Lecture en commun - Balzac : Le lys dans la vallée

Je m'excuse Arabella, je pensais avoir du temps pour vous suivre dans cette lecture, mais cela ne colle vraiment pas avec mon emploi du temps. Je commencerai tout de même ce week-end, mais je ne vous rattraperai sûrement pas.

Lara on peut continuer à commenter cette lecture même plus tard.

courage pour ton travail.

Dom, comme toi je l'avais lu il y a longtemps (j'étais très jeune) les ressentis sont certainement différents, mais cette écriture est si riche que c'est un plaisir de relire.

Oui Lara, lis le si tu en as enive lorsque tu auras le temps.

Je l'ai fini, mais j'écrirai le commentaire demain.

fini ce matin, je vais avoir la flemme ce soir... mais c'est bête, va falloir remettre plein de choses en tête.

pas déçu du tout en tout cas, bien fait de me laisser tenter par cette lecture commune

moi aussi je suis contente d'avoir participé à cette lecture, du coup j'ai l'âme poëtique, mercredi lors de la promenade dans les champs et bordure de ruisseau je voyais tout ce qui nous environnait avec encore plus de plaisir et j'avais l'impression d'être dans la vallée -en fait j'y était mais pas la même bien sur -

Quelle écriture riche !

La réponse brève et catégorique qui termine le livre est pas mal, elle prolonge et éclaire tout ce qui précède en forçant, par son ton, une prise de recul... en plus d'être une "leçon" supplémentaire. Franchement bien vue.

Elle met un peu plus en évidence que tout ce récit est d'abord le point de vue idéalisé et de son besoin d'idéalisation de son lys (ce qui explique sans doute que les pleurnicheries soient autant mises en valeur car trop rares points de contact) et que ce n'est en quelque sorte pas "toute l'histoire".

Un roman (d'apprentissage ?) assez fabuleux qui cache un puzzle complexe de vie de l'auteur et plusieurs analyses des sentiments et des caractères. Fabuleux et préservé de l'amertume de l'analyse (on peut penser à cette lettre finale de Natalie de Manerville) et de tout jugement définitif ou point de vue forcé. Il imprègne de douceur et de mélancolie une série d'événements loin de se révéler comme tout roses, de blessures, d'erreurs... il démontre en négatif (opposition) ou complément aux faits réels, ou supposés tels, un besoin de réconfort ou de confiance dans un absolu, un idéal aux formes et manifestations diverses... peut être aussi l'indispensable justification ? Si ce besoin peut être qualifié de cause de bien des malheurs, la porte ne lui est pas fermée, elle est ouverte au souvenir et aux changements.

Assez remarquable à la fois riche et débordant mais finement organisé et capable de retenue.

Wahou. Quand même.

Très très bon, une grosse découverte avec plein de choses qui me conviennent à l'intérieur...

J'aime à imaginer la réaction de Félix à la lecture de la réponse de Nathalie .

Effectivement la lettre est bien dosée, ne laisse point de doute la leçon rude mais juste.

Le début de la lettre de Félix à Nathalie de Manerville précise toutefois que c'est à sa demande qu'il cède en lui contant son passé. Demande faite suite à l'attitude souvent éloignée d'elle et aux silences que Félix arbore en sa compagnie.

Le manque d'affection subi par Félix durant son enfance est certainement responsable de son attitude parfois enfantine.

Je crois Animal qu'on idéalise toujours l'inaccessible.

c'était un grand moment de lecture.

Moi aussi j'ai vraiment apprécié cette lecture. Même si ce n'est pas mon Balzac préféré, j'ai plus aimé que lors de ma première lecture. Même si Félix m'a énervé par moments, l'histoire est prenante. La lettre finale écrite par Natalie montre un autre aspect de Balzac, elle est conforme au personnage du Contrat de mariage, il y a une grande cohérence dans l'ensemble de l'univers de La comédie humaine, les personnages que l'on retrouve d'un livre à l'autre, gardent leur personnalité.

J'ai fini "Les premières amours" et je mettrai mes commentaires ce soir.
A l'avenir je veillerai à ne pas faire coïncider les lectures communes avec les fins de trimestre.
Le lyrisme souvent outré du style de Félix me surprend plus qu'à l'époque, où je lisais pas mal de trucs du genre, mais certaines images me frappent par leur originalité:

Citation :

Des flammes passèrent devant mes yeux fermés en se poursuivant dans les ténèbres comme les jolis vermisseaux de feu qui courent les uns après les autres sur les cendres du papier brûlé.

Oui, le Lys est empreint d'une sentimentalité qui peut être agaçante voire insupportable à certains, mais au détour d'une page il y a des phrases d'une telle beauté et d'un tel pouvoir évocateur que ça rattrape largement...
Et l'analyse psychologique ne manque ni de justesse ni de profondeur. J'y reviens plus tard donc.

je viens de terminer la première partie "Deux enfances" et entame juste "Les premières amours".
J'ai trouvé la comtesse de Mortsauf très maternante avec Félix: elle le traite comme un enfant, le sermonne et veut sa réussite. Elle refuse de le voir embrasser la prêtrise parce qu'elle ne peut lui offrir son amour sans réserve. Cependant, on sent qu'elle apprécie d'être aimé comme une oeuvre d'art, comme une héroïne de roman d'amour.
Ahhhh, la maternité primant sur la sensualité!!! Vaste thème....le sens du devoir dans son absolu!!! Parfois cette attitude m'a agacée, souvent elle m'a amusée tant son emphase est bellement décrite sous la plume de Balzac.
En fait, je suis très partagée: est-ce le meilleur roman de Balzac? A-t-il voulu "surfer" sur la vague romantique afin de s'attirer plus de lecteurs? Ou a-t-il souhaiter vaincre ses démons intérieurs par une "autofiction" superbement écrite? Tantôt je suis agacée par tant de propension à s'écouter souffrir et gémir, tantôt je succombe au charme de ce Félix, être abîmé et en souffrance. Comme les relations maternelles peuvent perpétrer des ravages dans les coeurs et les âmes....hier comme aujourd'hui d'ailleurs.
Toujours est-il que cette relecture apporte un regard nouveau sur mes ressentis de lycéenne: la vie donne d'autres clés qui permettent d'apprécier autrement (et mieux) un texte particulier.
Je jette pêle-mêle des sensations.

J'en suis à la partie des deux femmes.... Enfin Felix a craqué, Félix est humain, Lady Dudley en est venue à bout. Mais il s'en défend bien, le pauvre et dit qu'on ne peut aimer que dans sa chair ces femmes sans morale et que ce n'est qu"à cause de privations et de frustrations physiques qu'il en est devenu l'amant. Toutefois son vrai, son véritable amour reste son lys.

Et quand il retrouve enfin Mme de Mortsauf, la belle et intouchable citadelle de vertu, elle lui fait une crise de jalousie !
Mais Balzac est fin psychologue : Mme de Mortsauf doute, elle se demande si elle n'est pas passée à côté de sa vie, de l'amour, de la passion. Elle ne doute que brièvement, mais tout de même cela rend le personnage plus humain. Très vite la raison l'emporte, elle serait incapable de sacrifier ses enfants. L'éternel dilemne comme dit Chap.

Balzac connait les âmes, il est observateur et très psychologue et cela instille une certaine véracité dans ses personnages les plus improbables. Je lis ce roman avec grand plaisir.

Chatperlipopette a écrit:

Toujours est-il que cette relecture apporte un regard nouveau sur mes ressentis de lycéenne: la vie donne d'autres clés qui permettent d'apprécier autrement (et mieux) un texte particulier.

Oui, il faudrait presque relire systématiquement tous ces livres lus à l'école et pas appréciés, on aurait beaucoup d'agréables surprises.

Alors vous avez vraiment lu tant que ça par obligation à l'école ? Dans mes souvenirs, rien de tel.

Je trouve en effet que la jalousie de Mme de Mortsauf la rend plus vraimsemblable, ses regrets aussi. En fait, à la fin du roman, Balzac précise que lors de leur rencontre, Félix avait 22 ans et Henriette 28 ans ....

je rejoins Epi sur son idée de relire en tout cas quelques uns des lectures d'écoles.. ce que j'ai déjà fait avec quelques uns.. mais d'autres me sont restés dans un si mauvais souvenir.. je ne sais pas

Arabella a écrit:

Alors vous avez vraiment lu tant que ça par obligation à l'école ? Dans mes souvenirs, rien de tel.

ah oui.. chez nous les lectures à l'écoles étaient au moins 1 sinon 2 par trimestre - dans les 3 langues étudiés.. donc, j'ai eu ma dose de lectures allemande, française et anglaise.. et pendant 8 ans cela m'a aussi donné pas mal de mauvaises expériences - mais aussi des bonnes.. parfois

Presque fini "Les deux femmes", l'après-midi ayant surtout été occupée à éponger une inondation due à la pluie diluvienne qui tombe ici...
Vue à travers le prisme des yeux adorateurs de Félix, Mme de Mortsauf, parangon de pureté et d'abnégation, créature céleste, parait caricaturale c'est vrai. Mais si on lit entre les lignes, se dessine un personnage plein de bon sens, les pieds bien sur terre, qui essaie de composer avec des circonstances bien pénibles. Bien sûr le Lys n'est pas un manifeste féministe, mais la triste condition des femmes qui, en se mariant, ne passaient que d'un maître à l'autre est au centre de ce roman.
Quant au personnage de M. de Mortsauf, sa véracité me frappe. L'entourage qui tremble au gré des humeurs changeantes, le tyran domestique charmant en société, tout cela sonne vrai...