Le cinéma de traversay

Marko a écrit:

Nezumi a écrit:

traversay a écrit:

Qu'importe le flocon, pourvu qu'on ait l'Everest !

Excellent.

On va faire une compil des meilleurs!

Babelle a déjà commencé ce fil : ici

La terre de la grande promesse (Andrzej Wajda, 1975).


Lodz, fin du 19ème siècle. Polonais, allemands, juifs, russes s'y côtoient dans une ambiance fébrile et industrielle. Wajda saisit cette frénésie et s'en empare dans une mise en scène survoltée qui laisse peu de temps pour la réflexion. Trop rapide, trop ancré dans un réalisme social et politique qui échappe aux béotiens, le film de Wajda nous entraîne dans un manège infernal, fascinant parfois, mais souvent difficile à suivre.

Cran d'arrêt (Yves Boisset, 1970).
Le deuxième film de Boisset. Vaguement policier, benoîtement psychologique (de bazar). Avec des couleurs criardes post soixante-huitardes et deux scènes erotico-sadiques gratinées. Pas un nanar pour autant, l'atmosphère viciée et vicieuse rappelle les films de Chabrol de l'époque. Pas de quoi grimper aux rideaux, pas de raison de les fermer non plus.

Je crois me souvenir que les films les plus anciens de Boisset,Cran d'arrêt,Un condé,Le saut de l'ange,étaient efficaces et moins lourdauds que les suivants.

Bellonzo a écrit:

Je crois me souvenir que les films les plus anciens de Boisset,Cran d'arrêt,Un condé,Le saut de l'ange,étaient efficaces et moins lourdauds que les suivants.

Tu veux parler de ses films "engagés" comme RAS, L'attentat, Dupont Lajoie ? Je n'en ai que de vagues souvenirs. Je crois que j'avais bien aimé Le juge Fayard dit le shériff avec l'excellent Dewaere. La suite de sa carrière est effectivement sans grand intérêt.

Traversay

Citation :

Tu veux parler de ses films "engagés" comme RAS, L'attentat, Dupont Lajoie ? Je n'en ai que de vagues souvenirs. Je crois que j'avais bien aimé Le juge Fayard dit le shériff avec l'excellent Dewaere. La suite de sa carrière est effectivement sans grand intérêt.
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Oui c'est à peu près ça.Je ne dis pas que ces films étaient nuls mais je les ai toujours trouvés très démonstratifs et parfois simplistes.Plus pénibles encore pour moi Canicule,Bleu comme l'enfer,La femme-flic,Je sauverais Allons z'enfants,honorable adaptation de l'oeuvre poignante d'Yves Gibeau.

Le diable et les dix commandements (Julien Duvivier, 1962).
Pourquoi les français sont-ils moins bons que les Italiens pour les films à sketches ? Cet antépénultième film de Duvivier manque un peu de vigueur et se révèle un peu inégal. On se console avec le défilé de vedettes de l'époque : Delon, Fernandel, Arnoul, Presle, Darrieux et, surtout, Michel Simon, inénarrable.

Arc de triomphe (Lewis Milestone, 1948).
Un grand film qui ne l'aurait pas été sans le roman de E.M Remarque dont il est l'adaptation. Film nocturne dans la France des années 38 et 39, dont les protagonistes sont des réfugiés de l'Europe entière. Ce qui donne un climat particulier, mystérieux, inquiétant, impression renforcée par le personnage de Ingrid Bergman, très subtil, et remarquablement interprété. Celui de Charles Boyer est aussi intéressant mais il manque au jeu du comédien un peu de chaleur. Très bons seconds rôles de Laughton et Calhern. Remplacez Milestone par Sirk et on atteignait le rang de chef d'oeuvre.

Scarlet dawn (William Dieterle, 1932).
Le sombre destin et l'exil des aristocrates russes déchus après 1917. Pas un très grand film mais le sens de la concision et de l'efficacité de Dieterle en 58 minutes.

L'emprise (Of human bondage, John Cromwell, 1934).
Leslie Howard a un pied bot et Bette Davis de belles jambes. Cette adaptation de Somerset Maugham est oh combien suranné mais le mélodrame s'anime avec une Bette Davis jeune (et assez jolie), fantastique dans un rôle où elle campe une vamp cynique puis une fille perdue et mourante.

Clara's heart (Robert Mulligan, 1988).
J'aime beaucoup Mulligan, assez méconnu parmi les cinéastes de sa génération, les Pollack, Penn ou Pakula. Un été 42 est son film référence avec L'autre (superbe film fantastique) mais j'ai un faible pour Une certaine rencontre avec Steve McQueen et Natalie Wood (merveilleux !). Et il faudrait citer Les chaînes de sang, Un été en Louisiane, Même heure l'année prochaine (jolie comédie), Du silence et des ombres, L'homme sauvage. Il y a assez peu de DVD français de Mulligan sur le marché et c'est un scandale. Il est le cinéaste de l'enfance, de l'alchimie amoureuse et son style est marqué par une grande sensibilité et une délicatesse extrême.
Clara's heart est un peu un contre exemple. C'est son avant-dernier film et là hélas, le mélodrame est plus qu'appuyé avec une Whoopi Goldberg cabotine. Une petite faute de goût dans une telle filmographie, ce n'est qu'un détail.

traversay a écrit:

J'aime beaucoup Mulligan, assez méconnu parmi les cinéastes de sa génération, les Pollack, Penn ou Pakula. Un été 42 est son film référence avec L'autre (superbe film fantastique)

"L'Autre" serait formidable si on ne percevait pas au bout de 5 minutes de quoi il retourne. ça m'a gêné pendant tout le film. Il y a un peu le même procédé dans 2 soeurs de Kim Jee-Woon mais c'est sacrément plus efficace (certes bien plus récent!).

Mulligan a toujours été très méconnu sauf Un été 42 et c'est vrai que côté DVD il y a encore beaucoup à faire.

L'invitée (Vittorio de Seta, 1969).
Faute de reconnaissance critique et de succès public, Vittorio de Seta a une filmographie plutôt maigre. L'invitée, sur une trame minimale (une femme trompée descend dans le midi de la France avec son patron et des liens se tissent), se révèle sensible et délicat mais sa langueur monotone n'incite pas à rester éveillé.

Traversay je n'ai même pas vu Bandits à Orgosolo "tube" de Vittorio de Seta.Côté DVD où en est-on sur ce réalisateur?

Bellonzo a écrit:

Traversay je n'ai même pas vu Bandits à Orgosolo "tube" de Vittorio de Seta.Côté DVD où en est-on sur ce réalisateur?

Nulle part, j'en ai peur. Pas un seul titre répertorié en France à ma connaissance.

La soudaine richesse des pauvres gens de Kombach (Volker Schlöndorff, 1970).
En 1822, dans un coin de Prusse, 7 paysans misérables décident d'attaquer le convoi qui transporte la collecte des taxes. Ce fait divers inspire à Schlöndorff un film austère, à l'aspect documentaire (avec voix off) dans un noir et blanc sublime (qui fait penser à celui du Ruban blanc de Haneke, le ton aussi, d'ailleurs, même si l'époque et le thème n'ont rien à voir). Un film social dont l'interprétation parfois gauche (des amateurs ?) ne gêne en rien la grande qualité artistique. Presque aussi bon que Les désarrois de l'élève Törless, tourné par Schlöndorff, 4 ans plus tôt.

L'or de Naples (Vittorio de Sica, 1954).
6 tranches (de vie) napolitaines soit autant de sketches en hommage à la cité italienne. D'un intérêt très inégal, il faut bien l'avouer. Très loin du néo-réalisme, pas encore dans la comédie italienne, ce film doux/amer est l'occasion de numéros d'acteurs de Toto (magnifique), Sophia Loren (jeune) et Silvana Mangano (impériale). Un de Sica mineur.