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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Puisque tu le compares à Tokyo Sonata.. je me demande si je n'ai pas préféré Still Walking, qui m'a semblé moins partir dans le un peu trop poético-métaphorique.
En tout cas, c'est vraiment un bon, très bon ce réalisateur : cette sensation d'être au cœur de la famille, de percer leur quotidien, de dévoiler les failles, et de parvenir tant bien que mal à continuer, à rester ensemble, quand même malgré tout.
C'est exactement ça. Plus on s'éloigne du film, plus on en ressent toute la richesse. Les personnages sont très complexes à l'image de cette mère qui revendique une part de sadisme quand elle invite le jeune homme qui est indirectement responsable de la mort du fils. C'est effrayant de la voir tenter d'empêcher ce garçon de vivre sa vie parce qu'elle a besoin de quelqu'un à haïr et à détruire pour soulager un peu sa douleur. Son comportement à l'égard de chacun est d'ailleurs très troublante. Elle semble vouloir préserver avant tout la quiétude de son couple en voyant son mari se refermer de plus en plus sur lui-même. Les autres n'ont plus leur place car le vide laissé par le fils prodigue est impossible à combler. Le plan final de leur montée d'escalier est très beau. Le petit garçon en revanche saura probablement faire une place à son nouveau père (par la bouche? Le nombril? encore une des nombreuses belles idées).
Et d'une manière générale ce qui me plait c'est qu'il n'y a pas de psychodrame. Chacun semble plus ou moins respecter, ou faire avec, le comportement injuste ou blessant de l'autre. Sauf à quelques rares moments mais qui restent discrets. C'est que chacun fait comme il peut pour se préserver. Les parents en se coupant du monde et le fils en s'éloignant pour ne pas souffrir de leur rejet.
Et ce plan d'ensemble avec le petit train qui passe...
Un grand réalisateur c'est sûr.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Oh oui, le personnage de la mère est fabuleux ! C'est fort de montrer ce côté sado-masochiste : elle qui a besoin de faire souffrir, lui qui a un devoir de souffrance... ça met mal à l'aise.
Très bon souvenir aussi de Still Walking qui est un des films que j'ai préféré pour le moment cette année.
Je l'ai préféré aussi à Tokyo Sonata, qui m'avait un peu lâchée dans sa seconde partie. Je ne lui trouve pas moins de force émotionnelle, celle-ci s'introduit l'air de rien, dans des scènes du quotidien, le repas pendant lequel la mère remet un disque laissé de côté depuis longtemps, ce papillon, des discussions derrière lesquelles transparaissent les non-dits et la souffrance d'un deuil qui n'est pas encore digéré, le retour du cimetière sur le chemin, les regrets du fils etc.
En plus des personnages complexes, de la finesse de l'analyse de cette famille, je me souviens aussi de certains plans très beaux, lumineux et obscurs à la fois, avec la maison comme protagoniste.
Envie aussi de voir les films d'avant Nobody knows!
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Très bon souvenir aussi de Still Walking qui est un des films que j'ai préféré pour le moment cette année.
Je l'ai préféré aussi à Tokyo Sonata, qui m'avait un peu lâchée dans sa seconde partie. Je ne lui trouve pas moins de force émotionnelle, celle-ci s'introduit l'air de rien, dans des scènes du quotidien, le repas pendant lequel la mère remet un disque laissé de côté depuis longtemps, ce papillon, des discussions derrière lesquelles transparaissent les non-dits et la souffrance d'un deuil qui n'est pas encore digéré, le retour du cimetière sur le chemin, les regrets du fils etc.
Still Walking est probablement plus fin psychologiquement et il s'immisce doucement dans notre esprit pour nous renvoyer plein d'images et de sentiments qui prennent du relief à distance. De ces films qui grandissent dans la mémoire.
Tokyo Sonata m'a plus pris aux tripes sur le moment et j'étais très remué à la fin en sortant de la salle. J'ai aimé aussi son atmosphère aux frontières du fantastique (genre favori du réalisateur), ces scènes urbaines kafkaïennes, la dérive de chaque personnage jusqu'au retour au pôle magnétique de la maison. C'est plus abstrait et plus conceptuel mais ça n'en dit pas forcément moins sur la nature humaine et la structure familiale au Japon.
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Vu Still walking, rien à ajouter, c'est un très beau film, fin et complexe. Dans le bonus du DVD le réalisateur raconte la part autobiographique de ce film, qui est importante. Sa propre mère est morte deux ans plus tôt, il s'en remet mal et a souhaité faire revivre quelques moments de sa vie avec le plus de précision possible ( comme le bruit exact du maïs secoué dans une passoire, les vêtements de la mère, ou la couleur exacte des lilas d'Inde). Y compris son côté venimeux, dit, il.. Dans la vie, on manque toujours de répartie, c'est la phrase écrite à la fin du film, c'est la phrase qu'il prononce également dans l'entretien, et c'est pour cela que tout est si minutieusement écrit. Un de mes films préférés cette année! Je cherche After Life..( j'avais déjà beaucoup aimé Nobody knows)
Et n'ai toujours pas réussi à trouver Tokyo sonata, apparemment pas sorti en DVD..
Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
Quand le maïs jeté à frire dans l’huile bouillante fait toute la musique… Still Walking -Aruitemo aruitemo Lecteur exportable :
A Yokohama il y a la mer, les arbres en fleurs, les marches qu’on descend lentement pour accéder à la tombe d’un fils aîné que sa mère visite en compagnie de ses autres enfants. D’un geste aussi nécessaire qu’évident elle fait couler une eau fraîche sur le dos de la pierre tombale, pour rafraîchir la mémoire vive de la perte sous la chaleur de quinze étés. Du sud de la baie de Tokyo ne sera donner à voir en extérieur que ce jardin-là, ne seront à gravir que ces étapes d’un deuil qui s’éternise au détriment de l’existence des autres. Tout se noue, se dénoue en intérieur, dès que You et Kirin Kiki, mère et fille, jouent à l’unisson la partition du rassemblement familial annuel en cuisine.
C’est l’anniversaire de la disparition d’un fils qui aurait peut-être marché sur les traces du père, s’il n’avait sauvé 15 ans plus tôt de la noyade un jeune garçon. Kyöta, médecin à la retraite qui n’en finit pas de prendre le poul de la vie de ses voisins, passant à côté des siens sans percer leurs tourments, se replie dans ses regrets sans participer à la vie qui va, la vie qui vient. En cuisine, au salon, sur les dalles blanches et propres du jardin où, derrière la baie vitrée, ses petits enfants courent, coupent les fruits, lèvent leurs mains vers un ciel qu’illuminent des grappes roses pendues à l’extrémité des branches. C’est la réalité d’une trame qui ne se tisse que dans le silence de l’un, la rancœur de l’autre, la gentillesse de l’une, l’étonnement, le renoncement, l’aptitude à entendre, à se taire, l’aptitude à détourner la conversation, à savoir ce qui se dit autant que ce qui ne se dit pas.
Il y a l’acte désespéré et désespérant d’une vieille femme qui invite chaque année l’ancien enfant sauvé devenu adulte, pour le punir d’être, tandis que son sauveur n’est plus. L’hôtel dressé à l’absent prend autant de place que les espérances avortées des parents qui ne vont plus qu’à petits pas. Regrettant de ne pas trouver l’écho de leur rêve chez le cadet qui ment par omission, persuadé que sa vie n’est pas une réussite.
Trois générations qui se cherchent et se côtoient durant vingt quatre heures. Un temps glissant d’une pièce à l’autre avec parfois la même discrétion que les portes qui ont coulisser chez Ozu. Le rire des enfants. Sushis. Oursins. Tempura de Maïs. Le piano. Bain. Pyjama. Le dos voûté des vieux parents se fait l’écho des premières infiltrations sur le carrelage que personne ne prendra peut-être pas le temps de réparer.
Dernière édition par Queenie le Lun 21 Déc 2009 - 11:09, édité 1 fois (Raison : Réparation des liens vidéos.)
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Sujet: Re: Kore-Eda Hirozaku Mer 23 Déc 2009 - 7:58
Très beau message, Babelle, pour ce très beau film.
Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
Sujet: Re: Kore-Eda Hirozaku Mer 23 Déc 2009 - 9:22
« (…) Quand on filme quelque chose, on filme l'instant présent. Mais dans cet instant présent il y a aussi des traces du passé : si je filme un chemin aujourd'hui, je ne peux occulter qu'il y a peut-être deux cents ans, des gens ont déjà foulé ce sol. Les traces du passé contenues dans le présent nous permettent, dans l'unité de temps dans laquelle nous vivons, de nous agrandir, de devenir une échelle verticale du temps, de prendre du relief et nous permet de donner au temps présent une richesse qui n'est pas forcément visible. Dans le temps présent, vous voyez ce qui est là, mais vous savez que ces murs parlent aussi du temps passé. Ils ont vu d'autres choses. Filmer, ce n'est pas seulement filmer ce qui est visible, c'est aussi essayer de montrer, d'évoquer l'invisible. C'est ça qui fait le temps du cinéma. Il est différent de celui que nous partageons en ce moment ; c'est un temps fait d'éléments invisibles, qu'on tente de rendre visibles à l'écran. Nous sommes tous la somme de l'instant présent et de l'accumulation des événements passés… » < Kore-Eda Hirokazu
Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
Sujet: Re: Kore-Eda Hirozaku Mer 23 Déc 2009 - 9:26
-Tempura de Maïs ?
Spoiler:
« Les tempura sont des beignets d'origine japonaise réalisés à partir d'une pâte légère. Dans cette pâte à frire, on peut tremper toutes sortes de légumes, mais nous avons opté pour des grains de maïs. » Dans votre caddie pour une quinzaine de tempuras « : Pour la pâte : 1 jaune d'œuf, 15cl d'eau bien froide, 100g de farine, 15g de fécule, 30g de graines de sésame dorées et 1 cuillère à café de sel. Pour la friture : 5 épis de maïs et de l'huile végétale. A vos spatules ! 1- Mélangez avec un fouet tous les ingrédients de la pâte à frire : le jaune d'œuf, l'eau froide, la farine, la fécule, le sésame et le sel. Vous obtenez une pâte légèrement grumeleuse. 2- Détachez tous les grains de maïs des épis. 3- Dans une poêle profonde versez de l'huile (plusieurs centimètres de hauteur) afin que les beignets soient recouverts au moins à moitié par l'huile. Pour l'huile, j'ai mis 2/3 d'huile Isio 4 et 1/3 d'huile piquante pour pizza. 4- Trempez les grains de maïs dans la pâte à frire, sans mettre trop de pâte. 5- Plongez les beignets dans l'huile et retournez-les de temps en temps. Ils doivent être bien dorés pour être croustillants ! 6- Égouttez sur du papier absorbant et servez chaud.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Kore-Eda Hirozaku Mer 23 Déc 2009 - 11:36
Marie a écrit:
Je cherche After Life..( j'avais déjà beaucoup aimé Nobody knows)
Je l'ai en Vo sous titrée anglais mais pas encore regardé. Il est à toi quand tu veux...
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Sujet: Re: Kore-Eda Hirozaku Mer 23 Déc 2009 - 19:43
Citation :
Il est à toi quand tu veux..
Je veux! Tout de suite! Non, je plaisante, quand tu l'auras vu, rien ne presse, merci!!
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Kore-Eda Hirozaku Dim 20 Juin 2010 - 20:02
Air Doll
Citation :
Tokyo. Une poupée d’air habite l’appartement sordide d’un homme d’une quarantaine d’années. Elle ne peut ni parler, ni bouger, mais elle est la seule compagne de son propriétaire.
Au moins, on ne pourra pas dire que Kore-Eda Hirozaku ne sait pas se renouveler. Air Doll est bien loin de Still walking ou Nobody knows, quoi que sa mise en scène reste assez reconnaissable, avec ce talent aussi pour changer brusquement de ton. On a déjà vu pas mal de poupées gonflables au cinéma de Grandeur nature à Monique mais celle du cinéaste japonais prend vie et parle. La belle affaire ! C'est Pinocchio, alors ? Un peu, mâtiné de manga, pour un résultat inégal et fascinant. Quelques longueurs certes, dans ce film de 2 heures, mais aussi des scènes originales : érotiques, comiques, philosophiques. Il est facile d'y voir un message sur l'aliénation de nos existences urbaines et sur la solitude qui en découle. Mais il s'agit surtout d'un conte moderne, qui n'entend pas jouer la carte du réalisme, et joliment poétique, entre deux tunnels narratifs. Pas le meilleur film de Kore-Eda Hirozaku, c'est évident, mais la poupée est plus gonflée que gonflante et son regard candide sur le monde a quelque chose de rafraichissant.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Air doll Lun 5 Juil 2010 - 9:27
Air Doll.
Complètement touchée et émue par Nozomi, la poupée qui prend vie.
Oui, y'a le côté fable à la Pinocchio, avec ce regard innocent posé sur les choses, l'envie de découvrir, d'apprendre, d'aimer, d'être aimer.
Avec des moments très tristes sur la solitude, les vies qui se croisent mais ne se rejoignent jamais réellement.
Une belle histoire, avec de petits instants poétiques, et d'autres plus réalistes.
Je n'ai pas trouvé de longueurs, c'était un peu lent, mais ça collait parfaitement à l'ambiance éthéré du film.
Bien aimé la consternante facilité avec laquelle le réalisateur parvient à dresser le portrait de plusieurs personnages en quelques plans, quelques images, comment les parallèles se font d'eux mêmes, et ainsi il réussit à montrer plusieurs facettes du Japon.
Un très très bon film.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Voilà qui me remotive! Vite avant qu'il quitte l'affiche...
A Paris il n'était plus que dans une salle ! J'ai été très surprise qu'il soit si peu distribué, et si peu longtemps... Dommage, c'est vraiment un film que beaucoup pourrait voir et apprécier.