Alejandro Amenábar

J'ai aimé qu'Aménabar s'intéresse à un de ces faits divers comme on en rencontre régulièrement dans les médias et qui sont alimentés par des fantasmes, des légendes urbaines, qui malgré leur énormité arrivent à fausser le regard aussi bien des journalistes et du public que des enquêteurs et de tout le système judiciaire. On a eu notamment Outreau avec ce fantasme du "réseau" pédophile alors que la plupart de ces histoires sont tristement intrafamiliales ou l'oeuvre de sociopathes isolés comme Marc Dutroux ou Wolfgang Přiklopil. Dans Régression, c'est le fantasme des sectes sataniques avec leurs rituels sadiques et autres sacrifices d'enfants... Le film montre grossièrement mais de façon pas inintéressante la manière dont ce fantasme irrigue aussi bien le discours de la fausse victime que celui des faux coupables et des forces de l'ordre, des psychologues et autres experts...

Avec cette chose qui me stupéfie à chaque affaire médiatique qui consiste, pour l'opinion publique, à s'engouffrer immédiatement dans la brèche du récit scandaleux qui nous est proposé avant même d'avoir pu réfléchir à son ambiguité, à ses mensonges potentiels... C'est souvent le premier qui parle qui est écouté et dont la parole devient sacrée. Et il faudra bien un jour qu'on se rappelle que tout le monde peut mentir et avoir des raisons de le faire. Enfants, épouses ou mères modèles, vrais/faux coupables ou victimes... On se laisse trop vite aveugler par les apparences et c'est presque aussi effrayant que les crimes réels ou supposés.
Et tout autant de ne pas croire ceux qui disent la vérité d'ailleurs.

Aménabar a été intéressé par le mensonge de cette jeune femme qui a voulu se venger de sa famille en inventant cette histoire monstrueuse auto-alimentée par les interrogateurs eux-mêmes !! Et cette expérience des "régressions" sous hypnose qui était sensée ramener des souvenirs enfouis à la conscience alors qu'elle pouvait en réalité les faire fantasmer comme dans un rêve.