Et si vous alliez à l'opéra?

Pour Marko, j'avais aussi noté "La femme sans ombre" . Je n'ai pas du tout trouvé kitsch la mise en scène au contraire: très sobre et digne. Peut-être dans les autres opus? Ou comme tu le dis, dans des adaptations plus anciennes?

Pour Arabella, j'aime également beaucoup les mythologies et croyances des peuples, elles reflètent les angoisses ou les attentes des civilisations...

Wotan est un dieu mais il ne se sent pas libre et visiblement, il a les mêmes problèmes que les humains:relation avec sa fille d'où la difficulté de trouver un équilibre entre sa colère d'avoir été désobéi et son amour filial, son devoir envers la demande de son épouse et ses propres désirs d'agir, son "job" de dieu et les devoirs qui en résultent, et en plus, il a fauté et veut réparer ses erreurs sans pouvoir demander d'aide...Il aurait pu régler ça en "un éclair", mais il choisit de faire le moins de dégâts possibles.

Envie de voir l'avant et l'après du coup

Nathria a écrit:

Pour Marko, j'avais aussi noté "La femme sans ombre" . Je n'ai pas du tout trouvé kitsch la mise en scène au contraire: très sobre et digne. Peut-être dans les autres opus? Ou comme tu le dis, dans des adaptations plus anciennes?

Tu parles de quel opéra? Pour le côté kitsch je ne parlais que du DVD de Barbe Bleue... La femme sans ombre, je l'ai vu par Robert Wilson et c'était vraiment très beau avec des trouvailles visuelles impressionnantes. On lui reproche souvent de faire la même chose mais dans ce cas précis c'était parfait. Par contre toutes les mises en scène de Bob Wilson passent mal à la télé. C'est qu'il joue tellement sur la lumière et les dégradés de couleurs que ça rend difficilement sur un écran.

Marko a écrit:

Tu parles de quel opéra? Pour le côté kitsch je ne parlais que du DVD de Barbe Bleue...

Ah oui, je croyais que tu parlais de "La Walküre", je me disais aussi

Marko a écrit:

Le livret est inspiré des mêmes légendes nordiques que Le seigneur des anneaux (La légende des Niebelungen dont Fritz Lang a aussi filmé une adaptation). Le texte est très métaphysique et parfois vraiment poétique mais j'avoue avoir un peu de mal à m'intéresser à toutes ces luttes de pouvoir entre les Dieux (la musique de L'or du rhin est superbe mais que l'histoire est barbante) et les mises en scènes les plus traditionnelles sont ridicules et kitsch!

Arabella a écrit:

N'en déplaise à Môooonsieur Marco, L'or du Rhin ce n'est absolument pas barbant, c'est grandiose et émouvant à la fois, sans oublier l'extraordinnaire sensualité des filles du Rhin. En fait Wagner aussi bien que les légendes du Nord, retrouve aussi la tragédie grecque, les Dieux, la fatalité, l'echaînement des événements que l'on ne peut éviter une fois que la faute originelle a été comise. Wotan qui est le gardien des promesses tenues, viole la sienne, et dès ce moment le monde des Dieux est voué à sa perte. La tétralogie Môoooonsieur Marco, c'est une autre dimension, c'est sûr qu'il faut partir dans un autre monde pendant de nombreuses heures, mais quel voyage....

Pour compléter un peu à propos de l'intérêt du texte du Ring:

Mise en scène du Ring par Sir Peter Hall:




Sir Peter Hall:

Citation :

Je crois que Richard Wagner a fait d’un conte de fée un mythe pour adultes et que la naïveté du texte répond à celle de la période au cours de laquelle Wagner a composé sa musique : la période romantique, qui est là, présente, dans les notes, et que je me suis efforcé d'exprimer, pour ma part, en convoquant la nature sur scène ; parce que la nature se tient là, constamment, en toile de fond, avec le vent, les nuages, et le ciel, tandis que l’action passe du sommet des montagnes à la profondeur des gouffres. Quant aux abris que les hommes se sont construits, ils sont tous à la merci de la Nature et de ses Pouvoirs, à la merci du feu ou… d'une rivière en crue.

Le caractère politique du Ring m'intéresse aussi, bien sûr ; mais je pense que l'on a tant insisté sur cet aspect des choses, au cours de ces dernières années, que le coté sensuel du Ring est passé au second plan – et je ne veux pas seulement parler de la sexualité qui s’exprime à travers les personnages de Siegmund et de Sieglinde, mais aussi de l’amour pur que Brühnnhilde porte en elle. C’est la raison pour laquelle je me suis concentré sur l'histoire même du Ring, sur l'ensemble du récit, dont la complexité et les contradictions ont retenu mon attention.

Il est possible, voire même souhaitable, que le Ring signifie quelque chose d’autre pour chaque spectateur. Patrice Chéreau, par exemple, dans son Ring polémique et captivant de 1976, nous dit que la révolution est en marche. Fort bien. Mais en ce qui me concerne, le Ring me dit tout autre chose. La révolution échoue, mais la vie continue, avec juste une pointe de pardon, d'humanité et d'amour. Et tel est aussi le message que nous livre Fortimbras, à la fin de Hamlet.

Si tant est que cette production-ci du Ring ait été inspiré par un courant d'idées, celui-ci n'aura été ni le néo-Marxisme, ni le Freudisme, ni l'expressionnisme abstrait. Je suppose que ma production du Ring est principalement influencée par F. R. Leavis, le critique de l'université de Cambridge. C'est lui qui m'a appris à examiner avec la plus vive attention le texte et à avoir foi en lui.

Dans la musique de Wagner, je discerne un conflit classique entre le pouvoir et l'amour. Je vois aussi comment l'amour héroïque finit par rédimer les personnages qui ont été corrompus par le pouvoir. Assurément ceci n'a pas l'air bien simple ; mais je crois en la naïveté au théâtre. Ce que j'aimerais c'est que, visuellement tout comme au niveau de l'action, cette production soit accessible à un enfant.

En conséquence, j'ai été aussi fidèle que possible aux indications scéniques notées par Wagner, lesquelles sont très précises. Ainsi, lorsque le texte requiert que les Filles du Rhin nagent dans de l'eau, j’ai souhaité que les spectateurs croient qu'elles nagent réellement dans l’eau. Lorsque l'action se déplace d'un des mondes du Ring à un autre - du sommet des montagnes à la vallée du Rhin, et de celle-ci dans les profondeurs souterraines du Nibelheim, - j’ai souhaité que les spectateurs ait de ces voyages une expérience sensible.

Grâce au plateau, tout à la fois très mobile et visuellement superbe, conçu par William Dudley, j'ai bon espoir d’être parvenu à restituer ce sentiment de mouvement. Par sa mobilité, il nous permet en effet de passer du cadre naturaliste de la surface de la terre au monde des Dieux. Et il n’y a aucune contradiction entre le réalisme de certaines scène, qui évoque le monde des mortels, et le caractère plus dépouillé, plus abstrait des scènes qui se déroulent sur les cimes habitées par les Dieux. Par ailleurs, lorsque Wagner fait appel à des Géants, à un dragon, à un énorme vers ou à une grenouille, nous avons essayé, dans chaque cas, de les mettre sur scène. Le réalisme nous aide en effet à comprendre la métaphore cauchemardesque élaborée par Wagner.

Bien sûr, faire les quatre parties du Ring en un seul été, comme c’est le cas ici, à Bayreuth, et nulle part ailleurs, constitue une gageure. L'expérience m'a appris que le degré de préparation du metteur en scène importe peu, lorsqu'il s'agit de mettre en scène. D’un autre côté, l’idée de devoir mettre en scène l’ensemble du Ring en une seule fois est extrêmement exigeante, car cela signifie que toute l’histoire sera racontée en à peine une semaine. Mais le fait de dévoiler ainsi toute l’histoire, en une seule fois, chaque année, peut aussi constituer un avantage, en ce sens que, si l’on met l'accent sur le récit, on fera en sorte que chaque personnage ne connaisse à fond que son propre rôle dans l'histoire, afin de donner lieu à une forme de spontanéité, de clarté et d’innocence, par le biais de ce style à proprement parler narratif. C'est ainsi, du moins, que je me suis efforcé de raconter l'histoire du Ring.

Je tente une bouteille à la mer... Me disant que les parfumés jettent parfois un oeil aux fils qui ne les concernent pas a priori. J'aurais aimé avoir l'avis de ceux qui ne s'intéressent pas du tout à l'opéra, qui ne l'aiment pas ou ont des réticences pour y aller... Savoir comment ils se le représentent et pourquoi en passionnés de culture ils ne tentent pas l'aventure?

J'y suis allée une fois dans ma vie.
Je pourrais y aller plus souvent si :

C'était moins cher, et surtout pas avec ce système horrible de différence de tarif, et moins t'as de l'argent moins bien t'es placé.

J'avais pas besoin de connaître par coeur l'oeuvre avant d'aller la voir/l'entendre (parce que, quand même, on y comprend pas grand chose quand ils chantent hein...)

Même problème que pour le théâtre : si tu vas pas chercher l'info, tu peux pas trop savoir comment démêler les fils des programmations... et y'a vraiment trop de trucs (surtout à Paris, 'videmment) pour pouvoir démêler tout seul.

J'avais plus de temps. Parce qu'il faut savoir faire des choix dans la vie, et accepter de faire des impasses.



Je crois que j'ai bien résumé le trucmuch'

Merci pour la réponse Queenie.

Juste un point:

Connaitre l'oeuvre pour comprendre: ça n'est plus nécessaire puisqu'il y a maintenant les sur-titres qui traduisent toute l'action (même pour les opéras français le plus souvent). On est comme au cinéma avec la vostfr.

Chacun ses choix et ses priorités, c'est vrai, mais parfois on peut jouer au tentateur!

Queenie a écrit:

C'était moins cher, et surtout pas avec ce système horrible de différence de tarif, et moins t'as de l'argent moins bien t'es placé.

C'est valable pour pratiquement n'importe quel spectacle maintenant, non? Concert pop rock variété classique théâtre...

Marko a écrit:

Queenie a écrit:

C'était moins cher, et surtout pas avec ce système horrible de différence de tarif, et moins t'as de l'argent moins bien t'es placé.

C'est valable pour pratiquement n'importe quel spectacle maintenant, non? Concert pop rock variété classique théâtre...

Ben non. Pas là où je vais. Je boycotte ce genre d'endroits. Je vais qu'à des trucs en placement libre (sauf quelques rares exceptions).

Marko a écrit:

Je tente une bouteille à la mer... Me disant que les parfumés jettent parfois un oeil aux fils qui ne les concernent pas a priori. J'aurais aimé avoir l'avis de ceux qui ne s'intéressent pas du tout à l'opéra, qui ne l'aiment pas ou ont des réticences pour y aller... Savoir comment ils se le représentent et pourquoi en passionnés de culture ils ne tentent pas l'aventure?

Dire que je ne m'intéresse pas à l'opéra serait faux puisque j'écoute souvent des CD d'opéra et que je connais beaucoup des "grands airs"...Donc j'aime!...
Alors pourquoi ne vais-je pas à l'opéra?
- Le sentiment de n'avoir pas eu l'initiation pour m'y rendre et profiter pleinement d'un spectacle qui est tout de même coûteux (surtout si je dois aller vers une grande ville+ prendre une chambre d'hôtel+un train pour m'y rendre...Tout ceci s'ajoutant au coût de la place qui est déjà onéreuse. Il y a certes un moment de ma vie où j'aurais pu le faire mais où j'ai fait d'autres choix...Je suis allée par exemple, par amour, voir très loin les plus grands matches de foot alors mêmeque je n'en ai jamaiscompris lesrègles par manque absolu de motivation ).
- Le peu d'opportunités qu'il y a dans une région comme la mienne de voir de grands opéras.

En gros, voici toutes les raisons qui ne m'ont pas favorisée pour que "j'assiste" mais pourtant j'aime...

Je n'ai assisté qu'à L'arche de Noé de Benjamin Britten.

coline a écrit:

Alors pourquoi ne vais-je pas à l'opéra?
- Le sentiment de n'avoir pas eu l'initiation pour m'y rendre et profiter pleinement d'un spectacle qui est tout de même coûteux (surtout si je dois aller vers une grande ville+ prendre une chambre d'hôtel+un train pour m'y rendre...
- Le peu d'opportunités qu'il y a dans une région comme la mienne de voir de grands opéras.

Tu aimes le théâtre Coline et c'est la seule "initiation" dont tu as besoin. L'opéra c'est du théâtre avec une "bande son". Une sorte de film avec un long plan séquence (mais avec des changements de décors parfois! ). Le reste on le découvre en regardant et en écoutant.

Le prix: J'ai vu par exemple que tu avais prochainement (le 3 avril) sur Clermont Ferrand "la Flûte enchantée" à la Basilique Notre Dame pour 39 ou 37 euros la place (le prix de 2 livres) . Une ou deux fois dans l'année c'est probablement accessible.

Contrairement à Queenie je trouve que le fait qu'il y ait différentes gammes de prix pour les grandes salles est non seulement vital pour la survie de ces spectacles mais que c'est aussi une mesure démocratique car tout le monde peut se permettre alors d'y aller malgré le coût de la production. Les gens plus aisés auront peut-être les meilleures places mais ce qu'ils payent rentabilise le spectacle et autorise l'accès à des places moins chères pour les autres. J'étais content quand j'étais étudiant de pouvoir regarder un spectacle pour 10 ou 20 euros même si d'autres étaient 20 rangs devant moi en ayant payé 60 ou 80 euros.

Les théâtres de province sont souvent subventionnés par la ville et permettent un prix bas uniforme. On voit à Lille de beaux spectacles pour 40 euros (le prix maxi est à 60 euros et mini 11 euros. Ou même 5 euros à faible visibilité pour les accros de la musique).

En parlant de prix - je pense que nos théâtres font une bonne action (c'est probablement aussi ainsi chez vous): les étudiants ont un prix forfaitaire - 5 à 8 Euro, dépendant de la pièce, et ils peuvent choisir n'importe quelle place!!
Pour l'opéra Il Mondo della Luna la fille de mon amie et son copain nous ont accompagnés - pour 8 € ils ont assistés à leur première opéra.. ils n'en redemandent pas pour demain.. mais c'était bon de tenter le coup.. et ainsi plus de jeunes ont envie de 'tester'

kenavo a écrit:

En parlant de prix - je pense que nos théâtres font une bonne action (c'est probablement aussi ainsi chez vous): les étudiants ont un prix forfaitaire - 5 à 8 Euro, dépendant de la pièce, et ils peuvent choisir n'importe quelle place!!
Pour l'opéra Il Mondo della Luna la fille de mon amie et son copain nous ont accompagnés - pour 8 € ils ont assistés à leur première opéra.. ils n'en redemandent pas pour demain.. mais c'était bon de tenter le coup.. et ainsi plus de jeunes ont envie de 'tester'

On a ça aussi chez nous. Il y a souvent des tarifs "jeunes" ou "étudiants". Mais je crois qu'au Nouveau Siècle (la salle de concert) ça ne donne accès qu'à la 2e catégorie de places (mais on voit et on entend bien de partout). Il y aussi des tarifs pour les chômeurs, les 3e âge...

Quelques photos de productions qui m'ont marqué:


The flowering tree de John Adams


Salomé de Richard Strauss


Midsummer night's dream de Britten


Boris Godunov de Moussorgsky


La femme sans ombre de Richard Strauss


L'ange de feu de Prokofiev (mise en scène géniale)


Billy Budd de Britten


Peter Grimes de Britten

A suivre...

Marko a écrit:

Quelques photos de productions qui m'ont marqué:

je veux voir tout celà

Marko a écrit:

Quelques photos de productions qui m'ont marqué:

Ce sont des tableaux extraordinaires!...