[2010] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

London Nights de Alexis dos Santos

Citation :

Axl et Véra ont le même âge : 20 ans. Ils squattent le même entrepôt londonien sans jamais s'y croiser. Ils promènent leur spleen et leurs idéaux jusqu'au bout de la nuit. Ils cherchent à percer un secret, à se construire et à donner un sens à leur vie...

Un cinéaste argentin de 36 ans (Alexis dos Santos) plonge deux personnages, l'un espagnol (Fernando Tielve), l'autre française (Déborah François) dans l'univers londonien des squats, des concerts rock et de la débrouille, au milieu d'autres post-adolescents, vaguement paumés, socialement non ancrés. Un film de groupe qui rappellera de façon lointaine L'auberge espagnole, cette version britannique étant bien plus déchirée et alcoolisée. Le scénario de London Nights ("traduction" française insipide de Unmade beds, en V.O) tient sur un ticket de métro et semble le cadet des soucis de dos Santos. Tout le charme du film provient de son évanescence, de son flottement nocturne emballé par une musique épatante (rock indé) qui fait mieux que combler les trous de l'histoire, au point d'en devenir le moteur principal. La mise en scène ouatée du réalisateur (certains diront trop apprêtée) et sa science du montage font le reste. London Nights est un film qui trouve un équilibre précaire au-dessus du vide, lancinant et d'une sourde mélancolie. Pas mal joué, à partir d'un matériau aussi faible du point de vue narratif.

C'est curieux mais à part le Joao Pedro Rodriguez aucun des films ci-dessus ne me tente vraiment. Par contre cette semaine est une bonne semaine!!!

Marko a écrit:

C'est curieux mais à part le Joao Pedro Rodriguez aucun des films ci-dessus ne me tente vraiment. Par contre cette semaine est une bonne semaine!!!

J'ai déjà vu celui-ci, Oscar du meilleur film étranger, et je l'aime vraiment beaucoup


Et outre les deux que tu mentionnes, j'ai une forte envie pour :


Et puis Marko, il y a aussi le Hong Sangsoo

traversay a écrit:

Et puis Marko, il y a aussi le Hong Sangsoo

Damned oui! Quelle semaine! 3 films (4 même) à voir dans le week-end et Cannes qui approche

Bon ben tu n'arranges pas beaucoup mes affaires avec tout ce qu'il y a à voir ce week-end! Je le verrai aussi celui-là.

Salle N°6 Tchekhov de Karen Shakhnazarov

Citation :

La Salle n°6 est réservée aux fous sous la surveillance négligente du docteur Raguine. Indifférent au sort des malades qu’il considère comme condamnés, Raguine se lie pourtant d’amitié avec l’un d’entre eux, Gromov. Sous la coupe de Gromov, le médecin sombre peu à peu jusqu’à rejoindre la Salle n°6.

Davantage qu'une adaptation de la nouvelle de Tchekhov, Salle N°6 en est une illustration contemporaine, austère et exigeante, mais gratifiante pour peu qu'on ne soit pas allergique aux huis-clos. Si le film de Shakhnazarov traite avant tout de la frontière invisible entre la normalité et la démence, il peut être vu également comme une parabole de la société russe d'aujourd'hui, débordements capitalistes compris. Le cinéaste brouille les pistes en commençant le film par des interviews de véritables schizophrènes tournées dans un asile psychiatrique. Deux ou trois belles scènes, dont une de bal, entre "fous", ferment cette Salle N°6 qui ne fait rien pour se faire aimer, plus intellectuel qu'émouvant, qui laisse des tas de questions en suspens. Frustrant ? Oui, un peu.

Femmes du Caire de Youry Nasrallah

Citation :

Hebba et Karim forment un couple de journalistes à succès, jeunes, riches et beaux. Hebba anime un talk-show politique, mais sa pugnacité anti-gouvernementale met en danger la promotion qu’attend son mari. Il lui met la pression ; elle promet de mettre un peu d’eau dans son vin. Son émission troque alors la politique pour des faits divers féminins.

Shéhérazade, raconte-moi une histoire, telle est approximativement la traduction du titre original de Femmes du Caire. L'appellation française n'est qu'en partie justifiée car elle laisse faussement à penser que le film prend la pouls de la capitale égyptienne, avec son grouillement et son chaos traditionnels. Le propos du réalisateur, Youry Nasrallah, est tout autre, il a choisi de tourner davantage en studios que dans la rue et a soigné une mise en scène chaude et très esthétique qui, bizarrement, fait penser dans un premier temps à une version arabe de Plus belle la vie (sic) avant d'évoquer plus tard un mélodrame dans le style d'Almodovar. Il faut un temps d'adaptation pour distinguer, derrière une forme clinquante, une critique sociale sans concession de la société égyptienne moderne. Fausse piste également que ces premières minutes dévolues à un couple chic du Caire -appartement superbe, vie trépidante, travail gratifiant dans les médias-, dans lequel semble régner une belle entente. Tout en respectant les codes du mélodrame bourgeois dans sa mise en scène, Nasrallah va au fil des minutes développer plusieurs histoires (tirées de faits divers) qui en disent long sur la condition féminine et n'hésitent pas à aborder le sujet tabou de la sexualité. Les 2 heures 15 paraissent courtes tant les scènes marquantes abondent, avec en fil rouge le personnage principal joué divinement par Mona Zaki (visage de poupée qui dissimule un tempérament de femme indomptable). Ce film stylisé à l'extrême est en définitive une oeuvre engagée et politiquement incorrecte qui risque (s'il est diffusé sur place sans censure, ce qui est improbable) de faire scandale dans les milieux conservateurs (pour ne pas dire intégristes) du Caire.

Âmes en stock de Sophie Barthes

Citation :

Paul Giamatti, célèbre acteur américain, est en pleine crise existentielle. Il se cherche, peinant même à trouver le ton juste lors des répétitions de sa prochaine pièce, "Oncle Vania" de Tchekhov. Il entend alors parler de la "Banque des Ames", laboratoire privé proposant un service des plus intrigants : soulager les patients de leur âme. Séduit, il décide de procéder à l'ablation de son âme. S'en suivent des réactions en chaîne dont il n'imaginait pas l'ampleur...

Ainsi donc notre âme ressemblerait-elle à un pois chiche ? L'argument du premier long-métrage de Sophie Barthes est pour le moins original -qui n'a pas rêvé un jour de troquer son âme pour une autre, voire de s'en délester définitivement- et laissait espérer le meilleur d'une réalisatrice, française d'origine, nourrie au cinéma de Woody Allen et de Luis Bunuel, période surréaliste. Moyennant quoi, Âmes en stock, pur produit de l'institut Sundance, fait irrésistiblement penser aux films de Jonze, Gondry ou Kaufman, la folie en moins. C'est en effet assez surprenant que Sophie Barthes ait pu tirer un film aussi terne, en dépit de quelques scènes vraiment jouissives, d'un scénario qu'elle pouvait amener, au choix, vers la comédie absurde, le drame psychologique ou pourquoi pas le fantastique humaniste. A vrai dire, Âmes en stock est en peu tout cela à la fois, mais sans étincelle, comme dans un no âme's land cinématographique, trop froid et existentiel. Et qu'en aurait-il été si le personnage principal n'avait pas été joué par le génial Paul Giamatti, dans son propre rôle ? Sa prestation à elle seule vaut le déplacement (il faut le voir interpréter Oncle Vania de Tchekhov, à un moment où il vit sans âme) et laisse finalement le spectateur sur un sentiment mitigé, pas si désagréable, au fond.

Âmes en stock.

Même avis que Traversay.
Un bon scénario, avec plein de portes ouvertes sur de la poésie, du burlesque, de la tendresse, du sérieux... et plouf. Finalement, ça se regarde, ça divertit un peu, mais ça reste vraiment pas en tête.

Pourtant l'acteur est vraiment très bon (par contre, j'ai un peu eu du mal avec l'actrice russe... je l'ai trouvé vraiment fadasse). Et Emily Watson pleure un peu trop facilement sans qu'on comprenne vraiment pourquoi, elle semble un peu trop anticiper le malheur.


Petit effort intéressant sur les décors, les lieux. L'hôtel miteux des mules, la clinique des âmes un peu futuriste mais pas trop (on dirait limite un film de SF des années 70-80), la Russie, la maison de l'acteur. Des univers vraiment différents, avec chacun leur atmosphère.

J'ai pas mal senti du Woody Allen dans tout ça, en effet.


Cela dit, on peut s'en passer de ce film.

Li a écrit:

[...]


Personne n'a vu "Les Arrivants"? ou alors j'ai manqué les commentaires? Un des films que j'ai préférés ces derniers temps.


[...]

A priori, non, mais ne te gêne surtout pas.

Les Arrivants ne passe que dans très peu de salles désormais, mais si vous avez l'occasion de le voir, n'hésitez pas!




Un documentaire au cœur de la CAFDA (Coordination de l'accueil des familles demandeuses d'asile) chargée de l'accueil, l'accompagnement social et administratif, préparation des dossiers divers et nombreux en vue de la demande d'asile, aide pour la vie quotidienne etc.
On suit à la fois des assistantes sociales et des familles, qui arrivent là, parfois sans savoir où elles sont.
Le ton n'est pas politique, le film montre, sans juger ... la complexité administrative, la complexité des situations, les espoirs et désespoirs des familles et des assistantes sociales. Les réalisateurs en choisissent deux qui sont centrales dans le film, et qui ont une approche et un caractère radicalement différents mais que l'ont sent très démunies dans ce système kafkaïen. La caméra les suit au plus près, sans compromis, leurs failles, leur générosité.

Un film qui soulève plein d'émotions différentes. Très humain et nécessaire.

traversay a écrit:

Femmes du Caire de Youry Nasrallah
[...]
Les 2 heures 15 paraissent courtes tant les scènes marquantes abondent, avec en fil rouge le personnage principal joué divinement par Mona Zaki

D'accord avec toi.
Bien aimé aussi ce film, qui a déjà le mérite de nous éclairer sur la condition féminine en Egypte en nous relatant des faits ( réels, j'ai vu ) sous forme de chroniques. Machisme, soumission, obscurantisme, magouilles, le cinéaste nous révèle au travers de ces petites histoires tout ce qui gangrène cette société fermée sur elle-même.

Le fait que le cinésate se contente comme le dit Traversay de simplement montrer cette violence -parfois sourde- sans polémiquer et en passant rapidement à la suivante donne encore plus de poids à son propos. Et la scène finale est vraiment très réussie.

Chapeau donc à la mise en scène et à l'interprétation de Mona Zaki, les scènes centrées sur son parcours sont à mon avis les plus marquantes (L'histoire des trois soeurs est un chouia trop longuette et fait un peu gazette non?)

A voir!

Le fil de Mehdi Ben Attia

Citation :

De retour en Tunisie, après la mort de son père, Malik, la trentaine, doit à nouveau vivre chez sa mère. Il voudrait lui dire qu'il aime les hommes, mais il n'y arrive pas et s'enfonce dans ses mensonges. Lorsqu'il rencontre Bilal, tout devient possible.

Scénariste de Téchiné, Mehdi Ben Attia tourne son premier film autour de l'homosexualité et de son acceptation, ou non, dans la bonne société tunisienne. Inutile de dire que le cinéaste a eu du mal à monter son projet, sur un sujet plutôt tabou dans le Maghreb. De bonnes intentions pour cette Nuit d'ivresse méditerranéenne, mais un résultat final qu'on qualifiera, pour ne pas l'accabler, de médiocre. La belle lumière tunisienne ne suffit pas à combler les failles d'un scénario idéaliste et irréaliste, qui est surtout maladroit à vouloir positiver à tout prix. Tirer le film vers la comédie plutôt que le drame, pourquoi pas, mais sans niaiserie dans le traitement, SVP. Mais ce n'est rien à côté de l'interprétation, atroce, à peine digne d'une sitcom sous le soleil (même Claudia Cardinale n'échappe pas au nivellement par le bas). Le Happy end béat rend l'entreprise encore plus ridicule. Aïe, aïe, aïe.

Le mariage à trois de J. Doillon




L'histoire d'un auteur de théâtre qui reçoit les futurs comédiens de sa pièce pour des répétitions. Son ex (Julie Depardieu), le nouveau copain de son ex (Louis Garrel), et une étudiante qui lui lit son courrier (Agathe Bonitzer). Et c'est parti pour toutes les combinaisons possibles, pas en acte (ce n'est pas un film porno) mais en paroles. Fuis moi je te suis, suis moi je te fuis, en dialogues longs, ennuyeux, en pseudo marivaudage ; en personnages bourge-intello qui s'écoutent parler, artificiels, faussement complexes. Ce pourrait être une réflexion sur le couple, la séduction, le désir, mais je n'ai pas eu envie de réfléchir avec eux du tout.

Au secours

Li a écrit:

Au secours

Tu aimes les films de Doillon d'habitude? Il me déçoit rarement mais il faut aimer son univers décalé. J'hésite encore pour celui-ci...