Lecture en commun - John Kennedy Toole : La conjuration des imbéciles I + II

Alors, pour Domreader qui a fini, la théorie qu'élabore Ignatius pour ramener la paix sur la terre est un des moments les plus savoureux du livre à mon avis !

En effet, dès le chapitre 2, on découvre le hobby principal d'Ignatius, la rédaction de théories absurdes sur cahiers Big Chief. Et où son anachronisme se révèle clairement, car pour Ignatius, l'âge d'or de l'humanité, c'est le Moyen-Age. Il se qualifie d'ailleurs lui-même d'anachronisme ambulant.
Passage beuark avec le fantasme sur le chien par contre.

Sa découverte de Levy Pants est particulièrement réjouissante, quand il découvre avec délices que ce cadre lui conviendra parfaitement (et on pressent comment il va précipiter la ruine de cette entreprise déjà en mauvaise santé). Les lettres qu'il envoie aux clients sont excellentes.
Ce que j'adore dans ce roman c'est la façon dont on passe d'un cadre et d'un personnage à l'autre, et que toutes ces situations sont comiques (les "orphelins" de Lena Lee, la séquence au cinéma, les déboires de l'agent Mancuso, le couple Levy et sa super baraque...).

Ses rédactions sont très marrantes, oui.
En plus, il est persuadé d'écrire des trucs fondamentaux, vraiment géniaux, et il est à la fois pas possible de ne pas penser à l'auteur lui-même qui pensait avoir écrit un bon bouquin (et il n'avait pas tort), et en même temps il se moque vraiment de lui...

Il y a un côté assez cartoon dans la manière de décrire dont Jones-lunettes-de-soleil exhale sa fumée... Il disparaît parfois totalement dans un nuage...

Allez, un illustration importante : un cahier Big Chief...
J'aime bien, on voir les lignes "Property of" et "School" :

De plus, sur wikipedia, on apprend (moi, en tout cas, parce que je ne connaissais pas cette marque) : "It featured widely spaced lines, easier to write in for those learning to write."
Et plus loin, c'est le drame : la production a été arrêtée en 2001.

Apparemment, c'est ce qu'utilise (ou utilisait - peut-être a-t-elle fait des provisions ?) Connie Willis. Paul Auster, lui, utilise du Clairefontaine (à petits carreaux et spirales).

J'ai bien aimé aussi son passage chez Levy et la lettre qu'il envoie est excellente mais j'ai trouvé la fin de l'épisode chez Levy assez médiocre, comme s'il ne savait pas trop comment le terminer. Pour l'instant, c'est le passage qui m'a le moins plu.
Miss Trixie aux mains de Mme Levy, c'est quelque chose quand même

La mère d'Ignatius se lâche de plus en plus on dirait, elle picole bien et n'hésite pas à critiquer son fils qu'elle supporte de moins en moins. Mais elle s'éclate, j'aime ça !

Qui est Connie Willis ? Elle est connue ?

Nezumi a écrit:

Qui est Connie Willis ? Elle est connue ?

Elle écrit de la SF. On apprend plein de choses sur la peste, dans son roman Le Grand Livre (un pavé). Bouquin très lisible. Pas ennuyeux du tout.
Elle a obtenu je ne sais combien de fois le Hugo (dans différentes catégories : roman, nouvelle...), et autres Locus, Nebula, bref, toutes les grandes récompenses de SF. Remake était décevant (et il ne m'en reste rien, à part la déception).
Par contre, il paraît que Sans Parler du chien est bien. Prix Hugo 1999. Références à Trois hommes dans un bateau. Le résumé (qui ne "spoile" pas, il me semble) de wikipedia dit

Citation :

En 2057, les historiens pratiquent le voyage dans le temps mais peinent à financer leurs expéditions vers le passé. Ils reçoivent alors le secours d'une riche mécène dont le but est de reconstruire la Cathédrale de Coventry telle qu'elle était avant sa destruction par un bombardement de la Luftwaffe pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pendant que les historiens font la navette entre 2057 et 1940, un chat de l'époque victorienne est ramené au xxie siècle alors que cela n'aurait pas dû être possible. Pour éviter un paradoxe temporel susceptible de changer l'issue de la Seconde Guerre mondiale, il faut à tout prix renvoyer ce chat en 1888 et veiller à ce que sa maîtresse se fiance à la bonne personne. La tâche se révélera semée d'embûches.

Bref, là, c'est humoristique.

Merci pour les infos!

Nezumi a écrit:

Ce que j'adore dans ce roman c'est la façon dont on passe d'un cadre et d'un personnage à l'autre, et que toutes ces situations sont comiques (les "orphelins" de Lena Lee, la séquence au cinéma, les déboires de l'agent Mancuso, le couple Levy et sa super baraque...).

oui.. et la planche d'exercice de Madame Levy vaut aussi une pensée

eXPie a écrit:

De plus, sur wikipedia, on apprend (moi, en tout cas, parce que je ne connaissais pas cette marque) : "It featured widely spaced lines, easier to write in for those learning to write."
Et plus loin, c'est le drame : la production a été arrêtée en 2001.

merci pour ce détail.. intéressant.. je le vois bien écrire son grand roman là dedans

Epi a écrit:

Miss Trixie aux mains de Mme Levy, c'est quelque chose quand même

ah oui.. bel passage..

je m'attache de plus en plus à tous ces personnages..

Tout ce que vous avez écrit est ce que je ressens lors de cette lecture.
J'aime le décalage et l'absurde dans ce contexte et avec un personnage vraiment à la hauteur!
La mère d'Ignatius est un petit bijou...entre la bouteille et le "boulingue" il y a de quoi faire valser la mamie!
J'attends avec impatience le naufrage de l'entreprise des Pantalons Levy: le travail de sape d'Ignatius est en plein battage (à l'endroit où je suis rendue). La croix, les "absences" et les réactions de melle Tixie, cobaye malgré elle d'une oisive qui ne sait plus comment passer le temps, le travail sans fin, tel un Sysiphe des temps modernes, du responsable du bureau (j'ai oublié son nom)...tout annonce une catastrophe où le comique se disputera sans doute avec le tragique.
Quant au journal d'un travailleur tenu par notre héros: un régal qui oscille entre vérités, portes ouvertes enfoncées et absurde.
Bref, j'aime

J'ai pris le roman avec moi en vacances, je l'ai donc terminé mais je regrette de n'avoir pas pu faire mes commentaires en votre compagnie au fur et à mesure de l'avancement de ma lecture

Ceci dit, je ne m'attendais pas du tout à ce genre de roman
J'ai bien aimé le côté picaresque des personnages mais c'est un roman que j'ai dû lire à petites doses, pour bien savourer la truculence des péripéties sans pour autant me lasser 'du style'.

sentinelle a écrit:

mais c'est un roman que j'ai dû lire à petites doses, pour bien savourer la truculence des péripéties sans pour autant me lasser 'du style'.

ah oui.. c'est aussi pourquoi j'aime bien pour l'instant le rythme de la lecture en commun.. j'avance à petites doses ce qui fait du bien à ce livre

Tout à fait, ce roman n'est pas à dévorer d'un seul coup sous peine d'indigestion, il prend toute sa saveur si on le déguste à petites doses

sentinelle a écrit:

Tout à fait, ce roman n'est pas à dévorer d'un seul coup sous peine d'indigestion, il prend toute sa saveur si on le déguste à petites doses

et même si au début je me posais la question pourquoi tout le monde (qui avait déjà lu ce livre) était tellement sous le charme de cet Ignatius.. je comprends.. je vais avoir du mal de laisser ce livre derrière moi.. mais cela va inclure en fait (presque) tous les personnages

Tous les personnages sont pittoresques mais il y a un passage qui m'a fait pleurer de rire (je ne sais pas si vous l'avez déjà lu mais le coup du volatile qui se jette sur la boucle d'Ignatius est vraiment excellent).

sentinelle a écrit:

mais le coup du volatile qui se jette sur la boucle d'Ignatius est vraiment excellent).

pas encore rencontré.. pour l'instant son 'entretien d'embauche' avec le propriétaire des stands hot-dog est mon préféré