[2010] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

Robin des Bois de Ridley Scott

Citation :

À l’aube du treizième siècle, Robin Longstride, humble archer au service de la Couronne d’Angleterre, assiste, en Normandie, à la mort de son monarque, Richard Coeur de Lion, tout juste rentré de la Troisième Croisade et venu défendre son royaume contre les Français.
De retour en Angleterre et alors que le prince Jean, frère cadet de Richard et aussi inepte à gouverner qu’obnubilé par son enrichissement personnel, prend possession du trône, Robin se rend à Nottingham où il découvre l’étendue de la corruption qui ronge son pays.

Un remake de Robin des Bois ? Etait-ce bien nécessaire après une trentaine de versions toutes dominées par celle de Michael Curtiz avec Errol Flynn ? L'astuce de Ridley Scott et de ses scénaristes, c'est qu'il s'intéresse au Robin des Bois d'avant la légende, le temps où il n'était pas encore un hors la loi. Bien joué, d'autant que l'histoire est bien écrite, très complexe avec son aspect géo-politique et néanmoins lisible par un spectateur lambda. Les scènes de bataille sont honnêtement filmées mais l'intérêt est manifestement ailleurs, dans la description de cette Angleterre au bord de la guerre civile alors que les méchants français s'apprêtent à débarquer en Albion (scène étonnante qui ressemble au 6 juin 44, il est impossible que ce soit une coïncidence). Par ailleurs, le film ne mise pas tout sur le personnage de Robin, incarné de façon massive par Russell Crowe, et il n'est pas interdit d'affirmer que Cate Blanchett, superbe Lady Marianne, lui vole la vedette. Dans des rôles plus courts mais marquants, William Hurt et le gigantesque Max Von Sydow, rappellent, s'il en était besoin, leur grand talent. Robin des Bois est un divertissement intelligent (hollywoodien certes, mais ce n'est pas nécessairement une tare), excitant pour les yeux et l'esprit, qui remplit largement son cahier des charges. Suivez la flèche.

L'autre rive de George Ovashvili

Citation :

À 12 ans, Tedo, vit avec sa jeune mère dans un taudis près de Tsiblissi, en Georgie, depuis que la guerre a ravagé leur province natale, l'Abkhazie, suite à l'effondrement de l'Union Soviétique. Tedo travaille comme apprenti dans un garage, traîne avec d'autres gamins et s'arrange de petits vols pour ramasser un peu d'argent et éviter à sa mère de se prostituer. Un jour il décide de partir à la recherche de son père, resté sur " l'autre rive ", au-delà de la frontière, en Abkhazie...

Avec son premier film, L'autre rive, on peut parier, sans craindre de se tromper, sur le bel avenir de George Ovashvili, cinéaste géorgien très doué. Son road-movie à hauteur d'enfant, qui décrit le quotidien des réfugiés de Tbilissi, puis le voyage jusqu'en Abkhazie (pays reconnu indépendant par plusieurs Etats, mais pas la Géorgie), quelques années seulement après la guerre, évite tous les écueils. Pas de misérabilisme ni de scènes mélodramatiques pas plus que d'exotisme facile dans ce film réaliste, rehaussé de poésie tranquille, filmé avec grâce et un esthétisme prégnant (ce pourrait être le péché mignon du cinéaste, le goût de la belle image). L'autre rive, toujours en mouvement, avec son intrépide petit héros dont le strabisme rend le visage quasi impénétrable aux émotions, va de rencontre en rencontre, façon pour Ovashvili de montrer un peuple dont la seule richesse reste la dignité (un peu grandiloquent, écrit comme ça, mais c'est plus subtilement évoqué dans le film). La Géorgie, pays instable, toujours au bord du chaos, est un pays splendide qui est une vraie terre de cinéastes, de Kalatozov à Iosseliani, en passant par Abuladze, entre autres. Ovashvili poursuit la tradition de bien belle façon.

Les secrets de Raja Amari

Citation :

Aicha, Radia et leur mère vivent à l'écart du monde dans une maison à l'abandon dans laquelle elles ont déjà travaillé comme domestiques.
Leur quotidien vacille le jour où un jeune couple vient s'installer dans la maison. Les trois femmes cachent leur existence aux nouveaux venus de peur d'attirer l'attention sur leur situation et d'être chassées.

Qui a vu Satin rouge, sorti en avril 2002, n'a pu oublier ce splendide film de Raja Amari, alors âgée de 31 ans. Les secrets, 8 ans plus tard, confirme le talent de cette cinéaste tunisienne, dans un style radicalement différent. Le thème est un croisement improbable entre L'obsédé de Wyler et le film grec Canines, à la différence près qu'il se passe entièrement dans un univers féminin. Ce conte cruel, sous lequel on devine un plaidoyer pour l'émancipation de la femme tunisienne (c'est le point commun avec Satin rouge) et l'épanouissement de sa sensualité, est saturé de non-dits, de refoulements et de perversité latente. Un peu frustrant par son refus d'expliquer les secrets de ces femmes et peu disert sur leur psychologie, le film joue sur les mécanismes du huis-clos claustrophobe avec une douceur paradoxale dans la mise en scène, qui renforce son impact. On pourra trouver le dénouement excessif et peu crédible mais cette impression ne doit pas faire oublier les qualités d'une oeuvre singulière dans un pays où tourner des films personnels n'est pas chose aisée (voir le silence de Ferid Boughedir après Halfaouine et Un été à la Goulette).

Rabia de Sebastian Cordero

Citation :

Madrid. Rosa et José-Maria, immigrés sud-américains viennent de se rencontrer lorsque ce dernier provoque la mort de son chef de chantier. Il doit alors se cacher et trouve refuge à l'insu de tous dans la grande maison bourgeoise où Rosa est employée comme domestique.

Sebastian Cordero, cinéaste équatorien de 38 ans, a réalisé deux premiers films qui sont restés inédits sur nos écrans. Avec Rabia, co-production entre le Mexique, la Colombie et l'Espagne, il a l'assurance de toucher un plus large public qui devrait normalement apprécier ce film aux qualités certaines bien qu'un peu frustrant, en définitive. Rabia appartient à plusieurs genres cinématographiques à la fois : film social, thriller, drame romantique, huis-clos fantastique ... Ce qui en fait l'intérêt, c'est son style, avec l'emprunt de la plupart des codes des films fantastiques voire d'horreur : musique oppressante, travellings avant dans le cou des personnages, jeux d'ombres inquiétants etc. Ouvert sur l'extérieur, pour planter le décor, le film se referme peu à peu dans cette drôle de maison, en partie inoccupée et où rôdent quelques rats bien gras. La mise en scène est prenante mais elle ne s'appuie pas hélas sur un récit suffisamment charpenté et souffre de quelques incohérences narratives. Le rôle de son sombre héros, qui a la rage dedans, de par son statut d'immigré latino dans une Espagne qui le méprise, n'est pas assez développé et la chronique sociale et familiale, qui pourrait être passionnante, est diluée dans l'atmosphère léthale que le cinéaste impose à mi-parcours. D'où cette frustration d'avoir vu un film qui privilégie largement la forme au fond, dans un exercice en fin de compte stérile, qui s'égare quelque peu en route.

J'ai vu Mammuth, alléché par la bande annonce. Pas du tout convaincu...

pareil pour moi ! je m'attendais à mieux, et puis on ne voit presque pas la moto

Sweet Valentine d'Emma Luchini

Citation :

Ivan, bandit sans envergure, croise le chemin de Sonia, jeune provinciale fraîchement arrivée à Paris. Dès le premier regard, il la déteste. Dès le premier regard, elle s'entiche follement de lui.

Dans la famille Luchini, on demande la fille, Emma, un court-métrage au compteur, visiblement aussi allumée que son père. Co-écrit avec son actrice principale, le scénario de Sweet Valentine, son premier long-métrage, sonne le creux, se contentant d'aligner les scènes sans l'envie de raconter une véritable histoire. Dans ce qui pourrait être considéré comme un remake essoré de L'emmerdeur, le film navigue à vue en imprimant des atmosphères inspirées de Kaurismäki, Jarmusch, Wenders (liste non exhaustive) avec un soupçon de surréalisme belge pour enrubanner le tout. L'aspect visuel du film est chiadé, joliment onirique à deux ou trois reprises, et le jeu de Vanessa David, tout en nuances, qui se révèle une actrice ébouriffante, sont à mettre à son actif. C'est déjà ça, mais c'est un peu maigre, et l'humour noir et décalé (forcément) a du mal à passer la rampe, du moment où l'on se fiche un peu, beaucoup, de ce qu'il peut bien arriver à ce couple improbable de losers, dont la dérive est émaillée de rencontres d'individus systématiquement bizarres et incongrus. Emma Luchini a au moins le mérite d'aller jusqu'au bout de son idée (laquelle, au fait ?) et ose un générique de fin sur une ritournelle de Tino Rossi. Allumée, oui, mais pas très claire, cette chère Emma.

Marko a écrit:

Il y a longtemps que ça ne m'était pas arrivé... Inertie totale pour aller au cinéma par manque de motivation.

Tu es malade?...

Quant à moi je voulais aller voir Ajami mais ma voiture n'a pas démarré..."défaillance électronique" je crois me dit le tableau de bord...
Quelqu'un a-t-il vu Ajami? Si oui, je n'ai pas trouvé trace de vos commentaires...

coline a écrit:

Marko a écrit:

Il y a longtemps que ça ne m'était pas arrivé... Inertie totale pour aller au cinéma par manque de motivation.

Tu es malade?...

Quant à moi je voulais aller voir Ajami mais ma voiture n'a pas démarré..."défaillance électronique" je crois me dit le tableau de bord...
Quelqu'un a-t-il vu Ajami? Si oui, je n'ai pas trouvé trace de vos commentaires...

Pages 14 et 16, chère coline.

Marko a écrit:

Il y a longtemps que ça ne m'était pas arrivé... Inertie totale pour aller au cinéma par manque de motivation. Et vu ce qui est programmé mercredi, il va encore falloir attendre le 16 juin pour me secouer avec le nouveau film "fantastique" de Hirozaku Kore-Eda (Still Walking et Nobody Knows): Air Doll. Tournant à 180° !!!

Idem.
Je ne suis pas allée dans une salle depuis le 27 mai ! J'ai battu un record...

Suis allée voir Copie Conforme. Je suis perplexe. Quelqu'un l'a-t-il vu?

odrey a écrit:

Suis allée voir Copie Conforme. Je suis perplexe. Quelqu'un l'a-t-il vu?

Eh bien...je pensais aller le voir cette semaine mais une de mes amies plutôt cinéphile m'a dit qu'elle n'avait rien capté! Je pense du coup le laisser de côté celui-ci

J'aimerais bien par contre aller voir When you're strange l'histoire des Doors, un docu musical de Tom DiCillo

aériale a écrit:

odrey a écrit:

Suis allée voir Copie Conforme. Je suis perplexe. Quelqu'un l'a-t-il vu?

Eh bien...je pensais aller le voir cette semaine mais une de mes amies plutôt cinéphile m'a dit qu'elle n'avait rien capté! Je pense du coup le laisser de côté celui-ci

J'aimerais bien par contre aller voir When you're strange l'histoire des Doors, un docu musical de Tom DiCillo

Pour Copie conforme, ça passe ou ça lasse ! Moi, j'ai adoré. Film déconseillé aux cartésiens. aériale, je pressens que tu devrais aimer, mais je peux me tromper.
odrey, tu peux jeter un oeil sur le fil Kiarostami.

Les amis de Kiarostami sont nos amis.

odrey a écrit:

Suis allée voir Copie Conforme. Je suis perplexe. Quelqu'un l'a-t-il vu?

Fais un petit tour sur le fil du réalisateur : Abbas Kiarostami

coline a écrit:

Quant à moi je voulais aller voir Ajami mais ma voiture n'a pas démarré..."défaillance électronique" je crois me dit le tableau de bord...
Quelqu'un a-t-il vu Ajami? Si oui, je n'ai pas trouvé trace de vos commentaires...

odrey a écrit:

Suis allée voir Copie Conforme. Je suis perplexe. Quelqu'un l'a-t-il vu?

Comme ces questions reviennent souvent je propose une réponse globale pour remercier et encourager le travail de classement de Queenie.... Au début de ce fil figure une liste de tous les films chroniqués pendant l'année en cours ainsi que les numéros de pages où les trouver... Et s'ils n'apparaissent pas c'est qu'ils sont dans les pages les plus récentes ou sur des fils autonomes par films ou réalisateurs (et pour ça la fonction "rechercher" est plus aléatoire mais il existe aussi un index sur le portail). Et si vous ne le trouvez nulle part c'est que ce film n'existe pas (avec Traversay pas de risque de passer à côté des principaux!).