Et si vous alliez à l'opéra?

Comme après mon absence je n'aurais pas le temps de parler de tout, je vais forcément parler surtout des choses que j'ai aimé.  

Aida c'est mon prochain spectacle à l'opéra. Même si je ne suis pas vraiment fan de Verdi, j'espère de belles choses. Puis ce sera Elektra. Cette saison s'annonce vraiment très bien.

Mon premier opéra de l'année sera Quartett de Luca Francesconi d'après le texte de Heiner Müller qui s'inspire des Liaisons dangereuses. Il a été créé à Milan en 2011 et j'en attends beaucoup. D'autant que la Fura Del Baus met en scène. Ce sera donc à Lille en novembre.

Citation :

Dans cette œuvre résolument multidimensionnelle, le compositeur milanais exploite tout le potentiel scénique du texte de Müller. Il en resserre encore la maille, et le concentre en un livret extrêmement dense où le poids des mots se fait constamment sentir. Ce sentiment est étayé par la mise en scène d’Alex Ollé (La Fura dels Baus), qui circonscrit l’aire de jeu à une pièce suspendue dans le vide, tenant du boudoir autant que de la cellule, faisant ainsi écho à la didascalie initiale de Müller : « Un salon avant la Révolution française, un bunker après la troisième guerre mondiale ».
Deux orchestres et un chœur sont à l’œuvre : un orchestre de chambre dans la fosse (sous la direction de Susanna Mälkki), une formation plus importante et un chœur situés, eux, dans une autre salle de la Scala. La musique de ceux-ci est retransmise par le biais de technologies du son complexes (Ircam), créent ainsi de troublants effets de résonance, de projection sonore, et amplifient la perception des espaces. Parmi ces « tsunamis orchestraux » (l’expression est du compositeur lui-même), les voix d’Allison Cook (la Marquise de Merteuil) et de Robin Adams (le Vicomte de Valmont) font entendre un large spectre de styles, de timbres et de registres, dans une composition qui n’hésite pas, avec une étonnante flexibilité, à passer du registre de l’opéra classique à des sons pop, jazzy, voire ethniques.
Le succès est franc, la commotion réelle. Quartett ouvre au public une large croisée, non sans violence.

Présentation:

Bon spectacle Marko. Tu es toujours plein de gourmandise quand tu nous parles de tes futurs concerts et opéras  

TurandotGiacomo Puccini


La saison lyrique nancéienne commence fort, très fort avec cette nouvelle production de Turandot que signe Yannis Kokkos. Ce dernier a choisi un décor amovible, graphique largement inspiré de la bande dessinée, où ce sont les petits détails qui changent tout et donnent tout le cachet à cet opéra que l'on a l'habitude de voir sur de grandes scènes.

Turandot, ou la glaciale princesse en qui s'est réincarnée l'aieiele autrefois brutalisée , et qui se refuse à succomber à l'amour. Mais c'est sans compter sur la détermination, et l'amour de Calaf....


Calaf, campé par l'imposant coréen Rudy Park, tant physiquement que vocalement. Il tient de bout en bout son rôle avec une belle maîtrise; et c'est une salve d'applaudissements qui déferlent à l'issue d'un Nessum Dorma impeccable , insolent de facilité et de maîtrise.

N'oublions pas pour autant les autres rôles, tous choisis avec soins. Karah Son interprète une Liu pleine de sensibilité et de fragilité; une voix tout en émotion....



L'humour et la facétie sont présents avec Ping, Pang, Pong 3 personnages qui donnent une touche de gaité dans cette œuvre sombre .Entre deux mises à mort, nous les retrouvons dans une fumerie d'opium......

Le travail du chœur de Nancy et de Metz ( c'est une coproductions entre les deux établissements) est tout simplement sublime, sachant jouer sur les couleurs. En arrière scène, ce sont les enfants du conservatoire de musique qui donnent une couleur céleste, et légère à la partition de Puccini dont on ne se lasse pas une seconde.




L'orchestre dirigé par Rani Calderon est bien mis en valeur, sans pour autant étouffer les chanteurs.

La saison 2013/2014 commence donc très bien. Gageons que la prochaine production ( Candide de Bernstein) saura autant me séduire ......

Aida / Bastille 2013

Et bien ce fut une déception pour moi. Essentiellement à cause de la mise en scène d'Olivier Py. On retrouve un d'intérêt dans des beaux décors dorés, d'une certaine façon intemporels, et dans l'utilisation de l'espace, sur plusieurs niveaux permettant des dialogues entre les personnages, des échanges, et des mouvements de foule. A part cela, c'est le grand vide. Pas de véritable direction d'acteurs, les chanteurs sont livrés à eux-même et comme ce ne sont pas des acteurs nés...

Soyons direct : une transposition d'un opéra à une autre époque que celle à laquelle il est censé se passer ne choque plus vraiment qui que ce soit, c'est presque devenu obligé, politiquement correct. Donc cela ne suffit pas pour une mise en scène forte. Transposer à l'époque de Verdi, Autrichiens contre Italiens soit. Même si tout le monde connaît le contexte historique de la composition de l'oeuvre et enfoncer le clou paraît quelque peu didactique, et d'un niveau d'école primaire. Mais cela aurait pu avoir une cohérence si Olivier Py s'en serait tenu là. Mais il devait lui-même sentir que c'était un peu léger, alors il en rajoute au possible : des militaires en treillis et en armes, un char, un charnier, des revenants de camps, des membres du Ku Klux Klan.....en gros tout ce qui lui passe par la tête, et ce que l'on a déjà vu mille fois ailleurs. Et oui, la guerre est horrible, c'est violent, il y a même des morts. Merci à Olivier Py de nous le révéler, on ne s'en serait pas douté sans lui. Une mise en scène d'une grande banalité, sans rien d'original, et sans aucune cohérence ni vision d'ensemble. Paresseuse et conformiste, branchée et creuse. Olivier Py aurait mieux fait de consacrer le temps qu'il a accordé à donner de nombreuses interviews à travailler pour quelque chose d'un peu plus consistant. Là j'ai eu le sentiment d'un petit bricolage vite fait mal fait, une façon de rentabiliser et monnayer à moindre coût sa réputation. Alors qu'il a un tel potentiel...

En ce qui concerne l'aspect purement musical, les choeurs et l'orchestre sous la direction de Philippe Jordan sont parfaits. La distribution vocale disons homogène, pas transcendante mais pas horrible non plus, Marcelo Alvarez sortant du lot, grâce notamment à la beauté de son timbre.

Moi qui ne suis pas une fan de Verdi, ce n'est pas ce genre de représentations qui me ferra l'aimer d'avantage....

J'aurais bien vu cette Turandot et je ne regrette donc pas Aïda par Olivier Py. Je retrouverai ce dernier pour sa mise en scène du Hamlet d'Ambroise Thomas à Bruxelles en décembre.

J'espère qu'Olivier Py d'ici Hamlet arrivera à se renouveler. Je ne pense pas qu'il soit raisonnable de démultiplier les mises en scène comme il le fait en ce moment. Je crois qu'il a cinq mise en scène cette année, rien que dans le domaine de l'opéra. On a beau être doué, il faut quand même le temps de décanter et de peaufiner...

Avis aux parisiens, ou aux autres qui pourrons se déplacer

Artaserse ( Vinci)

Il s'agit de la production donnée  à Nancy en novembre 2012 avec Max Emmanuel Cencic, Philippe Jarousky, Franco Fragoli  Ici


Sera donné à l'opéra royal de Versailles les  19- 21- 23 Mars 2014

A ne pas rater !!

Une belle expérience. Déjà la musique de Richard Strauss, belle et forte, et très bien servie. Par l'orchestre et Philippe Jordan. Des chanteurs à la hauteur (mention spéciale à Waltraud Meier), même Irene Theorin, malgré l'énormité de ce qui lui est demandé, est convaincante, même si bien sûr, il y a eu quelques Elektra plus exceptionnelles, le disque en garde trace. Mais dans l'ensemble, pas de fausse note dans la distribution vocale, ce qui est rare.

La mise en scène de Carsen, est comme toujours d'une grande cohérence, et d'une grande sobriété. Un décor très simple, spartiate presque, à l'esthétique épurée, un cylindre sombre qui entoure la scène, de la terre au sol et juste une trappe qui s'ouvre parfois, tombeau d'Agamemnon ou entrée du palais. Et des costumes noirs, très simples pour les protagonistes. Sauf Clytemnestre et Egisthe, vêtus en blanc. Le choix du metteur en scène est de faire de l'opéra une sorte de cérémonie sacrificielle, avec les victimes désignées.
Elektra se voit adjoindre un groupe de femmes vêtues comme elles, qui une partie du temps répètent ou amplifient ses gestes. Un équivalent du choeur des tragédies antiques. L'expression de ce qui se passe, les sensations, ne se fait pas par des expressions ou mimiques individuelles, mais par la masse du groupe. Visuellement c'est magnifique, une sorte de ballet hallucinant et macabre. Cela donne quand même quelque chose de froid, une mise à distance de l'émotion, dans un opéra qui peut en déchaîner des torrents. Mais encore une fois c'est un choix, et il est assumé jusqu'au bout. Et il a sa légitimité : nous sommes dans une cérémonie collective, tout le monde connaît l'issue et joue son rôle, d'une façon presque stylisée. Le fameux côté catharsis de la tragédie est mis en avant. Le côté expérience commune avant l'expérience individuelle aussi. Cela tient du début jusqu'à la fin. Evidemment, d'autre façon d'envisager l'oeuvre existent, elle est suffisamment riche pour cela. Mais celle-ci est convaincante, et c'est vraiment de la belle ouvrage, sans rien de superflu.

Une excellente soirée.

Belle distribution! Waltraud Meier est géniale dans ce répertoire post-romantique. Tu as du te régaler.

Oui, vraiment. Cela m'a permis d'oublier ma déception d'Aida. Et va encore renforcer mes préférences, au détriment de l'opéra italien....

Citation :

Lundi 22 avril 2013, s’est tenue à Londres pour la première fois la cérémonie de remise des Opera Awards, en présence du gratin de l’opéra international. Organisée par l’Opera Awards Foundation, cette manifestation annuelle a pour ambition de devenir un équivalent des Oscars américains, pour le monde de l’opéra et sur un plan international. En cette année inaugurale, 21 prix dans autant de catégories ont été remis à des lauréats sélectionnés par un jury de professionnels parmi 102 nominés.

Le Festival d’Aix était cette année nominé dans trois catégories : « création mondiale », « redécouverte d’un opéra méconnu » et « festival de l‘année ».

Pas moins de deux Awards ont été cette année attribués au Festival pour ses productions de 2012 :

Written on skin dans la catégorie « création de l’année », qui sera repris cet automne à l’Opéra Comique du 16 au 19 novembre
David et Jonathas dans la catégorie « redécouverte de l’année »
En outre, Dmitri Tcherniakov a remporté le prix du metteur en scène de l’année. Il sera à Aix dans quelques semaines pour la reprise de son Don Giovanni.

Parmi les nominés, de très nombreux artistes proches du Festival furent également mis à l’honneur : Richard Jones, Julia Lezhneva, Allan Clayton (Written on Skin, 2012), Sarah Connolly (La Clémence de Titus, 2011)… sans oublier Evelyn Herlitzius, qui incarnera cet été le rôle-titre d’Elektra de Richard Strauss.

Pour Written on skin c'est samedi, lundi ou mardi et il ne faut pas le manquer

Je file voir Quartett de Luca Francesconi d'après la pièce de Heiner Müller qui a déjà été mise en scène par Chéreau ou Bob Wilson (avec Isabelle Huppert). A tout à l'heure pour les impressions...

I Puritani / Bellini / Bastille

Après la grande déception que m’a causé Aïda, j’allais un peu à reculons voir ces Puritani. Dernier opéra de Bellini, composé pour Paris, d’après une pièce médiocre d’un auteur français oublié de nos jours, le livret est des plus invraisemblables et ne sert qu’à amener des moments dramatiques pour que les personnages puissent chanter des airs contrastés et nombreux. Typiquement le genre d’opéra statique, où le seul intérêt réside dans la musique, et dans les performances des chanteurs (si on a de la chance). Un vrai défi pour le metteur en scène.

Et bien ce fut une heureuse surprise. Déjà, question chanteurs, nous avons été gâtés. Petite réserve sur l’Arturo de Dmitry Korchak : certes du potentiel, mais pas complètement le style et la technique pour ce type de répertoire, qu’il compense par moments en chantant très fort, et là le timbre est moins beau. Et en plus il est le plus statique et le moins convaincant scéniquement. Mais c’est loin d’être une catastrophe. Dans le rôle central d’Elvira, une jeune italienne, Maria Agresta, est excellente. Evidemment, certains vont trouver que telle ou telle note n’est pas chantée comme il l’aurait fallu, ou qu’elle n’égale pas telle ou telle grande gloire de l’opéra passé (les commentaires sur les forum spécialisés c’est quelque chose, je vous jure). Personnellement je m’en contente très bien. Michele Pertusi en Sir Giorgio est tout simplement exemplaire, et Mariusz Kwiecien en Ricardo très bien (leur duo est peut être le moment le plus marquant de tout l’opéra). Rien à dire sur les petits rôles non plus. Une distribution qui dans son ensemble rend justice à cette musique et donne un grand plaisir au spectateur-auditeur.

Et la mise en scène ? Et bien Laurent Pelly a réussi ce que je considère comme un véritable challenge. Parce que le résumé du livret ne peut provoquer qu’un franc ennui, ou des fous rires. Et construire avec ça un spectacle cohérent du début jusqu’à la fin, magnifiquement beau à voir, qui respecte complètement l’œuvre, tout en donnant des éléments de réflexion d’une grande richesse, sans rien asséner, tout en suggestions et propositions, c’est vraiment du grand art.

Je vais peut être me réconcilier avec l’opéra italien…..

Ouahhh 50 pages pour ce fil sur notre Forum! Quelqu´un a peut-être déjà parlé plus précisément d´ANA BOLENA de Donizetti?
Je viens de voir/écouter cet opera à Vienne (Wiener Staatsoper), avec Krassimira Stoyanova dans le rôle d´Anne Boleyn.


3 heures 15 de spectacle ( avec un rapide entracte et donc l´occasion de voir le splendide salon de thé, avec toutes ses pâtisseries, viennoiseries de rigueur, dans la capitale autrichienne.
La mise en scène faisait très théâtre ( çà  sentait le Racine et le Corneille de mon adolescence) après je me suis renseignée, que j´ai appris que la mise en scène était dirigée par Éric Genovese, acteur, et sociétaire de la Comédie française.
Pour les voix- ce qui m´interesse le plus- ( bien que je n´y connaisse rien) j´ai la manie de " préférer" celles que je reconnais d´emblée, à la première phrase, parce que je les ai souvent entendues à la radio ou sur CD( Callas, Placido Domingo, Carreras, Jarousski ou Cecilia Bartoli) et là, j´étais un peu perdue, car j´étais incapable de les ranger dans quelque catégorie " connue" ni même de faire des comparaisons.
L´opera de Vienne est assez " art-nouveau" pour ce qui est de la décoration intérieure. ( incendies et bombes de la 2º guerre mondiale). Ce qui contraste avec la richesse de l´architecture de l´édifice qui lui est de la fin XIXe. Le grand escalier est impressionnant, ainsi que les fresques et décorations des divers niveaux.

Le Staatsoper est situé tellement en plein centre de Vienne, qu´on passe plusieurs fois par jour devant, quand on est touriste: à pieds, en bus ou en tramway. Magnifiquement illuminé le soir.
Pour Coline ( car j´ai vu sur une des pages de ce fil qu´elle demandait le prix d´une entrée à l´Opéra: A Vienne, il y a des places à 3€, debout, en face de la scène, à divers niveaux, avec une rampe-accoudoir bien molletonnée sur laquel on peut se reposer un peu le dos!
Sur internet, j´avais renoncé à acheter des billets, vus les prix exhorbitants, et puis sur place, c´était bien meilleur marché et il n´y avait pas de queue.
Chaque spectateur a devant lui ( incrusté dans le dossier du siège de la file de devant) un petit écran, très discret et dont la luminosité ne dérange absolument pas les autres spectateurs) avec la traduction simultanée du texte chanté, allemand ou anglais, au choix, puis qu´Ana Bolena est en italien.
Voilà pour ma soirée opéra.
Je n´ai pas l´habitude d´aller à l´opéra, et sans doute ce que je vous raconte est routine pour ceux qui y vont souvent. Excusez ma naïveté si je n´ai dit que des évidences et des banalités!