[2010] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

Marko a écrit:

[...]Demain je me précipite voir Le Guerrier silencieux. J'ai lu l'article de "Positif" et j'en bave d'avance. Ils disent:

Le Guerrier silencieux est un choc, un film hors norme. Toutes proportions gardées, on pourrait dire qu'il est au film de Vikings ce que 2001 : L'Odyssée de l'espace est à la science-fiction : (...) une réinvention du genre (...).

Hâte de le voir aussi !

Les chèvres du Pentagone de Grant Heslov

Citation :

Bob Wilton, un journaliste désespéré fait l'heureuse rencontre de Lyn Cassady, un soldat aux pouvoirs paranormaux combattant le terrorisme. Ils se rendent ensemble en Irak ou ils rencontrent Bill Django, le fondateur de l'unité, et Larry Hooper, soldat de l'unité qui dirige une prison.

En définitive, le plus drôle, dans Les chèvres du Pentagone, c'est son titre original : The men who stare at goats. Avec son point de départ invraisemblable, et pourtant proche de la réalité des années Bush, qui n'en était pas à une aberration près pour gagner la guerre psychologique (y compris via des expériences paranormales), le film promettait une joyeuse comédie débridée où les talents additionnés des McGregor, Clooney , Spacey et Bridges feraient merveille. Las, la jubilation espérée fait long feu, la faute à un scénario timoré et à une mise en scène atone. Quitte à jouer la carte de la loufoquerie, autant y aller de bon coeur au lieu de tergiverser et d'enchaîner des saynètes qui ne mènent nulle part et désamorcent la charge satirique espérée. Une belle illustration de l'art de gâcher une bonne idée en l'édulcorant par manque de folie et de créativité. Quant aux chèvres du titre, elles ne font que de la figuration intelligente. Caprin, c'est bien fini !


Une pub pour un after-chèvres ? What else ?

Petit préambule : j'habite et je travaille depuis 21 ans dans le Loiret. J'ai souvent eu l'occasion d'aller à Beaune-la-Rolande pour y rencontrer des chefs d'entreprise. Qu'est-ce que la population du département sait des camps de Pithiviers ou Beaune-la-Rolande ? Pas grand chose. Une poignée de livres sur le sujet, au tirage confidentiel, existe. La sortie de La rafle a été vécue ici comme un événement important, qui a trouvé son prolongement dans les journaux locaux. C'était la première fois depuis plus de 60 ans. Il était temps.



La rafle de Roselyne Bosch

A lire les avis sur La rafle, le moins que l'on puisse dire est que la tolérance et la modération ne sont pas les vertus les plus pratiquées en France. Quelles sont les intentions de Roselyne Bosch ? Respecter la vérité historique (objectif inatteignable ?), s'attacher à des destins individuels, replacer cet acte ignominieux dans la politique vichyste vis à vis des maîtres allemands, etc. Le premier reproche à adresser à la réalisatrice se situe là : vouloir tout montrer est impossible et elle aurait pu (dû) resserrer son propos plutôt que nous donner à voir des caricatures de Laval, Pétain ou surtout Hitler (les scènes avec ce dernier sont grotesques). Le film est plus crédible dans son approche de l'attitude de la population française même si la part dévolue aux bons samaritains face aux salauds semble trop grande. La mise en scène de Roselyne Bosch n'est pas à la hauteur de son sujet : trop frontale, trop "jolie", trop tire-larmes, c'est évident. Pourtant, il y a une émotion énorme qui passe, notamment dans la séparation des familles au camp de Beaune-la-Rolande (qui n'était pas en pleine campagne mais au coeur même du village, une des rares erreurs historiques du film). D'aucuns y seront plus sensibles que d'autres, eu égard à leur culture, leur éducation.... C'est une oeuvre faite pour le grand public (désolé pour le gros mot), pédagogique et globalement honnête. Son premier mérite est d'exister, d'aborder un sujet plus ou moins tabou durant des années et de donner envie d'en savoir plus. Rien ne remplacera l'écrit pour évoquer cette période noire de notre histoire. Le film de Roselyne Bosch n'a rien de honteux, sa vision des événements est critiquable, certes, en particulier sur le plan formel, pas son intégrité.

Nord de Rune Denstad Langlo

Citation :

Jomar Henriksen, ancien skieur professionnel, travaille comme employé sur les pistes. Il ne veut désormais plus entendre parler de ski et néglige les tâches qu'on lui a confiées. Il passe son temps à fumer, à boire et surtout à ne rien faire.

Un road movie en scooter des neiges puis à skis, c'est original. Dans Nord, long-métrage norvégien d'à peine 1 heure 15, Jomar, déprimé et alcoolisé, rencontre quelques personnages un peu moins givrés que lui (quoique) et tente, sans y croire vraiment, de remonter la pente. Ce n'est pas gagné, dans cet univers blanc et glacé où le suicide semble la seule évasion possible. Rune Denstad Langlo, cinéaste venu du documentaire, partage avec ses congénères scandinaves un certain sens de l'absurde, sans excès toutefois, et une vision plutôt pessimiste de l'existence. Pas très expansif, Nord reste hermétique et minimaliste jusqu'au bout. L'expérience n'est pas désagréable, elle n'est pas enthousiasmante non plus.


Le beau minable homme des neiges.

Le film que j'attends le plus demain avec Soul Kitchen de Fatih Akin:



La révélation de Hans-Christian Schmid, le réalisateur de l'excellent Requiem.

La buena vida de Andrés Wood

Citation :

Santiago du Chili, aujourd'hui. Des habitants se croisent dans la cité en mouvement sans se voir, absorbés par le quotidien de leur propre existence. Des hommes et des femmes que seul le désir d’accomplir leur destin réunit.

Mon ami Machuca a connu le succès partout où il a été présenté et a contribué à sortir de l'ombre un cinéma chilien peu actif à l'export (et qui nous a offert depuis Tony Manero, Ilusiones opticas etc.). Andrés Wood, 45 ans, n'en était pas à son coup d'essai avec Machuca mais il est vrai que ni La fiebre del loco ni Historias de futbol n'avaient le potentiel pour toucher un grand public. La buena vida (titre ironique), tourné en 2008, est profondément chilien et, en même temps, possède un caractère universel. C'est le propre du cinéma choral ou polyphonique dont les protagonistes vivent ici à Santiago, mais qui pourraient tout aussi bien habiter New York, Paris ou Tokyo. Il n'y a rien d'exceptionnel dans cette évocation de quatre destinées distinctes mais Andrés Wood a le mérite de trouver le ton juste, la distance nécessaire, pour capter ce qui fait l'essence des existences urbaines. Sensibilité et mélancolie s'exhalent de ces histoires d'aujourd'hui, celles de personnages confrontés à la vieillesse, aux tourments de l'amour, aux espoirs professionnels déçus, à la précarité. Moins immédiatement enthousiasmant que Machuca, La buena vida tisse sur la durée une broderie intime qui touche insensiblement, sans compromissions.


Film choral avec musique.

La révélation de Hans-Christian Schmid

Citation :

2009, Tribunal Pénal International de La Haye. Goran Duric, ex-Général en passe d'accéder à la présidence serbe, comparaît pour crimes contre l'humanité. En charge de l'accusation, la Procureure Hannah Maynard est très vite discréditée par les déclarations mensongères d'Alen Hajdarevic, son unique témoin. Elle réalise alors que Mira, la soeur d'Alen, en sait beaucoup plus sur l'accusé qu'elle ne veut bien l'avouer.

La révélation est un véritable thriller, tendu en permanence à l'extrême. Mais pas dans n'importe quel contexte. Le scénario s'insinue dans les arcanes du Tribunal Pénal International de La Haye et dans la partie serbe de la Bosnie d'aujourd'hui pour aborder un sujet brûlant : comment juger les criminels de guerre de l'ex-Yougoslavie tout en ménageant la chèvre et le chou des politiques européennes et onusiennes ? Vaste sujet, que Hans-Christian Schmid traite sans compromission, pointant les dysfonctionnements de l'institution et les petits arrangements entre ennemis pour ne pas contrarier les enjeux géo-stratégiques. La révélation est un film passionnant comme un documentaire qui montre sans donner de leçons. Et puis, il y a l'aspect humain, tout aussi important dans l'histoire, incarné par deux femmes courageuses et naïves (la procureure et la victime) qui risquent jusqu'à leur existence pour que justice soit faite. Les actrices qui les incarnent sont bouleversantes : Kerry Fox et Anamaria Marinca (déjà extraordinaire dans 4 mois, 3 semaines, 2 jours). A l'issue de la projection de La révélation, on est partagé entre deux sentiments : une justice tellement partielle, tellement partiale, eu égard aux atrocités commises, a t-elle une quelconque valeur ? Ou bien doit-on se réjouir que ces crimes, même assortis d'une sentence bien trop légère, n'ont pas pu échapper à la justice des hommes. Insoluble dilemme.


15 ans, des mois et des semaines avant de pouvoir témoigner.

Paisito de Ana Diez

Citation :

Lors du putsch en Uruguay (1973), Xavi et Rosana, deux enfants amis et voisins, sont amenés à se séparer. Bien des années plus tard, ils se retrouvent en Espagne. Cette occasion leur permet de faire un long retour sur leur enfance et leur pays d'origine.

Paisito, "le petit pays", c'est l'Uruguay, qui à l'image de ses voisins a aussi vécu sous la férule d'une dictature militaire dans les années 70. Ecrit par un scénariste uruguayen, filmé par une cinéaste espagnole, Ana Diez, Paisito évoque cette période sous les yeux d'enfants, un peu comme "L'année où mes parents sont partis en vacances", mais avec infiniment moins d'acuité et de talent. Le film pâtit d'une mise en scène paresseuse et d'une construction bancale avec les retrouvailles des deux enfants vingt ans plus tard, partie totalement bâclée et insipide. A son crédit, une sensibilité qui agit par intermittences et une certaine fidélité à un sentiment très uruguayen : celui d'habiter un pays minuscule, oublié et condamné à être négligé par l'ensemble du monde latino-américain. Dans un genre très différent, des films comme Whisky ou Les toilettes du pape ont montré que le cinéma de là-bas pouvait y être passionnant. Paisito est hélas loin d'atteindre leur niveau de qualité.


20 ans plus tard, les grilles ont été arrachées.

Presse enthousiaste pour le film de Claire Denis qui sort demain: White Material avec Isabelle Huppert sur le scénario de Marie N'Diaye.

Zut j'ai raté le film américano-argentin Padre Nuestro. Quelqu'un l'a vu?

traversay a écrit:

La révélation de Hans-Christian Schmid

Citation :

2009, Tribunal Pénal International de La Haye. Goran Duric, ex-Général en passe d'accéder à la présidence serbe, comparaît pour crimes contre l'humanité. En charge de l'accusation, la Procureure Hannah Maynard est très vite discréditée par les déclarations mensongères d'Alen Hajdarevic, son unique témoin. Elle réalise alors que Mira, la soeur d'Alen, en sait beaucoup plus sur l'accusé qu'elle ne veut bien l'avouer.

La révélation est un véritable thriller, tendu en permanence à l'extrême. Mais pas dans n'importe quel contexte. Le scénario s'insinue dans les arcanes du Tribunal Pénal International de La Haye et dans la partie serbe de la Bosnie d'aujourd'hui pour aborder un sujet brûlant : comment juger les criminels de guerre de l'ex-Yougoslavie tout en ménageant la chèvre et le chou des politiques européennes et onusiennes ? Vaste sujet, que Hans-Christian Schmid traite sans compromission, pointant les dysfonctionnements de l'institution et les petits arrangements entre ennemis pour ne pas contrarier les enjeux géo-stratégiques. La révélation est un film passionnant comme un documentaire qui montre sans donner de leçons. Et puis, il y a l'aspect humain, tout aussi important dans l'histoire, incarné par deux femmes courageuses et naïves (la procureure et la victime) qui risquent jusqu'à leur existence pour que justice soit faite. Les actrices qui les incarnent sont bouleversantes : Kerry Fox et Anamaria Marinca (déjà extraordinaire dans 4 mois, 3 semaines, 2 jours). A l'issue de la projection de La révélation, on est partagé entre deux sentiments : une justice tellement partielle, tellement partiale, eu égard aux atrocités commises, a t-elle une quelconque valeur ? Ou bien doit-on se réjouir que ces crimes, même assortis d'une sentence bien trop légère, n'ont pas pu échapper à la justice des hommes. Insoluble dilemme.

Formidable film à ne pas manquer. Hans-Christian Schmid est un cinéaste du réel qui m'avait déjà marqué avec Requiem qui partait également d'un fait divers sur une jeune femme schizophrène que sa famille voulait faire exorciser. Il a ce talent de rendre limpides et dramatiquement intenses des réalités complexes. La révélation nous prend aux tripes et ne nous lâche pas une seconde jusqu'à un superbe final. Cette histoire fait évidemment écho au jugement pour crimes de guerre de Slobodan Milosevic et tous ces rouages politico-judiciaires font froid dans le dos. Mais il ne faut surtout pas être rebuté par ce sujet car l'histoire est captivante de bout en bout. Et quelles actrices! Un grand film dans son registre. Et encore un cinéaste qui compte déjà.

En allant voir La Révélation j'ai croisé un groupe de femmes de 50-60 ans qui sortaient de la salle où était d'abord projeté White Material. Elles ont cru que j'allais voir le même film et m'ont dit: "Bon courage! C'est très mauvais... " Je suis donc très intrigué... J'aime ce que fait Claire Denis habituellement et je suis quand même curieux de voir ce qu'elle a voulu faire.

Sinon pour en terminer avec La Révélation, je me suis demandé pourquoi le témoin indirect du début était en train de lire un ouvrage du poète Dylan Thomas dans lequel il avait laissé quelques indices utiles pour l'accusation. Ou plutôt pourquoi Hans-Christian Schmid a choisi ce poète? Quelqu'un aurait-il une idée?



Dylan Thomas est d'ailleurs cité dans un autre film. "Solaris" de Soderbergh où il est fait allusion à ce poème:

And death shall have no dominion

Et la mort n’aura pas d’empire.
Les morts nus ne feront plus qu’un
Avec l’homme dans le vent et la lune d’ouest.
Quand leurs os becquetés seront propres, à leur place
Ils auront des étoiles au coude et au pied.
Même s’ils deviennent fous, ils seront guéris,
Même s’ils coulent à pic, ils reprendront pied,
Même si les amants se perdent, l’amour ne se perdra pas,
Et la mort n’aura pas d’empire.
Et la mort n’aura pas d’empire.
Depuis longtemps couchés dans les dédales de la mer,
Ils ne mourront pas dans les vents.
Se tordant sur des chevalets quand céderont les tendons,
Attachés à une roue, ils ne se briseront pas.
La foi dans les mains cassera net
Les démons unicornes les transperceront.
Fendus de toutes parts, ils ne craqueront pas
Et la mort n’aura pas d’empire.
Et la mort n’aura pas d’empire.
Les mouettes ne pousseront plus de cris dans leurs oreilles
Et les vagues ne se fracasseront plus sur les rives.
Où s’ouvrait une fleur peut-être qu’aucune fleur
Ne lèvera la tête sous les rafales de pluie,
Même s’ils sont fous et raides comme des rats morts
Leurs têtes martèleront les marguerites,
S’ouvriront au soleil jusqu’au dernier jour du soleil
Et la mort n’aura pas d’empire.

The Good Heart de Dagur Kari

Citation :

Lucas, un garçon marginal, rencontre par hasard Jacques, un patron de bar grognon affaibli par cinq attaques cardiaques. Sachant que ses jours sont comptés, Jacques décide de prendre sous son aile Lucas.

En traversant l'Atlantique, jusqu'à New York, le réalisateur islandais Dagur Kari (Noi Albinoï, Dark Horse), n'a pas perdu son humour absurde ni son aptitude à décrire des personnages hauts en couleurs. Dans The Good Heart, on apprend pourquoi le brocoli est l'incarnation du pet, on croise un canard nommé Estragon et une hôtesse de l'air qui a peur de voler. Et on s'accoude volontiers au bar tenu par un vieux misanthrope (Brian Cox) secondé par un garçon trop gentil (Paul Dano), lequel bar n'accepte pas les inconnus (sic). Bien ficelé et riche en scènes tonitruantes, le film connait une baisse de régime certaine avec l'arrivée de LA femme (Isild Le Besco) qui introduit une sentimentalité qui n'était pas de mise, dans cette ambiance quasi bukowskienne, et l'entraîne sur des rives plus fréquentées (celles du cinéma américain indépendant). De bons moments tout de même dans un New York sordide qu'on a rarement vu filmé de la sorte.


"Je vais te dire, moi, ce que je pense du brocoli".

Voilà 2 films qu'il va me falloir rattraper. Les vacances c'est bien pour la lecture mais beaucoup moins pour le cinéma (2 semaines de retard au moins pour les films dans le coin où je me trouve!).

Ce film sort aujourd'hui à Paris, Lille, Toulouse, Brest et .... c'est tout. Féchier !

traversay a écrit:

Ce film sort aujourd'hui à Paris, Lille, Toulouse, Brest et .... c'est tout. Féchier !

C'est le film que je voulais voir et ouf il passe à Lille. Je te dirai...