Félix Vallotton

Nathalia Brodskaïa, Félix Vallotton : Le Nabi étranger

Citation :

Félix Vallotton, appartenant au groupe des Nabis, a fait sensation avec ses spectaculaires et élégantes gravures sur bois d'inspiration japonaise et ses illustrations en noir et blanc. Scènes intimistes et paysages hors du temps, ses oeuvres mêlent technique parfaite et réalisme émotionnel. Ce sont particulièrement ses femmes, peintes dans un cadre intimiste, nues, de dos ou allongées, qui charment le spectateur. Ce livre est une présentation fascinante de la carrière de l artiste.

Même si j'ai eu la chance de visiter la Villa Flora l'année dernière où il y a des Vallotton en abondance, le cœur m'est un peu lourd que je ne puisse pas visiter l'expo qui se prépare à Paris... ainsi je me console un peu avec des lectures autour de cet artiste... et quelle belle découverte j'ai fait avec ce livre de Nathalia Brodskaïa.

Elle en fait une biographie sans aller dans tous les petits détails mais donne une bien bonne vue d'ensemble et raconte les différentes étapes dans la vie de Félix Vallotton. Pour quelques uns des ses tableaux elle fait un exposé plus en détail (j'en ai cité quelques uns), elle retrace sa vie et les amitiés qu'il se fait... le tout accompagné d'une multitude d'images, souvent très peu connues

Si on ne connait pas du tout ce peintre et veut se faire une première idée, je pense que c'est le livre idéal pour entrer dans la matière.
Et si on le connait déjà bien on se fait quand même un grand plaisir en découvrant ces images et aussi ce texte très bien écrit.


Paysage au coucher de soleil, 1919


Le vieil olivier, 1922


Famille d’arbres, 1922

j'avais opté pour la version électronique, mais au vue des images je le veux aussi en version papier

Sur le balcon, 1905

Félix Vallotton : Le feu sous la glace

Je ne viens que de l'avoir et donc, seulement quelque peu feuilleté... mais il y a naturellement déjà une première référence qui me plait très bien!

Une simple porte ouverte, et l'on pense à Vilhelm Hammershoi dont la peinture a souvent été rapproché au cinéma de Carl Dreyer, mais évidemment Hitchcock demeure assurément le cinéaste le plus célèbre de toute l'histoire du XXe siècle, le plus connu du grand public. Or, le rapport entre Vallotton et Hitchcock est beaucoup plus probant que le rapport entre Hitchcock et Hopper par exemple. Parce qu'il y a une manière de nettoyer l'espace d réduire un geste, la mélancolie des personnages é presque rien chez Hopper, mais Hopper va vu les films d'Hitchcock et Hopper s'est nourri des expériences cinématographiques. Alors que Vallotton n'a pas eu le temps de voir les Murnau ou les Fritz Lang de son époque. Ir il a cette manière de voir el monde qui fait beaucoup penser à celle de Fritz Lang ou d'Hitchcock. Cette manière d'enfiler les portes les unes après les autres permet de monter des intérieurs radicalement différents: trois tableaux dans le tableau. Cet enchainement donne presque l'impression d'une scène de cinéma avec un second théâtre dans le fond comme dans Intérieur avec femme en rouge de dos. Il s'agit de quatre espaces différents, emboités les uns dans les autres. Très peu de cinéastes savent faire ça et, là aussi, Hitchcock a la part belle.
Guy Cogeval

exemple:


Intérieur avec femme en rouge de dos


scène de La Corde

Autour de cette exposition de Félix Vallotton au Grand Palais, il y a trois publications « Beau Livre »


Nathalia Brodskaïa, Félix Vallotton : Le Nabi étranger
J’en ai parlé sur ce fil (premier message sur cette page)
concernant le rapport qualité-prix, c'est un jamais vu pour moi!



Bruno Delarue, Félix Vallotton : Les paysages de l'émotion

Ce livre pose un regard sur l’œuvre de Vallotton en le suivant dans ses différentes villégiatures, « dont il avait tant besoin pour fuir le milieu artistique parisien sclérosé, mais surtout pour se ressourcer ».
Ainsi on va découvrir des œuvres plutôt inconnues d’Etretat


Les Planches à Etretat, 1899

de sa Suisse natale, de Locquirec, Criqueboeuf, d’Arques-La-Bataille

Paysage normand, Arques-la-Bataille, 1903

de Dieppe, Varengeville-sur-Mer, beaucoup d’images d’Honfleur, de l’Italie, Les Andelys, de Cagnes, de la Loire et quelques baigneuses.
Un « tour du monde » tout à fait extraordinaire et réjouissant !



Collectif, Félix Vallotton : Le feu sous la glace

Voici probablement le plus complexe et le plus complet concernant sa vie mais surtout l’approche pour les différents genres dans son œuvre.  Et contrairement à tous les autres livres, il y a une grande partie qui se concentre sur son travail de graveur qui est extraordinaire.

La symphonie, 1897

Contrairement à d’autres peintres où on retrouve inévitablement dans trois-quatre livres à peu près 50% les mêmes images, ici il n’y a pratiquement pas de doublons. Son œuvre est tellement riche, foisonnant et reste encore pour plus d’un aspect à découvrir !

Quel peintre ! J'espère avoir le temps d'y aller, mais pas sûr, hélas.

Dimanche dernier, le 6 octobre, Arte a diffusé un admirable documentaire intitulé "Félix Vallotton, la vie à distance". J'y ai découvert que Vallotton avait également été écrivain, et que son oeuvre picturale est traversée par un drame vécu dans l'enfance. (explication de ce drame lié à la culpabilité dans les premières minutes de la vidéo)
A priori, il n'est pas prévu de rediffusion, mais vous pouvez vous le procurer sur le site d'Arte :

Arte : ICI

Constance a écrit:

J'y ai découvert que Vallotton avait également été écrivain

il a même son fil dans la section auteurs: ici
j'ai lu ses trois romans et je les ai amé tous

merci pour le lien vers le documentaire, je vais y aller et regarder

kenavo a écrit:

Constance a écrit:

J'y ai découvert que Vallotton avait également été écrivain

il a même son fil dans la section auteurs: ici
j'ai lu ses trois romans et je les ai amé tous

merci pour le lien vers le documentaire, je vais y aller et regarder

Son oeuvre littéraire est largement évoquée dans ce documentaire, via le prisme de son état dépressif. Mais je ne suis pas certaine d'être intéressée par ses romans.  
Autre info : Vallotton était anarchiste ...

L'Assiette au beurre est par ici : clic

Constance a écrit:

Son oeuvre littéraire est largement évoquée dans ce documentaire, via le prisme de son état dépressif. Mais je ne suis pas certaine d'être intéressée par ses romans.

oui, je peux comprendre le choix, même si je dois dire qu'ils ne se présentent pas du genre 'dépressif'... assez noir, pas joyeux, oui... mais il y a pire pour se rendre déprimé

kenavo a écrit:

Constance a écrit:

Son oeuvre littéraire est largement évoquée dans ce documentaire, via le prisme de son état dépressif. Mais je ne suis pas certaine d'être intéressée par ses romans.

oui, je peux comprendre le choix, même si je dois dire qu'ils ne se présentent pas du genre 'dépressif'... assez noir, pas joyeux, oui... mais il y a pire pour se rendre déprimé

Je m'en tiens aux commentaires du docu, car je n'ai pas lu ses romans qui n'ont pas marqué la littérature française par leur originalité. Ceci étant, peu m'importe la couleur d'un roman, pourvu que j'en apprécie le sujet, et surtout le style.

Colette Nys-Mazur, Vallotton, le soleil ni la mort

une lecture très personnelle de sa toile Le Ballon , à découvrir ici

ça va faire deux semaines... je ne sais pas ce qui m'a le plus marqué dans l'exposition du Grand Palais. J'en attendais beaucoup, sereinement mais beaucoup, et sans savoir vraiment quoi. J'en avais vu quelques uns des Vallotton mais pas d'exposition lui étant consacrée.

une exposition thématico-chronologique ? 

pour cet angle les deux choses que je regarderai de plus près seraient ses gravures et ses toiles qui reprennent des thèmes classiques. les premières dépeignent une petite bourgeoisie à travers des scènes intimistes doucement coulées dans le noir et blanc mais un décalage piquant, un vice dans la perfection. Sans doute ce qui m'avait gêné en lisant Vallotton est là, mais là dans cette forme et c'est différent.

et je rapproche cette drôle d'impression qui est rongée mais moqueuse dans ses toiles qui reprennent des thèmes comme Adam et Eve ou l'enlèvement, ou le dragon crocodile. Il y a un humour placardé dans la toile mais accommodé dans l'équilibre des formes et des couleurs qui saisit chez ce peintre.

fausse transition pour m'amener doucement vers l'impression. l'idée que passer dix heures dans l'exposition ou la voir tous les jours n'y changerait rien. Le mystère est entier. C'est un coloriste de génie qui peut en plus définir de grandes étendues sans les rendre monotones.

La vision à plat, des surfaces est à couper le souffle, je crois que dans ce rapport à la présence plate de l'image il y a une observation soigneuse de l'histoire et une attention précise à son héritage (racines de la Renaissance via certaines étapes, Ingres ?). C'est d'ailleurs un peu la même chose dans les corps qu'il représente, corps dont on ressent la densité, le volume et on pense à la statuaire et à des peintres qui ont suivi de peu. Sauf qu'avec l'insondable simplicité, l'évidence incontournable de ses sujets il peut représenter s'il le veut l'imperfection.

frappant aussi la complexité des compositions, les évidences de l'image plane sont traversées et faussées par un jeu d'axes et de perspectives diverses qui détournent le regard à plaisir pour mieux le placer dans son espace. fascinant.

et tant d'œuvres sublimes. par certain côtés Vallotton c'est une modernité qui se serait passée des mouvements qui ont suivi avec leur déconstruction de l'image, comme le cubisme ou le futurisme, avant de revenir aux formes plus anciennes, retrouvées plus vives. Le dialogue formel est différent mais le résultat tout aussi stupéfiant. On arrive devant la même inexplicable transcendance et on peut encore, ou à nouveau ? sourire ou s'attrister, ou les deux, ou seulement rester émerveillé.

c'est un choc en profondeur qui ne peut passer par l'éclat.

échantillon (tant bien que mal) :

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J'aime bien. Tu as vu l'exposition au Grand-Palais a Paris?