Et si vous alliez à l'opéra?

Merci beaucoup pour ces informations Maline  

Akhmatova de Bruno Mantovani, dont on avait parlé avec Arabella, est diffusé mardi soir tard sur France 2 (donc mercredi matin en fait) vers 1h20. Une façon intéressante de découvrir la vie de cette grande poétesse russe.

J'avais apprécié en salle, peut être je vais enregistrer. Pour regarder à une heure décente.  

J'aurais beaucoup aimé voir ce spectacle d'après la nouvelle de Boulgakov: Coeur de chien. C'est un opéra de Alexander Raskatov créé en 2010 à Amsterdam avec une mise en scène étonnante (manifestement) de Simon McBurney. On peut le voir à Lyon du 20 au 30 janvier 2014.

Citation :

L'HISTOIRE
Pour son premier opéra, monté en 2010 à l’Opéra d’Amsterdam, le Britannique Simon McBurney avait frappé les inconditionnels du genre. L’auteur et metteur en scène reprend pour l’Opéra de Lyon Coeur de chien, la production du compositeur russe Alexander Raskatov, inspirée de la nouvelle éponyme de Mikhaïl Boulgakov. Virtuose de la scène, il fait son miel de cette histoire fantastique et de cette satire virulente du régime soviétique des années 20 dont l’auteur fut persécuté : un grand professeur spécialiste du rajeunissement greffe l’hypophyse et des organes génitaux humains à un chien qu’il a ramassé dans la rue. Mais l’animal se métamorphose en un ivrogne haineux tel son donneur, tandis que son « maître » est poursuivi par des comités étatiques et éthiques divers.



Lors de sa création, Cœur de chien a d’emblée été un succès.
Il faut dire que la nouvelle de Boulgakov, dont le livret s’inspire et qui a été écrite en 1925, a matière à laisser libre cours à l’imagination débordante du metteur en scène Simon McBurney. Satire politique grinçante du régime soviétique et de la science, elle est étonnamment moderne et d’une densité thématique incroyable.

Pour s’atteler à son premier opéra, Simon McBurney, fondateur de la compagnie Complicite, a refusé d’appliquer les codes classiques du genre, préférant utiliser son savoir-faire théâtral. Comme dans Le Maître et Marguerite, également inspiré de Boulgakov, qui a inauguré le festival d’Avignon 2012, Cœur de chien « plonge le spectateur dans un univers fantastique digne d’un Tim Burton ».
L’intrigue offre au metteur en scène prestidigitateur l’opportunité d’exploiter toute la palette de son art : frère du Dr Frankenstein, un illustre professeur, spécialiste du rajeunissement des cellules, a l’idée de greffer une hypophyse et des organes génitaux humains à un chien errant. L’expérience s’avère être un échec, le meilleur ami de l’homme se métamorphose en individu grossier, acariâtre et porté sur la bouteille, à l’instar de son donneur.
«Raconteur d’histoires» talentueux et sensible, Simon McBurney a travaillé sa partition en accord avec Alexander Raskatov. Le compositeur russe voulait se rapprocher d’un opéra bouffe, d’une oeuvre de Rossini. Simon McBurney s’appuie sur les supports visuels et sonores les plus sophistiqués sans négliger - loin de là - les fondements du spectacle vivant, comédie, ombres chinoises, art de la marionnette. Il a bien retenu les enseignements de son maître, Jacques Lecoq, professeur de mime renommé qui a formé les plus grands metteurs en scène européens. Si McBurney fait feu de toute technique - projections d’images, son et lumières -, c’est dans l’unique but de provoquer l’émotion, parfois le rire. Et de servir sa troupe. Au lieu de distribuer le rôle-titre, le terrible chien donc, à un comédien, Simon McBurney a choisi de le représenter par une imposante marionnette. La voix du canidé est interprétée par trois chanteurs : un soprano et un contre-ténor quand il grommelle, jappe et crache à travers un mégaphone, et un ténor quand il se transforme en être humain. Au fil de l’opéra, la marionnette « chien » devient de plus en plus incontrôlable. Habilement manipulée, elle apporte de la folie burlesque au spectacle qui n’en manque déjà pas. Avec cette oeuvre accessible à tous, Simon McBurney devrait remporter les suffrages des amateurs d’opéra comme des amoureux du théâtre.

Quelques vidéos:   Extraits

149 jours pour découvrir Dialogues des Carmélites de Poulenc dans la version plébiscitée d'Olivier Py:

Carmelites/ Olivier Py

Marko a écrit:

149 jours pour découvrir Dialogues des Carmélites de Poulenc dans la version plébiscitée d'Olivier Py:

Carmelites/ Olivier Py

  

J'ai vu la Fanciulla del West de Puccini. Ce n'est pas l'oeuvre la plus connue du compositeur, loin s'en faut, et on comprend pourquoi quand on la connaît. Le livret est chargé : cela se passe dans le Far West, Minnie est propriétaire du saloon dans lequel les mineurs d'or vont boire et jouer. Mais c'est une âme pure, entre deux tournées de whisky et deux parties de poker, elle leur lit la Bible. Ils sont tous amoureux d'elle, mais elle attend le grand amour. Qui arrive sous les traits d'un certain Johnson. Qui se révèle malheureusement être un bandit. Qu'à cela ne tienne : après une partie de poker homérique, Minnie gagne la vie de son bien aimé au shérif (évidemment amoureux lui aussi). Et persuade les mineurs de laisser la vie sauve à son chéri, avec qui elle part pour lui permettre de changer de vie....Le tout enrobé d'une musique particulièrement sirupeuse, même pour Puccini. Bref, c'est un peu lourd, voir indigeste par moments.

Les représentations de l'opéra Bastille reposent heureusement sur une distribution solide, Nina Stemme en tête dans le rôle de la fille du Far West. La mise en scène de Nikolaus Lehnoff est assez jouissive, mettant à jour tout le côté kitsch de cette histoire. Le final dans lequel Minnie descend un monumental escalier dans une  robe hollywoodienne, avec le lion de la GM sur écran, est vraiment drôle et à mon sens très juste.

Je ne l'ai jamais vu ou entendu. Peut être en DVD un de ces jours.

J'ai trouvé une présentation de la même mise en scène qu'à Bastille, mais enregistrée ailleurs avec d'autres chanteurs :

L'extrait du soir... L'affaire Makropoulos de Janaçek

Pourquoi un spectacle embarque un spectateur complètement, nous faisant vibrer au rythme de ce qui se passe sur scène sans restriction, nous faisant pénétrer à l’intérieur et vivre la représentation en nous oubliant nous-même ? On peut après coup, décomposer, parler de tel ou tel élément, mais c’est au final une tentative un peu vaine de conceptualiser quelque chose qui a été une expérience immédiate et totale, dans laquelle la conceptualisation, n’avait pas sa place. Je vais quand même tenter de dire ce que j’ai à ce point aimé dans la représentation de La Flûte enchantée à laquelle j’ai assistée hier à l’Opéra Bastille.

J’ai complètement été convaincue (une fois de plus) par la mise en scène de Robert Carsen. Il nous raconte vraiment une histoire, cette histoire un peu merveilleuse, un conte, avec de la magie, des épreuves, et une fin heureuse. Avec une partie comique incontournable. Les chanteurs-acteurs sont en partie dans la salle, aussi sur une avant scène qui vient entourer la fosse. Sur un écran au fond de la scène aussi un petit peu. Les longs dialogues de cette œuvre qui n’est pas complètement un opéra, mais un singspiel, sont à l’honneur, il ne s’agit pas de s’en débarrasser avant d’aller chanter le grand air, mais de les jouer. Sans aucune rupture dans les deux. J’avais été un peu inquiète de voir des noms inconnus de moi dans la distribution, et bien c’est une excellente surprise, il s’agit pour la plupart de jeunes chanteurs, qui ont l’âge et le physique des rôles, ce qui aide évidemment, et ce que l’on ne trouve pas souvent à l’opéra. Et qui chantent fort bien. Un autre élément bien sûr des plus importants, la qualité du chant. Et il y a une grande homogénéité dans le beau chant auquel nous avons droit. La direction de Philippe Jordan est élégante et raffinée. Et surtout s’harmonise parfaitement avec la mise en scène et les chanteurs. Un univers d’une grande douceur. On peut bien sûr imaginer d’autres optiques pour cette œuvre, plus de noirceur et de tension, mais celle-ci a le mérite d’une totale cohérence. Chaque élément est en harmonie avec les autres, et c’est peut être cela qui donne ce grand bonheur. Un spectacle qui fait retrouver son âme d’enfant.  

Au Monde de Philippe Boesmans



Philippe Boesmans a créé son nouvel opéra à La Monnaie dans une mise en scène de Joël Pommerat d'après sa propre pièce. Une histoire étrange qui se déroule dans une famille bourgeoise où les apparences respectables masquent des non-dits et des secrets qui resteront jusqu'au bout ambigus et non révélés. Inceste et meurtres suggérés qui pourraient tout autant surgir de l'imagination parfois hystérique de la soeur aînée (formidable Patricia Petibon qui porte tout le spectacle en grande partie de sa voix limpide). Archétypes masculins et féminins qui seraient des transpositions de figures antiques à l'heure du capitalisme.

Boesmans a composé une musique sinueuse et envoûtante qui peut évoquer Debussy ou Berg mais qui a ses propres sonorités très personnelles qu'on reconnait entre mille. Elle nous enveloppe, génère un sentiment mêlé de beauté (la surface respectable de cette famille) et de malaise (c'est elle qui exprime les non-dits et la discordance qui fait intrusion dans l'harmonie factice). Boesmans n'a jamais été aussi lyrique et consonant. Il y a des arias et des duos ou trios de toute beauté. Triomphe assuré. Le spectacle sera repris dans quelques mois à l'opéra comique à Paris et on peut le voir encore quelques jours en streaming sur le site de La Monnaie avec un très bon son: ICI

On peut aussi l'écouter en audio: Au Monde de Philippe Boesmans (version audio)   Ecoutez au moins l'air final à partir de 1'49''50 !!

J'ai assisté hier à la première de la nouvelle production de la Traviata à l'Opéra Bastille. Disons le de suite, la mise en scène de Benoît Jacquot ne ferait pas le bonheur de Marko. Aucune relecture, nous sommes au temps où l'opéra est censé se passer, en costumes d'époque, et l'histoire se déroule devant nous comme dans le livret. Sans aucun éléments perturbateur, ni hommes en treillis, ni le Ku Klux Klan, pas non plus de déportés ni de punks. Presque audacieux en somme. Mais au final pas très passionnant, ni esthétiquement très convaincant. Mais pas gênant pour suivre.

Musicalement c'est beaucoup plus réussi. Daniel Oren utilise le fabuleux potentiel de l'orchestre de l'Opéra d'une façon plutôt convaincante, en faisant ressortir l'orchestration, en évitant la surcharge que cette musique peut parfois produire. Et il met très bien en valeur les chanteurs. Diana Damrau a une très belle voix, un peu légère peut être pour certaines parties de cette oeuvre, et son jeu est peut être un petit peu forcé, mais au final, c'est quand même mémorable. Son Alfredo (Francesco Demuro) est beau garçon, chante correctement, plus ou moins à tel ou tel moment, ce n'est pas transcendant, mais pas désagréable. Le Germont de Ludovic Tézier est au delà des superlatifs, la perfection tout simplement. Ce qui met presque en difficulté ses partenaires par moments. Les seconds rôles sont impeccables.

Une soirée très agréables, qui me réconcilie pour un temps avec l'opéra italien.

Remarque la Traviata de Zeffirelli a été un de mes jalons marquants d'opéraphile malgré son côté sous-Visconti un peu  clinquant (il était son décorateur). J'ai vu aussi un très beau Don Giovanni à Toulouse dans une magnifique mise en scène classique. ça ne me dérange pas quand c'est esthétiquement réussi et surtout musicalement de qualité. Benoît Jacquot est un grand amateur d'opéra et un très bon cinéaste. Je pense que ça m'aurait plu.

Là cela aurait été par pur esprit de contradiction.   

Pour ma part, j'ai trouvé cette mise en scène sans intérêt. Mais après avoir vu des photos, et avoir appris qu'un tournage est prévu, j'ai eu la sensation que d'emblée il a l'a conçu pour la vidéo. Malheureusement pour le spectateur dans la salle. En vidéo, cela sera sans doute plus réussi.