Oscar Wilde, j'ai dû penser à cette discussion concernant l'amour

Reconnaissance et amour ne sont pas tout à fait la même chose. La reconnaissance est réfléchie, volontaire ; l’amour est un sentiment irrationnel…enfin, peut être pas tout à fait irrationnel, nous diraient les chimistes, sociologues ou autres ethnologues mais en tant cas intuitif.

Est-il un sentiment si noble que cela ou comporte t-il intrinsèquement en lui, plus ou moins inconsciemment, l’espoir de recevoir quelque chose…l’amour sert-il comme justification anoblie de nos besoins ; ainsi que l’oubli, ne serait-ce qu’un instant, de nos insuffisances ?
En clair, comme l’insulte est une réponse à la frustration, l’amour est-il une réponse à un manque ?

C'est vrai : la reconnaissance et l'amour sont différents, mais c'est vrai aussi que c'est une attitude courante chez les parents d'attendre de la reconnaissance de leurs enfants...
Meme inconsciemment et meme quand l'amour et l'affection sont là.
Et quand la reconnaissance devient un devoir, elle se transforme en tyrannie. Et c'est ce
dont se plaint Kafka...

La citation de Wilde est jolie, mais l'amour ne suffit pas toujours et Wilde
était bien placé pour le savoir, lui qui en a payé le prix...

Anachronique

Chez nous, en France comme ailleurs, la société est devenue urbaine.
Les campagnes se sont vidées, désertifiées ou sont devenues la proie de
l'agriculture industrielle.
Les villes surtout les grandes, sont hypertrophiées, agitées, congestionnées. Une sorte de jungle darwinienne malsaine où survivent
surtout les mieux adaptés, les plus compétitifs. Ou les résignés qui n'ont pas le choix. Les riches.
Dans le pire des cas, il y a ceux qui sont rejetés. De plus en plus jeunes,
alcoolisés et précarisés. Clodos éthyliques sans avenir, sans droit de cité réel. Sans meme celui de mendier ou de dormir.
Qui n'a vu ces bancs publics armés de ferraille pour empecher qu'on y dorme...
Il y a aussi ceux qui ont été chassés du centre ville à cause du cout de
la vie, mais aussi à cause de la dangerosité présumée qu'on leur préte...
Et qui vivent dans des cité dortoirs, des cités poubelles, des ghettos explosifs.

Mais je voudrais parler un peu de tous ces gens qui peuplent les grandes villes, et qui avaient des parents ou des grands parents paysans ou en tout cas ruraux. Et qui s'efforcent de l'oublier.
J'en ai connu des tas à Toulouse, qui venaient d'un village ou d'une ferme
du Gers, de l'Ariège, de l'Aveyron, du Tarn, du Tarn et Garonne, de l'Aude,
et d'ailleurs.
La ville de Toulouse est grosse de tous ces gens qui refusent de parler
de ce village ou de cette ferme et qui n'y retourneront plus.
Et qui se veulent Toulousains à 100 % de toute éternité...
On vit désormais dans une société aculturée, fascinée par le nimporte
quoi et la fuite en avant comme ces animaux dont j'ai oublié le nom
et qui vont se noyer, pris d'une impulsion collective aveugle et mortelle.
On ne songe meme pas à préserver ce qu'il pouvait y avoir d'authentique
dans la civilisation paysanne.
Au mieux on se réfugie dans une nostalgie sans objet parce qu'irréelle.
Au pire, on momifie, on stérilise, on fait du pitoresque ou des musées
à la gloire poshume des autochtones, comme ce musée des "arts premiers".
De temps en temps, on sort des vieux tracteurs sur les places publiques,
et on fait des vide greniers tristes, parceque tout ce qui avait une valeur
-marchande- a été vendu à des brocanteurs avisés depuis longtemps...
Les néo ruraux mettent des charrettes ou des charrues dans leur cour,
et les plus riches transforment leur ferme en ranch.
J'ai meme vu dans village voisin, une vieille Buick des années 60 en train de rouiller devant une maison où elle est exposée.

La campagne elle meme, est plutot déserte ou convoitée par les investisseurs de lotissements ou la propriété de l'agriculture industrielle.
En tout cas celle que je vois et où je vis. Mais je trouve encore des coins ignorés de tous...
Nostalgique du bon vieux temps moi ? Mais le bon vieux temps n'esiste pas
et n'a jamais existé.
Non, je regrette la beauté saccagée - y compris dans les villes : oh Baudis, oh Toulouse !- bien plus que d'un temps qui
n'ést bon que dans l'esprit de ceux qui vieillissent et qui rejetent
craintivement tout ce qui leur parait jeune ou nouveau.
Parceque ça les rapproche de leur mort...

Il fut aussi le temps où, ayant des revenus très moyens, voire modestes, beaucoup de familles qui voulaient tout de même accéder à la propriété se voyaient incitées à acheter...
A acheter à la campagne! Lotissement de village, fermette à restaurer...Les prix étaient moins prohibitifs qu'en ville...Il y avait même de sérieuses différences. Alors le rêve devenait accessible d'autant que les banquiers étaient peu regardants...

Et ce temps-là fut un temps de relatif bonheur. Les petits grandissaient en bordure des champs, des forêts , des étangs...Au calme, et profitant des plaisirs qu'offre la nature au fil des saisons plus visibles qu'à la ville...Un bonhomme de neige, les premières violettes, les mûres, les châtaignes...

Papa et Maman partaient travailler en voiture le matin à la ville et rentraient le soir . Le week-end, ils tondaient la pelouse, s'affairaient au jardin, allumaient des barbecues avec leurs copains...
Et puis comptaient l'argent...Parceque les fins de mois étaient parfois difficiles...

Or, le prix de l'essence a considérablement augmenté cesderniers mois...
Que faire? On n'avait pas prévu que ce serait aussi important et en si peu de temps...Ces familles sont tout simplement prises au piège. En plus les enfants qui ont grandi doivent faire des études...
Il s'avère impossible de garder la maison...Il faut la vendre avant d'être trop endetté...
Mais voilà...les acquéreurs de ces petites maisons à la campagne commencent à se faire rare...
A vendre...
Les pancartes se multiplient aux abords des villages...
A vendre...
Les pancartes restent accrochées longtemps aux portails des maisons...
A vendre...
A l'intérieur de la maison, on désespère: ne reste plus qu'à envisager de vendre à perte avant d'être carrément saisi...
Les prix baissent et malgré tout c'est toujours A vendre!...Les pancartes se déglinguent, se décolorent, se décrochent ...

Je circule et regarde, mois après mois, la peinture des pancartes qui s'écaille...Leur multiplication aussi sur une même maison parce que plusieurs agences s'en occupent...sans résultat...
Je cherche une maison...Oui, je les regarde...Certaines pourraient peut-être me convenir...
Mais elles se présentent à moi au terme douloureux d'une partie de leur histoire ...
Et je les vois frappées du sceau du malheur...Du malheur de leurs propriétaires qui sont contraints de s'en séparer...

Chronique ou histoire vraie, Coline ?

Chronique animalière

Pour le punir de lui avoir fait peur, elle a attrapé le petit serpent, et elle
l'a enfermé dans un bocal en maugréant...

Mais comme elle aime les animaux sauvages, elle l'a rapidement libéré et au meme endroit, en disant qu'il avait les pupilles rondes et que c'était une couleuvre !

Chronique des autres :

"Un jour tu croises quelqu'un
Tu lui demandes : "Mais où sommes nous ,
Sommes nous en vie ? Sommes nous morts ?
Ici, est-ce la terre ? Est-ce le ciel ? Est-ce l'enfer ?"
Tu entends, tu crois t'entendre répondre :
"Où vous décidez d'etre, vous etes".
Alors tu poursuis ton chemin."

Michel BUTEL - L'autre livre.

Chronique d'humeur

Au risque de heurter des sensibilités, je dirai que je commence à en avoir
par dessus la tete de voir de voir dans mon jardin des animaux sauvages tués et déchiquetés -parfois empoisonnés, écrasés-. Oiseaux, couleuvres, hérissons, musareignes, crapauds...
Les responsables dans le premier cas ? Les chiens errants et surtout les chats, qui meme le ventre plein, ne peuvent s'empecher de tuer. Et derrière eux, leurs maitres responsables / irresponsables évidemment...
On me rétorquera, les lois de la nature, le darwinisme... Je ne voudrais pas faire de la morale envers les animaux domestiques, encore que par nature, ma préférence se porte plus volontiers vers les faibles que vers les forts,
et vers les chassés que les chasseurs...
A ceux qui me trouvent injustes, je répondrai que près de 1OO000 chiens sont abandonnés tous les ans et pas seulement en été.
Et que ceux qui vivent enfermés dans des chambres en villes ou au bout d'une chaine à longeur de journée ne sont guère mieux lotis. Sans oublier les chiens de chasse parqués dans des enclos...
Des milliers de chats et chatons sont abandonnés aussi et seront piqués
dans des refuges et des fourrières. Alors que la solution est dans la stérilisation.

Bix, d'accord avec toi sur l'irresponsabilité des maitres quant à la stérilisation.

mais pour ce qui est des chats et des chiens qui tuent les petits oiseaux, les petits animaux, difficile pour un maître, même très responsable quant à l'éducation de ces animaux, de les en empêcher. Nous avons souvent, lorsque nous le pouvions ouvert la gueule du chat pour délivrer une tourterelle ou un petit mulot, ou un lézard de la gueule de la chienne. Mais évidemment je regrette la disparition de certaines espèces.

par contre si les gens ne laissaient pas vaquer sans surveillance leurs chiens il y aurait moins de problèmes entre chiens, pour les autres animaux, les gens. La solution ? éduquer les maîtres, mais c'est une autre histoire.

à tantôt

Chronique animalière

Les visiteurs nocturnes sont nombreux à cette époque de l'année où je
laisse les volets et la fenetre ouverts tard le soir...

Ce sont surtout des insectes : papillons, sauterelles, grillons. Des araignées aussi se font piéger, et il me faut les capturer pour les relacher
dehors.
Je pense que ça en amuserait plus d'un de me voir courir derière un grillon,
pour lui expliquer qu'il risque de se faire écraser...
C'est que c'est familier un grillon et meme attendrissant.
Les papillons de nuit sont souvent très beaux, meme s''ils n'ont pas les couleurs éclatantes de ceux du jour.
Les noctuelles par exemple sont des petits papillons couleur bronze avec
des motifs délicats d'une autre teinte.
Il y a aussi un insecte gracieux,aux ailes d'un vert tendre et transparent.
Visiteur plus rare, une petite mante religieuse posée sur le dernier livre de la pile sur ma table de nuit. Opalescente, la tete mobile et les pattes de devant repliées et redoutables. Il parait que les femelles,
nettement plus grosses, s'en servent pour bouffer les males après l'acte sexuel.
Et puis, hier soir, un phasme.
Qu'est-ce qu'un phasme ? une brindille de bois sec... Enfin une brindille remarquablement imitée avec un insecte dedans.
Le phasme est un as du camouflage et du mimétisme. C'est sa seule arme
avec l'immobilité face aux prédateurs.
Il en existe une autre espèce qui imite parfaitement une feuille d'arbre
avec ses nervures.
Les animaux sont des artistes naturels. Et l'art imite la nature.
J'ai aperçu aussi avec étonnement et joie un insecte énorme qu'on annonce parfois disparu, le lucane - cerf volant. Je crois que c'est un coléoptère comme le hanneton avec des mandibules énormes et le meme
vol lourd et bourdonnant.

Et il te répond quoi, le grillon?
Un peu du même genre...obligée de regarder où je mets les pieds pour ne pas écraser une fourmi.. tellement plus actives et organisées que moi...

Organisées les fourmis ? C'est sur et plus résistantes aussi...

Elles pourraient bien nous succéder un jour quand l'humanité aura disparu

Meme chimiquement dopés comme des coureurs du Tour de France les tournesols,

quelle splendeur !