Pedro Almodovar

Marko a écrit:

Oui! Et puis on sourit souvent et c'est un grand n'importe quoi plutôt sympathique.

J'ai évité de voir des images, de lire des résumés, mais j'avait bien cru comprendre que c'était une comédie, là.
Il a droit à une récréation, avant quelque chose de consistant, j'espère !

eXPie a écrit:

J'ai évité de voir des images, de lire des résumés, mais j'avait bien cru comprendre que c'était une comédie, là.
Il a droit à une récréation, avant quelque chose de consistant, j'espère !

Parce qu'une comédie ne peut pas être consistante ?

Kannskia a écrit:

eXPie a écrit:

J'ai évité de voir des images, de lire des résumés, mais j'avait bien cru comprendre que c'était une comédie, là.
Il a droit à une récréation, avant quelque chose de consistant, j'espère !

Parce qu'une comédie ne peut pas être consistante ?

Ah, si si, bien sûr !
C'est seulement parce que Marko avait écrit qu'il avait trouvé le film : "Super moyen. Souvent lourd et laborieux". Et puis que c'était un "grand n'importe quoi plutôt sympathique".
"Sympathique", c'est déjà pas mal, mais ça ne me donnait pas une idée de "consistant".

Je serais pour que, aux Césars, il y ait une catégorie "comédie", comme c'est fait aux Golden Globes. Les drames et les comédies, ça joue sur des ressorts différents, mais ce sont (quasiment) toujours les drames qui sont récompensés...

Pour Almodovar, il s'agit d'un retour assumé à la movida. Non seulement l'esprit d'une comédie, mais aussi une tonalité déjantée et décousue. Il n'est jamais évident pour un cinéaste de revenir en arrière (en l'occurrence les années 1980), même pour une simple parenthèse. J'irai le voir moi aussi sans attentes particulières.

Vu Les Amants Passagers (Los amantes pasajeros, 2013). C'est du "grand n'importe quoi très sympathique", comme le disait Marko. C'est vrai. Ça ne se prend pas au sérieux, il y a des hasards même pas croyables, mais tellement énormes que ça passe bien (ah, la chute au ralenti du téléphone portable ! c'est très drôle).
C'est finalement quasiment une pièce de théâtre avec intermède musical moment assez délirant (chorégraphié par Blanca Li, on en voit un bout dans la petite vidéo ci-dessous). L'intérieur de l'avion, qui sert de décor principal, est très Almodovarien, avec des couleurs vives.
Apparemment, vu la situation économique assez catastrophique en Espagne, Almodovar n'a pas voulu en rajouter dans le drame, on a donc une comédie. Toutefois, la crise économique est toujours présente en toile de fond, mais de façon légère.



Parfois, ça ne fait pas rire, mais parfois ça marche bien.
On a quelques sujets fétiches d'Almodovar : homosexualité, bisexualité, domination... mais ici dans un joyeux délire (pas vraiment de drame, de Sida...) et avec des acteurs/actrices qui ont des "gueules", et des professions pas banales (quel microcosme !).
Ça n'est pas trop long, le film se voit sans ennui. C'est très sympathique. Même avec un petit budget (on entend seulement certaines scènes au lieu de les voir, on se fait son cinéma à nous en imaginant ce que Hollywood nous aurait montré ; on pourrait même se dire qu'il s'agit d'une réflexion sur le pouvoir de l'imagination au cinéma, mais bon, faut pas pousser non plus) et avec un scénario assez tiré par les cheveux dans lequel il n'y a finalement pas grand chose, Almodovar arrive à faire un petit film qui tient la route.

Tu as raison, on pourrait le voir sans problème au théâtre. Et Almodovar continue à démocratiser avec bonne humeur l'abolition des frontières sexuelles. Ce serait presque de salubrité publique. Dommage que le résultat ne soit pas un peu plus brillant et drôle. Il surligne trop de choses.

Les amants passagers

Je comprends la relative frustration de Marko. L'argument de départ est très mince et Almodovar se contente de créer une bulle, certes agréable et souvent amusante. Il aligne en effet beaucoup de clichés même si la bonne humeur et la décontraction du récit font oublier quelques lourdeurs. Il s'agit avant tout d'un film de transition, d'une parenthèse qui assume entièrement son absence d'ambition.
Dans un imaginaire confortable et recyclant avec efficacité les caractéristiques de son cinéma, Almodovar ne se prend pas au sérieux à travers une distraction qui atteint globalement son but. Alors que les protagonistes absorbent de multiples cocktails, il dirige une récréation qui cherche à fuir un quotidien teinté d'amertume. Avant d'autres projets sans doute plus consistants.

Les amants passagers

La crise économique qui frappe l'Espagne ? Dans Les amants passagers Pedro Almodovar la traite en farce et attrape-moi si tu peux. Oh certes, la comédie n'est pas toujours fine mais elle est au diapason d'une époque vulgaire et déprimante. Pas un hasard si, dans son aéronef, la classe économique dort à poings fermés, droguée à mort, tandis que du côté de la classe affaires règne une atmosphère d'orgie romaine. Qu'attendait-on de Pedro ? Qu'il nous refasse une comédie déjantée dans l'esprit de la Movida ? C'est que les temps ont changé ma bonne dame et que pour rire un peu, il est obligé de manier la truelle plutôt que le pinceau. Les amants passages n'est pas aussi chaotique qu'il y parait, la mise en scène y est millimétrée dans un espace réduit et si le scénario finit, comme l'avion, par tourner en rond, il se nourrit de dialogues plutôt crus, qui dépassent souvent le mur du son, dans un contexte de sexualité débridée et décomplexée. Un petit Almodovar, soit, mais (presque) jamais en pilote automatique.

Les amants passagers.

Je suis bien d'accord avec tout ce que vous dites :

Un scénario tout fin, mais des dialogues parfois percutants.
Un humour jubilatoire, mais des vannes qui tombent parfois à plat.
Un grain de folie hystérique, mais un rythme chaotique, des bouts d'ennui.
Une parenthèse croustillante dans sa filmo, au milieu de la crise économique espagnole, mais pas nourrissante.
Des couleurs vives et pétillantes, un décor d'avion bien exploité, une mise en scène carrée et bien foutu.
Des effets et des morceaux de scénario cousus de fil blancs, ou carrément exagérés, mais ça fonctionne parce que c'est de la bouffonnerie, et ne prétend pas être autre chose.

On retrouve effectivement les thèmes Almodovarien sur l'homosexualité, la liberté sexuelle, l'initiation, la curiosité. Une facilité désinhibée et décomplexée autour des tabous encore courant dans le quotidien. Comme le dit Marco, ce genre de film pourrait être de salubrité publique.


Je ne crois pas, comme le dit Traversay, que c'est un comique d'aujourd'hui qui manie la truelle plutôt que le pinceau : c'est juste la touche Almodovar. Dans ses comédies, il a toujours été excessif et pas finaud pour un sou. D'autres que lui font des comédies plus subtiles, ce n'est pas une question générationnelle.

Donc, ce film avance tranquillement sur ses rails, laissant l'impression qu'Almodovar a laissé faire les choses, a utilisé ses vieux trucs, et s'est auto-remaké, tant que c'est pour le plaisir, et que ça fait sourire, tant mieux.
Tant que ça ne devient pas une habitude, on lui pardonnera cette facile et imparfaite farce.

Puis ; j'ai ri !

Le passage comédie musical était hilarant

Les Amants Passagers

Je vous rejoins tous sur vos commentaires moi aussi.
Voilà une comédie décomplexée, mais ça fait belle lurette qu’Almodovar n’est plus complexé ! C’est sympathique, on rit sur des sujets qui sont facilement tabous, ça c’est plutôt le bon côté des choses. Mais parfois l’outrance devient lassante parce qu’il ne reste plus que cela et on se demande ce qu’il va enfin se passer dans ce huis clos. Le scénario est un peu trop ténu mais Almodovar sauve son film par une mise en scène assez enlevée et maîtrisée.
J’ai entendu que certains critiques voulaient y voir une sorte de métaphore de l’Espagne en crise, avec un avion qui part à la dérive voire à la catastrophe, des pilotes dirigeants impuissants ou incompétents, une première classe corrompue et dépravée qui s’enfuit et une seconde classe qu’on endort plutôt que de l’informer (Le Masque et La Plume).
Donc un film sympa, mais si vous le loupez ce ne sera pas un drame.

Je coincide pleinement avec vos commentaires.
Almodovar classe son dernier film ( Los amantes pasajeros) dans le genre hollywoodien " Screwball-Comedy". Comédie loufoque, burlesque provenant d´Amérique (années 30/40), avec comme toutes premières vedettes : Claudette Colbert,Carole Lombard et Cary Grant. C´est un genre qui marche normalement en tandem: couples ou trios, homme-femme ( Katharine Hepburn+ Cary Grant) 2 hommes ( walter Matthau-Jack Lemmon) 2 femmes Jane Russel+Marilyn Monroe dans "les hommes préfèrent les blondes".
Almodovar s´inspire de ce comique qu´il adore et qui ne put s´exprimer dans les années 1930/40, l´Espagne étant alors déchirée par la guerre civile. Il y avait bien des films comiques qui permettaient l´évasion, mais plus dans le registre folklorique et de couleur locale.
Alors, c´était le bon moment pour commencer...
http://cultura.elpais.com/cultura/2013/02/19/actualidad/1361288328_391315.html

Sur la screwball-comedy ( en français).
http://cinemaclassic.free.fr/hollywood/comedy/screwball_comedy.html

Vu : Les amants passagers.

Quel ennui ! Un film sans intérêt qui tourne autour de pas grand chose...en fait du sexe, sans finesse, sans rien. Bon peut-être que c'est bien filmé. Ce que je retiens du film c'est une question existentielle, un intérêt démesuré pour un sujet : la pipe (et pas celle qu'on fume) : mais avait-on vraiment besoin d'un film aussi long pour nous exposer ça ?
Pas de scénario, des dialogues sans intérêt, des personnages qui le sont tout autant, pas de rythme et surtout pour un film qui se veut loufoque ou drôle : des gags qui sont toujours les mêmes, qui tournent toujours autour du même sujet (le sexe) avec une réelle capacité à toujours tirer la même ficelle. Horriblement redondant, les dix premières minutes suffisent (ou alors la bande annonce plus la scène ou les stewart font leur petit show qui est pour le coup réussie). Je me suis senti si las dans le cinéma.

Je ne pensais pas voir un tel navet. Il vaut mieux économiser son argent plutôt que d'aller s'ennuyer dans une salle à regarder ce truc.

eXPie a écrit:

Kannskia a écrit:

eXPie a écrit:

J'ai évité de voir des images, de lire des résumés, mais j'avait bien cru comprendre que c'était une comédie, là.
Il a droit à une récréation, avant quelque chose de consistant, j'espère !

Parce qu'une comédie ne peut pas être consistante ?

Ah, si si, bien sûr !
C'est seulement parce que Marko avait écrit qu'il avait trouvé le film : "Super moyen. Souvent lourd et laborieux". Et puis que c'était un "grand n'importe quoi plutôt sympathique".
"Sympathique", c'est déjà pas mal, mais ça ne me donnait pas une idée de "consistant".
Je serais pour que, aux Césars, il y ait une catégorie "comédie", comme c'est fait aux Golden Globes. Les drames et les comédies, ça joue sur des ressorts différents, mais ce sont (quasiment) toujours les drames qui sont récompensés...

Bon ça va, vous pouvez circuler

titete a écrit:

Quel ennui ! Un film sans intérêt qui tourne autour de pas grand chose...en fait du sexe, sans finesse, sans rien. Bon peut-être que c'est bien filmé. Ce que je retiens du film c'est une question existentielle, un intérêt démesuré pour un sujet : la pipe (et pas celle qu'on fume) : mais avait-on vraiment besoin d'un film aussi long pour nous exposer ça ?

Faut croire qu'il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de la pipe

eXPie a écrit:

Apparemment, vu la situation économique assez catastrophique en Espagne, Almodovar n'a pas voulu en rajouter dans le drame, on a donc une comédie. Toutefois, la crise économique est toujours présente en toile de fond, mais de façon légère.

Surtout que, quand Almodovar donne dans le drame, ça peut vite devenir très glauque... Je trouve ça bien que, vu le contexte, il ait pris le parti d'essayer de faire rire un peu les gens.

Marko a écrit:

Almodovar continue à démocratiser avec bonne humeur l'abolition des frontières sexuelles. Ce serait presque de salubrité publique. Dommage que le résultat ne soit pas un peu plus brillant et drôle. Il surligne trop de choses.

100 fois oui.

Queenie a écrit:

Le passage comédie musical était hilarant

Moi aussi ça a été un de mes moments préférés du film, j'ai bien ri !

eXPie a écrit:

Parfois, ça ne fait pas rire, mais parfois ça marche bien.

Voilà la phrase qui résume le mieux mon ressenti. C'était moins drôle que ce à quoi je m'attendais mais ce n'était pas totalement raté non plus. On alterne passages relativement ennuyeux et éclairs comiques qui donnent le sourire pendant 5 minutes. On se laisse porter mais pas transporter.

Et puis, un atout majeur du film, pour le plaisir des yeux :

Euh, oui, je l'avais remarquée. Oups