Lecture en commun - Balzac : Le lys dans la vallée

krys a écrit:

oops désolée, je croyais qu'il fallait lire le livre dans la journée ...

surtout pas créer du stress avec notre passion pour la lecture

eXPie a écrit:

Hum... je te proposerais bien l'Arrière-Saison, d'Adalbert Stifter, et on voit si tu y arrives

krys a écrit:

en VO ?

je peux t'envoyer mon exemplaire

Nezumi a écrit:

Un autre challenge à te proposer: A la recherche du voile noir, de Rick Moody, en une seule journée et sans migraine (et sans tricher avec du paracétamol).

kenavo a écrit:

eXPie a écrit:

Hum... je te proposerais bien l'Arrière-Saison, d'Adalbert Stifter, et on voit si tu y arrives

krys a écrit:

en VO ?

je peux t'envoyer mon exemplaire

Ne te laisse pas faire Krys, si tu acceptes le cadeau de Kenavo, elle voudra ensuite t'offrir les 300 livres qu'elle a déposés à la cave et qui sentent mauvais

aucun souci, j'ai plein de parfums chez moi

terminé la première partie. Toujours aussi plaisant et large, on profite du spectacle du rapprochement de ces deux cœurs tout en sentant que c'est mal barré. c'est une franchement bonne découverte tout ça ! Il trouve le moyen d'en faire des tonnes tout en jouant avec finesse finalement... et puis il joue mais pas que... (il me semble).

animal a écrit:

terminé la première partie. Toujours aussi plaisant et large, on profite du spectacle du rapprochement de ces deux cœurs tout en sentant que c'est mal barré. c'est une franchement bonne découverte tout ça ! Il trouve le moyen d'en faire des tonnes tout en jouant avec finesse finalement... et puis il joue mais pas que... (il me semble).

Ca oui, il en fait des tonnes... La finesse a dû m'échapper, je me suis trop esclaffé en lisant certaines phrases ("sourire des femmes résignées qui fendrait le granit", page 91 ; "Deux grosses larmes éclairées par un rayon de lune sortirent de ses yeux, roulèrent sur ses joues, en atteignirent le bas ; mais je tendis la main assez à temps pour les recevoir, et les bus avec une avidité pieuse qu'excitèrent ces paroles déjà signées par dix ans de larmes secrètes, de sensibilité dépensée, de soins constants, d'alarmes perpétuelles, l'héroïsme le plus élevé de votre sexe ! " difficile d'en faire plus...)... et toutes ces pleurnicheries... Il devrait y avoir une édition spéciale, avec paquets de mouchoirs.

J'ai le coeur sec, sans doute, parce que j'ai trouvé ça globalement assez mièvre, forcé. Enfin, on va dire que c'est du romantisme force 10.

Moi en visualisant Mme de Mortsauf, j'ai l'image de Delphine Seyrig, qui l'a interprétée à l'écran, qui se superpose sans cesse. Bien que la comtesse soit décrite comme bien en chair, je la vois au contraire frêle et diaphane.

eXPie a écrit:

J'ai le coeur sec, sans doute, parce que j'ai trouvé ça globalement assez mièvre, forcé. Enfin, on va dire que c'est du romantisme force 10.

En fait cela reflète surtout la nature exaltée et presque maladivement sensible de Félix, qui n'a vécu jusque là que dans les livres et l'étude et dont la découverte du sexe est sans arrêt repoussée (le récit de ses escapades avortées au Palais-Royal est assez rigolo, le pauvre). Il a donc tendance à utiliser le même langage que dans les livres, à idéaliser à mort...

Nezumi a écrit:

eXPie a écrit:

J'ai le coeur sec, sans doute, parce que j'ai trouvé ça globalement assez mièvre, forcé. Enfin, on va dire que c'est du romantisme force 10.

En fait cela reflète surtout la nature exaltée et presque maladivement sensible de Félix, qui n'a vécu jusque là que dans les livres et l'étude et dont la découverte du sexe est sans arrêt repoussée (le récit de ses escapades avortées au Palais-Royal est assez rigolo, le pauvre). Il a donc tendance à utiliser le même langage que dans les livres, à idéaliser à mort...

Dans l'introduction de mon édition, je crois me souvenir qu'il est fait mention d'interprétations qui le faisaient passer pour un homosexuel refoulé... Son peu d'empressement à concrétiser, par rapport à son petit Lys d'amour, en serait la "preuve".

Sa nature exaltée, oui. Ce sera confirmé par la suite. Là, on lit son texte à lui, son interprétation... C'est vraiment du subjectif, ce qui est écrit, j'ai eu du mal à bien me mettre ça dans la tête. C'est tellement différent des autres Balzac où, généralement, on sent sa présence grave au dessus de notre épaule...

huhu, c'est comme une bonne bouffe bien arrosée, descendre le vin à pleins cruchons ne l'empêche pas d'être bon ?

Il est tout exalté, "compréhensif" à l'excès, il n'a d'yeux que pour elle et tout et tout, le coup des larmes c'est énorme mais dans l'agencement et la perspective de la description de ces états je ne trouve pas que ça sonne faux. J'irai jusqu'à dire que je peux m'y retrouver... à moins que je n'idéalise trop des souvenirs

et puis il y a dans la description des sentiments de Madame de Mortsauf et ses justifications ou justification par le sacrifice un pendant à cet amour pas trop raisonnable... avec une racine pas si fausse mais floue, un zeste d'égoïsme révélé sans méchanceté et peut être même caressé ?

edit : il parle régulièrement de jeter dans l'Indre, dans le folio une note précise que Balzac était plutôt inspiré par la noyade... pas neutre, je pense.

J'ai commencé cette relecture avec enthousiasme! Je n'en suis qu'au début, lorsque notre narrateur décrit son enfance de rejeton mal aimé! Un vrai bonheur que la description d'une certaine éducation, pas si rare que cela, des enfants dans les milieux aristocratiques et/ou grands-bourgeois de l'époque! Ahhh, les seconds fils ne sont pas tous prodigues, loin s'en faut et les mères ne possèdent pas toutes cet instinct dit maternel! La mère est un cauchemar de mère: distante, méprisante, acerbe, ironique, rabaissant sans cesse le "Petit chose" qu'est le narrateur qui sublime tant qu'il peut et comme il peut.
Quant à son séjour parisien, entre les murs du lycée puis de la fac et les appartements d'une tante, vieille comme le monde et irascible, c'est à pleurer d'empathie!
Je peux comprendre les méchancetés d'eXPie envers le héros du roman...il geint, il se lamente jusqu'à l'insupportable. Mais, j'admire l'écriture, le rythme, la musique de la langue balzacienne....et puis j'ai toujours craqué pour les mal aimés!
De plus, la vision des diverses natures humaines sont délicieusement réalistes: la méchanceté, la lâcheté, la veulerie sont à tous les étages!!! De quoi être désespérément romantique!
Une relecture qui s'annonce très bien! On a beau savoir, vu comment débute le roman, que le narrateur ne connaîtra pas le bonheur mérité, on ne peut s'empêcher de tomber sous la coupe, bien orchestrée, de l'auteur! Du grand art!

Chatperlipopette a écrit:

J'ai commencé cette relecture avec enthousiasme! Je n'en suis qu'au début, lorsque notre narrateur décrit son enfance de rejeton mal aimé! Un vrai bonheur que la description d'une certaine éducation, pas si rare que cela, des enfants dans les milieux aristocratiques et/ou grands-bourgeois de l'époque!

Normalement, toute cette partie est très largement autobiographique.

Cher EXPie, c'est bien ce que j'avais compris....Balzac fait de l'autofiction avant l'heure
Nos contemporains n'ont rien inventé...

Chatperlipopette a écrit:

Cher EXPie, c'est bien ce que j'avais compris....Balzac fait de l'autofiction avant l'heure
Nos contemporains n'ont rien inventé...

Ah, la modernité Balzacienne !

M. de Chessel va apprendre un certain nombre de choses à Félix sur le ménage qui l’intéresse tant. Le comte de Mortsauf n’avait pas achevé son éducation quand il a émigré, il a connu ensuite la misère la plus extrême, il a été très malade. Il a connu «des amours de bas étage », « qui n’attaquèrent pas seulement sa vie, ils en ruinèrent encore l’avenir ». En gros c’est une sorte de débris qui revient en France et à qui le duc et la duchesse de Lenoncourt offrent leur fille, bien plus jeune que le comte. La demoiselle est contente de pouvoir quitter ses parents et de vivre avec une tante très aimée, qui est très portée sur la religion, dans une version extrême, qu’elle communique à sa nièce. Elle décède très vite, laissant cette dernière seule avec son mari, dans une situation matérielle précaire. Lors de la naissance du premier enfant, la lourde hérédité se révèle, le médecin annonce que l’enfant ne vivra sans doute pas. La comtesse réalise progressivement l’état physique et mental de son mari, qui est au bord de la folie, bord qu’il franchi parfois. Elle fait ce qu’elle peut pour soigner au mieux ses enfants et préserver son mari, en particulier en cachant son état au monde.

Ces révélations vont être confirmés petits à petits. Félix devient un familier du couple, le mari se montre sous son véritable jour, de tyran déséquilibré et incapable, prenant plaisir à martyriser son entourage, et en premier lieu sa femme. Il a un jour un véritable accès de folie. Les enfants sont en permanence souffrants. La comtesse finit par se confier à Félix, le prenant pour ami uniquement, lui interdisant toute autre relation. Félix se consume, oscillant entre l’admiration pour la comtesse et le désir charnel qu’il éprouve pour elle. Ils ont des conversations pendant lesquelles ils pleurent beaucoup tous les deux. Elle voudrait que plus tard il épouse Madeleine, sa fille. La restauration rend le couple de nouveau riche, mais l’état du comte l’empêche d’aller à Paris y prendre sa place, ce que la comtesse cache à tout le monde, même à sa mère, avec laquelle elle a les mêmes relations que Félix avec la sienne, ce qui les rapproche beaucoup.

Alors je suis un peu entre les deux avec cette lecture. J'avais apprécié le début, même si le côté pleurnichard de Félix est énérvant, mais les descriptions de la nature sont très belles. La description de la situation de la comtesse et du mari sont vraiment réussis. Mais les longues scènes de pleurs à deux m'agacent de plus en plus. Qu'un jeune homme se voue à cette situation est surprenant. Autant que la position d'Henriette est compréhensible, et avoir auprès d'elle quelqu'un à qui elle peut se confier est plutôt positif pour elle, elle est dans une situation sans issu, mais Félix se complaît dans quelque chose qu'il ne peut en aucun gérer de façon satisfaisante.