Et si vous alliez à l'opéra?

Die Walküre de Richard Wagner (1813-1883)

Enrgistré au festival d'Aix-en-Provence en 2007. Berliner Philharmoniker.

Ayant perdu famille et biens, Siegmund, désarmé à la suite d’une rixe entre deux familles, fuit et erre dans la forêt. Une jeune femme, Sieglinde, lui accorde l’hospitalité en l’absence de son époux. Lorsque ce dernier retrouve son foyer, il accepte la présence de Siegmund. Ce n’est que lorsque Siegmund entreprend de raconter son périple que Hunding, époux de Sieglinde, s’aperçoit que les hommes appartiennent aux deux clans rivaux. Afin de laver son honneur, Hunding pose la date d’un duel entre eux au lendemain. Sieglinde, mariée de force et s’étant découvert des affinités avec Siegmund, décide de droguer le verre de son mari et de prolonger sa nuit. Elle en profite pour découvrir qui est vraiment Siegmund : Il est son frère ! Coup de foudre dans la fratrie, (complètement immoral), Siegmund et Sieglinde choisissent la fuite…



Wotan subit les foudres de sa femme Fricka.


Je m’étais préparée en lisant d’abord le livret (afin de bien comprendre l’histoire). Heureusement qu’il y a les sous-titrages quand même.
J’ai beaucoup aimé la sobriété des décors (une table, deux chaises), les personnages sont d’autant plus valorisés. J’ai été subjuguée par le travail des personnages ! Sieglinde, toute ronde et douce (Eva-Maria Westbroer est une très belle femme), Impressionnant Wotan (dieu ayant conçu les Walküre) qui impose le respect. C’était eux : ces gens-là : limpide ! Aucun décalage entre ce que j’aurai pu imaginer et ces acteurs. Puis le jeu des lumières (tons gris/bleus): les nuages roulant sur le décor du Walhalla, les flammes entourant le rocher de Brünnhilde (cadette de Wotan). Je n’ai pas vécu la musique « en décalé ». Peut-être, y a-t-il un temps, un moment précis dans la vie pour accueillir certaines choses ? Le temps de découvrir l’opéra pour moi est arrivé !



Wotan et Brünnhilde.

Nathria a écrit:

Die Walküre de Richard Wagner (1813-1883)

Nathria a écrit:

[Peut-être, y a-t-il un temps, un moment précis dans la vie pour accueillir certaines choses ? Le temps de découvrir l’opéra pour moi est arrivé !

Bienvenue dans le monde de la tétralogie! La production d'Aix en Provence n'est pas la plus réussie qu'on puisse voir mais les voix sont exceptionnelles. Eva Maria Westbroek est la perfection dans ce registre et elle est géniale dans tout ce qu'elle fait ces derniers temps: de La femme sans ombre de Richard Strauss à Tannhauser de Wagner ou surtout Lady Macbeth de Shostakovich. Willard White est une basse de grande classe (un barbe bleue parfait!) et tout le reste de la distribution est de ce niveau.

Pour ceux qui voudrait regarder la tétralogie dans l'ordre (ce n'est pas obligatoire mais il y a quand même un cheminement), on ne peut que recommander la version de référence Boulez/Chereau en commençant par L'or du Rhin, La Walkyrie puis Siegfried et enfin LeCrépuscule des Dieux. Prévoir de longues heures devant soi! Pour ma part je n'arrive pas à regarder ça sur un écran de télé. Ou par extraits. Trop long, trop dense et il faut l'espace de la scène pour que ça respire!

Le livret est inspiré des mêmes légendes nordiques que Le seigneur des anneaux (La légende des Niebelungen dont Fritz Lang a aussi filmé une adaptation). Le texte est très métaphysique et parfois vraiment poétique mais j'avoue avoir un peu de mal à m'intéresser à toutes ces luttes de pouvoir entre les Dieux (la musique de L'or du rhin est superbe mais que l'histoire est barbante) et les mises en scènes les plus traditionnelles sont ridicules et kitsch!

Rappeler aussi que La Walkyrie ne se résume pas à la fameuse chevauchée immortalisée par Coppola mais qu'il y a des moments intimistes vraiment très beaux. J'adore aussi l'introduction très dynamique.

L'ouverture

Nathria a écrit:

Peut-être, y a-t-il un temps, un moment précis dans la vie pour accueillir certaines choses ? Le temps de découvrir l’opéra pour moi est arrivé !

je suis contente que tu as aussi pris goût


ce soir ce il y aura aussi pour moi de nouveau opéra - Il Mondo della Luna

je vous raconterai

Nathria a écrit:

Peut-être, y a-t-il un temps, un moment précis dans la vie pour accueillir certaines choses ? Le temps de découvrir l’opéra pour moi est arrivé !

Je suis entièrement d'accord avec ce qui tu dis, il ne faut pas forcer les choses, elles arrivent au bon moment. Pour moi aussi, ce fut la Tétralogie, dans la version Boulez / Chéreau, et j'ai été complètement scotché devant la télé, alors que je pensais détester l'opéra.

N'en déplaise à Môooonsieur Marco, L'or du Rhin ce n'est absolument pas barbant, c'est grandiose et émouvant à la fois, sans oublier l'extraordinnaire sensualité des filles du Rhin. En fait Wagner aussi bien que les légendes du Nord, retrouve aussi la tragédie grecque, les Dieux, la fatalité, l'echaînement des événements que l'on ne peut éviter une fois que la faute originelle a été comise. Wotan qui est le gardien des promesses tenues, viole la sienne, et dès ce moment le monde des Dieux est voué à sa perte. La tétralogie Môoooonsieur Marco, c'est une autre dimension, c'est sûr qu'il faut partir dans un autre monde pendant de nombreuses heures, mais quel voyage....

Une curiosité, Régis Boyer, le grand spécialistes du Nord, a écrit que les sagas et textes parlant justement de cette histoire, seraient une réminiscence déformée des luttes entre Brunehaut (Brünnhilde) et Frédegonde.

Et je suis impatience d'avoir le compte rendu de Kenavo sur sa soirée.

Arabella a écrit:

Et je suis impatience d'avoir le compte rendu de Kenavo sur sa soirée.

je suis consciente que cela va être tout à fait autre chose que Britten.. mais je suis prête à passer un bon moment

Arabella a écrit:

La tétralogie Môoooonsieur Marco, c'est une autre dimension, c'est sûr qu'il faut partir dans un autre monde pendant de nombreuses heures, mais quel voyage....

Mais oui Maaaaademoiselle Arabella J'adore partir vers d'autres mondes et notamment celui de la Tétralogie qui est une oeuvre sublime. La mythologie c'est mon truc aussi mais en voyant L'or du Rhin je me surprenais à me détacher de l'histoire pour me laisser emporter par la musique. Il faut dire que Wagner met la barre très très haut et que dans son projet d'Art total il nous stimule de tous les côtés. C'est à la fois un poème, un récit cosmogonique symbolique et philosophique, une oeuvre musicale d'une densité inouïe. Il faut y revenir de temps en temps pour y trouver à chaque fois une dimension de plus!

kenavo a écrit:

ce soir ce il y aura aussi pour moi de nouveau opéra - Il Mondo della Luna

je vous raconterai

Régale toi et raconte nous vite car je ne connais pas du tout

J'ai presque failli l'oublier mon grand petit préféré! C'est que le seul DVD disponible est d'une kitscherie absolue malgré Solti et un superbe duo.

Le château de Barbe Bleue de Bela Bartok

« Un volcan musical qui entre en éruption pendant soixante minutes de tragédie condensée » Zoltan Kodaly

Ma version pour l'île déserte (avec Volcan) :


Voilà l'opéra que j'ai écouté un nombre incalculable de fois et que je cours voir à droite et à gauche dès que possible (3 fois à l'opéra et 3 fois en concert). Le plus grand souvenir étant le concert donné par Boulez il y a peu de temps à Bruxelles dans une interprétation qui m'a fait décoller de mon siège (si si!). Ma voisine dans la salle, qui venait de Londres pour le voir, en avait les larmes aux yeux. Un choc qui me donne des frissons des mois après.

Citation :

L’action, purement psychologique, se déroule à l’intérieur d’une salle immense du château. Sept portes closes l’entourent. Pour inonder la pièce de lumière, Judith veut les ouvrir toutes, malgré la résistance de Barbe-Bleue. Ayant violé l’enceinte la plus secrète du château, Judith est condamnée à rejoindre les autres femmes derrière la septième porte, tandis que Barbe-Bleue reste seul au milieu des ténèbres de sa demeure

.

Cet opéra d’une heure à peine, composé en 1911, est d’une beauté musicale, d’une inventivité de chaque instant et d’une intensité extraordinaires qui ne font que croître pour exploser à l’ouverture de la 5e porte dans le plus beau cri de l‘histoire de l’opéra (Judith émerveillée et sidérée par l’étendue des domaines de Barbe Bleue) avec la montée en puissance de l’orchestre secondé par les grandes orgues. Boulez pousse les musiciens au maximum ! Puis la musique décroît progressivement, après une dernière montée en puissance, avec le retour au thème du début.

C’est une musique splendide qui entretient de secrètes correspondances avec Pelléas et Mélisande de Debussy et qui intègre les apports de la culture hongroise avec un sens du mystère et des sonorités envoûtantes dans un univers assez sombre (Dracula n’est pas loin). Bartok a inventé des combinaisons sonores fabuleuses et chaque fois différentes pour illustrer l’ouverture de chaque porte et l’univers qu’elle découvre. Il y a notamment le fameux lac de larmes (6e porte) qui mélange génialement un glissando de harpe, le célesta, les instruments à vent, les cordes, des timbales, un tam tam… ou les jardins magiques de la 4e porte.

Extraits du DVD kitsch: (Il vaut mieux écouter le disque dans son ensemble mais bon...)
4e porte (les jardins)
5e porte (avec le cri)
6e porte (le lac de larmes) On ne se rend pas bien compte de la complexité du glissando ici.

C’est donc un opéra cyclique qui s’inspire de la légende de Barbe Bleue pour en faire une œuvre universelle sur la relation entre l’ homme et la femme (seuls sur scène). On peut facilement voir l’ouverture de chaque porte comme la tentative pour Judith de percer à jour les secrets de l’âme de Barbe bleue, ce qu’il a refoulé, son inconscient fait de puissance, de cruauté, de luxure… Elle cherche surtout à savoir s’il a aimé d’autres femmes et si elle pourra être aimée elle-même plus que les autres. En violant cette intimité, elle perdra aussi son amour et rejoindra le cortège des trois autres femmes derrière la 7e porte (qui à elles quatre constituent les différentes périodes du cycle du jour et de la nuit). Le soupçon, le doute, ont détruit l’amour et la confiance.


Willard White et Béatrice Uria-Monzon dans une mise en scène de La Fura Del Baus à l'opéra Garnier (très beau spectacle qui utilisait des projections vidéos de l'opéra Garnier lui-même).

Citation :

En voulant connaître, comme l’Eve primitive, Judith a mis en péril son couple : elle s’est mis elle-même en péril. Plus grave, la quête de Judith s’avère d’une atroce cruauté pour le duc : en acceptant de se dévoiler, il meurt à chaque fois que lui est révélé ce qu’il avait refoulé. Les trois épouses scellent le destin de l’homme : comme des heures décisives sur l’horloge de la vie : matin, midi et soir. Judith sonnera l’heure de sa fin.
Si le voyage promet des découvertes insoupçonnées à ceux qui les ont suscitées, leur fragilité profonde, plongeant à l’origine du doute, les aura foudroyés. Personne n’échappe finalement à ce qu’il provoque malgré lui. L’identité des êtres se forge à mesure du chemin parcouru, fut-il sans issue et sans retour.

Le DVD Kitsch pour Solti et Sylvia Sass qui est parfaite pour le rôle (même si elle rate un peu le cri!) dans une mise en scène filmée en studio dans des décors dignes du premier Superman! Musicalement c'est très correct.

Pour Bartok nous sommes d'accord.

J'avais aussi beaucoup aimé le spectacle à l'opéra Garnier, et Boulez dans Bartok, c'est fabuleux.

Mais j'aime aussi beaucoup Istvan Kertesz avec Christa Ludvig et Walter Berry.

Marko a écrit:

Régale toi et raconte nous vite car je ne connais pas du tout

je dirais que tu n'as pas manqué grand chose mais je vais revenir avec plus de détails... c'est un peu trop tard maintenant

vous pouvez lire mes impressions sur le nouveau fil...


et le prochain rendez-vous est déjà pris

Citation :

Cadmus et Hermione

Jean-Baptiste Lully
Tragédie lyrique mise en musique en un prologue et cinq actes
Poème de Philippe Quinault d'après Les Métamorphoses d'Ovide

kenavo a écrit:

:
et le prochain rendez-vous est déjà pris

Citation :

Cadmus et Hermione

Jean-Baptiste Lully
Tragédie lyrique mise en musique en un prologue et cinq actes
Poème de Philippe Quinault d'après Les Métamorphoses d'Ovide

Une nouvelle marathonienne de l'opéra!
Tu pourrais aussi tenter La somnambula de Bellini avec Nathalie Dessay à ton cinéclub qui participe aux diffusions du Metropolitan. C'est samedi soir prochain et tu aurais un bon exemple de Bel Canto. Encore une autre planète qui n'est pas ma période préférée mais qui reste très agréable pour l'oreille!

Arabella a écrit:

Mais j'aime aussi beaucoup Istvan Kertesz avec Christa Ludvig et Walter Berry.

C'est la version alternative et de référence effectivement

Marko a écrit:

Tu pourrais aussi tenter La somnambula de Bellini avec Nathalie Dessay à ton cinéclub qui participe aux diffusions du Metropolitan. C'est samedi soir prochain et tu aurais un bon exemple de Bel Canto. Encore une autre planète qui n'est pas ma période préférée mais qui reste très agréable pour l'oreille!

je le ferais.. mais je voudrais bien espacer ces événements.. et là je 'ressors' quasiment.. et vais aller voir Lully le 1er ou 2er avril..
mais je serais plus attentive pour la nouvelle saison et je choisirai de belles pièces

kenavo a écrit:

vous pouvez lire mes impressions sur le nouveau fil...

Et là Marko arrive et demande: où? Je n'ai pas vu sur la page d'accueil...

Marko a écrit:

Et là Marko arrive et demande: où?

et kenavo qui vient et dit IcI