Et si vous alliez à l'opéra?

euh non, c'est plaisant swallow et même intéressant parce que nourrit d'un regard neuf. Perso, je ne vais jamais à l'opéra (mes rares rencontres n'ayant pas été particulièrement convaincantes), en revanche j'aime beaucoup écouter les passionnés parler de ce spectacle hors norme, différent, difficile mais sans doute particulièrement magique, quand on y est un peu habitué. Je viens d'écouter l'émission de Kathleen Evin (France Inter) qui présentait Les Puritains (vu par Arabella), cela fait rêver... un opéra qui n'a pas été joué depuis 1987 et qui semble évoluer magnifiquement sur les chœurs plus que sur des solistes... je penserai presque : pourquoi pas... mais bon... je vous lis et cela me donne déjà d'étranges frissons...

Pour n'avoir pas du tout été formée à ça et l'avoir découvert à l'âge adulte, je sais à quel point l'opéra nécessite un effort pour entrer dans cet univers particulier. Mais une fois qu'on franchit une étape, cela devient tellement hors normes, que rien n'est comparable à ce plaisir là. Mais il faut trouver sa clé d'entrée, qui n'est pas la même pour tous, c'est comme dans tout art, la littérature par exemple, on en aime une partie et pas forcément toute la littérature. Et c'est pour ça qu'il est difficile de conseiller quelqu'un qui veut s'initier. Mais j'aurais tendance à penser que ce spectacle là (I Puritani) peut vraiment convenir à beaucoup de gens pour leur donner envie. Et je n'en espérais pas beaucoup, d'autant plus que comme j'ai assisté à la première, il n'y avait aucun écho.

bon je commence à regarder certains DVD empruntés à la médiathèque ! c'est déjà pas mal, non ? Le dernier en date était Salomé et le prochain sera Lulu !!

Je trouve que c'est compliqué l'opéra parce que :

 je suis pour l'art total mélangeant les genres , les possibilités, les formes d'expressions... mais...

- souvent les œuvres restent incompréhensibles, difficiles, tellement éloignées de notre quotidien...
- ensuite il y a bien souvent le problème de la langue (même Carmen est incompréhensible quand il est chanté par des chanteurs non-francophones...)
- enfin tout de même : les histoires sont... insipides, lointaines, dénaturées ?
bref, pas grand chose en dehors du spectaculaire pour aller voir un opéra..., non ??

Et si tu vas à l'opéra, pense à prendre des bonbons contre la toux ...
Grand moment de solitude lorsque que tu expectores lors d'un moment de silence ....

D'ailleurs je n'ai jamais compris pourquoi des personnes qui peuvent rester des heures sans toussoter se sentent absolument obligées de se râcler la gorge, tousser, baver et se gratter quelque part pendant les silences d'un concert.

Mesencor a écrit:

D'ailleurs je n'ai jamais compris pourquoi des personnes qui peuvent rester des heures sans toussoter se sentent absolument obligées de se râcler la gorge, tousser, baver et se gratter quelque part pendant les silences d'un concert.

Oui mais quand tu as envie de tousser à en pleurer et que tu es au milieu du rang, captif de l'attention au concert de tes voisins  

Comme tu y vas Shanidar !  

En même temps je peux comprendre, parce qu'à une époque je n'en pensais pas grand bien non plus.

Les livrets d'opéra, il y en a d'insipides, ce que je reproche souvent aux opéras italiens. Mais il y en a de fabuleux aussi, là je pense parmi ce que j'ai pu voir récemment, Elektra, ou Alceste. Simplement la narration obéit à des principes qui ne sont pas ceux d'un roman ni d'une pièce de théâtre mais a un fonctionnement propre et différent, qu'il s'agit de s'approprier, parce que la présence de la musique fait qu'il faut faire autrement, et la musique participe à la narration de l'histoire. Le sens est produit d'une façon complexe et spécifique.

Pour apprécier, il faut quand même être sensible à la musique, à son langage à sa façon de nous parler et émouvoir. Parce que la musique est quand même incontournable. Et se rendre dans une salle, c'est déjà l'entendre comme elle doit être, parce qu'aucun appareil, aussi sophistiqué ne pourra la reproduire telle qu'elle est en dehors d'une salle. Ensuite l'obstacle de la langue, bien sûr, mais là il y a les surtitres. Pour ma part, lorsque je vais voir un opéra, je l'ai entendu (et en suivant avec le livret), éventuellement vu des vidéo, lu des choses. Je connais le livret, la musique. J'aime avoir en tête des interprétations différentes. Et le paradoxe de tout cela, qui peut paraître très intellectuel comme démarche, c'est que rien pour moi ne produit autant d'émotion qu'un opéra. C'est cela qui est propre au genre ; la façon de conter qui repose sur la musique, en vient à pointer des moments forts, des moments paroxystiques, des condensations des ressentis. Et cela provoque chez le spectateur quelque chose de fort, de viscéral.

Les histoires loin de nous, moi je dirais que les grands livrets d'opéra, au-delà de l'actualité cherchent à capter les mythes, des archétypes, des vérités éternelles qui ne sont pas d'une époque, mais qui caractérisent l'humanité, la part toujours présente. Après, c'est le travail du metteur en scène, de rendre cela lisible, intelligible au public à tel endroit ou à tel moment. Ils y arrivent plus ou moins.

Parce que rien n'est plus difficile que de réussir un spectacle d'opéra : il faut une belle oeuvre, des interprètes nombreux et tous au sommet (chef, orchestre, des chanteurs) et la mise en scène. Difficile à réunir au même temps, c'est une machinerie si complexe. Mais si cela s'enclenche, c'est merveilleux et magique, toute l'intendance est oubliée, cela paraît être le naturel même, et l'émotion jailli comme nul part ailleurs. C'est inexplicable, comme tout ce qui est magique.

J'admire ce que tu dis Arabella (et la manière dont tu l'exprimes)(d'autant que j'ai une certaine 'passion' pour Strauss). Cette intensité-là me raconte quelque chose mais... il va vraiment falloir que je me fasse violence... (pour l'instant je compte continuer cahin caha à découvrir l'opéra sur CD et DVD et peut-être un jour y retourner...). Mais continuez sur ce fil à me faire rêver !!

Mesencor a écrit:

D'ailleurs je n'ai jamais compris pourquoi des personnes qui peuvent rester des heures sans toussoter se sentent absolument obligées de se râcler la gorge, tousser, baver et se gratter quelque part pendant les silences d'un concert.

Parce que ce qui se produit durant un concert est de l'ordre de l'impalpable.

Et ceux qui ferment les yeux durant tout le concert...étrange, incompréhensible pour certains....et pourtant, je vous assure, on entend mieux les yeux fermés.....
Bon, à l'opéra, pas vraiment .


Quand on ne connait pas, un jour, il faut oser.....même avec une œuvre pas forcément facile, vir pas connue du tout, où l'on a aucun repère, aucun air connu auquel se raccrocher.

Il se trouve qu'un jour on franchit le pas, on se dit que ça n'est pas que pour les autres, et on en ressort conquis , ou accroché par quelque chose en particulier...et on y retourne, ou du moins on essaie, en fonction de ses moyens.

shanidar a écrit:

J'admire ce que tu dis Arabella (et la manière dont tu l'exprimes)(d'autant que j'ai une certaine 'passion' pour Strauss). Cette intensité-là me raconte quelque chose mais... il va vraiment falloir que je me fasse violence... (pour l'instant je compte continuer cahin caha à découvrir l'opéra sur CD et DVD et peut-être un jour y retourner...). Mais continuez sur ce fil à me faire rêver !!

Je comprends ce que tu veux dire par se faire violence, parce qu'à un moment j'ai vécu quelque chose qui ressemblait à ça, mais la salle m'a apportée une autre dimension, la vraie dimension, que la vidéo ou le CD ne remplacent pas. Mais on ne peut forcer les choses. C'est juste qu'à la vue de tout ce que cela m'a apporté et m'apporte, et en sachant que j'aurais pu passer à côté, je me dis que d'autres sont dans la même situation, et que si déclic se fait....

à cause du livre de Benjamin Lacombe, envie de découvrir l'opéra de Madame Butterfly...
j'ai vu qu'il y a beaucoup de versions en DVD, est-ce que nos opéras-aficionados peuvent m'en recommander une?

Puccini, j'aurais du mal à te conseiller, Kena.  

ah ! c'est l'opéra que je suis allée voir ! c'était beau mais long... et là où j'étais placée je ne pouvais pas voir les sous-titres... (ce qui n'est pas très grave sans doute) mais à un moment donné j'ai décroché et après impossible de revenir et de m'intéresser à ce qui se passait sur la scène...

Arabella a écrit:

Puccini, j'aurais du mal à te conseiller, Kena.  

shanidar a écrit:

ah ! c'est l'opéra que je suis allée voir ! c'était beau mais long... et là où j'étais placée je ne pouvais pas voir les sous-titres... (ce qui n'est pas très grave sans doute) mais à un moment donné j'ai décroché et après impossible de revenir et de m'intéresser à ce qui se passait sur la scène...

bon alors je reste pour l'instant aux extraits sur YouTube

kenavo a écrit:

à cause du livre de Benjamin Lacombe, envie de découvrir l'opéra de Madame Butterfly...
j'ai vu qu'il y a beaucoup de versions en DVD, est-ce que nos opéras-aficionados peuvent m'en recommander une?

kena,
j'ai grandi entre Puccini, Verdi, Janacek et Benjamin Britten (ah ! les mises en scènes de Walter Felsenstein), donc dès que j'ai eu mon premier tourne-disques je me suis acheté des opéras.
Et aujourd'hui ? Dans les éditions anciennes il y a toujours la question la Callas ou la Tebaldi ? Personnellement j'appécie beaucoup le timbre de Renata Tebaldi mais dans le cas de Madame Butterfly j'opte pour la voix de Maria Callas sous la direction de Herbert von Karajan au pupitre de l'orchestre de la Scala de Milan. Elle exprime si bien le drame psychologique d'une mère sur le point de perdre son enfant et son amour.

L'enregistrrement de Madame Butterfly avec Renata Tebaldi sous Alberto Erede me convainc parce que c'est un ensemble qui présente un opéra parfait mais si on regarde les arias comme des numéros uniques il y a des couaks.  Que te conseiller ? Les deux enregistrements tout simplement   

Mais alors que dire des versions plus récentes ? Je ne sais pas    il faudrait que je les écoute, les réécoute, les compare, tout un exercice que je ne peux te promettre pour bientôt. En attendant je vais de ce pas réécoutez " Un bel dì, vedremo  ".