Et si vous alliez à l'opéra?

coline a écrit:

Ca promet...
Tu devrais poster en doublon sur ce fil

J'y ai pensé mais je voulais éviter le doublon justement... Cruel dilemme

Jour de mise en vente des places pour Oedipe et déjà quasi complet. J'ai réussi à avoir des places pour le vendredi 4 novembre. Vivement!


Commentaires du chef d'orchestre Leo Hussain a qui on doit déjà le mémorable "Grand Macabre" de Ligeti avec La fura del baus:

Citation :

Malgré une réputation de chef-d’oeuvre acquise il y a plusieurs décennies, OEdipe de George Enescu demeure une rareté sur les scènes lyriques. La nouvelle production qu’en propose la Monnaie est donc un événement. L’oeuvre du compositeur roumain trouve en Leo Hussain un chef d’orchestre idéal. Après Janáček la saison dernière, Ligeti il y a deux ans, le jeune artiste anglais s’attaque ainsi à une troisième grande figure de la création musicale du XXe siècle et retrouve, à cette occasion, Alex Ollé, le metteur en scène avec lequel il a créé une production historique du Grand Macabre.

Un opéra tel que l’OEdipe d’Enescu devrait avoir été inscrit au répertoire depuis longtemps. Comment se fait-il que ce ne soit pas encore le cas ?
Honnêtement, je ne comprends pas pourquoi cette pièce n’est pas jouée plus souvent ! Je peux encore comprendre qu’à l’époque où elle a été écrite, elle mettait la barre trop haut pour une compagnie d’opéra de moyenne importance : c’est une oeuvre hautement épique, qui exige un grand orchestre et un grand choeur, plus un grand nombre de chanteurs, et qui contient un rôle extrêmement lourd... Mais aujourd’hui, on monte sans problème des oeuvres qui présentent pour une large part les mêmes contraintes, comme Wozzeck de Berg ou Peter Grimes de Britten. Je ne comprends donc pas non plus l’absence d’OEdipe au répertoire. C’est une pièce splendide, porteuse d’un langage musical très personnel et en même temps profondément ancré dans la tradition centre-européenne. J’espère sincèrement qu’une production solide, avec de grands artistes comme La Fura dels Baus, donnera définitivement à cette oeuvre la place qu’elle mérite dans le répertoire.

Comment définiriez-vous le style d’Enescu ?
En fait, Enescu était trop bon dans trop de domaines : il a mené une carrière de violoniste, de professeur, de chef d’orchestre, mais il a malheureusement manqué de temps pour composer. C’est difficile de définir le style de quelqu’un qui a écrit si peu, car chaque oeuvre est singulière... Bien qu’OEdipe ne soit pas révolutionnaire sur le plan formel et s’inscrive donc tout à fait dans la tradition lyrique, je pense qu’il est plus juste de dire de cet opéra qu’il conjugue innovation et tradition. L’idiome d’Enescu dans OEdipe peut être comparé à celui de Leoš Janáček. Il y a des sonorités et des couleurs nouvelles, mais le langage harmonique n’est pas d’une nouveauté impressionnante. Son langage musical se construit peu à peu à partir de ce qui existait antérieurement ; il ne s’agit donc pas d’une révolution, plutôt d’une évolution. Le style d’Enescu innove, mais sans rejeter ce qui existait déjà.

On fait souvent allusion à l’influence de la musique populaire roumaine sur son style. C’est aussi votre avis ?
Il y a influence, bien sûr, mais je pense qu’on ne rend pas service à Enescu en insistant sur ce fait. Sa sonorité, ses mélodies puisent effectivement à cette source, mais il n’est pas davantage que Bartók un compositeur de musique populaire ! Bartók aussi était influencé par la musique populaire, mais elle ne dominait pas son style. Une comparaison avec Pelléas et Mélisande de Debussy me paraît plus intéressante à faire, une oeuvre dont Enescu a dit lui-même qu’elle avait exercé sur lui une profonde influence. L’écriture orchestrale et le poids de l’orchestre sont très similaires dans OEdipe et dans Pelléas. La différence réside dans les lignes vocales : chez Enescu, le profil mélodique est beaucoup plus lyrique, tandis que chez Debussy il reste plus prosodique. Mais Enescu aussi suit la prosodie dans ses rythmes, et il s’intéresse à l’application des rythmes de la parole au texte ! En cela, il est tout à fait dans la même lignée que Janáček !

Certains éléments, dans OEdipe, font par ailleurs penser à Schoenberg, par exemple l’utilisation du « Sprechgesang »...
Absolument. Même si sa musique reste tonale, on n’a pas l’impression qu’Enescu n’est pas un homme de son temps. Il est évident qu’il s’intéressait à ce qui se passait au-delà des frontières de la Roumanie, il avait l’esprit extrêmement ouvert et curieux. On sent dans sa musique que c’est un musicien expérimenté, qui a beaucoup voyagé et absorbé quantité d’influences. Mais – et c’est un point important – ces influences sont totalement assimilées, elles ne sont jamais incorporées telles quelles dans sa musique ni copiées !

Comment écrit-il pour la voix ?
Les deux mots-clés en la matière sont mélodie et lyrisme ! Même quand il caractérise les personnages les plus complexes, Jocaste par exemple, il écrit encore des tirades mélodiques incroyables. C’est une sorte de combinaison entre écriture mélodique et intérêt, à la Janáček, pour le rythme de la parole.

Était-il aussi un grand orchestrateur ?
Dans OEdipe, Enescu compose pour un orchestre énorme, mais son orchestration n’est jamais pesante. Il est très sensible aux besoins de la voix et veille toujours à ce qu’elle ne soit pas écrasée par l’orchestre. Je n’ai donc pas trop d’inquiétudes à avoir en ce qui concerne l’équilibre entre chanteurs et orchestre. Cela permet au chef de se concentrer sur les couleurs orchestrales, qui sont particulièrement riches en l’occurrence. En fait, on est sur la même longueur d’ondes que dans le Pelléas de Debussy, où l’orchestre donne aussi presque l’impression d’un poème symphonique sous-jacent.

Une oeuvre ainsi portée par un seul chanteur, n’est-ce pas exceptionnel ?
OEdipe est bien davantage qu’une pièce d’ensemble : c’est un rôle, celui d’Œdipe, soutenu par la distribution qui l’entoure. Je n’ai jamais dirigé d’oeuvre dont le rôle principal soit aussi dominant ! L’oeuvre tout entière repose sur l’interprétation vocale de ce rôle : c’est une charge énorme pour chaque chanteur ! Nous pouvons nous estimer heureux d’avoir deux artistes comme Dietrich Henschel et Andrew Schroeder dans cette production. J’imagine que le poids de ce rôle peut faire peur, et ce pourrait être une des raisons pour lesquelles cette oeuvre n’avait pas encore trouvé sa place dans le répertoire... Parce qu’on jugeait le rôle principal trop lourd, on a constamment mis en doute la faisabilité de l’oeuvre. Mais aujourd’hui, il y a des chanteurs disposés à travailler ce rôle ; nous devons leur en être reconnaissants et relever le défi avec eux !

Ressentez-vous personnellement des affinités pour cette oeuvre ?
Premièrement, l’histoire d’Œdipe a une valeur éternelle. Mettre en relief la pertinence de ces thèmes éternels, c’est la spécialité de La Fura dels Baus. Je suis particulièrement ravi qu’ils assurent la mise en scène de cette production, car c’est un mariage idéal entre mise en scène et opéra. Et deuxièmement, cet opéra date d’une période qui me passionne. OEdipe a été composé à la même époque que les opéras tardifs de Janáček, peu après le Wozzeck de Berg et peu avant les premiers opéras de Britten. La première moitié du XXe siècle est une période fascinante dans l’histoire de l’opéra : le genre lutte alors pour trouver son identité parmi les nouveaux courants musicaux, et cela donne des résultats captivants. Il y a une telle multitude de styles, tout va dans des directions différentes…

Il reste sûrement beaucoup de découvertes à faire pour cette période ?
Sans aucun doute. Et nous avons aujourd’hui le recul nécessaire pour porter sur ces oeuvres un regard neuf. Je peux vous assurer que c’est le cas pour OEdipe. Je suis vraiment impatient de diriger cette oeuvre à la Monnaie !

Cette année je serai plus assidue à vous présenter au fur et à mesure la saison lyrique et symphonique à Nancy



The Rake's Progress

Igor Stravinsky

29, 30 septembre 2011 à 20h
2 octobre 2011 à 15h
4, 6 octobre 2011 à 20h

Il a l’argent, s’adonne à la débauche puis signe un pacte avec le diable. Il épouse une femme à barbe et finit dans un asile d’aliénés… et l’amour dans tout ça ? Juste passé à côté.
Assez pour faire un vrai opéra dans la pure tradition du XVIII° siècle, avec des airs, des récitatifs, des chœurs, des ensembles, assez pour construire une fable morale en trois actes.

Coproduction Angers Nantes Opéra et Opéra de Rennes

Ouvrage chanté en anglais, surtitré
Durée de l'ouvrage : 2h30 + entracte

Livret de Wystan Hugh Auden et Chester Kallman
Créé au théâtre La Fenice de Venise le 11 septembre 1951
Opéra en trois actes et un prologue

Direction musicale : Tito Muñoz
Mise en scène : Carlos Wagner
Décors et costumes : Conor Murphy
Lumières : Christophe Pitoiset

Choeur de l'Opéra national de Lorraine
Orchestre symphonique et lyrique de Nancy

Conférence Emmanuel Reibel
28 septembre 2011 à 18h30 (entrée libre, grande salle)

Récital « Une heure avec… » Janja Vuletic
5 octobre 2011 à 18h30 (foyer du public)


Tito Munoz prend ses marques comme directeur musical à Nancy. Nous le connaissons pour l'avoir eu plusieurs fois comme chef invité.

Je vous en dirai plus ce week-end prochain, quand j'aurai vu et entendu le spectacle

Nous avons notre propre Rake's progress à Lille cette saison ... On pourra comparer

On aura aussi "Le Tour d'écrou" de Britten, "Agrippine" de Haendel et "Le couronnement de Poppée" de Monteverdi par Emmanuelle Haïm, "Passion" de Dusapin... Programme bien sympathique.

Bien volontiers pour comparer.
Je vais me plonger dans le livret de l'avant scène opéra, histoire de ne pas être perdue...


Sinon, prochainement:

*Les noces et le sacre du printemps, avec la collaboration du ballet
*La chauve -souris, pour les fêtes...
*L'italienne à Alger
*René l'énervé ( celui là ne me tente pas du tout)
*La rondine
* Le tueur de mots, de Ambrosini

Le prochain pour moi ce sera Faust à Bastille, le samedi qui vient. La première a eu lieu avec une grève de techniciens donc sans mise en scène, donc pas d'échos.

J'ai assisté hier soir au Faust de Gounod à Bastille. Cause de grève, ce fut une version de concert, mais vu ce que j'ai lu sur la mise en scène, cela a peut être été plutôt une bonne chose. En tous les cas, c'était une merveille, la musique de Gounod est un plaisir dont je ne me lasse pas, et vraiment l'interprétation de l'orchestre et du choeur étaient parfaits, et quand aux chanteurs solistes, même si évidemment pour tel ou tel rôle on a connu mieux, ils vont du correct à l'excellent et rien ne dépare l'ensemble. Et en plus malgré l'absence des décors, ils semblaient vraiment concernés par leurs rôles. A vivre des expériences de ce type je risque par me dire que certaines mises en scènes sont plus une gêne qu'un plus.

Si je retournerais bien, mais évidemment il n'y a plus de places....

Vendredi soir c'était The Rake's progress.

J'ai été agréablement surprise: une musique chatoyante, mélodieuse.
Carlos Wagner ( qui avait mis en scène Carmen l'année dernière) avait chois un décor unique.
J'ai aimé la magie disséminée tout au long de l'ouvre.

L'artise qui tenait le rôle de Anne n'a tenu qu'un rôle scénique car souffrante, et c'est une autre artiste qui assurait la voix,dans la fosse d'orchestre.


Bref, un bon début de saison, qui sur le papier me laisse un peu perplexe malgré tout. ....surtout "René l'énervé"

mimi54 a écrit:

Vendredi soir c'était The Rake's progress.

J'ai été agréablement surprise: une musique chatoyante, mélodieuse.
Carlos Wagner ( qui avait mis en scène Carmen l'année dernière) avait chois un décor unique.
J'ai aimé la magie disséminée tout au long de l'ouvre.

Pour moi ce sera demain soir à Lille dans une autre production. Le minimalisme a l'air aussi de rigueur dans la mise en scène proposée. J'espère ne pas être trop déçu après le spectacle haut en couleur de Robert Lepage à Bruxelles (disponible en DVD).

Un extrait, dans une version antérieure, de l'aria d'Anne Trulove par Dawn Upshaw:

Prochainement à Nancy :

Coproduction CCN-Ballet de Lorraine, Opéra national de Lorraine

Direction musicale : Tito Muñoz

Choeur de l'Opéra national de Lorraine
Orchestre symphonique et lyrique de Nancy
CCN - Ballet de Lorraine


Les Noces
Mariage (Les Noces version Tero Saarinen)
Une cérémonie entre chagrin et félicité

Scènes chorégraphiques russes avec chant et musique
Livret du compositeur
Créé le 13 juin 1923 par les Ballets Russes au Théâtre de la Gaieté-Lyrique à Paris

Orchestration de 1923 pour voix solistes, chœur, 4 pianos et 6 percussions
Version chantée en russe, surtitrée
Durée de l'ouvrage : 25 mn

Création chorégraphique et mise en scène : Tero Saarinen
Assistant chorégraphie : Anu Sistonen
Décors, lumières: Mikki Kunttu
Costumes, coiffures : Erika Turunen


Le Sacre du printemps
Ballet en deux tableaux
Création le 29 mai 1913 par les Ballets russes au Théâtre des Champs Elysées à Paris
Réduction d’orchestre de Jonathan Mc Phee
Durée de l'ouvrage : 35 mn

Création chorégraphique : Ginette Laurin
Décors, costumes : Marilène Bastien
Lumières : François Marceau

Conférence Emmanuel Reibel
22 octobre 2011 à 18h (entrée libre, grande salle)

Pour la petite histoire, notre chef du choeur et orchestre du Gradus ad musicam, rêve, de monter le sacre avec l'orchestre.....
Il est fou notre chef, il nous a déjà embarqué avec la passion selon St Mathieu entre autre...et pour les 30 ans de la formation, en 2012, veut jouer le boléro de Ravel en gare de Nancy.......le pire c'est qu'il y arrivera !!!! ça serait chouette

En attendant de voir ce que nous proposera l'Opéra de Lorraine, un avant goût.....

Pas eu le temps de développer mais j'ai beaucoup apprécié le spectacle de "The Rake's Progress" à Lille. Je tenterai un post si je rouve l'énergie.

Les noces, c'est du déjà vu (2007), mais revu avec plaisir
Collaboration heureuse du choeur de l'Opéra de Lorraine, et d ballet de Lorraine ( qui pour vous donner une idée de son niveau a été dirigé par Patrick Dupont....)

Le sacre du printemps; décor minimaliste; costumes plus que réduits pour laisser toute la place au corps
Chorégraphie contemporaine bien articulée
Je n'ai pas assez de recul pour juger de la partie musicale, car je ne l'ai jamais entendu en situation...mais mon oreille a approuvé

mimi54 a écrit:

Le sacre du printemps; décor minimaliste; costumes plus que réduits pour laisser toute la place au corps
Chorégraphie contemporaine bien articulée
Je n'ai pas assez de recul pour juger de la partie musicale, car je ne l'ai jamais entendu en situation...mais mon oreille a approuvé

Quand elle est bien interprétée c'est une oeuvre révolutionnaire, géniale, complètement galvanisante.

Marko a écrit:

mimi54 a écrit:

Le sacre du printemps; décor minimaliste; costumes plus que réduits pour laisser toute la place au corps
Chorégraphie contemporaine bien articulée
Je n'ai pas assez de recul pour juger de la partie musicale, car je ne l'ai jamais entendu en situation...mais mon oreille a approuvé

Quand elle est bien interprétée c'est une oeuvre révolutionnaire, géniale, complètement galvanisante.

j'ai senti cela....ce côté galvanisant...qui laisse à l'affut