Lecture en commun - John Kennedy Toole : La conjuration des imbéciles I + II

chrisdusud a écrit:

Je suis allée à la plage et je n'ia pas pu le lire, j'avais l'air trop ridicule à rire seule...

Tu aurais fait une super publicité pour le livre pourtant!

Marko a écrit:

chrisdusud a écrit:

Je suis allée à la plage et je n'ia pas pu le lire, j'avais l'air trop ridicule à rire seule...

Tu aurais fait une super publicité pour le livre pourtant!

Mais c'est vrai ça!

C'est pourtant une relecture mais je ris par avance parce que je me souviens de ce qui va arriver...

Chatperlipopette a écrit:

L'art de semer une certaine zizanie en peu de temps, de retourner à son avantage des situations déplaisantes qui le font passer pour un parangon de vertu et de bonté.

cette scène est vraiment extra - surtout qu'il arrive à ce que le vieux monsieur soit arrêté et lui s'en va en toute tranquillité

Chatperlipopette a écrit:

J'ai bien aimé le personnage de la mère...;un tantinet désabusée lors de la relation pour la enième fois du fameux voyage en car d'Ignatius!

le ton dont ils se parlent ne donne pas tout à fait le modèle des discussions que je connais entre mère et enfants

Chatperlipopette a écrit:

Bref, je suis conquise.

dito

Quel grand moment que l'apparition de Ignatius dans le hall du grand magasin D.H. Holmes !

Citation :

Une casquette de chasse verte enserrait le sommet du ballon charnu d'une tête. Les oreillettes vertes, pleines de grandes oreilles, de cheveux rebelles au ciseau et des fines soies qui croissaient à l'intérieur même desdites oreilles, saillaient de part et d'autre comme deux flèches indiquant simultanément deux directions opposées...

Sa supériorité apparait de suite :

Citation :

Ignatius, quant à lui, était confortablement et intelligemment vêtu.

Et on comprend aussitôt que, hors de portée du commun des mortels, il sera sans cesse aux prises avec leur ignorance crasse ! La confrontation avec l'agent de police Mancuso le prouve très vite !
Comme l'assène Jonathant Swift : " Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui. "

Eh bien, il promet ce livre, j'adore les personnages délirants. Si je peux je le commence ce soir, sinon ce sera demain et je vais mettre les bouchées doubles pour vous rattraper

Epi a écrit:

je vais mettre les bouchées doubles pour vous rattraper

comme je le dis à chaque lecture en commun - chacun son rythme.. et je peux tout à fait revenir parler des première pages, même si j'ai déjà une avance

kenavo a écrit:

Epi a écrit:

je vais mettre les bouchées doubles pour vous rattraper

comme je le dis à chaque lecture en commun - chacun son rythme.. et je peux tout à fait revenir parler des première pages, même si j'ai déjà une avance

C'est un peu ce que je fais, entrant sans être invité !

Steven a écrit:

C'est un peu ce que je fais, entrant sans être invité !

je vais t'envoyer la facture par après

mais c'est bien - tu es le bienvenu.. surtout si je vois qu'un certain eXPie qui voulait jouer au boudeur - et maintenant il n'a même pas encore commencé la lecture.. ts.. ts.. une bande de parfumés, pire qu'un sac à puces

J'ai fait connaissance avec Ignatius, son accoutrement, sa masse, son éloquence et son arrogance à toute épreuve, son égoïsme et son art inné de provoquer des scènes dont il se retrouve ensuite être la victime, non sans avoir causé d'autres dégâts au passage.
J'ai particulièrement aimé la scène dans le commissariat et le personnage de Jones, le vieux noir, avec son accent traînant et son bon sens bien de chez lui !

Je suis encore réservée sur le fait que j'aime ou n'aime pas le livre. Je le lis sans déplaisir et il me fait sourire dans ma tête.

J'ai donc relu le premier chapitre avec délices, me glissant dans ce roman comme dans un vieux vêtement confortable et familier (comme Ignatius dans ses pantalons de tweed ! ) .
Le comique repose essentiellement sur le fait que la narration épouse le point de vue passablement borné et vaniteux d'Ignatius, tout en le montrant de l'extérieur, son comportement aberrant, sa tenue grotesque etc.
Le contraste entre sa manière de s'exprimer pédante et précieuse et le parler populaire de la plupart des autres personnages est également irrésistible.
Comme vous le soulignez tous, sa capacité à lui (et à sa mère) de provoquer des catastrophes en chaîne qu'il considère avec légèreté, dans toute l'étendue de son égocentrisme (le pauvre chauffeur de taxi, l'écroulement du balcon ), promet des moments de lecture hilarants. Pour ceux qui ne connaissent pas encore le roman, vous ne serez pas déçus!
Un autre aspect me frappe également maintenant, et que je n'avais pas remarqué autrefois , c'est la qualité théâtrale (ou filmique) du texte, à base de saynètes, d'où l'excellente visualisation qu'on peut s'en faire.

Cependant à toute cette rigolade se mêle une sorte de tristesse ou de mélancolie. Est-ce à cause de la nostalgie que j'éprouve en relisant, au pathétique des situations (Ignatius, seul contre le monde), au fait que le suicide de l'auteur est si intimement lié à cette oeuvre ? Un peu de tout ça j'imagine.

domreader a écrit:

Je suis encore réservée sur le fait que j'aime ou n'aime pas le livre. Je le lis sans déplaisir et il me fait sourire dans ma tête.

concernant la lecture, je suis conquise.. j'aime bien ce livre, l'écriture, l'histoire..
mais je crois déjà pouvoir dire que je ne serais pas aussi enthousiasmée par Ignatius.. certes, il est marrant et c'est agréable de lire sur lui - mais surtout la scène au bar m'a rappelé bon nombre de scènes que j'ai vécu moi-même en tant que patronne dans un café - et j'en connaissais des casse-pieds comme le cher Ignatius.. je peux vous dire - à longueur des heures qu'ils étaient là, au comptoir, c'était tout mais pas marrant..


Nezumi, une sorte de tristesse ou de mélancolie ne se montre pas dans ma lecture de ce livre - à moins l'anecdote sur l'auteur qui est en effet triste

kenavo a écrit:

Nezumi, une sorte de tristesse ou de mélancolie ne se montre pas dans ma lecture de ce livre - à moins l'anecdote sur l'auteur qui est en effet triste

C'est une impression personnelle. Peut-être aussi due au fait que je pense au roman dans son ensemble.
C'est en fait la même tristesse que l'on peut ressentir à propos de Don Quichotte, auquel Ignatius a souvent été comparé, dans son combat illusoire et perdu d'avance.
Tout antipathique qu'il soit, Ignatius suscite notre compassion.

Arf, vous me faites baver avec vos commentaires mais cela me permet de revivre certaines scènes!

Steven a écrit:

Quel grand moment que l'apparition de Ignatius dans le hall du grand magasin D.H. Holmes !

Citation :

Une casquette de chasse verte enserrait le sommet du ballon charnu d'une tête. Les oreillettes vertes, pleines de grandes oreilles, de cheveux rebelles au ciseau et des fines soies qui croissaient à l'intérieur même desdites oreilles, saillaient de part et d'autre comme deux flèches indiquant simultanément deux directions opposées...

Sa supériorité apparait de suite :

Citation :

Ignatius, quant à lui, était confortablement et intelligemment vêtu

J'adore la présentation du personnage! Et la citation de Swift ...

Nezumi a écrit:

Cependant à toute cette rigolade se mêle une sorte de tristesse ou de mélancolie. Est-ce à cause de la nostalgie que j'éprouve en relisant, au pathétique des situations (Ignatius, seul contre le monde), au fait que le suicide de l'auteur est si intimement lié à cette oeuvre ? Un peu de tout ça j'imagine.

J'aime bien, l'analyse de Nezumi. Je comprends qu'il puisse agacer mais il n'empêche que l'on s'attache à lui, surtout parce que l'on ressent cette difference et sa grande solitude.
Savoir que l'auteur en est mort ajoute forcément à cette tristesse larvée car rien de plus poignant dans le fond que l'ironie qui cache le désespoir.

Nezumi a écrit:

C'est une impression personnelle. Peut-être aussi due au fait que je pense au roman dans son ensemble.
C'est en fait la même tristesse que l'on peut ressentir à propos de Don Quichotte, auquel Ignatius a souvent été comparé, dans son combat illusoire et perdu d'avance.
Tout antipathique qu'il soit, Ignatius suscite notre compassion.

peut être à la fin de la lecture.. on va voir.. en tout cas pour l'instant c'est agréable à lire

aériale a écrit:

J'aime bien, l'analyse de Nezumi. Je comprends qu'il puisse agacer mais il n'empêche que l'on s'attache à lui, surtout parce que l'on ressent cette difference et sa grande solitude.

il a encore plusieurs pages pour gagner ma sympathie

aériale a écrit:

Je comprends qu'il puisse agacer mais il n'empêche que l'on s'attache à lui, surtout parce que l'on ressent cette difference et sa grande solitude.

Tout à fait! Ignatius réalise le tour de force d'être à la fois répugnant (certaines scènes, beuark) et attachant.

kenavo a écrit:

peut être à la fin de la lecture.. on va voir.. en tout cas pour l'instant c'est agréable à lire

Ah mais c'est agréable et hilarant du début à la fin, je ne dis absolument pas le contraire! C'est ce mélange de rire et de mélancolie sous-jacente (du moins pour moi) qui en fait un roman si particulier.