Kore-Eda Hirozaku

C'est étonnant qu'un cinéaste aussi fin (à moins que ce ne soit qu'une apparence) ait autant recours à des conventions de cinéma académiques. Je pense au surlignage de la fraîcheur et du côté solaire de la gamine quand la caméra s'attarde (une éternité) sur son visage extatique à vélo cheveux aux vents. Ou ces plans des 4 sœurs regardant dans la même direction sourire aux lèvres. Je n'en pouvais plus car il y a beaucoup de scènes comme ça. Lesquelles sœurs sont quand même aussi très monolithiques dans leur caractérisation. Heureusement il y a d'autres moments plus justes et simples. Un drôle de film très bancal.

Je trouve qu'elles évoluent quand même un peu, et surtout elles prennent conscience de leur fonctionnement, le pourquoi de telle ou telle attitude, de tel ou tel choix, ce qui peut laisser la porte ouverte pour des changements pour la suite. Mais c'est vrai que qu'il y a une grande insistance et répétitivité sur certains aspects et aussi une recherche de l'émotion maximum, et une volonté d'optimisme à tour prix. Cela manque d'aspérités.

La raisonnable, celle qui continue à y croire et la fofolle... et la petite parfaite. il s'est permis une simplification qui ressemble à un conte, alors que ces autres fils étaient si ancrés dans un quotidien subtil.Oui, et comme par hasard la grande sœur a une relation avec un homme marié.
Si on regarde le film dans on ensemble, c'est vrai qu'il y a beaucoup à y redire. mais que mises côte à côte de nombreuses scènes sont délicieuses et touchantes (et parfois trop, c'est vrai Marko).

Par contre je n'ai jamais autant eu l'impression d'être immergé dans les us et coutumes d'un pays qui m'est étranger. Ils nous ressemblent pour l'essentiel mais il y a une multitude de détails qui nous font percevoir les codes familiaux, la pudeur (politesse) extrême en surface , le respect des aînés, le refoulement de la colère... Les gestes, les lieux et objets du quotidien. C'est l'aspect qui m'a le plus séduit.

Notre petite soeur

Je rejoins en partie vos commentaires, en ayant tout de même été séduit par la tonalité du film. Le registre de la bande originale m'a aussi gêné, appuyant assez maladroitement certaines séquences et Kore-Eda cède parfois à la facilité, dans la contemplation un peu décevante des décors et dans l'exposition surlignée de certaines émotions.

Le parcours de vie des soeurs m'a par contre touché. Leur psychologie est certes en partie figée, mais cette forme d'immobilisme est aussi liée aux complexités d'un legs familial, d'un passé dont elles cherchent à se protéger tout en le valorisant, chacune à leur manière. Et elles parviennent peu à peu à se remettre en question, à s'interroger à travers leurs relations à leurs proches pour chérir un certain apaisement, même si celui-ci est passager. La sensibilité perçue dans Notre petite soeur est ainsi bienveillante, sans cependant oublier la dimension fragile, éphémère d'un tel état d'esprit. J'ai en tout cas apprécié cette évocation nuancée d'un morceau de quotidien, même si la mise en scène n'est malheureusement pas au niveau des meilleurs films de Kore-Eda.