Chroniques de la vie quotidienne

Coline, mon ami Adalberto n'est resté que quelques mois en France.
Il est rentré chez lui après une année universitaire et plus personne
parmi ses amis n'a eu désormais de ses nouvelles.
Tout le monde a été étonné, car c'était un type chaleureux et amical.
Je n'avais pas ses coordonnées au Brésil et je n'ai pu lui écrire...

Je préfère penser qu'il a tourné la page universitaire française, et que sa vie et ses occupations
l'ont absorbé...Mais j'ai des doutes.

Adalberto avait des convictions sociales et politiques et il voulait les mettre en pratique....
Le Brésil d'alors était un pays où la violence était grande et surtout dans les grandes villes.
Je me souviens d'un documentaire que j'ai vu à la télé à l'époque.
Des policiers reconnaissaient froidement qu'ils abattaient les gosses des
rues comme des rats, parceque disaient ils, ce sont des nuisibles et des
criminels nés. Autant valait les éliminer.
Dans un pays où la vie d'un enfant pauvre compte si peu, on ne peut que craindre pour les idéalistes qui pensent autrement...

Merci Bix pour nous conter de si belle manière tes souvenirs !

Marie bravo pour la nouvelle version .

à tantôt donc pour la suite

bix229 a écrit:

Coline, mon ami Adalberto n'est resté que quelques mois en France.
Il est rentré chez lui après une année universitaire et plus personne
parmi ses amis n'a eu désormais de ses nouvelles.
Tout le monde a été étonné, car c'était un type chaleureux et amical.
Je n'avais pas ses coordonnées au Brésil et je n'ai pu lui écrire...

J'aurais tant voulu qu'il y ait une suite à cette belle rencontre...

Je vous le disais : les souvenirs ne vivent vraiment que s'ils sont revisités...
Après t'avoir lu, Coline,je me suis me souvenu d'une anecdote concernant Adalberto, qui colle bien au personnage et au souvenir que j'en ai...

L'année universitaire touchait à sa fin. Avec l'urgence d'un enfant, il vint me voir un soir et il me raconta qu'il était amoureux d'une étudiante qui suivait les memes cours.
A sa manière à lui, il lui avait fait savoir ses sentiments. Il lui envoya un mot dans lequel il déclarait ses sentiments. Et il joignit une fleur à sa lettre. Une rose, me semble t'il.
Mais il n'y eut pas de réponse, et Adalberto eut du vague à l'ame.
Il me dit d'un ton véhément et à moitié interrogatif, qu'il n'était pas plus moche qu'un autre après tout, et plutot plus intelligent...! Alors qu'est ce qui cloche
avec moi ? Je vis qu'il était plutot ému...
Je lui expliquais qu'en France, les gens étaient plus lents, moins spontanés
que lui, ... que la franchise faisait peur. Mais en mon for intérieur, je trouvais son
geste poétique, et qu'il n'était pas tombé sur la fille qu'il fallait.
L'année universitaire s'achevait, il allait partir chez lui avec une impression
d'échec. Et dans ce domaine-là, les échecs sont rarement minimes...
Il était trop timide et culpabilisé pour insister et la manière directe sans doute hors de sa portée.

Les reveurs et les timides sont souvent maladroits...

bix229 a écrit:

Les reveurs et les timides sont souvent maladroits...

Mais ils sont foncièrement attachants! il me plait bien ton petit Adalberto...Dommage, oui, il n'est pas tombé sur la bonne personne. C'est fou comme dans la vie les gens peuvent se croiser sans se voir. Ca m'effraie parfois. Ca tient à si peu de choses, le hasard ...
Tu pourrais en faire le héros d'un roman et lui inventer une suite à ce Adalberto...plus heureuse car là, c'est un peu triste :silent:

bix229 a écrit:

Mais il n'y eut pas de réponse, et Adalberto eut du vague à l'ame.
Il me dit d'un ton véhément et à moitié interrogatif, qu'il n'était pas plus moche qu'un autre après tout, et plutot plus intelligent...! Alors qu'est ce qui cloche
avec moi ? Je vis qu'il était plutot ému...
Je lui expliquais qu'en France, les gens étaient plus lents, moins spontanés
que lui, ... que la franchise faisait peur. Mais en mon for intérieur, je trouvais son
geste poétique, et qu'il n'était pas tombé sur la fille qu'il fallait.
L'année universitaire s'achevait, il allait partir chez lui avec une impression
d'échec. Et dans ce domaine-là, les échecs sont rarement minimes...
Il était trop timide et culpabilisé pour insister et la manière directe sans doute hors de sa portée.

Les reveurs et les timides sont souvent maladroits...

En même temps, c'est fréquent...et l'on se demande toujours pourquoi d'aussi jolis gestes ne sont pas payés en retour...
Mais l'amour est un sentiment plus complexe et il est souvent donné sans réserves à des individus qui ne le méritent pas...
Mais pourquoi?

Je crois qu’il nous faut admettre que la vie n’est pas juste…ainsi que chacun de nous …une fois ce fait accepté, on encaisse mieux les actes des personnes qui ne vont pas dans le sens de nos désirs…

sousmarin a écrit:

Je crois qu’il nous faut admettre que la vie n’est pas juste…ainsi que chacun de nous …une fois ce fait accepté, on encaisse mieux les actes des personnes qui ne vont pas dans le sens de nos désirs…

Travailler donc à se rendre insensible...Mission impossible en ce qui me concerne...

Pas insensible, ni même réaliste ou fataliste, mais essayant de voir plus loin que ses « propres » intérêts…

extraordinaire anecdote toute fraîche d'hier soir :
2 couples de lesbiennes légèrement éméchées, rigolant, et descendant un escalator pour aller prendre leur métro. Un mégot de clope les frôle : erreur ? inattention ?
Le doute ne dure qu'une micro seconde, jusqu'à ce qu'un crachat vienne gluantement s'écraser sur la joue de l'une d'elle.

Deux gars derrière qui se marrent et crachent au temps qu'ils le peuvent leur homophobie. L'une d'elle a gueulé, les 3 autres l'ont retenues et chacune a pris son métro.

ouais... vous avez raison, c'est trop beau l'humanité.

Queenie a écrit:

ouais... vous avez raison, c'est trop beau l'humanité.

Ton histoire me rappelle cette affaire du pasteur homophobe Fred Phelps contre l’acteur Heath Ledger incarnant à l’écran le cow boy homosexuel dans le film Le Secret de Brokeback Mountain et mort récemment d'une crise cardiaque : ici dans Courrier international

Il invite ses membres à manifester durant l'enterrement et les adhérents sont même allés juqu'à créer des sites infectés prétenduement consacrés à l'acteur...
Oui, elle est belle parfois l'humanité!

Queenie a écrit:

ouais... vous avez raison, c'est trop beau l'humanité.

Bêtise?...Méchanceté?...Haine?...Tout cela sans doute...
Non, elle n'est pas très belle l'humanité...Comment oublier que des humains ont pu mettre en place la Shoah?
Heureusement quelques humains sont plus "humains"...

Queenie, les chroniques de la vie quotidienne pourraient effectivement
se résumer aux faits que tu cites et encore dans le meilleur des cas...

C'est pourquoi, j'ai choisi quelques personnes et quelques faits qui nous font penser de temps en temps que l'humanité peut etre différente...
Les gens dont je parle ne font jamais la une des journaux et des télés ou rarement,
pas plus que ceux qui paient de leurs personnes dans les ONG ou ailleurs et à titre individuel. Mais on en a tous connu.


Parmi les personnages publics, des juges, des journalistes, des écrivains. Pas assez d'écrivains. J'ai lu votre rubrique consacrée à quelques pitres -toujours les memes- Sollers, BHL, Beigbeder et autres. Je trouve que c'est leur faire trop d'honneur que d'en parler, car au fond, c'est quand meme toujours ce qu'ils cherchent : qu'on parle d'eux. en bien ou en mal, mais qu'on en parle...

La meilleure façon de les traiter, c'est par le silence ou le mépris. Ou alors
à coups de tartes à la crème. Noel Godin, l'entarteur des célébrités m'a toujours fait rire. Non seulement il me fait rire, mais il est efficace. Pour s'en rendre compte, il n'y a qu'à écouter les réactions outrées de BHL !
Et ne croyez pas qu'il ne court pas de risques, Godin. Il s'est fait matraquer par
des flics et des gardes du corps, notamment quand il s'en est pris à George W. Bush, et il continue...

Vos histoires, Bix et Queenie dévoilent les deux aspects dl'humanité: le bon et le mauvais. On n'y peut rien, je crois, il y a des personnes qui sont foncièrement bêtes et méchantes.

Je préfère garder en mémoire les histoires de Bix, parce que moi, j'y crois de moins en moins à l'humanité et je sais que je finirai ma vie en pleine nature, avec des animaux.

Sophie, si ton souhait est d'aller vivre dans la nature, au milieu des animaux, tu le réaliseras. En tout cas, c'est ce que je te souhaite.
Mais il faut que ce soit un choix délibéré et en connaissance de cause, pour éviter de te tromper...

Ce choix, j'ai fini par le faire et je ne le regrette pas. Mais les inconvénients sont réels.

Pour le reste, j'aime la campagne, la nature, le passage des saisons, les changements continuels qui s'opérent dans les champs, dans les bois et dans le ciel. Je suis un voyageur immobile et un contemplatif. Mes racines sont terriennes et j'ai toujours eu du mal à les trainer ailleurs.
Je ne suis pas vraiment un voyageur. Ce que j'ai toujours aimé dans le
voyage, c'est le souvenir du voyage. Retouché et embelli...
Meme chose pour les gens dont je me rappelle : je choisis volontiers les
plus aimables...Meme si les pires s'imposent parfois...
Ici, je marche et j'aime marcher. J'aime que mon regard ne soit pas arrété
par des murs et des constructions. Pour se fixer sur un arbre ou un talus. Rien n'est plat dans le Lauragais et les vallonnements dessinent des reliefs paisibles. Le rythme de la marche permet de penser tranquillement. De revasser... De s'alléger un peu...

Et puis, il y a les oiseaux, ceux qui vivent en liberté et ceux qui sont chez moi parce qu'ils n'ont pas eu d'autres choix.
Je les observe et les aime. Et je pense que j'ai beaucoup de chance.
Parce qu'ils symbolisent pour moi la beauté, la grace, la vivacité...
On n'en a jamais fini avec eux.
Hier, j'ai apperçu mon premier faucon pélerin...