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| Balades vers des sommets .....littéraires | |
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Auteur | Message |
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Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Mer 28 Avr 2010 - 12:36 | |
| Etre seul dans les montagnes, un plaisir plus intime et plus puissant ; contente pour toi que tu aies pu en profiter.
merci pour ces très belles photos de fleurs et d'arbres encore deshabillés qui dressent leurs bras vers le ciel !
à tantôt | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Dim 6 Juin 2010 - 22:54 | |
| Retour en forêt d'IratyRetour dans ce col si spécial. En face, c’est l’Espagne, en bas, c’est la forêt; lumineuse et sombre. Le calme en impose à tous, les murmures ruisselants occupent tout l’espace, ne laissant pas de place pour les mots. Des hommes, aux traditions séculaires, passent, tout en discrétion et en économie. La vie semble s’arrêter alors qu’en fait, elle prend beaucoup de sens dans des lieux comme ceux que mon regard peut embrasser. C’est parfois difficile de se détourner de ces hauteurs et de redescendre dans la mêlée furieuse et tumultueuse de notre quotidien. Un jour, viendra, un jour peut-être, un jour sûrement, où je ne pourrai sans doute pas redescendre, où l’appel sera le plus fort. Mais la vie doit reprendre le cours des choses normales ; les rêveurs sont emmenés par son flot, séparés de leurs rêves qui souvent restent en amont, sur une berge calme ; plus calme. Pour rejoindre le livre emporté, mon identité est multiple, elle l’est chez chacun d’entre nous, mais en haut, face au vent, aux vents plutôt, qui chantent et pleurent, qui courent puis soudain disparaissent, elle est plus forte que jamais et semble réunir toutes ses composantes en un tout unique, tendu vers un seul but : exister pleinement, sans regret, sans regard vers le bas, embrumé dans un trop plein de bruits, d’agitation, d’insignifiant et de broutilles. Une bonne journée, durant laquelle, à vrai dire, je n’étais pas seul. Mais désormais je ne le suis jamais seul, accompagné des mots, importants, dérisoires, futiles, beaux.... Mais aussi - et surtout - des mots parfumés ! - Citation :
- Dès le commencement de ce livre je parle d'identités « meurtrières» - cette appellation ne me paraît pas abusive dans la mesure où la conception que je dénonce, celle qui réduit l'identité à une seule appartenance, installe les hommes dans une attitude partiale, sectaire, intolérante, dominatrice, quelquefois suicidaire, et les transforme bien souvent en tueurs, ou en partisans des tueurs. Leur vision du monde en est biaisée et-distordue. Ceux qui appartiennent à la même communauté
sont « les nôtres», on se veut solidaire de leur destin mais on se permet aussi d'être tyrannique à leur égard ; si on les juge « tièdes ». on les dénonce, on les terrorise, on les punit comme « traîtres» et « renégats ». Quant aux autres, quant à ceux de l'autre bord, on ne cherche jamais à se mettre à leur place, on se garde bien de se demander si, sur telle ou telle question, ils pourraient ne pas être complètement dans leur tort, on évite de se laisser adoucir par leurs plaintes, par leurs souffrances, par les injustices dont ils ont été victimes. Seul compte le point de vue des « nôtres», qui est souvent celui des plus militants de la communauté, des plus démagogues, des plus enragés. A l'inverse, dès lors qu'on conçoit son identité comme étant faite d'appartenances multiples, certaines liées à une histoire ethnique et d'autres pas, certaines liées à une tradition religieuse et d'autres pas, dès lors que l'on voit en soi-même, en ses propres origines, en sa trajectoire, divers confluents, diverses contributions, divers métissages, diverses influences subtiles et contradictoires, un rapport différent se crée avec les autres, comme avec sa propre « tribu ». Il n'y a plus simplement « nous», et « eux» - deux armées en ordre de bataille qui se préparent au prochain affrontement, à la prochaine revanche. Il y a désormais, de « notre» côté, des personnes avec lesquelles je n'ai finalement que très peu de choses en commun, et il y a, de « leur» côté, des personnes dont je peux me sentir extrêmement proche. Mais pour en revenir à l'attitude précédente, on imagine bien de quelle manière elle peut pousser les hommes aux pires extrémités: s'ils ont le sentiment que « les autres» constituent une menace pour leur ethnie, leur religion ou leur nation, tout ce qu'ils pourraient faire afin d'écarter cette menace leur paraît parfaitement légitime; même lorsqu'ils en arrivent à commettre des massacres, ils sont persuadés qu'il s'agit là d'une mesure nécessaire pour préserver la vie de leurs proches. Et comme tous ceux qui gravitent autour d'eux partagent ce sentiment, les massacreurs ont souvent bonne conscience, et s'étonnent de s'entendre appeler criminels. Criminels, ils ne peuvent pas l'être, jurent-ils, puisqu'ils cherchent seulement à protéger leur vieille mère, leurs frères et sœurs, et leurs enfants. Ce sentiment d'agir pour la survie des siens, d'être porté par leurs prières, et d'être, sinon dans l'immédiat, du moins sur le long terme, en état de légitime défense, est une caractéristique commune de tous ceux qui, au cours des dernières années, en divers coins du globe, du Rwanda à l'ancienne Yougoslavie, ont commis les crimes les plus abominables. Il ne s'agit pas de quelques cas isolés, le monde est couvert de communautés blessées, qui subissent aujourd'hui encore des persécutions ou qui gardent le souvenir de souffrances anciennes ; et qui rêvent d'obtenir vengeance. Nous ne pouvons demeurer insensibles à leur calvaire, nous ne pouvons que compatir avec leur désir de parler librement leur langue, de pratiquer sans crainte leur religion ou de préserver leurs traditions. Mais de la compassion, nous glissons parfois vers la complaisance. A ceux qui ont souffert de l'arrogance coloniale, du racisme, de la xénophobie, nous pardonnons les excès de leur propre arrogance nationaliste, de leur propre racisme et de leur propre xénophobie, et nous nous désintéressons par là même du sort de leurs victimes, du moins tant que le sang n'a pas coulé à flots. Les identités meurtrières - Amin Maalouf - Citation :
- Ophélie
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Flotte trés lentement, couchée en ses longs voiles... -- On entend dans les bois lointains des hallalis. Voici plus de mille ans que la triste Ophélie Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir; Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir. Le vent baise ses seins et déploie en corolle Ses grands voiles bercés mollement par les eaux; Les saules frissonnants pleurent sur son éepaule, Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux. Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle; Elle éveille parfois, dans un aune qui dort, Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile: -- Un chant mystérieux tombe des astres d'or. ô pale Ophélia! belle comme la neige! Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté! -- C'est que les vents tombant des grands monts de Norvège T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté; C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure, A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits; Que ton coeur écoutait le chant de la nature Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits; C'est que la voix des mers folles, immense râle, Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux; C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle, Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux! Ciel! Amour! Liberté! Quel rêve, ô pauvre folle! Tu te fondais à lui comme une neige au feu: Tes grandes visions étranglaient ta parole -- Et l'infini terrible effara ton œil bleu ! -- Et le poète dit qu'aux rayons des étoiles Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis, Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles, La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys. Arthur Rimbaud Posé à côté de ce ruisseau, à côté d'une tourbière, les brutis ont tous pris une puissance incroyable : j'ai cru, si, si, entendre une minuscule grenouille rousse atterrir sur un brin d'herbe. Et que dire du vautour fauve, omniprésent au-dessus, face ou dans le vent. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Dim 6 Juin 2010 - 23:38 | |
| La nature et la rando t' inspirent, Steven ! Je te comprends tout à fait... et meme je t' envie ... | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Lun 7 Juin 2010 - 7:40 | |
| J'ai vraiment tellement envie d'un bout de coin de verdure perdu, loin, et silencieux en ce moment... Ça me donne envie de m'incruster dans une de tes balades Steven... | |
| | | odrey Sage de la littérature
Messages : 1958 Inscription le : 27/01/2009 Age : 46
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Lun 7 Juin 2010 - 10:19 | |
| - Queenie a écrit:
- J'ai vraiment tellement envie d'un bout de coin de verdure perdu, loin, et silencieux en ce moment... Ça me donne envie de m'incruster dans une de tes balades Steven...
Pareil, envie d'un endroit sans gens. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Lun 7 Juin 2010 - 10:56 | |
| Belle prose et belles photos Steven, chapeau! Mais je ne pourrais m'y trouver bien totalement seule par contre!
Il me faut des gens autour sinon j'angoisse... je peux même rester silencieuse, si si | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Mar 8 Juin 2010 - 10:44 | |
| Beau paysage Steven que tu décris admirablement | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Sam 24 Juil 2010 - 0:09 | |
| Le cirque de Lescun et les orgues de de CamplongPetite balade, en famille, calme, des pentes douces, un torrent pour se rafraîchir et se tremper. Beaucoup de plaisirs et de tranquilité. Et surtout la fraicheur, les rires, le plaisir partagé. Pas besoin d'aller haut, pas besoin d'aller trop loin. Avec ce poème de Rimbaud, qui m'accompagne depuis longtemps déjà : - Citation :
- Trois baisers
Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres penchaient leur feuillée Malignement, tout près, tout près.
Assise sur ma grande chaise, Mi-nue, elle joignait les mains. Sur le plancher frissonnaient d'aise Ses petits pieds si fins, si fins.
- Je regardai, couleur de cire, Un petit rayon buissonnier Papillonner comme un sourire À son sein blanc, - mouche au rosier !
- Je baisai ses fines chevilles. Elle eut un doux rire brutal Qui s'égrenait en claires trilles, Un joli rire de cristal.
Les petits pieds sous la chemise Se sauvèrent : "Veux-tu finir !" - La première audace permise, Elle feignait de me punir !
- Pauvrets palpitants sous ma lèvre, Je baisai doucement ses yeux : - Elle jeta sa tête mièvre En arrière : "Ah ! c'est encor mieux !
Monsieur, j'ai deux mots à te dire..." - Je lui jetai le reste au sein Dans un baiser. - Elle eut un rire, Un bon rire qui voulait bien...
Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres penchaient leur feuillée Malignement, tout près, tout près.
Arthur Rimbaud Et ces quelques lignes de La servante écarlate d'Atwood : - Citation :
- La nuit tombe. Ou est tombée. Comment se fait-il que la nuit tombe au lieu de se lever, comme l'aube ? Et
pourtant si l'on regarde vers l'est, au coucher du soleil, on peut voir la nuit se lever, et non pas tomber, l'obscurité monter dans le ciel depuis l'horizon, comme un soleil noir, derrière une couverture de nuages. Comme la fumée d'un feu invisible, un trait de feu juste au-dessus de l'horizon, feu de brousse ou ville en flammes. Peut-être la nuit tombe-t-elle parce qu'elle est lourde, un épais rideau remonté par-dessus les yeux. Couverture de laine. J'aimerais y voir dans le noir, mieux que je ne le puis. Donc, la nuit est tombée ; je la sens peser sur moi comme une pierre. Pas un souffle d'air. Je suis assise près de la fenêtre en partie ouverte, rideaux tirés sur les côtés parce qu'il n'y a personne là-dehors, toute pudeur est inutile avec ma chemise de nuit, à manches longues même en été, pour nous garder des tentations de notre propre chair, pour nous retenir de nous enlacer de nos propres bras, nus. Rien ne bouge dans la double lumière de la lune et des projecteurs. Les effluves du jardin montent comme la chaleur d'un corps, il doit y avoir des fleurs qui s'épanouissent la nuit, tant l'odeur est forte. Je peux presque la voir, une radiation rouge, qui monte en tremblotant, comme le miroitement au-dessus du macadam des routes à midi. En bas sur la pelouse, quelqu'un émerge de la coulée d'obscurité sous le saule, pénètre dans la lumière, une ombre étirée attachée aux talons. Est-ce Nick, ou est-ce quelqu'un d'autre, quelqu'un sans importance? Il s'arrête, lève les yeux vers ma fenêtre, et je discerne l'ovale blanc de son visage. Nick. Nous nous regardons. Je n'ai pas de rose à lancer, il n'a pas de luth. Mais c'est le même genre de soif. Que je ne peux assouvir; je tire le rideau de gauche pour qu'il tombe entre nous, devant mon visage, et au bout d'un moment il s'éloigne, dans l'invisibilité du tournant. Le Commandant disait vrai. Un plus un plus un plus un ne font pas quatre. Chaque un reste unique, il n'y a aucun moyen de les réunir. Ils ne peuvent être échangés l'un contre l'autre. Ils ne peuvent pas se remplacer l'un l'autre. Nick contre Luke ou Luke contre Nick. On ne peut pas se faire violence. On ne peut pas commander à ses sentiments, disait un jour Moira, mais on peut commander à son comportement. Ce qui est fort bien dit.
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| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Sam 24 Juil 2010 - 15:47 | |
| oh ! que tes balades j'envie, que ton sur est ton choix de mots pour accompagner les photos !
merci Steven
la cas ca porte un nom ? | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Sam 24 Juil 2010 - 15:53 | |
| J' aimerais etre à ta place, Steven, mais elle est déjà prise ! Alors... | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Ven 30 Juil 2010 - 23:37 | |
| - Bédoulène a écrit:
- oh ! que tes balades j'envie, que ton sur est ton choix de mots pour accompagner les photos !
merci Steven
la cas ca porte un nom ? Excuse-moi, Bédoulène, j'étais persuadé t'avoir répondu. Et puis non. Ca vous le fait à vous aussi, sûr d'avoir fait et puis non. Je suis pas seul dans ce cas ? Donc il s'agit de la cascade d'Anaye. J'étais allé, il y a quelques temps à sa source ( La source du Marmitou), et je voulais voir sa cascade.
Dernière édition par Steven le Dim 1 Aoû 2010 - 0:12, édité 1 fois | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Sam 31 Juil 2010 - 23:59 | |
| merci Steven ! la réponse n'était pas urgente (et j'avais oublié aussi que je t'avais posé la question ) en fait la cascade me paraissait familière, mais non je ne connais pas | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Sam 11 Sep 2010 - 11:32 | |
| J'ai parcouru ce fil Steven je vois que tu ne fais pas de photos pendant l'hiver tu n'y va jamais en hiver à la montagne, ski ou rando en raquettes etc.. | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Sam 11 Sep 2010 - 13:10 | |
| Il y a des photos d'une balade en décembre. Pour la montagne en hiver, j'y vais, avec ma famille, rando raquettes, ski de fond... J'ai un genou abimé - au rugby - sans ligaments qui ne me permets pas de trop pratiquer le ski alpin. J'ai quelques photos en hiver, je les trouve moins belles. Et j'ai un peu de mal avec le froid. | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Balades vers des sommets .....littéraires Lun 15 Nov 2010 - 21:48 | |
| Petit balade en forêt de Sare au Pays Basque. Sur les premières hauteurs qu'offrent les Pyrénées. D'un côté, les pics, la roche ; de l'autre, une plaine qui coule lentement vers la mer. Comme souvent, sur les premiers lacets on croise quelques animaux : Puis dans la douceur des pentes, les couleurs de l'automne forcent l'admiration, ralentissent le pas du promeneur, invitent à la pause : Pour la première pause, j'avais sur moi un poème de Rimbaud : - Citation :
- Le Soleil , le foyer de tendresse et de vie,
Verse l'amour brûlant à la terre ravie, Et, quand on est couché sur la vallée, on sent Que la terre est nubile et déborde de sang ; Que son immense sein, soulevé par une âme, Est d'amour comme Dieu, de chair comme la femme, Et qu'il renferme, gros de sève et de rayons, Le grand fourmillement de tous les embryons ! Et tout croît, et tout monte ! - 0 Vénus, ô déesse! Je regrette les temps de l'antique jeunesse, Des satyres lascifs, des faunes animaux, Dieux qui mordaient d'amour l'écorce des rameaux Et dans les nénuphars baisaient la Nymphe blonde! Je regrette les temps où la sève du monde, L'eau du fleuve, le sang rose des arbres verts Dans les veines de Pan mettaient un univers! Où le sol palpitait, vert, sous ses pieds de chèvre; Où, baisant mollement le clair syrinx, sa lèvre Modulait sous le ciel le grand hymne d'amour ; Où, debout sur la plaine, il entendait autour Répondre à son appel la Nature vivante ; Où les arbres muets, berçant l'oiseau qui chante, La terre, berçant l'homme, et tout l'Océan bleu Et tous les animaux, aimaient, aimaient en Dieu!
Je regrette les temps de la grande Cybèle Qu'on disait parcourir, gigantesquement belle, Sur un grand char d'airain, les splendides cités ; Son double sein versait dans les immensités Le pur ruissellement de la vie infinie, L'Homme suçait, heureux, sa mamelle bénie, Comme un petit enfant, jouant sur ses genoux. - Parce qu'il était fort, l'Homme était chaste et doux.
Misère ! Maintenant il dit : je sais les choses, Et va, les yeux fermés et les oreilles closes. -Et pourtant, plus de dieux ! plus de dieux ! l'Homme est Roi, L'Homme est Dieu ! Mais l'Amour, voilà la grande Foi! Oh, si l'homme puisait encore à ta mamelle, Grande mère des dieux et des hommes, Cybèle ; S'il n'avait pas laissé l'immortelle Astarté Qui jadis, émergeant dans l'immense clarté Des flots bleus, fleur de chair que la vague parfume, Montra son nombril rose où vint neiger l'écume, Et fit chanter, Déesse aux grands yeux noirs vainqueurs, Le rossignol aux bois et l'amour dans les cœurs ! J'avais aussi Tous les matins du monde de Pascal Quignard ; ce matin-là, tout là-haute, je me disais que tous les matins du monde à regarder le vent bouger les feuilles des arbres, sentir sa caresse froide et humide, et pouvoir respirer le silence je signais. Pour un instant... - Citation :
- Les jours où l'humeur et le temps qu'il faisait lui en laissaient le loisir, il allait à sa barque et, accroché à la rive, dans son ruisseau, il rêvait. Sa barque était vieille et prenait l'eau: elle avait été faite quand 1e surintendant réorganisait les canaux et était peinte en blanc, encore que les années eussent écaillé la peinture qui la recouvrait.
La barque avait l'apparence d'une grande viole que Monsieur Pardoux. aurait ouverte Il aimait le balancement que donnait l'eau, le feuillage des branches des saules qui tombait sur son visage et le silence et l'attention des pêcheurs plus loin. Il songeait à sa femme, à l'entrain qu'elle mettait en toutes choses, aux conseils avisés qu'elle lui donnait quand il les lui demandait, à ses hanches et à son grand ventre qui lui avaient donné deux filles qui étaient devenues des femmes. Il écoutait les chevesnes et les goujons s'ébattre et rompre le silence d'un coup de queue ou bien au moyen de leurs petites bouches blanches qui s'ouvraient à la surface de l'eau pour manger l'air. L'été, quand il faisait très chaud, il faisait glisser chausses et ôtait sa chemise et pénétrait doucement dans l'eau fraîche jusqu'au col bouchant avec les doigts les oreilles y ensevelissait son visage.
Dernière édition par Steven le Mar 16 Nov 2010 - 18:04, édité 1 fois | |
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