Lecture en commun - Peter Stamm : Sept ans

Nezumi a écrit:

tu l'as lu en allemand ?

oui

Bon, en effet.

Dis moi, il y a un mouvement dans les pays germanophones qui milite pour la suppression des majuscules aux noms communs ? J'ai appris ça avec ce roman (c'est quand Brigit parle de Tania, la cinglée).

Nezumi a écrit:

aériale a écrit:

Je m'attendais à une écriture froide et distante, ce qui n'est pas complètement faux mais cette distance m'attire comme un aimant (un peu comme l'attrait que ressent Alex pour Iwona en fait )

J'ai failli faire exactement la même remarque à un moment, et puis je me suis dit que vu le physique ingrat et la personnalité terne d'Iwona ce n'était pas très flatteur pour l'écriture de Stamm. Mais c'est vrai, on est étonnamment scotché. Finalement ce n'est pas étonnant, car c'est très bien écrit.

Mais c'est un peu cela qui s'est passé avec moi, un style qui a priori ne m'attire pas plus que ça mais qui m'a accrochée quand même et auquel je me suis bien habituée. C'est bien et rassurant car cela signifie qu'il est bon

Nezumi a écrit:

En fait je crois que c'est plutôt de la pudeur que de la froideur, ce détachement

Oui, pourquoi pas de la pudeur, c'est assez juste (j'ai fait des progrès, je ne parle plus de froideur )

Contente que tu apprécies Aériale

Epi a écrit:

Nezumi a écrit:

En fait je crois que c'est plutôt de la pudeur que de la froideur, ce détachement

Oui, pourquoi pas de la pudeur, c'est assez juste (j'ai fait des progrès, je ne parle plus de froideur )

En fait, dans les nouvelles de Comme un cuivre qui résonne, où il est souvent question de maladies, de troubles psychologiques, on s'aperçoit que cette écriture détachée n'est pas vraiment clinique et indifférente, mais qu'elle semble établir une distance comme pour respecter ces souffrances.

Nezumi a écrit:

Dis moi, il y a un mouvement dans les pays germanophones qui milite pour la suppression des majuscules aux noms communs ? J'ai appris ça avec ce roman (c'est quand Brigit parle de Tania, la cinglée).

oje.. il y a depuis des années toujours eu des discussions sur cela et je pense que cela ne va jamais s'arrêter de discuter (surtout que l'allemand et le luxembourgeois restent les deux seules langues qui ont cet 'atout') .. mais pour l'instant pas de changement en vue

Tant mieux!

Mes élèves qui font allemand première langue ont tendance à mettre des majuscules partout en anglais après.

Nezumi a écrit:

Mes élèves qui font allemand première langue ont tendance à mettre des majuscules partout en anglais après.

je suis sûre que vous l'avez aussi déjà remarqué chez moi..
parfois je ne peux pas faire autrement.. comme Parfum ou les Parfumés.. cela ne PEUT tout simplement pas s'écrire en minuscules

traversay a écrit:

Alexander, le personnage principal, est flottant. C'est à dire comme sur une photo où il serait au premier plan, mais flou, alors que tout l'environnement est net.

J'aime bien ce que dit traversay. C'est tout à fait ça. Et pour nous amener à chercher ce qui se cache derrière ce flou, il y a tout le reste, les détails dont vous parlez. A commencer par la couverture de Peter Doig qui révèle un fond caché derrière une forêt d'arbres et qui est même sa marque de fabrique (Ce fameux immeuble Le Corbusier dont il parle et que j'ai visité avec une architecte de la ville, chouette souvenir qui me revient lors de sa description!)
Et toujours les parallèles avec l'architecture.

Citation :

J'avais l'impresssion que mes idées se clarifiaient, je commencais à voir quelque chose de bien plus imoportant que la forme, le style..C'était comme si la réponse était dans ma tête, que je devais seulement la dégager, déblayer les scories de ma formation pour trouver ce mouvement, cette ligne qui était en moi

Citation :

J'essayais maintenant de travailler de l'intérieur non plus en partant de la façade mais des differentes pièces. Je me suis mis à la place d'un visiteur de musée Ce n'était pas construire c'était travailler avec sensibilité.[...] Ce n'est qu'après que je me suis préoccupé de l'enveloppe de ce batiment, qui n'est veritablement rien de plus qu'une enveloppe...

P 40

C'est particulièrement bien analysé je trouve, très fin même. De même qu'il avance en tâtonnant, qu'il "observe l'incidence de la lumière sur les murs dans son bureau", Alex cherche un fil conducteur. Sous ses abords distants, du moins indéterminés, ses contours sans aspérités et qui le font paraître passif au départ il y a quelque chose de plus bestial qui l'anime et qui va peut-être prendre forme. il déblaie en quelque sorte...

Lorsqu'ils discutent d'architecture avec leurs amis, parfois tout se met à sonner faux chez lui, il est lassé des grandes idées alors que Sonia est mûe au contraire par la fonction sociale, un idéal que ses parents lui ont inculqué. La figure du père est parlante! La scène où Alex lui explique que "la structure est le résultat d'un cheminement et croit comme une plante" est révélatrice (p.60)

En fait Alex est attiré par le truc qui casse l'image (les tableaux de Antje, l'auréole de sueur qui dénote du tableau parfait de Soni endormie) C'est logique qu'il soit fasciné par Iowna et il 'est aussi évident que lui et Sonia soient voués à se perdre. Pour l'instant ils jouent à être adultes comme il dit mais l'équilibre est bien fragile à tenir, ils sont dans un shéma d'apparences.

J'en suis là, à la moitié du livre, ils essaient d'avoir un enfant et comme vous le dites plus haut, il faut que quelque chose survienne. Mais il y a juste un fait nouveau: Iowna vient de lui envoyer sa lettre (mais je résiste, je n'ai pas lu plus loin vos commentaires, tous bien vus au passage)

c'est trop bon de lire ton enthousiasme

En tout cas, on ne se débarrasse pas de ce livre comme ça. Je suis en plein milieu d'un autre qui me plaît beaucoup mais je pense encore à Sept ans

Epi a écrit:

mais je pense encore à Sept ans

de même..
surtout qu'on a eu hier dans notre journal un reportage avec photo



que j'ai pris le temps de lire parce que je trouvais que l'immeuble (aussi Le Corbusier) ressemblait à celui de la couverture


Cité radieuse à Briey en Lorraine: site

Commentaires très intéressants Aériale, j'ai hâte de lire la suite.

Nous aussi on a notre Maison Radieuse, à Rezé (Nantes-Sud):





Je ne l'ai jamais visitée, mais il y a des visites guidées. Ca me donne envie d'en faire une.

Nezumi a écrit:

Je ne l'ai jamais visitée, mais il y a des visites guidées. Ca me donne envie d'en faire une.

de même pour celle tout près de chez moi.. et comme toi, envie de visiter..
voilà comment une lecture peut encore emporter plus loin

kenavo a écrit:

voilà comment une lecture peut encore emporter plus loin

On a bien là le pouvoir de persuasion des livres.
Parce que je suis déjà allée la voir de près, sans y entrer (et en plus elle fait tellement partie du paysage urbain nantais) et franchement j'ai pas vu la différence avec d'autres grands ensembles des années 60-70 (mis à part les taches de couleur à la Mondrian). C'est bétonné, ultra-massif...Une visite me permettra peut-être de comprendre mieux.

Nezumi a écrit:

On a bien là le pouvoir de persuasion des livres.

Nezumi a écrit:

franchement j'ai pas vu la différence avec d'autres grands ensembles des années 60-70 (mis à part les taches de couleur à la Mondrian). C'est bétonné, ultra-massif...Une visite me permettra peut-être de comprendre mieux.

tout à fait même impression.. c'est aussi à cause de cela que je voudrais aller voir de plus près