Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Parfum de livres… parfum d’ailleurs

Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -17%
(Black Friday) Apple watch Apple SE GPS + Cellular ...
Voir le deal
249 €

 

 Michael Haneke

Aller en bas 
+32
odrey
Méphistophélès
shéhérazade
chrisdusud
topocl
mimi54
Arabella
Exini
shanidar
alixe
eXPie
colimasson
Lalaym
swallow
Fantaisie héroïque
darkanny
Roderick Usher
Aeriale
Maryvonne
Maline
bix229
Chinaski
kenavo
traversay
Marko
Li
animal
Babelle
Marie
coline
Queenie
Mordicus
36 participants
Aller à la page : Précédent  1 ... 11 ... 18, 19, 20, 21, 22  Suivant
AuteurMessage
Avadoro
Zen littéraire
Avadoro


Messages : 3501
Inscription le : 03/01/2011
Age : 39
Localisation : Cergy

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyMer 7 Nov 2012 - 23:22

A regret, je n'ai pas été touché comme beaucoup d'entre vous et en sors avec beaucoup de réserves. Je ne ressens pas de rupture par rapport aux précédents films d'Haneke et malgré de grandes qualités formelles, la mise en scène m'apparait toujours froide et manipulatrice. Un suspens artificiel guette chaque scène et je ne parviens pas à trouver une respiration.

Le cadre sociologique m'a beaucoup gêné même si ce constat est sans doute lié à un vécu personnel, à une certaine amertume. Dans son évocation du couple Trintignant/Riva, Haneke insiste lourdement sur l'aisance matérielle d'une élite musicale...ce contexte pèse sur quasiment tous les dialogues et m'empêche de partager un quotidien tant celui-ci semble connoté.
Et dans la relation entre Georges et Anne, je ne parviens pas à trouver beaucoup d'amour....mais de la possession à travers une dimension exclusive, repliée sur elle-même et figée dans son propre orgueil.
Haneke ne laisse pas de place aux personnages tiers (la fille, les voisins, le personnel soignant) et ne justifie jamais leur présence au-delà de courtes séquences précipitées : ce choix est fort, cohérent tout le long du film mais contribue à mon goût à assécher le propos.

Au-delà de ces déceptions, il reste évidemment des aspects à admirer dont une superbe photographie de Darius Khondji, dans sa perception du détail des visages et des ombres d'un appartement qui devient très vite familier.
J'ai relu entre temps vos avis et ai retrouvé des développements passionnants, mais je me rends bien compte qu'étant embarrassé par le cadre et la caractérisation des protagonistes, il m'est impossible de soutenir une émotion.

Revenir en haut Aller en bas
topocl
Abeille bibliophile
topocl


Messages : 11706
Inscription le : 12/02/2011

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyJeu 8 Nov 2012 - 8:15

Avadoro a écrit:
A regret, je n'ai pas été touché

ce constat est sans doute lié à un vécu personnel,


Tu as ressenti avec une loupe des aspects que nous avons (j'ai) pu ressentir comme une ambiguité. le côté négatif a pris ^pour toi l'essentiel de la place. je le comprend parfaitement et cela me plait qu'il y ait une "hostilité" à ce film. c'est moins louche. J’imagine que selon ce qu'on a vécu, il peut être insoutenable.
Revenir en haut Aller en bas
http://topocleries.wordpress.com/
Arabella
Sphinge incisive
Arabella


Messages : 19316
Inscription le : 02/12/2007
Localisation : Paris

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyJeu 8 Nov 2012 - 8:37

Je partage en grande partie le ressenti d'Avadoro, en particulier le côté manipulateur. J'y ai particulièrement été sensible sur le générique de fin, la malaise suscité est à mon sens très volontairement par le metteur en scène (absence de musique, noir sur blanc des texte...). Même quand c'est fini, le moment où les gens commencent à bouger, à sortir du film, démerger et revenir à autre chose, et bien Haneke garde l'emprise. Comme une volonté de toute puissance.
J'ai évidemment trouvé de grandes qualités au film, de mise en scène, le questionnement qu'il pose et qu'on affronte pas souvent, mais je n'ai pas aimé le sentiment d'être manipulé par un metteur en scène tout puissant, qui impose. Et les personnages, c'est surtout visible chez les personnages secondaires, sont des éléments de démonstration et non des personnes. Dans un sujet tel que celui-ci on aurait pu s'attendre à plus d'humanité.
Revenir en haut Aller en bas
Queenie
...
Queenie


Messages : 22891
Inscription le : 02/02/2007
Age : 44
Localisation : Un peu plus loin.

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyJeu 8 Nov 2012 - 9:23

C'est vrai qu'il manipule le spectateur, et l'emprisonne complètement. Et c'est plus une démonstration qu'un partage. Peut-être pour ça que je suis restée en dehors parfois.
C'est un sujet peu vu, et qui touche (aussi parce qu'on peut y avoir été confronté dans sa vie, ou parce que c'est un sujet qui nous touche particulièrement), du coup ça fonctionne malgré ce côté démonstratif.

De vous lire, ça met des mots sur les quelques doutes que je pouvais avoir sur ce film.
Revenir en haut Aller en bas
Marko
Faune frénéclectique
Marko


Messages : 17930
Inscription le : 23/08/2008
Age : 56
Localisation : Lille

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyJeu 8 Nov 2012 - 11:21

Exini a écrit:

Et pour revenir à l'éventuelle symbolisation de l'appartement dans lequel ils restent enfermé durant tout le film, on peut comprendre ce que certains commentaires ont voulu dire avec les scènes du pigeon. Mais pourquoi le premier A.V.C. intervient le lendemain du soir ou la porte a été fracturée ? Et pourquoi ce rêve de Georges (le seul ou on le voit sortir) ? Y a t'il une explication ?

Queenie a écrit:
Des moments que je ne comprends pas (le pigeon, les gros plans sur les peintures), peut-être qu'en parcourant ce fil ou en fouillant sur le net, je trouverais des réponses, mais là, j'ai la flemme.
de toute façon ce film fonctionne aussi dans la simplicité de son discours de surface, pour la profondeur, les symboles et les métaphores, peut-être à une deuxième vision (et finalement, ces passages où je ne comprenais rien m'ont permis de sortir un peu de cette ambiance pesante, fermée, étouffante).

Je pense que les réponses sont ouvertes volontairement mais pas sous un angle rationnel. Ce sont des métaphores poétiques relativement simples d'ailleurs à mon avis.

Tout se joue dans le film entre le dedans et le dehors, la préservation d'instants fragiles et éphémères et l'intrusion du monde extérieur qu'il faut éloigner. Monde extérieur qui est une sorte de flux vital presque inacceptable, indécent, devant l'issue fatale qui attend l'épouse.

La première de ces intrusions est invisible. Une porte fracturée. Une tentative de cambriolage probablement. Donc une menace qui n'a pas de visage ou une sorte de prémonition qui crée l'inquiétude et qui prend forme sous l'aspect de ce premier AVC. La mort s'est frayée un passage. Elle refera irruption sous différentes formes presque comme si on était dans un conte fantastique (et même potentiellement onirique). Haneke mêle l'hyperréalisme et le fantastique dans ce film et c'est ce qui est si beau. Tharaud est un ange noir qui représente la vie passée de cette femme qui lui a passé le relais, sa propre vie étant terminée.

Le rêve de Georges est une variante de cette idée inconsciente de la menace qui prend une forme matérielle (Lynch est le roi de ces matérialisations d'idées ou de hantises). Et c'est le mécanisme même des rêves que de donner forme à des idées et des représentations plus abstraites.

Le pigeon est aussi une présence qui fait irruption dans l'appartement mais cette fois après la mort de l'épouse (ou à son approche je ne me souviens plus). Trintignant y projète tout ce qui s'est joué pendant le film. Doit il le tuer, le capturer pour le libérer... en tout cas on ressent cette angoisse d'un être vivant pris au piège, sa fragilité et l'ambivalence de cet homme dont on se demande s'il va être un monstre ou être gentil avec lui. Il écrit qu'il l'a libéré (on ne voit pas le devenir du pigeon) mais que veut dire ce mot "libérer"? Il a bien libéré sa femme en la tuant. Donc ce pigeon comme le rêve ou l'effraction de l'appartement sont autant de représentations à la fois concrètes et mentales qui illustrent de façon plus abstraite tout ce qui a animé ces personnages dans ce combat contre la mort (ou vers la mort).

La fin est elle-même très énigmatique. Elle m'a presque donné le sentiment d'une réalité flottante. Se rejoignent-ils post-mortem de façon onirique ou Trintignant s'est-il lui aussi suicidé? C'est une possibilité mais rien n'est tranché. Il faudrait que je retourne voir le film parce que sa construction est très subtile.

Le panoramique sur les tableaux? Simplement la façon de résumer une vie de couple dédiée à l'art, au raffinement, à l'élitisme aussi d'une certaine façon. Ce sont des êtres un peu "supérieurs", à la fois un peu monstrueux par leur charisme écrasant et profondément humains par leur fragilité (et leur ambiguité).

Le film regorge de moments suspendus entre réalité et imaginaire. Il y a mille choses à voir et commenter.


Revenir en haut Aller en bas
darkanny
Zen littéraire
darkanny


Messages : 7078
Inscription le : 02/09/2009
Localisation : Besançon

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyJeu 8 Nov 2012 - 11:56

Merci Marko, je partage assez cette interprétation.
Revenir en haut Aller en bas
mimi54
Zen littéraire
mimi54


Messages : 6043
Inscription le : 02/05/2010

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyJeu 8 Nov 2012 - 11:58

Du coup j'ai bien envie d'aller le revoir.

Chose assez rare chez moi pour le signaler
Revenir en haut Aller en bas
http://leblogdemimipinson.blogspot.com/
coline
Parfum livresque
coline


Messages : 29369
Inscription le : 01/02/2007
Localisation : Moulins- Nord Auvergne

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyJeu 8 Nov 2012 - 12:13

mimi54 a écrit:
Du coup j'ai bien envie d'aller le revoir.

Moi aussi...nourrie de toutes vos observations...Surtout que je l'ai vu cet été, en avant-première, en Avignon ou à Avignon (pour faire plaisir à tout le monde!)...J'ai donc besoin de le revoir.
Revenir en haut Aller en bas
Marko
Faune frénéclectique
Marko


Messages : 17930
Inscription le : 23/08/2008
Age : 56
Localisation : Lille

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyVen 9 Nov 2012 - 17:47

Marko a écrit:
Exini a écrit:

Et pour revenir à l'éventuelle symbolisation de l'appartement dans lequel ils restent enfermé durant tout le film, on peut comprendre ce que certains commentaires ont voulu dire avec les scènes du pigeon. Mais pourquoi le premier A.V.C. intervient le lendemain du soir ou la porte a été fracturée ? Et pourquoi ce rêve de Georges (le seul ou on le voit sortir) ? Y a t'il une explication ?

Queenie a écrit:
Des moments que je ne comprends pas (le pigeon, les gros plans sur les peintures), peut-être qu'en parcourant ce fil ou en fouillant sur le net, je trouverais des réponses, mais là, j'ai la flemme.
de toute façon ce film fonctionne aussi dans la simplicité de son discours de surface, pour la profondeur, les symboles et les métaphores, peut-être à une deuxième vision (et finalement, ces passages où je ne comprenais rien m'ont permis de sortir un peu de cette ambiance pesante, fermée, étouffante).

Je pense que les réponses sont ouvertes volontairement mais pas sous un angle rationnel. Ce sont des métaphores poétiques relativement simples d'ailleurs à mon avis.

Tout se joue dans le film entre le dedans et le dehors, la préservation d'instants fragiles et éphémères et l'intrusion du monde extérieur qu'il faut éloigner. Monde extérieur qui est une sorte de flux vital presque inacceptable, indécent, devant l'issue fatale qui attend l'épouse.

La première de ces intrusions est invisible. Une porte fracturée. Une tentative de cambriolage probablement. Donc une menace qui n'a pas de visage ou une sorte de prémonition qui crée l'inquiétude et qui prend forme sous l'aspect de ce premier AVC. La mort s'est frayée un passage. Elle refera irruption sous différentes formes presque comme si on était dans un conte fantastique (et même potentiellement onirique). Haneke mêle l'hyperréalisme et le fantastique dans ce film et c'est ce qui est si beau. Tharaud est un ange noir qui représente la vie passée de cette femme qui lui a passé le relais, sa propre vie étant terminée.

Le rêve de Georges est une variante de cette idée inconsciente de la menace qui prend une forme matérielle (Lynch est le roi de ces matérialisations d'idées ou de hantises). Et c'est le mécanisme même des rêves que de donner forme à des idées et des représentations plus abstraites.

Le pigeon est aussi une présence qui fait irruption dans l'appartement mais cette fois après la mort de l'épouse (ou à son approche je ne me souviens plus). Trintignant y projète tout ce qui s'est joué pendant le film. Doit il le tuer, le capturer pour le libérer... en tout cas on ressent cette angoisse d'un être vivant pris au piège, sa fragilité et l'ambivalence de cet homme dont on se demande s'il va être un monstre ou être gentil avec lui. Il écrit qu'il l'a libéré (on ne voit pas le devenir du pigeon) mais que veut dire ce mot "libérer"? Il a bien libéré sa femme en la tuant. Donc ce pigeon comme le rêve ou l'effraction de l'appartement sont autant de représentations à la fois concrètes et mentales qui illustrent de façon plus abstraite tout ce qui a animé ces personnages dans ce combat contre la mort (ou vers la mort).

La fin est elle-même très énigmatique. Elle m'a presque donné le sentiment d'une réalité flottante. Se rejoignent-ils post-mortem de façon onirique ou Trintignant s'est-il lui aussi suicidé? C'est une possibilité mais rien n'est tranché. Il faudrait que je retourne voir le film parce que sa construction est très subtile.

Le panoramique sur les tableaux? Simplement la façon de résumer une vie de couple dédiée à l'art, au raffinement, à l'élitisme aussi d'une certaine façon. Ce sont des êtres un peu "supérieurs", à la fois un peu monstrueux par leur charisme écrasant et profondément humains par leur fragilité (et leur ambiguité).

Le film regorge de moments suspendus entre réalité et imaginaire. Il y a mille choses à voir et commenter.

En complément de ces interprétations personnelles je copie des passages du livre qui vient de paraître Haneke par Haneke et que je viens d'acheter et de feuilleter. Certains commentaires vont dans le même sens et d'autres apportent un éclairage complémentaire très intéressant.

Michael Haneke - Page 19 Haneke10

A propos de l'exclusion des tiers:

Citation :
Face au concierge, le personnage de Trintignant se sent vulnérable, car toute visite dérange l'équilibre délicat qu'il s'est construit. Son appartement est une sorte de forteresse. Dès qu'un corps étranger y pénètre, il y a risque de déstabilisation.

A propos de cette fin énigmatique qui pose la question de la réalité et du fantasme, du devenir de Trintignant... Haneke est explicite et ouvert en répondant aux journalistes qui suggèrent des retrouvailles post-mortem entre les 2 personnages, début d'une "nouvelle union, celle de l'amour et de la mort":

Citation :
Ce qui est sûr c'est qu'Anne est morte, mais on ne sait pas ce qu'il est advenu de Georges. Comme on ne le voit pas dans la séquence d'ouverture, tout est possible. Est-il parti? Est-il dans la chambrette? Est-il mort, quelque part dans l'appartement ou ailleurs? A-t-il imaginé tout cela? Est-ce qu'Anne est venue le chercher? Vous pouvez croire ce que vous vous voulez.
Je n'ai rien contre votre interprétation. Mais Georges n'est pas nécessairement mort. Il peut être simplement parti, car on a vu, dans la première scène, que la porte d'entrée n'était pas scotchée. J'aime que des détails très concrets du quotidien contribuent à approcher la vérité des êtres. Par exemple, j'ai tenu à ce que, au début du film, on découvre Anne et Georges au sein du public d'une salle de concert. Ils sont deux personnes au milieu d'une foule, parce que leur histoire pourrait arriver à n'importe qui.

A propos de l'effraction de l'appartement avant l'AVC:

Citation :
Je peux même vous dire que j'ai imaginé cette histoire de serrure pour justifier l'attaque cérébrale. Une attaque cérébrale est toujours causée par une série de petites irritations. Je me suis souvenu de ma tante, qui en avait fait une après s'être beaucoup énervée, en découvrant, à son retour de vacances, que ses toilettes ne fonctionnaient plus. En soi, une serrure endommagée n'est pas un problème grave. Mais ça peut le devenir avec l'âge. Dans le film, on voit qu'Emmanuelle Riva ne dort pas la nuit suivante; elle est préoccupée par ce problème de porte. Et le lendemain, au petit déjeuner, elle a son attaque.

A propos du pigeon, les journalistes suggérant qu'il pourrait représenter le retour de la mort...

Citation :
Vous pouvez l'interpréter comme cela, mais vous pouvez aussi vous en tenir à une approche plus factuelle. La première fois, Georges réussit à faire sortir le pigeon, puis l'animal revient. Georges parvient malgré tout à le faire s'envoler. C'est très banal. La seconde fois, le pigeon est là, car tout est fermé, sauf la fenêtre du puits de lumière qui est restée ouverte, afin que l'air circule un peu. Pourquoi tout est fermé sauf la fenêtre de la chambre? Parce que Georges ne veut pas que les voisins sentent l'odeur nauséabonde dégagée par le cadavre d'Anne. Tout dépend donc si vous faites de ces scènes une lecture psychologique ou plus métaphorique. Comme pour la fin du film, je laisse le spectateur libre de son interprétation.
A propos du panoramique sur les tableaux:

Citation :
J'avais initialement prévu de montrer les toiles en fonction des moments de la journée qu'elles représentent, du matin au soir. Mais j'ai trouvé cela trop symbolique et j'ai préféré éliminer de ma sélection tous les tableaux crépusculaires. J'ai finalement opté pour l'élargissement de l'espace, en montrant des paysages de plus en plus vastes.
La série de tableaux vient juste après la séquence de la gifle que donne Trintignant à Emmanuelle Riva, quand il l'oblige à boire, alors qu'elle veut mourir et qu'elle recrache le contenu du verre. C'est pour moi la séquence la plus violente du film, qui renvoie à sa grande question: comment gérer la souffrance de l'être aimé? Pour exprimer cela, sans sortir du huis clos, j'ai eu l'idée de tableaux qui représentent de grands paysages vides ou avec deux personnages isolés. Je savais parfaitement quel type de toiles je voulais, mais les trouver n'a pas été une mince affaire.






Revenir en haut Aller en bas
topocl
Abeille bibliophile
topocl


Messages : 11706
Inscription le : 12/02/2011

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyVen 9 Nov 2012 - 18:07

Bon. Je note l’ambiguïté relevée par Haneke et ça me plait
La scène la plus violente du film, je suis d'accord car c'est LA qu'il comprend qu'il ne maitrisera pas tout. C'est le vrai début de la fin
Revenir en haut Aller en bas
http://topocleries.wordpress.com/
Exini
Zen littéraire
Exini


Messages : 3065
Inscription le : 08/10/2011
Age : 51
Localisation : Toulouse

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptySam 10 Nov 2012 - 10:47

Oui, mais Haneke, dans ses commentaires, ne parle pas de volonté de tout régenter pour Georges, de tout dominer. Pour moi, il reste le compagnon qui doit subir, souffrir en même temps que sa femme, mais autrement. Par ce qu'il voit et par ce qu'il imagine. Mais chacun son analyse !
Revenir en haut Aller en bas
colimasson
Abeille bibliophile
colimasson


Messages : 16258
Inscription le : 28/06/2010
Age : 33
Localisation : Thonon

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptySam 10 Nov 2012 - 23:01

Merci pour ces extraits du livre Marko ! Très intéressants en effet.

En ce qui concerne la fin, je ne pensais pas moi non plus qu'elle signifiait la mort de Georges... simplement l'impossibilité de continuer à vivre seul dans cet appartement où il a toujours vécu avec Anne ?

Le détail de l'effraction pour justifier l'AVC... Je n'y aurais jamais pensé...
Revenir en haut Aller en bas
http://colimasson.over-blog.com/#
Fantaisie héroïque
Sage de la littérature
Fantaisie héroïque


Messages : 2182
Inscription le : 05/06/2007
Age : 37
Localisation : Paris

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyDim 11 Nov 2012 - 18:45

Ce film est mon coup de coeur de l'année, pour l'instant, je crois; j'ai été ébahie par la justesse du ton, la beauté des images, des dialogues...vraiiment, je ne pensais pas être autant touchée. J'ai été particulièrement ravie de voir Alexandre Tharaud, en plus !
Revenir en haut Aller en bas
http://www.myspace.com/fantaisie_heroique
Aeriale
Léoparde domestiquée
Aeriale


Messages : 18120
Inscription le : 01/02/2007

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyLun 12 Nov 2012 - 12:16

-Amour-

Michael Haneke - Page 19 5_0110

Une belle claque que ce film. De même que topocl je redoutais d'y aller, pour la dureté du sujet, le côté implacable, un truc à nous donner la sinistrose. C'est en partie vrai, on n'échappe pas à tout ça, Haneke nous faisant vivre presque en temps réel (du moins avec l'impression de) la décrépitude de cette femme et la fin de leur histoire. Cela pourrait être sordide, ça peut le paraître pour certains (des gens quittaient la salle) et pourtant ce n'est jamais laid, tant le film arrive à mêler cette force qui les unit, cette tendresse dans les gestes de Georges, aux aspects plus terre à terre auxquels on assiste. Je n'ai donc pas ressenti de malaise, la caméra se limitant toujours à une certaine décence (Anne est vue de dos, son corps jamais complètement laissé au regard, ou caché par Georges) tout en restant bien ancrée dans le réel.

Comme beaucoup d'entre vous j'ai été profondément émue par l'attitude de celui-ci. Ce qui compte c'est sa détermination à tenir la promesse faite à Anne, même si au début elle le désarçonne. Je n'y ai pas vu de valorisation de lui-même, simplement sans doute que dans son entêtement à la préserver de la brutalité extérieure il finit par se radicaliser. Par exemple lorsqu' il est pris au dépourvu à l'arrivée inopinée d'Eva et qu'il enferme sa femme assoupie. Ensuite il le regrette. C'est un homme perdu, sa fermeté apparente masque un réel désespoir, il tient tant qu'il peut puis a ce geste subit, alors qu'on ne l'attend pas (et lui non plus) un geste qui symbolise toute la complexité humaine, le courage et la faiblesse, la cruauté et la tendresse, comme le dit topocl.

Pour moi Haneke a réussi à saisir cela, cette fragilité et ce désarroi que chacun éprouve face à la maladie. La scène avec le pianiste est particulièrement bien amenée, sa gêne en découvrant le terrible handicap de Anne, la réaction de défense de celle-ci. De même que la sollicitude qui peut sembler exagérée des gardiens devant le refus de Georges, je la trouve tout à fait plausible, c'est une forme de maladresse face à l'incapacité de pouvoir aider, rien d'autre. Idem pour Jeanne qui soliloque et parle de placements devant sa mère prostrée, s'efforçant de communiquer. Je n'ai trouvé aucun personnage monstrueux ou sublimes, juste désespérement humains, désemparés qu'ils sont devant la finitude des choses. J'ai eu l'impression comme Darkanny de suivre cela comme si je faisais partie de leur famille ou du moins d'une aide soignante, d'un témoin, et cette proximité ne m'a pas paru contrainte, ce qui est fort.

Je garderai de ce très beau film les images les plus belles, celles de leurs souvenirs échangés sur une table de cuisine, de leur complicité dans cette scène vers la fin où il lui tient la main et qu'ils se remémorent leurs danses de jeunesse (ça tournait, ca tournait dit Anne) cet amour qui se devine si fort alors qu'il n'en reste plus que des bribes. Je l'ai aimé pour tout ce que je n'ai pas vu mais qu'il m'a permis d'imaginer, toute cette vie à deux dont il ne reste rien sinon sa pensée, plus puissante que la mort. Une vie partagée fugace et déjà terminée lorsqu'on la découvre nous, mais que George continue de vivre lorsqu'il s'éteint (j'ai compris en tout cas qu'il se suicidait) et que tente de capter Eva lorsqu'elle revient sur ces lieux. Magnifique!

Revenir en haut Aller en bas
coline
Parfum livresque
coline


Messages : 29369
Inscription le : 01/02/2007
Localisation : Moulins- Nord Auvergne

Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 EmptyLun 12 Nov 2012 - 17:15

@ Marko: très intéressant de lire ce que dit Haneke...Il laisse une grande liberté à notre interprétation.

@ Aériale: beau compte-rendu!...Tu vois, finalement, il fallait que tu le voies ce film... content
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Michael Haneke - Page 19 Empty
MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 19 Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Michael Haneke
Revenir en haut 
Page 19 sur 22Aller à la page : Précédent  1 ... 11 ... 18, 19, 20, 21, 22  Suivant
 Sujets similaires
-
» Michael Cheval
» Michael Powell
» Expositions
» Michael Winterbottom
» Michael Foreman

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Parfum de livres… parfum d’ailleurs :: Images et sons :: Cinéma, télévision et radio :: Réalisateurs-
Sauter vers: