[2010] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

animal a écrit:

d'écouter les avis tendance crétin (à part Sophie Avon en partie)

Elle est très fine comme critique et je l'aime beaucoup. Elle s'exprime souvent comme elle écrit ses romans et elle a le sens de la petite synthèse qui va au coeur d'un film. J'écoute le masque souvent pour ses interventions. Les autres sont inégaux. Pierre Murat a une vision souvent un peu passéiste du cinéma, Alain Riou n'aime que les films bien "scénarisés" mais a un humour décalé souvent drôle, Leherpeur ne m'intéresse pas beaucoup. J'aime aussi Michel Ciment quand il ne fait pas trop le professeur, Jean-Marc Lalanne même s'il n'aime pas Reygadas ou Zviaguintsev! (mais il adore Apichatpong alors...). Et au Cercle de canal + j'aime Aurélien Ferenczi (très pointu sur le cinéma fantastique) et Marie Sauvion la généreuse qui ne se laisse pas faire. Voilà pour ma rubrique people des critiques

Mais je me demande si je ne préfère pas les écouter finalement plutôt que de les voir. ça déconcentre un peu...

Et Quartier Lointain, finalement ? Personne n'est encore allé le voir ?

eXPie a écrit:

Et Quartier Lointain, finalement ? Personne n'est encore allé le voir ?

Bande annonce pas du tout engageante... Et je n'arrive pas à concevoir le manga transposé à la française. Tout son charme venait de cette atmosphère japonaise, du graphisme soigné. Mais si on me dit que c'est bon j'irai.

Marko a écrit:

eXPie a écrit:

Et Quartier Lointain, finalement ? Personne n'est encore allé le voir ?

Bande annonce pas du tout engageante... Et je n'arrive pas à concevoir le manga transposé à la française. Tout son charme venait de cette atmosphère japonaise, du graphisme soigné. Mais si on me dit que c'est bon j'irai.

Hé hé, je vais te dire que c'est bon, comme ça tu iras et tu me diras si c'était vrai !

Sérieusement, il est diffusé dans très peu de salles, sortie assez confidentielle, alors que c'est adapté d'un manga connu, c'est peu engageant...
Ceci dit, Le Soldat Dieu, de Koji Wakamatsu, c'est encore pire : une salle pour Paris... et plein de critiques positives...

Je laisserai plus tard un mot sur les films vus à Paris avant l'embarquement : Quartier lointain, Outrage et Chouga, ainsi que sur ceux qui sont sortis et que j'ai découverts à La Rochelle : Alamar, Le secret de Chanda et La tête ailleurs. En attendant ceux que je vais voir ce week-end si j'en trouve la force : Welcome to the Rileys, Les trois prochains jours, De vrais mensonges, Nowhere boy, Pieds nus sur les limaces. J'ai vu des choses intéressantes aussi en avion : les australiens Animal Kingdom et Tomorrow, when the war began, l'espagnol La tour de Suso, un film bollywoodien croquignolet : I hate luv stories plus un bout de Night and day (je me suis endormi), une grande partie de The Kids are allright (pas si mal dans le créneau cinéma américain indépendant), la totalité de L'amour c'est mieux à deux qui, visionné à dix mille mètres d'altitude, ne vole quand même pas haut. C'est tout, je crois.

traversay a écrit:

Je laisserai plus tard un mot sur les films vus à Paris avant l'embarquement : Quartier lointain, Outrage et Chouga, ainsi que sur ceux qui sont sortis et que j'ai découverts à La Rochelle : Alamar, Le secret de Chanda et La tête ailleurs. En attendant ceux que je vais voir ce week-end si j'en trouve la force : Welcome to the Rileys, Les trois prochains jours, De vrais mensonges, Nowhere boy, Pieds nus sur les limaces. J'ai vu des choses intéressantes aussi en avion : les australiens Animal Kingdom et Tomorrow, when the war began, l'espagnol La tour de Suso, un film bollywoodien croquignolet : I hate luv stories plus un bout de Night and day (je me suis endormi), une grande partie de The Kids are allright (pas si mal dans le créneau cinéma américain indépendant), la totalité de L'amour c'est mieux à deux qui, visionné à dix mille mètres d'altitude, ne vole quand même pas haut. C'est tout, je crois.

Période maigre et peu motivante! ça devrait s'améliorer à partir de mercredi prochain.

traversay a écrit:

Je laisserai plus tard un mot sur les films vus à Paris avant l'embarquement : Quartier lointain, Outrage et Chouga, ainsi que sur ceux qui sont sortis et que j'ai découverts à La Rochelle : Alamar, Le secret de Chanda et La tête ailleurs. En attendant ceux que je vais voir ce week-end si j'en trouve la force : Welcome to the Rileys, Les trois prochains jours, De vrais mensonges, Nowhere boy, Pieds nus sur les limaces. J'ai vu des choses intéressantes aussi en avion : les australiens Animal Kingdom et Tomorrow, when the war began, l'espagnol La tour de Suso, un film bollywoodien croquignolet : I hate luv stories plus un bout de Night and day (je me suis endormi), une grande partie de The Kids are allright (pas si mal dans le créneau cinéma américain indépendant), la totalité de L'amour c'est mieux à deux qui, visionné à dix mille mètres d'altitude, ne vole quand même pas haut. C'est tout, je crois.

Tout ça en combien de temps tu dis ?

C'est un peu dispersé dans le temps, entre juillet à La Rochelle, une journée à 3 films à Paris, etc.
Un peu plus de détails demain ...

Chouga de Darezhan Omirbaev

Citation :

Chouga est belle, riche et aimée. Elle a trente ans et vit à Astana, la nouvelle capitale du Kazakhstan. Elle rencontre Ablaï, un jeune homme oisif pour lequel elle éprouve une vive attirance. Elle abandonne mari et enfant.

Fut un temps, pas si ancien, ou le cinéma kazakh était à la mode. Ce n'est plus vraiment le cas, et il a fallu trois ans pour que le dernier film de son chef de fil, Darezhan Omirbaev (Kardiogramma, Tueur à gages ...), arrive enfin sur nos écrans. Chouga, c'est donc une version moderne et kazakhe d'Anna Karénine. Le cinéma d'Omirbaev n'est jamais psychologique, du moins pas directement, à peine explicatif, juste le strict nécessaire. Partant du principe que les bases de l'histoire sont connues, de même que son issue, le réalisateur axe davantage son propos sur la nouvelle société kazakhe riche et occidentalisée. Il confronte Almaty, l'ancienne capitale, à Astana, la nouvelle, rutilante et dévergondée, où se pavanent la mafia et les milliardaires qui sentent le gaz. Chouga est un film désincarné, à peine joué par ses interprètes, au charme fané. La mise en scène est simple, inspirée dans son minimalisme, souvent poétique. Il faut bien cela pour s'intéresser à cette kazakhe Karénine, énigmatique, dont la froideur laisse à penser que la passion elle-même n'est plus ce qu'elle était dans les steppes de l'Asie Centrale.

Welcome to the Rileys de Jake Scott

Citation :

Au cours d’un déplacement professionnel, Doug Riley rencontre Mallory, stripteaseuse dans un club de la Nouvelle-Orléans. L’affection paternelle qu'il ressent pour elle bouleverse le mariage de Doug et Loïs, huit ans après la mort tragique de leur fille unique.

Le cinéma Indie américain a ses codes, sa manière de filmer, ses clichés, diront ceux qui le trouvent, parfois à raison, trop stéréotypé (voir The kids are allright). Welcome to the Rileys s'insère dans cette normalité avec un petit plus, une façon de traiter le drame avec distance pour qu'il ne devienne pas un lourd mélodrame. Le fils de Ridley Scott fait du bon travail derrière la caméra, sans esbroufe, l'important ici ce sont les personnages, et leurs cicatrices. La rencontre du quinquagénaire dépressif et de la prostituée mineure est improbable et incongrue. Elle ne débouche pas nécessairement sur la voie du père de substitution qui va remettre la pauvre fille sur le droit chemin. C'est plus simple et plus compliqué à la fois avec l'entrée en scène de l'épouse, aux abonnés absents depuis la mort de sa fille. Un scénario cousu de fil blanc ? En partie seulement, les personnages ne sont pas si caricaturaux et l'histoire les voit évoluer, s'ouvrir, sans pour autant que leur mal d'exister disparaisse tout à fait. Le film tient par la grâce de ses interprètes, Kristen Stewart est épatante et James Gandolfini, énorme et subtil. Leur rencontre a quelque chose d'épidermique sans connotation sensuelle. Comme une chaleur intérieure qui passe au-delà de l'écran.

Pieds nus sur les limaces de Fabienne Berthaud

Citation :

Lily, drôle, exubérante et insaisissable, vit dans un univers fantaisiste en harmonie avec la nature, à la campagne, chez sa mère.
Sa grande soeur, Clara, mariée et citadine, a quitté la maison familiale.
A la mort de leur mère, Clara doit bouleverser ses priorités pour s’occuper de Lily.

C'est un film ingrat que ce Pieds nus sur les limaces, un bloc d'art brut et naïf, qui irrite à un plus haut point avant de laisser apparaître quelques failles et permettre de l'apprécier, au moins un peu. Devant la liberté, l'innocence et le comportement erratique d'une Lily imprévisible, la tentation est de la cataloguer comme folle et de juger son comportement imbuvable. Le jeu de Ludivine Sagnier contribue d'ailleurs à cet agacement. Le regard du spectateur sur cet esprit a priori dérangé épouse celui de sa soeur, une Diane Kruger majestueuse et subtile. Le tout est de croire que c'est la première qui fera changer la seconde, et non l'inverse. Et aussi que la normalité et la décence ne sont pas là où les attendait. Toute l'entreprise de Fabienne Berthaud frise souvent le ridicule lors des crises de Lily, sans y tomber tout à fait. Entre le poétique et le grotesque, le frontière est parfois étanche. C'est en définitive le rapport entre ces deux soeurs, cette sorte de communion et de compréhension affective qui est le vrai sujet du film, davantage qu'un éventuel éloge de la différence. Au demeurant, cela reste quand même un peu bancal et laisse bien perplexe.

Le secret de Chanda d'Oliver Schmitz

Citation :

Dans la poussière d’un township proche de Johannesburg, Chanda douze ans, découvre à la mort de sa sœur à peine née, qu’une rumeur enfle dans le voisinage, détruit sa famille, et pousse sa mère à fuir.

Oliver Schmitz n'avait plus tourné de fiction depuis Hijack Story, il y a 10 ans. Le secret de Chanda, son nouveau film, s'attaque à un sujet aussi poignant qu'en grande partie tabou en Afrique du Sud, celui des ravages du Sida. Un thème traité sous l'angle de la rumeur, des mensonges et des superstitions liés à ce fléau qui ostracisent des familles entières. Vu à travers le regard d'une toute jeune fille, le film, dont le propos ne peut laisser de marbre, est malheureusement gâché par une esthétisation du malheur systématique. L'accumulation de drames à laquelle doit faire face son héroïne est accablante : la mort de ses parents, la voie de la prostitution choisie (?) par sa meilleure amie, autant d'éléments qui alourdissent le film et lui enlèvent une grand part de son pouvoir émotionnel. Avis à nuancer, cependant, car il est celui d'un occidental dont le quotidien est à mille lieues de celui des townships de Jo'Burg.

La tête ailleurs de Frédéric Pelle

Citation :

Patrick Perrin est croupier dans un petit casino de bord de mer. Son rêve ? Partir. Tout quitter pour une destination inconnue. Mais un tel voyage ne s’improvise pas. Pour commencer, Patrick décide de s’acheter une valise. Une belle valise à roulettes de couleur rouge, qu’il installe immédiatement au pied de son lit.

Grand spécialiste du court-métrage, Frédéric Pelle se lance enfin dans l'aventure du long avec La tête ailleurs, au ton inclassable, l'histoire d'un croupier qui n'en finit pas de se préparer à partir pour le grand large, sans jamais sauter le pas. Du comique croupier, en quelque sorte ! Cette adaptation d'un livre de Laurent Graff devrait séduire les amateurs des romanciers des Editions de Minuit : Oster, Viel ou Echenoz, avec son minimalisme de surface qui en dit long sur l'essence de l'être humain, rêves et fantasmes confrontés à une tout petite vie, médiocre et routinière. Frédéric Pelle filme son pathétique héros sur plus de trente ans, entre Rochefort et Fouras, les pieds sur terre, l'âme flottant vers la mer, la tête dans les nuages. Un portrait drolatique et amer qui fait mouche par petites touches, avec un sens du rythme jazzy et une belle humilité. Pour amateurs de petits films qui ne se haussent pas du col et en valent bien d'autres, bien plus ambitieux et ... prétentieux.

Les trois prochains jours de Paul Haggis

Citation :

John Brennan, sa femme Lara et leur enfant vivent un bonheur sans nuage, jusqu'au jour où elle est arrêtée pour un meurtre qu'elle nie avoir commis.

Collision, Dans la vallée d'Elah, Les trois prochains jours : comme une impression que la carrière de Paul Haggis est irrésistiblement attirée vers le bas. Quelle idée de faire un remake de Pour elle, le thriller survitaminé et pas crédible pour un sou de Fred Cavayé, pour livrer un produit quasi identique, avec quelques moyens hollywoodiens en plus ? Les trois prochains jours n'est pas un si vilain film, il a simplement un côté prévisible avec une montée d'adrénaline dans sa deuxième partie, qui est un jeu du chat et de la souris avec le spectateur qui devine bien qui va remporter la mise, s'il a vu l'original. On a beau se creuser la cervelle, il n'y a rien de neuf dans cette mouture copier/coller où l'on se bornera à constater que Russell Crowe ne fait pas mieux que Vincent Lindon, bien au contraire, ce dernier au jeu moins monolithique et plus fébrile incarnant le rôle avec une tension supplémentaire. Haggis est un bon technicien, c'est entendu, il serait bienvenu qu'il retrouve à nouveau un script un tantinet plus ambitieux.

Nowhere boy de Sam Taylor-Wood

Citation :

John Lennon a grandi dans une famille pleine de secrets. Elevé par sa tante Mimi, il retrouve à l’adolescence sa mère, Julia. Arrivé en âge de comprendre le mystère qui a déchiré ces deux sœurs, John veut réconcilier sa famille.

Sur l'affiche de Nowhere boy, un jeune type dégingandé, guitare en bandoulière, et un nom : John Lennon. Plus de 15 ans après Backbeat, oeuvre imparfaite mais séminale, bonne introduction aux Beatles d'avant la gloire, le film de Sam Taylor-Wood, plus en amont encore, promettait de nous montrer comment Lennon allait percer sous John, autour de ses 17 ans. Hélas, ce n'est pas ça du tout. Nowhere boy, plutôt que de s'intéresser à l'artiste en herbe, propose une lecture psychanalytique de la jeunesse du Beatle, avec son mal de mère, son absence de père et ses relations conflictuelles avec la tante qui l'a élevé. Un mélodrame sentimental, qui dérape souvent dans le sirupeux et s'empêtre dans des explications psychologiques dont le fan n'a que faire. Maigre consolation avec l'apparition de Paul et George et les quelques concerts que donne leur groupe, les Quarrymen, détruite par une mise en scène léthargique et académique. Dommage, car l'interprétation mimétique d'Aaron Johnson est stupéfiante, accent typique de Liverpool compris. Help ! Nowhere boy n'a rien, mais alors vraiment rien, de rock n'roll.