Chroniques de la vie quotidienne

kenavo a écrit:

je tente pour l’optimiste et je me réjouis donc des livres que j’ai lu et ne me chagrine pas sur ceux que je ne vais pas arriver à lire

Oui, mais comme me l'a dit quelqu'un qui a beaucoup lu dans sa vie, et contribué à faire connaître des auteurs via des traductions : combien de romans sont essentiels dans une vie ?

Alors, certes, on n'aura pas tout lu ; le tout, c'est d'avoir lu les livres qui devaient compter pour nous.
Le reste relève plus de la décoration. C'est important, mais pas essentiel.

C' est la lecture qui est essentielle, ExPie.

Ou plutot ce désir singulier qui nous pousse à lire toujours davantage meme si les livres que nous lisons nous décoivent parfois.

Ce qui me plait le plus sans que je l' explique très bien, c' est le pouvoir
magique qu' il y a dans un livre qui n' est pas encore lu.
Peu de livres évidemment sont la hauteur de ce que nous espérons.
Et pourtant nous ne nous lassons pas.

C' est un peu finalement comme le désir sexuel qui ne s' épuise quasiment
jamais !

eXPie a écrit:

Oui, mais comme me l'a dit quelqu'un qui a beaucoup lu dans sa vie, et contribué à faire connaître des auteurs via des traductions : combien de romans sont essentiels dans une vie ?

ah oui.. si on regarde de cet angle de vue.. il n'y a certainement pas autant et très probablement ceux pour lesquels j'ai fait le choix ne figurent pas au premiers rangs d'un tel classement
mais pour moi en tout cas pas question de m'arrêter

Citation :

bix229 a écrit:

Dernière pensée avant le noir.

Comme pour vous, sans doute, lire a toujours été une nécéssité
vitale et une passion.
Une passion dévorante et jamais assouvie. Meme si tous les livres
ne m' ont pas passionné.
En tous les cas, ils étaient là. Ils le sont encore. Ils ne m' ont jamais trahi.
Peu de choses ont été aussi douloureuses ou frustrantes que de
ne pas en avoir sous la main ou de n' etre pas en état de lire...

En vieillissant, je me rends compte que je ne lirai qu' une infime partie de ce que j' espérais lire.
Et plus je lis et plus je découvre d' autres livres à lire...
Plus je lis, et plus j' ai envie de relire.
Et ça me chagrine. Et ça me turlupine !
Jour après jour depuis l' enfance, je dresse des listes insensées
qui n' en finissent pas de s' allonger.

Alors je regarde mes livres, ceux que j' ai lus et ceux que je n' ai
pas lus.
Je pense à ceux que je vais commander.
A ceux que je ne lirai probablement jamais.
Et je soupire...

Je me dis parfois que lire est comme toute passion, une maladie," un vice impuni", presque une perversion !

Tes mots rallient beaucoup de monde
Quelle exactitude

Bédoulène a écrit:

Oh la, j'angoisse là, je réalise depuis que je suis avec vous que je n'ai pas assez lu à une certaine période de ma vie et que j'ai tant à lire, tant d'envie mais le temps n'est pas complice, hélas !!!!!!!!!!

Il ne faut pas angoisser, simplement que tu avais d'autres préoccupations extérieures. (Genre les enfants et autres mange temps non disponible à la lecture)
Il faut que tu te dises que le présent t'offre la possibilité de lire et tu le prends.
Le passé est loin et l'avenir , et ben il y a une PAL à lire
Quand le temps le permettra.

Bulle (toujours Drago qui revient)

Chronique des autres

Il n' y a pas si longtemps, il s' en passait des choses dans les compartiments de chemin de fer.
Des choses étranges, inattendues, violentes. Des aveux terribles,
des crimes, une excitation soudaine, des actes incongrus qui
réfléchissaient pour toujours le cours d' une existence.
Il suffisait pour que l' évènement se produise que deux inconnus,
deux étrangers l' un à l' autre, se rencontrent en un certain moment.
Quel moment ?
Coup de dés du hasard ou signe du destin ? Cela restait obscur.
Cela pouvait avoir lieu au cours d' un trajet familial ou dans un train
qui menait très loin, au delà des frontières, dans un aller sans retour.
Après quoi, le plus souvent, c' était fini : les voyageurs redevenaient
des étrangers sans oublier pourtant ce qui s' était passé.
Ils ne l' oublieraient meme jamais et il se trouverait toujours quelqu' un pour raconter l' épisode : un romancier, un conteur ...

C' était fini ou bien tout commençait comme après une révélation :
un grand amour, un enchainement de malheurs, une vie nouvelle, une vie gachée, une vie felée...
De toute façon, ce ne serait plus jamais comme avant. Jamais.
La rencontre entre le plus intime et le plus étranger avait eu lieu,
là dans le compartiment.

J.B. PONTALIS - Le Compartiment dans le recueil Ce temps qui ne passe pas.

Ce texte me touche parce que ce que raconte Pontalis, je l' ai connu
moi-meme à une époque où les trains permettaient de telles
rencontres. Sutout la nuit...
Ces moments étranges, intenses, intimes et sans lendemain...
C' était des voyages à l' intérieur du voyage sauf que le but était
inconnu et aventureux et risqué.
Il suffisait d' etre en éveil et pret à tout...

J' ai beaucoup voyagé ainsi, moi qui ne suis pas voyageur...
Mais où sont les trains d' antan ?

Sans doute le voyage n'a-t-il plus la même signification qu'au temps de Cendrars ou aux siècles derniers. Mais je confirme qu'en fréquentant assidûment de modestes RER de banlieue il m'est arrivé quelquefois de vivre des choses hors norme.

CHRONIQUE DES AUTRES

Une fois de plus je recommande les reves.
Nous vivons et éprouvons des sensations aussi bien en reve qu' à l' état de veille.
L' un constitue aussi bien que l' autre une partie de notre existence.
C' est un des privilèges de l' etre humain que de rever et d' en etre conscient.
C' est à peine si l' on a fait de tout cela un usage convenable.
Le reve est une vie qui forme avec l' autre part notre existence ce que nous appelons la vie humaine. Les reves se perdent peu à peu
dans notre état de veille, et il est impossible de dire où commence
l' un et où cesse l' autre.

LICHTENBERG - Aphorismes

Lichtenberg fait partie de ces écrivains géniaux qui fut reconnu par ses pairs : Goethe, Shopenhauer, Nietzsche, Tolstoi, et fut régulièrement
relégué dans l' oubli.
Il avait un sens aigu des contradictions humaines, mais en tirait parti pour lui-meme. Ni nier ni croire :

Je me fais fort de démontrer que l' on croit parfois à quelque chose
et que pourtant on y croit pas.
Rien n' est plus insondable que le système des ressorts de nos actions.

Cet homme de science et de pensée avait aussi des intuitions géniales.
Au 18e siècle, bien avant Freud, il a été le premier, en Occcident du moins, à pénétrer le sens profond du reve et ses implications dans notre vie.

AUDUBON

Audubon, maudit soit' il - est né en 1785 aux Antilles et mort aux Etats Unis.
C' était un naturaliste, un peintre et un ornithologue...
Audubon aimait les oiseaux comme le général Custer aimait les Indiens.
Il les préferait morts.
Il en a tué des milliers pour ensuite les peindre et les naturaliser.
C' est ce qui assuré sa célébrité.
On dit quer les oiseaux le fascinaient.
Les oiseaux ou la mort ?
Faut-il vraiment tuer un oiseau, à plus forte raison des milliers, pour
se rendre compte qu' ils sont beaux ?
Audubon essayait, parait il ,de les rendre plus beaux et plus naturels et plus vivants que vivants...
Plus vivant que vivant, c' est quoi au fait ?
Faut il vraiment tuer ce qu' on aime, en se réclamant de la science ou de l' art ?

Il se prenait pour qui Audubon ?
Pour un savant, un artiste, un savant, un démiurge ou un nécrophile pathologique ?

Quand le sage montre la lune du doigt, l' imbécile regarde le doigt !
Dit un proverbe chinois...

je ne retiens donc pas !

merci Bix

ANACHRONIQUE

Parmi les amis que j' ai eus à Toulouse, il y avait un couple de
jeunes vénézuéliens.
Leur histoire était un peu celle de Roméo et Juliette.

Hilde était avocate et ses parents étaient des riches bourgois de
Caracas.
Joel, lui, était un ex gamin des rues comme il y en a beaucoup dans
les grandes métropoles d' Amérique Latine.

Logiquement, ils n' auraient jamais du se connaitre, s' aimer et vivre
ensemble.
Par quel concours de circonstances étrange s' étaient-ils rencontrés ? Je ne m' en souviens plus.
Ce qui est sur, c' est que les parents de Hilde n' acceptaient pas cette union qu' ils jugeaient contre nature. Et qu' ils firent tout leur possible pour la briser.
Comme les amoureux tenaient bon, en désespoir de cause, les
parents décidèrent de les expédier en France en leur envoyant un
peu d' argent et en cessant de le faire de temps en temps.
Ils pensaient, ils espéraient meme, que leur fille, habituée à un
certain confort matériel, pourrait difficilement continuer à vivre
avec son chat de goutière et qu' elle leur reviendrait contrite et
repentante...

Bon, je m' excuse, j' ai un coup de barre et je dois aller manger.
La suite demain...
Si vous etes interéssés...

tu nous prêts souvent de drôles d'intentions homme oiseau !

huhu.

l'aut'soir à la radio j'ai appris que j'étais un esclave au sens nietzschéen... (si si c'est Michel Onfray qui l'a dit !)

Oui, ça m´interesse. Sauf que si elle est avocate, pourquoi a-t-elle besoin de l´argent de papa-maman?

Un peu confus tes propos, Animal ! Si si, relis toi !

Non, sérieux, j' ai des coups de barre ces temps-çi...

Et puis je ne fais pas de la rétention, mais de la chronique feuilleton...
Et comme dit Brassens dans Les trompettes de la renommée :

Si le public en veut,
Je les sors dare dare
S' il n' en veut pas
Je les
Remets dans ma guitare...